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Bilan des éléments fertilisants sur une exploitation laitière de montagne

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Academic year: 2022

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Introduction

Depuis une bonne dizaine d’années, les agriculteurs qui souhaitent bénéficier de paiements directs doivent satisfaire aux «Prestations écologiques requises»

(PER). Les exploitations de montagne dominées par les herbages permanents sont surtout concernées par l’obligation de présenter un bilan équilibré des élé- ments fertilisants. En Suisse, ce bilan est établi en comparant les besoins en azote et en phosphore de l’ensemble des cultures aux quantités d’éléments fertilisants issues des animaux de l’ex- ploitation. Seuls les éventuels déficits en éléments fertilisants peuvent être comblés par des achats d’engrais. L’in- troduction de ce bilan a conduit à une diminution des excédents en azote et en phosphore dans l’agriculture suisse, grâce à une meilleure prise en compte

des engrais de ferme et à une utilisation moins importante des engrais du com- merce (Spiess, 2005a et 2005b). Les exploitations de montagne sont égale- ment touchées par une autre exigence PER, celle qui impose que 7% de la surface agricole utile soient occupés par des surfaces de compensation éco- logique (SCE).

Depuis 1994, ces exigences ont été mises en pratique sur l’exploitation lai- tière de La Frêtaz/Bullet, située dans le Jura vaudois à l’altitude de 1200 m. Les apports d’engrais du commerce sur les herbages permanents ont été totalement supprimés et la proportion de SCE, principalement des pâturages extensifs et des prairies peu intensives, a été aug- mentée jusqu’à 20%. Nous avons vo- lontairement choisi d’aller au-delà des exigences légales pour bien mettre en évidence les conséquences des PER.

Ce premier article est consacré à l’appré- ciation du bilan des éléments fertilisants.

Les résultats fournis par différentes mé- thodes, dont la méthode officielle re- connue dans le cadre des PER, y sont comparés. De telles comparaisons n’ont guère été réalisées, si ce n’est par Freyer et Pericin (1993) sur des exploi- tations biologiques. Un deuxième ar- ticle, en préparation, analyse, à travers différents indicateurs (teneurs des foins et des regains, quantités d’éléments fer- tilisants dans les engrais de ferme, ni- veau de fertilité des sols), l’évolution sur dix ans de la disponibilité en élé- ments fertilisants. Cette évolution de- vrait refléter les résultats des bilans présentés dans cet article.

Matériel et méthodes

Les principales caractéristiques de l’exploi- tation de La Frêtaz sont décrites dans le ta- bleau 1. Les prairies et les pâturages perma- nents occupent près de 90% de la surface agricole et sont exploités à différents ni- veaux d’intensité (Sahli et al., 1996). De 1994 à 2003, seules les prairies temporaires et les cultures de pommes de terre ont reçu quelques engrais du commerce. Aupara- vant, de tels engrais étaient épandus sur la majeure partie de la surface herbagère (en moyenne 35 kg N, 34 kg P2O5et 48 kg K2O par ha et par an).

Le chargement en bétail (0,81 UGB/ha) est un peu moins élevé que dans la plupart des exploitations de la chaîne du Jura. Pendant la période de végétation, les vaches laitières (6000 kg lait/va/an) et le jeune bétail se nourrissent principalement sur les pâturages, l’herbe pâturée représentant en moyenne 40% de la ration annuelle. En stabulation entravée, les vaches produisent en hiver du fumier et du purin et en été, pendant la traite à l’étable, du lisier. Le jeune bétail, en sta- bulation libre pendant l’hiver, fournit du fu- mier de stabulation et un peu de purin.

Station de recherche

Agroscope Changins-Wädenswil ACW Directeur: Jean-Philippe Mayor www.acw.admin.ch

Bilan des éléments fertilisants sur une exploitation laitière de montagne

B. JEANGROS et J. TROXLER, Agroscope Changins-Wädenswil ACW, CP 1012, CH-1260 Nyon 1 E-mail: bernard.jeangros@rac.admin.ch

Tél. (+41) 22 36 34 738.

@

Résumé

De 1994 à 2003, trois méthodes de calcul du bilan des éléments fertili- sants ont été comparées dans l’exploitation laitière de La Frêtaz où plus aucun engrais du commerce n’est appliqué sur les prairies permanentes depuis 1994. La comparaison des importations et des exportations au ni- veau de l’exploitation met en évidence un solde nul à positif pour l’azote (N), le phosphore (P), le potassium et le magnésium. Les deux méthodes comparant les besoins des plantes aux apports d’éléments fertilisants, estimés ou mesurés, indiquent au contraire un léger déficit pour N et P.

L’appréciation de l’équilibre de la fumure (AEF), bilan officiel jusqu’en 2002, est la méthode qui affiche les déficits les plus importants: -19 kg N/ha/an et -7 kg P2O5/ha/an. Le bilan du potassium est positif quelle que soit la méthode d’appréciation. L’excédent beaucoup plus élevé obtenu avec la méthode AEF qu’avec celle des apports effectifs d’engrais in- dique que la norme de déjection du potassium est trop élevée pour l’ex- ploitation de La Frêtaz. Globalement, bien que les bilans diffèrent selon la méthode et l’élément fertilisant, les risques d’atteintes à l’environne- ment sont faibles.

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De 1994 à 2003, le bilan des importations et des exportations en éléments fertilisants sur l’exploitation a été calculé, en enregis- trant précisément les quantités de chaque produit importé (concentrés, minéraux, foin, paille, engrais du commerce) ou exporté (lait, viande, pomme de terre, fumier pour les jardins privés). Pour les teneurs en azote (N), phosphore (P), potassium (K) et ma- gnésium (Mg) du lait, de la viande et des pommes de terre, nous avons utilisé les in- dications de Ryser et al. (2001). Pour les concentrés, les minéraux et les engrais du commerce, les teneurs indiquées par le fa- bricant ont été reprises. Enfin, les teneurs de la paille, du foin et du fumier ont été analysées. Pour l’azote, nous avons égale- ment estimé deux sources importantes: la fixation d’azote par les légumineuses et les dépositions atmosphériques.

De 1994 à 2003, l’équilibre de la fumure pour N et P a été évalué selon la méthode

«Appréciation de l’équilibre de la fumure AEF» officiellement en vigueur en 1994 (SRVA, 1995; bilan AEF1). Rappelons que, dans ce bilan, tous les types de prairies, à l’exception des prairies extensives fauchées, ont les mêmes besoins en N et P. Pour ne pas introduire de biais méthodologique, cette méthode a continué à être appliquée jusqu’en 2003, même après l’introduction en 2002 du «Suisse-Bilanz» (SRVA, 2005a et 2005b). L’équilibre de la fumure a aussi été apprécié en tenant compte de l’intensité d’exploitation des prairies (bilan AEF2), selon les indications de Ryser et al. (2001).

Ce deuxième système d’évaluation se rap- proche du «Suisse-Bilanz» qui tient compte des types de prairies. Le bilan AEF2 a éga- lement été établi pour K et Mg.

Enfin, tous les apports de purin et de fumier de 1994 à 2003 ont été précisément enregis-

trés et les teneurs en matière sèche, N, P, K et Mg de 203 échantillons de purin et de 126 échantillons de fumier ont été analy- sées. Cela nous a permis d’apprécier la fu- mure pratiquée sur chaque type de prairie, en confrontant leurs besoins (Ryser et al., 2001) aux quantités d’éléments fertilisants réellement apportées (méthode plan de fumure).

Résultats et discussion

Importations

et exportations d’éléments fertilisants

La comparaison des importations et des exportations, appelée aussi bilan en- trées/sorties, est utilisée dans différents pays pour apprécier le bilan des élé- ments fertilisants. C’est une approche simple et pertinente pour les exploita- tions dont le cycle des éléments fertili- sants est relativement fermé, comme celles qui produisent du lait ou de la viande avec des animaux nourris avec les fourrages de l’exploitation.

Les principales importations d’azote proviennent de la fixation biologique par les légumineuses et des dépositions atmosphériques (tabl. 2). Parmi les sources qui ont pu être mesurées, les concentrés représentent la principale source d’azote. Le phosphore et le ma- gnésium sont surtout apportés par les minéraux. Les plus grandes importa- tions de potassium ont lieu sous forme de paille. Les engrais du commerce, bien que peu utilisés, fournissent encore une part non négligeable d’azote et de potassium.

Sur une exploitation laitière comme celle de La Frêtaz, les exportations d’éléments fertilisants sont faibles:

20 kg/ha/an pour l’azote, moins de 10 kg/ha/an pour les autres éléments fertilisants. Le lait constitue la princi- pale exportation: 82% des exportations

Tableau 1. Principales caractéristiques de l’exploitation laitière «La Frêtaz» (Jura, 1200 m).

1Moyennes annuelles (1994-2003).

2Profondeur 0-10 cm.

3Dont au total 6,8 ha de surfaces de compensation écologique.

4Produits sur le domaine, moyennes annuelles (1994-2003).

MS: matière sèche.

UGB: unités gros bétail.

Climat1 Température 6,3 °C

Précipitations 1376 mm

Sols Profondeur 10 à 50 cm

Argile2 18 à 30%

Matière organique2 4 à 12%

pH2 5,1 à 6,7

Occupation du sol Surface agricole utile (SAU) 34,2 ha Prairies et pâturages 33,7 ha – Temporaires intensifs (Tin) 3,3 ha – Permanents intensifs (Pin) 8,4 ha – Permanents mi-intensifs (Pmi) 9,8 ha – Permanents peu intensifs (Ppi) 8,6 ha3 – Permanents extensifs (Pex) 3,6 ha3

Pomme de terre 0,5 ha

Fourrages4 Foins et regains 85 t MS/an

Herbe pâturée 60 t MS/an

Pomme de terre 20 t/an

Bétail1 Vaches laitières 17 têtes

Génisses 20 à 24 têtes (été)

8 à 10 têtes (hiver)

Chargement 0,81 UGB/ha

Tableau 2. Bilan annuel des importations et des exportations en éléments fertili- sants sur l’exploitation laitière de «La Frêtaz» (moyennes 1994-2003).

1Estimation basée sur une quantité totale d’azote fixé de 5 kg par dt MS de légumineuses récoltées (Jorgensen et Ledgard, 1997).

2Estimées à 25 kg N/ha/an.

3Les pertes ne sont pas prises en compte.

MS: matière sèche.

Eléments fertilisants N P2O5 K2O Mg

(kg/an) (kg/an) (kg/an) (kg/an)

Importations

Concentrés 9,0 t 198 78 51 18

Minéraux 1,7 t 0 163 1 35

Foin 0,5 t MS 8 4 14 1

Paille (litière) 19,8 t MS 77 42 188 8

Engrais du commerce 0,7 t 119 36 105 5

Fixation biologique1 33,7 ha 849 0 0 0

Dépositions atmosphériques2 34,2 ha 855 0 0 0

Total 2106 322 360 67

Exportations3

Lait 103,0 t 567 227 171 12

Viande 4,3 t 106 77 8 1

Pomme de terre 3,9 t 11 6 19 1

Fumier de stabulation 1,9 t 10 6 18 2

Total 693 316 216 16

Bilan (importations-exportations) 1413 6 144 51

par ha 41 0 4 1

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totales pour N, 72% pour P, 73% pour K et 75% pour Mg. Il faut toutefois préciser que les pertes en éléments fer- tilisants, qui correspondent en fait à des exportations, n’ont pas été comptabili- sées. Elles peuvent être importantes pour l’azote. Menzi (2005) indique que les pertes par émission d’ammoniac peuvent dépasser 50 kg N/ha/an dans les régions de Suisse à forte concentra- tion en bétail.

Au final, le bilan est parfaitement équi- libré pour P, très légèrement positif pour K et Mg. Pour N par contre, le bilan est nettement positif (+41 kg N/ha/an). Cet excédent reste toutefois modeste par rapport aux surplus d’azote de 100 à 500 kg N/ha/an indiqués par divers au- teurs pour des exploitations laitières de Suisse et d’Europe (Jarvis et Menzi, 2004; Aarts et al., 1992). Ce résultat montre que les risques de pertes en azote sont relativement faibles sur l’ex- ploitation de La Frêtaz et que la sup- pression des apports d’engrais du com- merce sur les herbages permanents était donc bel et bien nécessaire pour obtenir un bilan des importations et des exportations en éléments fertilisants aussi équilibré que possible.

Appréciation globale de l’équilibre de la fumure (AEF)

La production totale d’éléments fertili- sants par les animaux (tabl. 3) est sim- plement calculée à partir des effectifs d’animaux présents sur l’exploitation et des normes de déjection de ces animaux (SRVA, 1995). Il n’y a pas de déduc- tion pour la pâture, sauf pour l’azote.

A La Frêtaz, les besoins des prairies représentent plus de 95% des besoins totaux de l’exploitation. La prise en compte des types de prairies (AEF2) nuance à la baisse les besoins estimés par la méthode officielle (AEF1): -16%

pour N, -10% pour P.

Dans la rubrique «Achats et cessions d’engrais», on retrouve surtout les élé- ments fertilisants apportés par les en- grais du commerce et par la paille pour P, K et Mg (la paille n’apporte pas d’azote dans le bilan AEF).

Le bilan total est légèrement négatif pour P et Mg et plus nettement défici- taire pour N. Pour K, on observe un net excédent (+59 kg K2O/ha/an) qui con- firme que, d’après les normes, les dé- jections des animaux contiennent trop de potassium par rapport aux besoins des prairies.

En résumé, selon le bilan AEF, quelques apports supplémentaires de N et P, par exemple sous la forme d’engrais du

commerce, auraient été nécessaires pour couvrir parfaitement les besoins des prairies et des pommes de terre. Avec la méthode officielle qui ne tient pas compte des types de prairies (AEF1), les apports supplémentaires auraient pu atteindre 19 kg N et 7 kg P2O5par ha de surface fertilisable. En tenant compte des types de prairies (AEF2), il aurait été possible d’apporter 10 kg N et 3 kg P2O5 par ha de plus. En utilisant la marge d’erreur admise dans la méthode officielle, ces quantités auraient pu être encore augmentées de quelques kilo- grammes (dépassement maximum au- torisé: 10% des besoins totaux de l’ex- ploitation).

Engrais de ferme disponibles

Le tableau 4 donne les quantités et les teneurs des engrais de ferme épandus annuellement sur l’exploitation de La Frêtaz. La comparaison des teneurs ob- servées avec les valeurs de référence données par Ryser et al. (2001) montre

que le purin et le lisier épandus étaient très dilués: huit à dix fois pour le purin et le lisier issus de la stabulation entra- vée, près de vingt fois pour le purin de la stabulation libre. Ces fortes dilutions s’expliquent par des apports importants d’eau de pluie et d’eaux usées dans les fosses (jus d’écoulement des fumières et des parcours en dur non couverts, eaux usées domestiques, eaux de nettoyage).

Elles n’ont pas posé de problème car la capacité de stockage dans les fosses est élevée (800 m3). La dilution prise en compte, les teneurs du purin et du lisier sont assez proches des valeurs de réfé- rence, un peu plus élevées toutefois pour K, un peu moins pour P. Les te- neurs du fumier sont aussi conformes aux normes, bien qu’un peu plus éle- vées en P et un peu moins en K.

Les quantités totales d’éléments fertili- sants disponibles dans les engrais de ferme sont inférieures à la production totale des animaux selon le bilan AEF (voir tabl. 3): -25% pour N, -17% pour P, -42% pour K et -29% pour Mg. Pour les trois derniers éléments, ces écarts s’expliquent en partie par le fait que les

Tableau 3. Appréciation globale de l’équilibre annuel de la fumure sur l’exploita- tion laitière de «La Frêtaz» (moyennes 1994-2003, surface fertilisable1: 33,8 ha).

1Comprend aussi les pâturages extensifs.

2Besoins des prairies selon la méthode officielle en 1994 (AEF1).

3Besoins des prairies tenant compte des différents types (AEF2).

4N = 0,6 ×(2356 kg Ntot-521 kg pour la pâture -45 kg pour fourrages extensifs).

Eléments fertilisants N2 N3 P2O52 P2O53 K2O3 Mg3 (kg/an) (kg/an) (kg/an) (kg/an) (kg/an) (kg/an)

Production totale des animaux (A) 10744 10744 912 912 4794 317 Besoins totaux de l’exploitation (B) 1791 1502 1197 1082 3083 400

Besoins des prairies 1741 1452 1161 1046 2955 394

Besoins des pommes de terre 50 50 36 36 128 6

Solde à couvrir (A-B) -717 -428 -285 -170 1711 -83

Achats et cessions d’engrais 98 98 66 66 256 11

Bilan total -619 -330 -219 -103 1966 -73

par ha fertilisable -19 -10 -7 -3 59 -2

Tableau 4. Quantité et teneur en éléments fertilisants des engrais de ferme épan- dus annuellement sur l’exploitation laitière de «La Frêtaz» (moyennes 1994-2003).

MS: matière sèche.

MS Ntot P2O5 K2O Mg

Type d’engrais de ferme

(kg/m3)

Purin de stabulation entravée (hiver) 388 m3/an 8,8 0,63 0,12 2,01 0,06 Lisier de stabulation entravée (été) 612 m3/an 9,1 0,53 0,19 1,45 0,08 Purin de stabulation libre (hiver) 221 m3/an 4,0 0,16 0,08 0,96 0,03

(kg/t)

Fumier au tas (hiver) 95 t/an 185 5,37 4,39 4,60 1,08 Fumier de stabulation (hiver) 47 t/an 190 5,00 3,43 9,71 0,93

(kg/an)

Total des éléments fertilisants à disposition 1351 758 2770 224

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quantités calculées dans le bilan AEF comprennent aussi les déjections sur les pâturages. Si l’on admet que le bé- tail de La Frêtaz passe en moyenne un tiers de sa vie sur les pâturages, la quantité d’éléments fertilisants mesurée dans les engrais de ferme est parfaite- ment cohérente pour Mg. La quantité relativement élevée de P semble indi- quer que cet élément est davantage ex- crété à l’étable qu’au pâturage. Pour K, une norme de déjection trop élevée pourrait en partie expliquer l’important écart entre la quantité théoriquement produite par les animaux et celle mesu- rée dans les engrais de ferme.

Pour l’azote, le bilan AEF prévoit bien une déduction en cas de pâture, mais, celle-ci est apparemment trop faible et/ou une partie non négligeable de l’azote excrété à l’étable a été perdue jusqu’au moment de l’épandage, pro- bablement sous forme d’ammoniac.

Besoins et apports effectifs par type de prairie

Les besoins en éléments fertilisants de chaque type de prairie, pour une utili- sation en fauche ou en pâture, sont donnés dans le tableau 5. Lorsqu’on tient compte du mode d’utilisation, le total des besoins est inférieur de 19 à 28% selon l’élément fertilisant aux be- soins des prairies estimés précédem- ment (voir tabl. 3). Les surfaces pâtu- rées ont des besoins réduits en raison des restitutions au pâturage.

En moyenne des dix ans, les apports en N, P et Mg sont souvent inférieurs aux besoins. Le déficit en azote atteint 18 à

31 kg/ha/an pour les prairies intensives et mi-intensives. Le manque de P et de Mg est surtout marqué pour les prai- ries temporaires. Les apports de potas- sium dépassent par contre souvent les besoins.

Les quantités totales d’éléments fertili- sants apportées sur les prairies diffèrent légèrement de celles indiquées dans le tableau 4 car une petite partie des en- grais de ferme a été épandue sur les pommes de terre et les prairies tempo- raires ont aussi reçu quelques engrais du commerce.

Avec les seuls engrais de ferme de l’ex- ploitation, les besoins en P, K et Mg des prairies et des pâturages perma- nents ont donc pu être à peu près cou- verts. En revanche, il manque un apport d’azote sur les prairies intensives et mi- intensives. Les prairies temporaires ont pour leur part été nettement sous-ferti- lisées. Pour aucun des éléments fertili- sants, les apports n’ont suffi à couvrir les besoins.

Le cumul des écarts entre les apports et les besoins sur l’ensemble de la surface fertilisée (tabl. 5) révèle un solde néga- tif pour N, P et Mg très proche de celui du bilan AEF2 (voir tabl. 3). Pour K, on obtient aussi un excédent, mais quatre fois moindre. Cela confirme que la quantité totale de potassium disponible dans les engrais de ferme de La Frêtaz est inférieure à celle que donnent les normes de déjection des animaux.

Remerciements

Nous remercions les très nombreuses personnes qui ont collaboré à cette étude, en particulier Aloïs Genoud, Da- niel Champod, Walter Herren, Harald

Menzi et Michel Amaudruz, ainsi que les collaborateurs de Sol-Conseil qui ont réalisé la majeure partie des analyses.

Bibliographie

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Jarvis S. C. & Menzi H., 2004. Optimising best practice for N management in livestock sys- tems: meeting production and environmental targets. Grassland Science in Europe 9, 361- 372.

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Menzi H., 2005. Emissions d’ammoniac prove- nant de l’agriculture suisse. Les cahiers de la FAL 57, 59-65.

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Sahli A., Thöni E., Amaudruz M., Koenig A. &

Jeangros B., 1996. Appréciation des prairies.

Fiche technique ADCF no8, 8 p.

Spiess E., 2005a. Le bilan de l’azote en Suisse.

Les cahiers de la FAL 57, 26-31.

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SRVA, 1995. Marche à suivre pour le calcul de l’appréciation de l’équilibre de la fumure (AEF). Document interne, 7 p.

SRVA, 2005a. Guide Suisse-Bilanz. Adresse:

http://www.srva.ch / files / per2006 / guide_

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per2006/form_SB2006.pdf[6 mars 2006].

Tableau 5. Appréciation de la fumure effective pour chaque type de prairie fertilisé de l’exploitation laitière de La Frêtaz (B: besoins selon Ryser et al., 2001; A: apports effectifs d’engrais de ferme et du commerce1; moyennes 1994-2003).

1Engrais du commerce uniquement sur le type Tin.

2Voir tableau 1 pour la légende des abréviations.

3F = fauche, P = pâture.

4Ndisp(purin et lisier) = 0,7 ×Ntotet Ndisp(fumier) = 0,3 × Ntot. MS: matière sèche.

N P2O5 K2O Mg

Type Mode Surface Rendement B A4 A-B B A A-B B A A-B B A A-B

de prairie2 utilisation3 (ha) (dt MS/ha/an)

(kg/ha/an) (kg/ha/an) (kg/ha/an) (kg/ha/an)

Tin F 3,30 65 80 49 -31 52 19 -33 156 94 -62 20 5 -15

Pin F 8,43 55 60 46 -14 44 44 0 132 174 42 17 14 -3

Pmi F 1,74 50 50 24 -26 35 26 -9 95 106 11 13 8 -5

Pmi F/P 1,92 45 40 17 -23 25 21 -4 50 99 49 10 6 -4

Pmi P 6,14 35 30 12 -18 12 20 8 8 51 43 5 5 0

Ppi F 1,94 40 15 7 -8 24 18 -6 60 30 -30 0 5 5

Ppi P 6,66 30 0 4 4 12 8 -4 12 27 15 0 2 2

(ha) (dt MS/an) (kg/an) (kg/an) (kg/an) (kg/an)

Total 30,13 1344 1147 738 -409 852 730 -121 2134 2703 568 282 214 -68

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Conclusions

❏ Il existe plusieurs façons d’appré- cier le bilan des éléments fertili- sants sur une exploitation: la com- paraison des importations et des exportations, l’appréciation glo- bale de l’équilibre de la fumure (AEF) et la comparaison des be- soins et des apports d’engrais par culture (plan de fumure).

❏ Les observations et les mesures réalisées de 1994 à 2003 sur l’ex- ploitation laitière de La Frêtaz ont permis de comparer ces trois mé- thodes en conditions réelles.

❏ Des trois méthodes en comparai- son, c’est avec la méthode AEF que les déficits en N et P sont les plus importants.

❏ Le bilan de l’azote est celui qui varie le plus selon la méthode: la première donne un excédent de 41 kg N/ha/an, alors que les deux autres affichent un déficit de 10 à 19 kg N par ha fertilisable.

❏ La comparaison des importations et des exportations fournit un bilan équilibré en phosphore et en ma- gnésium, tandis que ces deux élé- ments apparaissent comme très légèrement déficitaires avec les deux autres méthodes.

❏ Le bilan du potassium est toujours positif, de façon plus ou moins marquée selon la méthode d’ap- préciation. L’excédent beaucoup plus élevé obtenu avec la méthode AEF (59 kg K2O/ha/an contre moins de 20 kg avec les deux autres approches) indique que les normes de déjection du potassium sont surestimées pour l’exploita- tion de La Frêtaz.

❏ Globalement, les bilans obtenus dans l’exploitation de La Frêtaz montrent que les risques d’at- teintes à l’environnement sont faibles.

Summary

Nutrients balance on a mountain dairy farm

From 1994 to 2003 three methods to measure the nutrients balance were compared on the dairy farm La Frêtaz (VD). Since 1994 no mineral fertilisers were applied on permanent grassland. At the whole farm level the difference between nutrients inputs and outputs was null or positive for nitrogen (N), phosphorus (P), potassium (K) and magnesium. Both methods comparing the plant requirements to the estimated or measured nutrients supply indicate a small deficit for N and P. The official method used in Switzerland until 2002 (AEF), which relies on an estimation of the nutrients supplied by livestock, leads to the highest deficits: -19 kg N/ha/year and -3 kg P/ha/year. All three methods show an excess of potassium. The surplus was much higher with the AEF approach than with the method taking into account the nutrients really supplied by the fertilizers. This means that the norm for K excretion by cattle is too high for the dairy farm La Frêtaz. On the whole, though the results differ according to the method and the nutrient, the risks of environment enrichment are small.

Key words: dairy farm, nutrients balance, nitrogen, phosphorus, potassium.

Zusammenfassung

Nährstoffbilanz auf einem Milchviehbetrieb im Berggebiet

Von 1994 bis 2003 wurden auf dem Milchviehbetrieb La Frêtaz drei Berechnungs- methoden zur Nährstoffbilanzierung verglichen, wo seit 1994 auf den Dauerwiesen kein Handelsdünger verwendet wurde. Der Vergleich von Nährstoffausfuhr und -ein- fuhr auf dem ganzen Betrieb weist beim Stickstoff, Phosphor, Kalium und Magnesium einen Null- bis Positivsaldo auf. Die zwei Methoden, welche den Nährstoffbedarf der Pflanzen mit den geschätzten oder gemessenen Nährstoffgaben vergleichen, zeigen hingegen ein kleines Stickstoff- und Phosphordefizit. Die Methode des gesamtbetrie- blichen Nährstoffhaushaltes, offizielle Bilanz bis 2002, ergibt die grössten Defizite:

-19 kg N/ha/Jahr und -7 kg P2O5/ha/Jahr. Die Bilanz des Kaliums ist bei allen drei Be- wertungsmethoden positiv. Der viel höhere Überschuss bei der Methode des gesamt- betrieblichen Nährstoffhaushaltes gegenüber jener, welche die effektiv ausgebrachten Nährstoffmengen in Betracht zieht, zeigt, dass die Norm für die tierische K-Ausschei- dungen im Fall vom Milchviehbetrieb La Frêtaz zu hoch ist. Obwohl die Bilanzen je nach Methode und Nährstoff unterschiedlich sind, bleiben die Risiken für die Umwelt im ganzen genommen gering.

Riassunto

Bilancio degli elementi fertilizzanti in un’azienda lattiera di montagna

Dal 1994 al 2003 tre metodi di calcolo del bilancio degli elementi fertilizzanti sono stati paragonati sull’azienda lattiera de «La Frêtaz» dove nessun concime del commer- cio è stato applicato sui prati permanenti dal 1994. Il paragone delle importazioni e delle esportazioni (bilancio entrate/uscite) mette in evidenza un saldo da nullo a posi- tivo per l’azoto, il fosforo, il potassio e il magnesio. I metodi che paragonano i bisogni delle culture agli apporti degli elementi fertilizzanti, stimati o misurati, indicano al contrario un leggero disavanzo per N e P. La «stima dell’equilibrio della concima- zione» (SEC), bilancio ufficiale fino al 2002, è il metodo che dà i disavanzi più impor- tanti: 19 kg N/ha/anno e 7 kg P2O5/ha/anno. Il bilancio del potassio è positivo con qualsiasi metodo di valutazione. L’eccedente molto più alto ottenuto con il metodo SEC, rispetto a quello che prende in considerazione gli apporti effettivi, indica che le norme di deiezione del potassio sono troppo alte per l’azienda de «La Frêtaz». Global- mente i bilanci ottenuti mostrano che i rischi per l’ambiente sono scarsi.

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