No 95 novembre 2009 / Nr . 95 November 09 Har as
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Nouveauté du réseau de recherche équine suisse
Le poulain dont le foie ne voulait pas vivre
L’histoire est celle d’un poulain franches-montagnes de 5 mois. Venu normalement au monde, il avait la joie de vivre jusqu’à cet automne.
Progressivement, il montra un manque d’énergie, mangea de moins en moins puis tomba vraiment malade. Le vétérinaire ne pu finalement que l’euthanasier. Que s’est-il passé ?
Si le poulain avait été transporté à l’une des cliniques équines de notre pays, le diagnostic aurait été posé :
«fibrose congénitale du foie», mais le poulain n’aurait pas pu être sauvé. Cette maladie, heureuse-
ment très rare (environ 1 cas par an diagnostiqué en Suisse), n’est connue que chez le cheval des Franches-Montagnes et ressemble au «syndrome de Caroli» chez l’hu- main. Les poulains tombent ma-
lades entre les âges de 2 et 8 mois et succombent toujours. Né avec ce
«défaut», probablement génétique, le poulain subit progressivement la dégénérescence de son foie.
Que font les chercheurs ? A l’hôpital des animaux de Berne, les généticiens recherchent l’ori- gine génétique de cette maladie. Le but de ce travail est de développer un test de dépistage qui révèlerait les animaux sains mais suscepti- bles de transmettre le gène défec- tueux à leur descendance. Ainsi, on pourrait éviter d’accoupler deux porteurs de ce défaut du foie et ainsi ne pas mettre de tels poulains au monde. Ces tests génétiques re- présentent une prévention précoce très efficace puisqu’ils permettent d’agir avant même la saillie, donc d’éviter à un poulain de naître ma- lade !
Comment localiser l’origine géné- tique d’une maladie ?
Depuis 2006, tout le code géné- tique du cheval, ou l’ADN, ou le gé- nome, est lisible grâce à la science.
C’est comme si nous avions trouvé une énorme bibliothèque de plu- sieurs millions de livres. Le pro- blème est que nous ne comprenons pas encore ce que nous lisons dans ces livres. Ils sont pour nous comme remplis de hiéroglyphes que nous reconnaissons mais ne comprenons pas. Le travail des
chercheurs consiste à comparer minutieusement les gènes de che- vaux sains et de chevaux malades.
Ils doivent tout d’abord définir la localisation des hiéroglyphes com- muns aux chevaux malades, dans l’ADN, différents de ceux des che- vaux sains et c’est à ce stade que le travail de la recherche d’un test gé- nétique peut commencer. Le test devra encore, par la suite, être confirmé et contrôlé de plusieurs façons. Il reste encore beaucoup de pain sur la planche, mais ces tra- vaux sont passionnants…et éviter à des poulains un telle fin serait merveilleux !
Mireille Baumgartner Le groupe des chercheurs de l’institut de génétique de l’Université de Berne est très intéressé à connaître tout cas de poulain mort dans des conditions douteuses ou ressemblant à l’histoire ci-dessus. Pour faire progresser la science, vous pouvez leur en faire part:
Prof. T. Leeb 031 631 23 26. Merci !
Remarque :
Sachez que la maladie sévissant actuellement chez les poulains, la myoglobinurie = la myo- pathie atypique des équidés, a fait le sujet d’un article dans cette rubrique en juillet 2009.
1 génome de cheval = 32 chromosomes. 1 gène = une partie d’ADN Chaque cellule du corps contient TOUT le code génétique (sauf les ovules et les spermatozoïdes) (Source : modifié de http://georges.dolisi.free.fr
1 Genome des Pferdes = 32 Chromosomen. 1 Gen = ein Teil der DNA Jede Körperzelle enthält den GESAMTEN genetischen Code des Körpers (ausser die Ei- und Spermazellen) (Quelle : abgeändert von http://georges.dolisi.free.fr fmnovembre95_Mise en page 1 16.11.09 10:09 Page22