Musiciens sur la sellette : E.T.A Hoffmann : le défroqué
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(2) Hoffmann joue allant jusqu'à créer ce Kapellmeister Kreisler, dans lequel se reconnaîtra toute une génération et de la mort duquel, dira Marcel Brion, mourra Schumann Paradoxalement, ce que Hoffmann ne confie pas à la musique encore trop classique de son temps, il le jette dans son œuvre littéraire et ce sera Schumann, trente ans plus tard, qui le récupérera et en fera ses musiques les plus audacieuses, à commencer par ses «Kreisleriana». Oh! on est loin de la musique à programme. Schumann ne nous décrira pas ce Kreisler aux deux chapeaux superposés, aux vêtements surannés, à l'attitude troublante. Il ne fera qu'exprimer l'angoissante faim d'idéal, la Sehnsucht de ce romantisme cruel. Il sera Kreisler. Il reprendra des titres d'Hoffmann: «Nachstücke», «Phantasiestücke». Autre temps, autre lieu: dans le Paris issu du Second Empire, Hoffmann réapparaîtra, suscité par ce vieux fou d'Offenbach, créateur d'opérettes encore fraîches aujourd'hui. Flamboiement de ces soirées de mélodies et de rires, tandis que les danseuses lèvent la jambe dans un frou-frou de jupes, un martèlement de talons, pour le plaisir d'un parterre de bourgeois scandalisés et ravis. Mais Offenbach ne danse plus. Il va mourir. Il tend, loin dans le passé, sa main parcheminée au jeune poète des contes et s'adonne, au nom de la vieille Europe qui ne voulait pas disparaître, à la mystérieuse tristesse, au sourire en larmes des tout grands romantiques. Un soir de 1813, le directeur de musique de Bamberg, E. T. A. Hoffmann, dirige une de ses œuvres. Autour de lui, des visions... Miserere mei, chante le chœur. Un jeune minois interdit, une tentation... Miserere mei. Et Kreisler se profile comme un ange mauvais. Miserere mei! Une vie s'ouvre, qui exige d'être fixée sur le papier. Une foule de personnages fictifs s'impatiente. Julia, Kätchen, des noms qui ont perdu leur visage et qui exigent... ges incontestés. dangereusement,. Musiciens sup la. sellette Pierre-Philippe Collet. E. T. A. Hoffmann Le défroqué. S<fj symphonie, le ballet, la musique. Hoffmann, E. comme Ernst, T. comme Theodor, A. comme Amadeus, chef d'orchestre, compositeur... jusqu'en 1813, puis poète. Et l'un des plus fameux. de son époque.. D'aucuns. prétendent. qu'il. n'avait pas l'envergure d'un. grand musicien. D'autres, que le destin (le destin avait bon dos en ce temps-là avait brisé une carrière pleine de promesses... Ecoutez son «Miserere»: bouleversant! Pur comme du Mozart! Situons-le donc: né un peu après Beethoven, mort un peu avant lui. Pourquoi ce silence définitif d'un musicien qui n'avait pas quarante ans?. Hoffmann, assesseur, juge, fonctionnaire, se tenait difficilement en place dans cette Europe en butte aux coups de boutoir de Napoléon. 1809-1813: période heureuse pour son art! Il est chef d'orchestre à Bamberg. Il compose la plupart de ses soixante-dix numéros d'opus, et cela va de la musique de chambre à l'opéra, en passant par la. religieuse.. Il. se nourrit de lectures: Thieck, JeanPaul, Novalis. La grande rêverie romantique l'attire. Et l'attire aussi un visage défendu, celui d'une élève, jeune, trop jeune. Et lui est marié. Julia devient, dans son journal intime, Kätchen. Il ne vit plus que par elle. On. se fait d'elle, car ce nom, Kätchen, il l'a emprunté au drame de Kleist, le Prince de Hombourg. Julia, c'est la princesse. Ses parents la marient à un bourgeois cousu d'or. Désespoir de Hoffmann. Abandon de son poste, de sa ville, de la musique. Ne me faites pas dire que Julia Marc soit à l'origine de ce dérapage, mais elle y a contribué. Hoffmann se réfugie dans le mythe, dans le fantastique. Il découvre la clé de son œuvre littéraire à venir: à partir de la réalité la plus quotidienne et, par un savant dosage, par un éclairage encore jamais vu dans la poésie, il métamorphose cette réalité. Les personnages deviennent inquiétants, le monde du rêve plus réel que celui de la réalité. Et c'est dans la mesure où il se laisse reprendre par la réalité que le rêveur perd pied. Ce fantastique permet des greffes extraordinaires du moi sur des personna¬. plutôt par l'image qu'il. Miserere, Seigneur! Il cède. Il entrouvre les doigts d'où s'échappe, tarie, toute musique. E. T. A. Floffmann sera poète. Seulement poète. P.-Ph. C.. Le Baume du Tigre. Contre lè?doiileurs. prenez donc rhumatisme, arthritisme. névralgie, migraine, goutte, douleurs aux disques vertébraux, sciatique. lumbago, blessures dues au sport, toux, rhume, bronchites. En vente dans les pharmacies et drogueries sous forme de pommade ou d'huile.. 7.
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