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Les prairies et les pâturages fournissent le fourrage de base pour produire du lait et de la viande. Or, du côté des consom- mateurs, on ne réalise généralement pas que l’herbe se cultive, et la plupart d’en- tre eux sont convaincus qu’elle pousse toute seule sur des terres non travaillées.
Et pourtant, comme pour les céréales, la pomme de terre, les fruits ou les légumes, des sélectionneurs et des agronomes œu- vrent à l’amélioration des plantes fourra- gères. Les Stations de recherche Agros- cope testent les variétés de graminées et de légumineuses dans divers lieux en plaine et en montagne. Leurs résultats, publiés dans la Liste des variétés recom- mandées de plantes fourragères (au centre du journal), permettent ainsi de choisir les semences les mieux adaptées aux di- verses conditions. Mélangées selon des principes établis au cours des dernières décennies, ces plantes sont semées sur plus de 100 000 ha! Dès lors, les agricul- teurs cultivent des prairies temporaires pour fournir un fourrage de qualité au bétail. La préparation du lit de semences, la fertilisation, la lutte contre les plantes indésirables et le choix des dates opti- males d’utilisation font partie de leur quotidien. Les parcelles ainsi soignées donnent au paysage une image typique appréciée bien au-delà de nos frontières.
L’herbe est l’aliment naturel des... herbi- vores. Elle pousse bien dans nos régions où la pluviométrie avoisine 1000 mm par
année et où les sols sont fertiles. Il est donc logique d’en tirer profit, notamment en la faisant pâturer. Dans cette optique, l’opportunité d’un prolongement de la pâture en fin de saison a été examinée dans deux exploitations laitières du Pla- teau (voir l’article de Mosimann et al. en p. 231). La règle empirique selon laquelle l’herbe devrait mesurer la hauteur d’un poing avant l’hiver a pu ainsi être confir- mée grâce à de nouvelles données sur la croissance de l’herbe. Optimiser les pro- ductions herbagère et animale est l’un des objectifs visés par la recherche agro- nomique. Face à la diversité botanique des prairies et à la multitude des systèmes d’élevage, les chercheurs unissent leurs forces et leurs approches respectives dans le cadre de projets pluridisciplinaires.
Avant même que les fusions ne soient à l’ordre du jour, les Stations de recherche Agroscope collaboraient depuis long- temps pour conduire des expérimentations communes au service de la pratique. A une échelle plus large, les réseaux inté- grant la recherche, le développement et l’enseignement dans le domaine herbager dépassent les frontières nationales. On voit ainsi que l’herbe n’est pas plus verte chez nos voisins, mais qu’elle requiert au contraire de l’attention partout où elle pousse.
Eric Mosimann
E-mail: eric.mosimann@acw.admin.ch
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Revue suisse Agric. 38 (5): 227, 2006
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La culture de l’herbe
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