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Cartographie des sols viticoles de fortes pentes: expérience, exemples Soils mapping of steep slopes vineyards : experiences, exemples

Im Dokument ACTES – PROCEEDINGS - ATTI (Seite 74-80)

I.Letessier (1) J.Marion (1)

Bureau d’Etudes Sigales 453 route de Chamrousse 38410 Saint martin d’Uriage (F)

Summary:

A soil mapping of steep slopes is a challenge in itself. The substantial restructuring such vineyards have undergone over the years makes the understanding of their soil properties more all the more challenging. As for all soils, even imperfect knowledge allows a more cogent adaptation of agricultural techniques to the local context. These choices are particular critical for perennial crops with qualitative rather than quantitative objectives in a fragile and potentially dangerous environment. High spatial variability, difficulty of access, very stony soils, accumulations, with or without mixing of surficial deposits from gravity or with different temporal sequences, erosion, ancient or recent truncation, undetectable water circulation, make the application of classical methods even less satisfying than usual.

Classical methods are based on on-site assessment using an auger, looking for logical toposequences and observations of surface appearance.Without minimising difficulties, we want to show that even in those contexts, detailed mapping brings to light sometimes unexpected informations and allows fruitful exchanges. Many examples and on-site photographs will allows us to discuss the considerable diversity of steep soils vineyards and connect them to the various environments we have been working on: parent material (crystalline rock, limestone, schist…), morphology (terraces, lens-shaped landslide, screes, rockslide…), and climates. We will also discuss the relation of our work to the management practices promoted by public development agencies such as irrigation, grass growing, erosion control, choice of rootstock and with empirical practices and knowledge?

The human aspect of those adventures will also be discussed: One can hardly attempt to cover a vineyard with hundreds of soil pits without working in a respectful and close relationship with motivated, trained and involved vine growers.

Introduction

Comme promis dans le résumé, nous vous proposons une balade qui nous permet d’aborder plusieurs thèmes importants liés au sol. Cette présentation ‘transversale’ n’a pas de prétention scientifique; c’est un témoignage que nous espérons pédagogique.

Pour chaque région nous avons cartographié les sols à grande échelle (1/10000ème environ) ce qui sous entend une prospection systématique dense, l’observation de très nombreux profils pédologiques, le tout mené en coopération avec un maximum de viticulteurs et techniciens.

Les traits importants de chacun des vignobles seront tout d’abord résumés par des diapositives imagées.

Figure : présentation des 5 régions et position du « maximum glaciaire »

Quelques points particuliers seront ensuite déclinés, de façon forcément rapide, ce texte pouvant servir de repère. Loin d’être exhaustifs, ils sont en quelque sorte un condensé des facteurs naturels qui expliquent la diversité des sols : le temps, le climat, la diversité des matériaux parentaux, la topographie, l’évolution de la matière organique…Nous pensons en effet que les facteurs anthropiques seront largement traités tout au long de ces journées.

1.Le role du temps: l’alteration des substrats anciens:

1.1 Les altérites de substrats durs et peu fracturés

Une roche dure (calcaire dur ou granite par exemple) s’altère de quelques millimètres à quelques centimètres en 10000 ans.

Sur une durée de plusieurs centaines de milliers ou de millions d’années, le temps peut donc créer plusieurs décimètres, voire plusieurs mètres d’ « altérite » voir §1.1.1 ou de produits résiduels (voir §1.1.2).

Mais le passage d’un glacier élimine cette couche ameublie ou fragilisée et « remet quasiment les compteurs à zéro ». C’est le cas de nos trois vignobles de montagne, pour lesquels le dernier retrait glaciaire est estimé autour de -15000 ans.

1. Cas des sols issus de roches cristallines (granite ou gneiss).

Cotes du Rhône, Beaujolais.

On désignera dans la suite du texte le granite, ou le gneiss altéré par le terme de saprolite. Le phénomène d’altération est d’autant plus intense que la pluviométrie dépasse l’évapotranspiration et que la température moyenne annuelle est élevée.

D’où les altérations de dizaines de mètres d’épaisseur dans les pays tropicaux sur

«boucliers» très anciens et leur quasi-absence dans les vignobles de ‘montagne’ (Savoie, Valais, stade débutant au Tessin).

Mais nos 2 vignobles ‘granitiques’ n’ont pas été touchés par le maximum glaciaire du Riss (-300000, fig.1) donc a fortiori par la dernière avancée du Würm: on y observe des altérations relativement surprenantes. Même dans des pentes supérieures à 30%, en Cotes du Rhône, la moyenne de profondeur atteinte par les pelles à été de 130 cm (entre 40 et plus de 180cm d’altération observée), et en Beaujolais de 175cm. Cet écart est cohérent avec la durée d’altération qui est plus ancienne pour le pluton granitique beaujolais, que pour les pentes des Côtes du Rhône qui ont été recreusées, donc rajeunies par le passage du Rhône.

Rappelons en quelques points comment les horizons de saprolite contribuent parfois plus au fonctionnement du sol que les horizons supérieurs.

- L’horizon supérieur de 25 à 50cm, rarement plus, contient une très forte proportion de sables grossiers ou très grossiers (refus à 2mm de 25 à 40% malgré

rétention pour l’eau, les cations, ou autres composés utiles ou néfastes... La minéralisation des matières organiques est très rapide.

- En profondeur : le saprolite, friable mais dont les cristaux restent bien agencés, n’est pas aussi appauvri en cations. Il est de pH moins acide que l’horizon de surface (travaillé).

- On y trouve des sites de néoformation et d’accumulations d’argile (autour des grains, dans les fractures). Les racines s’y concentrent nettement. En fortes pentes (> à 30%) et de convexités, ces altérations restent cependant modérées (stade

‘friable à la main’ et/ou fracturé, mais rarement argillifié de façon sensible).

- Les réservoirs hydriques totaux estimés sont donc très faibles (<40mm), avec une forte incertitude concernant la contribution réelle des horizons Ccri d’altération.

- Si le sol meuble est érodé, le saprolite est ramené en surface : il est facile à ameublir avec les moyens modernes, et le sol semble pouvoir se « régénérer ».

Mais cela à évidemment une limite: celle de l’épaisseur résiduelle de saprolite qui ne fait que s’amenuiser.

2. Cas des sols issus de roches calcaires dures

En Beaujolais sud, comme en Bourgogne, c’est le lent épaississement des argiles

‘héritées’ de la dissolution du substrat calcaire dur qui va donner des sols étonnamment différents de leur roche mère. Tout ce que la roche contenait d’insoluble, à savoir argiles, oxydes de fer, chailles ou silex s’il y en a dans la roche, va s’accumuler, en surface ou être piégé dans les fractures et joints mais sans plus aucune fraction calcaire.

Ce phénomène de dissolution est lui aussi d’autant plus rapide que la pluviométrie dépasse l’évapotranspiration, mais, contrairement au cas précédent, que la température moyenne annuelle est basse. En fait, nous avons noté quelques stations de montagne (humides et fraiches) ou cohabitent des moraines et des poches de sols rouges d’argiles résiduelles de calcaire dur qui peuvent donc se former en moins de 15-20000 ans. En climat plus sec et/ou stations chaudes à forte ETP, on observe des phénomènes inverses d’accumulations calcaires ou d’encroutements.

1.2. Cas des substrats anciens, tendres, hétérogènes ou fracturés

L’altération, au moins mécanique, est beaucoup plus rapide pour les roches à débit schisteux, les marnes ou marno-calcaires, ou bien les formations dures à fracturation intense et très oblique ou verticale Ce sont les matériaux parentaux, pénétrables presque en l’état par les racines, de nombreux sols de pentes viticoles de montagne ou de fortes pentes.

Au dessus de 20-25% de pente toutes les formations marneuses, ou de schistes très argileux ont cependant tendance à partir en loupes de glissement, difficiles voire impossible à maitriser (Valais, Savoie, Vaud..), si elles ne sont pas « armées » régulièrement par des intercalations naturelles de bancs durs suffisamment résistants.

2. Les formations glaciaires Savoie, Valais, Tessin

Les glaciers n’ont pas qu’un rôle de ‘rabotage’ : Ils sont aussi à l’origine de dépôts particuliers, les moraines, qui tapissent une partie des versants. Leurs constituants proviennent de l’érosion des roches encaissantes de tout le bassin versant jusqu’aux hauts cirques glaciaires : cailloux et blocs granitiques, schisteux, gneissiques, calcaires… noyés dans une « farine » glaciaire, le plus souvent calcaire, à dominante de limons (silts).

o les «moraines latérales»: permettent une combinaison souvent favorable à la viticulture puisqu’elles elles associent des sols très caillouteux, profonds à des pentes fortes (souvent aménagées en terrasses).

o les « moraines de fond » : Les glaciers ont tant pétri et compacté certaine de caillouteux que les deux précédents : ils correspondent à d’anciens chenaux ‘sous-glaciaires ou aux principaux torrents de fonte, et leurs sols extrêmement accumulés, parfois sur plusieurs mètres, principalement dans les domaines

« périglaciaires ». En montagne ou forte pente, ces épaisseurs passent de 0 à plusieurs mètres en quelques pas.

Un climat sec, venté, des vents dominants favorables à l’accumulation des poussières périglaciaires sont des facteurs indispensables à la formation de dépôts assez conséquents pour être individualisés. Nous avons trouvé des lœss en Cotes du Rhône et en Valais, mais pas en Beaujolais, Savoie ni au Tessin.

Leur influence est plus grande que ce que l’on imagine car ils sont souvent masqués ou suffisamment dilués pour ne pas être immédiatement identifiables.

Ils ont un rôle déterminant sur le pH moyen des sols des régions à substrat acide (un point de pH en plus entre Cotes du Rhône et Beaujolais) ou sur les réservoirs hydriques : une tranche de 50cm de lœss limono-sablo-argileux (exemple ci-dessous) rajoute 60 à 80mm de réserve hydrique au sol. Leur porosité exceptionnelle leur permet de ‘tenir’ sur des pentes très soutenues.

Ils sont évidemment très fréquents dans les vignobles de montagne. On en trouve très peu, faute d’escarpements adéquats dans les vignobles du Beaujolais. Quelques sites des Cotes du Rhône septentrionales granitiques ont pu piéger des formations de pente anthropiques. Ils sont la plupart du temps très épais (P >>180cm) et enracinés d’autant plus densément en profondeur que le climat est sec. Ce sont les plus stables des sols profonds de pente forte. (Jusqu’à 60%).

Quelques particularités des sols très caillouteux, imposent de bonnes appréciations de terrain.

1. Estimer une quantité d’éléments grossiers à 60% ou 80% cela équivaut à diminuer l’estimation du réservoir hydrique de moitié.

2. Les graviers et sables en plaquettes fragiles, dont l’abondance est caractéristique de sols jeunes et des schistes ou calcschistes, sont difficiles à trier par les

laboratoires avant l’analyse granulométrique. Ils ont un rôle «hydrique» non négligeable.

4.2 Les éboulements, ou grands glissements

Nous en avons cartographiés plusieurs, en Savoie, Valais, Vaud et Tessin. Seul le chaos topographique leur est commun ainsi que l’ambiance particulière qui y règne. Les sols sont par contre très différents. On présentera quelques images et animations de trois éboulements spectaculaires en Valais, Tessin et Savoie.

5. Les superpositions de materiaux parentaux

Figure : exemple de matériaux parentaux multiples

Cet exemple Valaisan peut être décliné en Savoie, au Tessin, (sans les gravelages ni la couche de lœss dans ces deux dernières régions), ou même en Côtes du Rhône (sans gravelages ni moraine, mais avec des résidus de terrasses anciennes à galets). Aucun nom simple ne peut décrire correctement de tels empilements « polylithiques » de 200cm ou plus, enracinés jusqu’au rocher.

6. Les reservoirs hydriques

Ce facteur est celui que l’on aimerait le mieux connaitre car il conditionne la façon dont va se mettre en place la contrainte hydrique de la plante (l’itinéraire hydrique), les choix d’entretien cruciaux au regard de la lutte contre l’érosion (enherbement), ou les modalités du recours à l’irrigation. C’est aussi le plus difficile à quantifier et surtout à spatialiser : de 25 à plus de 200mm (litre par mètre carré) pour des profondeurs variant de 40 à plus de 200cm)

Les conséquences pratiques de ces écarts sont très différentes selon les climats (500 à 1500 mm de pluviométrie), les influence (montagnardes, méditerranéennes, continentale), et les saisons, fréquences et intensités des épisodes orageux.

En situation de pentes fortes, ces réservoirs estimés sont rarement supérieurs à 150mm :

En Valais par exemple, les sols de pente, peu argileux, se répartissent entre sols très minces sur calcschistes, et sols de ‘formations caillouteuses de pentes’ plus profonds (voir §5) autour d’une moyenne de 120-130mm.

On retrouve ces ordres de grandeur au Tessin et en Savoie, dans des situations similaires d’éboulis, de moraines, de calcaires fracturés. Par contre les

sols de/sur saprolite de granite ou de gneiss, (§1.1) en pentes fortes, ont des réserves hydriques estimées toujours beaucoup plus faibles (entre 25 et 50-60mm). L’observation du comportement des parcelles et des mesures de potentiel hydrique de base sont nécessaires pour progresser dans la quantification de ces estimations (trouver des « coefficients de pédotransfert » adaptés aux trois ou quatre degrés de saprolitisation observables)

7. La matiere organique

De nombreux paramètres (activité biologique du sol, solidité des structures, toxicités métalliques…) dépendent directement de cette donnée de base dont il faut connaître la variabilité ‘naturelle’ et le rythme d’évolution pour la gérer correctement à long terme. Le graphique ci-dessus montre concrètement ce que prévoient les calculs théoriques : les facteurs explicatifs de variation du coefficient de minéralisation K2 y sont en quelque sorte illustrés : température, pluviométrie, pH, taux d’argile... Chaque région est représentée par 70 à 300 analyses de matière organique (en ordonnées), à différentes profondeur de prélèvement (en abscisses), ce qui nous a autorisés à dessiner une courbe de tendance pour chacune d’elle.Les moyennes de subsurface, prélevées dans des conditions comparables (horizon 10-30cm), varient de 0,6 à 2,6% selon les régions.

Figure : Teneurs en matière organique selon la profondeur, dans des contextes pédo-climatiques différents

On peut observer que les sols de ‘montagne’ ont ‘en tendance’ un stock de carbone notable en profondeur.

Conclusion

La diversité des sols de montagne et de pentes fortes est de nature différente de celles les sols ‘à plat’ ou en pente ‘raisonnable’, avec des transitions beaucoup plus rapides. Elle s’accompagne d’une ‘fragilité’ spécifique, qui peut aller jusqu’au risque de disparition totale. Les transferts latéraux y sont rapides et intenses, les risques de pollutions de l’hydrosphère locale sont fortement accentués. Leur connaissance est donc particulièrement utile, malgré les difficultés, évidentes, que vous avez deviné !Tout cela confirme que les conseils et techniques qui fonctionnent dans une région ne peuvent pas être transposés sans réflexion à une autre, et ceci pas uniquement pour des questions climatiques. On constate aussi que si la ‘vitipédologie’ est utile à la viticulture, la viticulture permet indéniablement d’élargir la compréhension générale du rôle ‘des sols, en particulier par une meilleure appréciation du rôle des horizons très profonds qu’elle soit ‘géologique’ ou ‘pédologique’.

LAME: un outil pour comprendre l'attractivité spatiale dans les

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