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Pétition pour sauver l'Institut National d'Histoire de l'Art à Paris (INHA)
Laurence Bertrand Chers collègues,
Vous trouverez ci-joint le texte d'une tribune destinée à publication qui doit comporter le plus de signatures possibles pour être efficace. Le plus simple est de rajouter vos noms à la liste des signataires et de le
renvoyer à l'adresse eric.de.chassey@univ-tours.fr ou laurence.bertand.dorleac@libertysurf.fr .
Merci également de transmettre le document joint avec les mêmes directives à toute personne susceptible de signer ou d'agir en faveur de l'INHA.
Cordialement, Laurence Bertrand Dorléac et Eric de Chassey ---
PETITION POUR SAUVER L’INSTITUT NATIONAL D'HISTOIRE DE L'ART À PARIS (http://www.inha.fr)
TEXTE
Les historiens d'art sont inquiets. Et avec eux tous ceux qui pensent que la recherche sur la création artistique du passé et du présent peut avoir de l'intérêt : conservateurs de musée, étudiants et amateurs. Après des années d'atermoiement, un ambitieux projet d'Institut National d'Histoire de l'Art (INHA) avait enfin pu se concrétiser depuis un décret du 14 juillet 2001, prévoyant un déploiement à Paris, sur une partie des sites de l'ancienne Bibiothèque nationale, rue Richelieu et rue Vivienne.
A première vue, ce projet n'est pas remis en cause, et les passants peuvent toujours admirer, rue des Petits Champs, les panneaux très pédagogiques qui leur expliquent que des travaux sont en cours pour créer ce prestigieux lieu de recherches. Mais c'est son intérêt même qui est menacé, son architecture intellectuelle. Si depuis de nombreuses années, la France n'occupe plus en histoire de l'art la place qui devrait être la sienne de par ses traditions universitaires et érudites, de par la
richesse de son patrimoine, de par le dynamisme reconquis de sa scène artistique, c'est précisément pour des raisons que le projet d'INHA, tel qu'il avait été défini, peut venir combler.
Les chercheurs français sont actuellement obligés de courir, à Paris même
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(la situation en province est plus désespérée encore), d'une bibliothèque à l'autre, pour consulter ici un livre, là un catalogue. En outre, ils ont à chaque fois de la chance s'ils trouvent de la place, les salles de
consultation étant d'une exiguïté déraisonnable situation particulièrement préjudiciable pour ceux qui n'habitent pas l'Ile de France. Ils ont
souvent plus vite fait de se rendre en Angleterre, en Allemagne, aux Etats-Unis, pour y trouver des lieux suffisamment pourvus. L'INHA
permettra enfin de trouver rassemblée toute la bibliographie nécessaire en un seul lieu suffisamment vaste (les locaux de la rue Richelieu, avec la salle Labrouste), sans compter que, pour la première fois, la sélection des ouvrages se fera en coordination entre bibliothécaires et chercheurs.
Les chercheurs français ne peuvent inviter qu'en de trop rares occasions leurs homologues étrangers, laissant à ceux-ci l'organisation des
colloques prestigieux et des publications bien diffusées. L'INHA disposera des budgets et des locaux nécessaires pour pallier ce défaut, y compris pour des projets initiés en province, voire y ayant lieu.
Les chercheurs français voient partir l'un après l'autre les fonds d'archives vers l'étranger, non seulement parce que les institutions étrangères disposent de plus d'argent pour les acheter, mais aussi parce que les artistes ou les ayant-droits rechignent à les laisser dans quelque réserve où l'on mettrait des décennies à les classer et plus encore à les exploiter. L'INHA mettra en place des programmes de recherches, des investigations systématiques destinées à maintenir en France les fonds d'archives d'artistes et d'historiens d'art, selon les modèles éprouvés ailleurs.
Enfin, trop souvent, les chercheurs français ne trouvent guère d'écho chez leurs collègues des musées, tandis que ceux-ci se voient repoussés des universités. L'INHA, par sa double tutelle Ministère de la
Culture/Ministère de la Jeunesse, de l'Education nationale et de la
Recherche, conduira à des collaborations et à des passerelles fructueuses.
On pourrait multiplier les exemples. Si l'INHA ne se fait pas selon les modalités qu'un large consensus avait permis d'établir, tout laisse penser que les jeunes chercheurs seront de plus en plus nombreux à quitter la France.
Il faut sauver l'INHA si l'on veut que les Français aient un accès intelligent à leur histoire et à leur patrimoine. Il faut sauver l'INHA, si l'on veut que la France retrouve pleinement la place qu'elle mérite sur la scène artistique et intellectuelle internationale.
Eric de Chassey, Professeur d'Histoire de l'art à l'université
François-Rabelais de Tours, critique d'art et organisateur d'expositions.
Laurence Bertrand-Dorléac, membre de l'Institut universitaire de France.
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Quellennachweis:
ANN: Pétition pour sauver l'Institut National d'Histoire de l'Art à Paris (INHA). In: ArtHist.net, 10.10.2002.
Letzter Zugriff 27.02.2022. <https://arthist.net/archive/25289>.