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Protection des forêts –Vue d’ensemble 1999 A

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Editeur

Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage Birmensdorf, 2000

A

Eidgenössische Forschungsanstalt für Wald, Schnee und Landschaft

Swiss Federal Institute for Forest, Snow and

Landscape Research Institut fédéral de

recherches sur la forêt, la neige et le paysage

Istituto federale di ricerca per la foresta, la neve e il paesaggio

Protection des forêts – Vue d’ensemble 1999

Franz Meier, Roland Engesser, Beat Forster, Oswald Odermatt

Traduction: Monique Dousse

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Disponible à la Bibliothèque WSL Zürcherst. 111 CH-8903 Birmensdorf Fax 01/739 22 15 e-mail: bibliothek@wsl.ch

© Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage

Birmensdorf 2000

Le Service phytosanitaire d’observation et d’information (SPOI) est le centre de consultation du FNP en matière de protection des forêts. Il fournit des informations lorsque des problèmes se posent dans ce domaine. En s’aidant des renseignements émanant des Services forestiers cantonaux, le SPOI établit le Bulletin annuel intitulé Protection des forêts – Vue d’ensemble.

Table des matières

1 1999, l’année des extrêmes climatiques – neige, pluie, tempêtes 2

2 L’ouragan Lothar 3

3 Le typographe au pays de cocagne 4

4 Tordeuses, bombyx et pucerons 6

5 Intenses rougissements des aiguilles de pins en Valais 7

6 Le dépérissement du chêne s’étend 9

7 La maladie de l’encre du châtaignier au Tessin 10

8 Le printemps pluvieux favorise les maladies cryptogamiques 10 9 Les essences réagissent différemment aux effets des inondations 11

10 Le cerf en progression 12

11 Approche de sylviculture et de gestion de la faune sauvage 13

12 Plus de 1000 enclos-témoins dans la forêt suisse 14

13 Bibliographie 15

14 Gemeldete Organismen und ihre Bedeutung im Forstschutz 17

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La protection des forêts – bilan 1999

L’ouragan Lothar du 26 décembre 1999 est l’un des événements majeurs de l’année écoulée. Il a mis à terre 12 millions de m3 de bois, feuillus et résineux confondus. Les populations de bostry- ches, qui oscillaient à un niveau relativement bas avant l’ouragan, vont s’élargir à nouveau ces prochaines années. Cette perspective fait pas- ser au second plan les imposants rougissements d’aiguilles et de feuilles, l’important dépérisse- ment local des pins en Valais, l’apparition de la maladie de l’encre du châtaignier au Tessin ainsi que l’extension du dépérissement des chênes.

En ce qui concerne la faune sauvage, on consta- te une augmentation des effectifs de cerfs éla- phes et un élargissement de leurs aires d’exten- sion. L’impact du cerf, du chevreuil et du chamois sur la régénération des forêts fait l’objet de suivis; ces études sont réalisées dans le cadre de concepts cantonaux et à l’aide d’enclos- témoins.

Fig. 1. Dommages causés par une avalanche dans le Taminatal SG.

1 1999, l’année des extrêmes climatiques – neige, pluie, tempêtes

Les fréquentes zones de basse pression ont fait de 1999 une année très pluvieuse dans de larges parties du pays. Malgré cela, les températures ont nettement dépassé la moyenne pluriannuelle, comme en 1998 déjà. Différents événements climatiques extrêmes ont aussi laissé des traces en forêt (fig. 1).

Le début de l’année a été très tempéré. L’hiver ne s’est installé que vers fin janvier. Février a été un peu plus froid que d’habitude; les intempéries furent fré- quentes et des précipitations sans précédent ont été enregistrées au nord des Alpes. A partir de fin janvier, trois périodes d’intenses chutes de neige ont eu pour effet d’augmenter l’épaisseur du manteau neigeux et donc le danger d’avalanche; l’activité avalancheuse a ainsi été très intense en février, notamment durant la dernière décade qui fut marquée par de nombreuses avalanches lourdes de conséquences. La presque to- talité des forêts protectrices situées dans les zones de rupture ont rempli leurs fonctions. Les avalanches ont abîmé 1400 ha de forêts où elles ont mis à terre 160 000 m3 de bois (INSTITUTFÉDÉRALPOURLÉTUDEDELA NEIGEETDESAVALANCHES 2000).

La neige de l’hiver 1998/99 a causé de grandes pertes parmi le gibier. Le canton de Glaris compte à lui seul 140 cerfs élaphes retrouvés morts. Dans le

Calfeisental, SG, 50 bouquetins ont été victimes de la neige. Les pertes sont aussi considérables parmi les chevreuils et les chamois.

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Les années d’abondance s’an- noncent pour la faune sauvage

Les surfaces ravagées par les tempêtes offrent une pâture plus riche aux ruminants sauvages.

L’expérience nous a montré que dans ces con- ditions, les dégâts d’abroutissement dans la jeune forêt tendent généralement à diminuer.

Mais lorsque ces surfaces occupent moins de 20 ha, un déséquilibre apparaît tout de même car les cheptels de gibier sont trop nombreux pour la pâture offerte, ce qui accentue le risque d’en- dommagements parmi les jeunes arbres. Dans les régénérations où la faune sauvage avait déjà créé des lacunes avant le passage de Lothar, le reboisement en sera d’autant retardé (fig. 3).

Mais avant de procéder à une appréciation nuan- cée des relations de cause à effet et de suggérer un traitement approprié à chaque cas, il sera nécessaire d’approfondir sérieusement les re- cherches.

Fig. 2. Le champignon inoffensif Taphrina amentorum profite aussi des conditions favorisant le développement d’infec- tions au printemps; il provoque des excroissances rouge vif aux chatons femelles de l’aulne (cloques des chatons de l’aulne).

Fig. 3. Dans les stations où la régénération est déjà présente, le reboisement se fait plus rapidement.

Après un mois de mars «normal», le temps d’avril a été chaud et humide dans tout le pays ou presque. En mai, les variations par rapport à la norme ont été encore plus évidentes. Des températures quasi équi- valentes à celles d’un mois de juin ont été enregistrées à certains endroits. Par ailleurs, des pluies de barrage et des pluies intenses ont rendu les quantités de précipitations si extrêmes que le sol n’arrivait plus à tout absorber. A la suite de ces inondations, la situa- tion est restée incertaine jusqu’en juin dans certaines régions.

Comme il a fait chaud en mai et au début juin, les arbres ont commencé à bourgeonner tôt, même en montagne où le retour du froid, entre le 21 et le 23 juin, s’est accompagné de gelées tardives. Elles ont parti- culièrement endommagé des épicéas et des mélèzes dans des afforestations du canton des Grisons (ZUBER

2000).

Le temps très humide du début de l’année a créé des conditions idéales au développement d’infections cryptogamiques aux feuilles et aux aiguilles (fig. 2).

Le temps variable a également persisté en juillet et en août. L’été 1999 a connu une activité orageuse d’une intensité remarquable. Des orages tempétueux, parfois accompagnés de grêle, ont causé des dégâts qui ont souvent coûté plus de dix millions de francs. La forêt n’en a pas été épargnée non plus. La tempête du 2 juin a particulièrement touché la région allant de la vallée bernoise de l’Aar au lac de Constance, ainsi que les cantons de Bâle et de Schaffhouse; celle du 5 juillet a ravagé surtout le Seeland et le canton de Fribourg.

Pour la première fois depuis février, les températu- res du mois de novembre ont été inférieures à la normale. Après une première incursion de l’hiver les 9 et 10 novembre, il a fait très froid durant la deuxième quinzaine du mois. La neige est tombée en abondance le 24 et le 25. La pression exercée par son poids a causé des dommages, notamment dans la région de Saint-Gall.

Alors qu’elles avaient été absentes durant l’automne, les tempêtes de vent d’ouest se sont dé- chaînées en décembre, spécialement au nord-ouest et au centre de l’Europe. Elles ont atteint leur point culmi- nant le 26 décembre, lorsque l’ouragan Lothar a ba- layé la France, le Sud de l’Allemagne et la Suisse avec une force dévastatrice (Source: SMA 1999).

2 L’ouragan Lothar

Lothar a mis à terre un volume de bois correspondant à trois récoltes annuelles moyennes ou à 2,5 fois la quantité de chablis dus à la tempête Vivian en 1990. Les forêts les plus touchées sont celles des cantons de Berne, avec 4,5 millions de m3 de chablis, d’Argovie,

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Lothar et les bostryches

L’expérience a montré qu’après le passage de fortes tempêtes dans les forêts de résineux, les bostryches se reproduisent en masse. Dans le cas présent, les quantités de bois attractif sont telles qu’il est impossible de déblayer partout à temps avec la complétude souhaitée. Il faut donc fixer des priorités en tenant compte des fonctions que remplit la forêt. Ces priorités doi- vent être déterminées pour de larges périmètres et pour des espaces entiers, telle une vallée. Afin de lutter contre une propagation démesurée des insectes, il est recommandé d’évacuer ou d’écor- cer en premier lieu les chablis dispersés car ces derniers restent plus longtemps attractifs que ceux des surfaces entièrement dévastées (FORS-

TER et al. 2000). Dans les zones gravement en- dommagées, une première infestation sera qua- si inévitable, tout au moins tant que les résineux renversés ne seront pas secs ou évacués (fig. 4).

Dans les zones les plus largement dévastées, il serait préférable de ne pas utiliser de pièges à phéromones en l’an 2000 car ils seraient con- currencés par le bois attractif actuellement en surabondance. Ce n’est que lorsque les chablis seront secs ou auront été évacués que l’utilisa- tion de ces pièges redeviendra judicieuse (FORS-

TER 1999). Mais cela ne signifie pas pour autant qu’il est inutile de prendre des mesures de protection lorsque les quantités de bois au sol sont très importantes. Et même si les chablis ne peuvent être évacués suffisamment tôt par me- sure de prévention, il sera possible de mener ultérieurement une lutte efficace si des groupes d’arbres couchés ou sur pied sont infestés.

Dès 2001 ou 2002, une grande partie des chablis seront secs ou auront été évacués. Les bostryches s’attaqueront donc aux arbres sur pied. Il conviendra alors de suivre de près les peuplements de résineux exposés à des pullula- tions afin de déceler la présence de ces insectes avant que les houppiers perdent leur couleur. Si l’on arrive à écorcer et à façonner les grumes avant l’essaimage, on diminue sérieusement le risque de voir ces insectes se multiplier à nou- veau et se propager plus largement encore.

Fig. 4. Une table bien garnie pour le typographe.

avec 1,3 million de m3 et de Fribourg, avec 1,2 million de m3. Dans les triages forestiers largement dévastés, ce volume équivaut à plus de 10 récoltes annuelles.

Bien que les travaux de déblaiement aient été immédia- tement entrepris, il est probable qu’une grande partie de ces bois resteront en forêt. Les résineux en font partie. Cela signifie que les bostryches disposeront d’un très grand nombre de biotopes propices à la ponte. Si le climat leur est favorable, ces insectes pourraient se multiplier en grand nombre ces prochai- nes années.

3 Le typographe au pays de cocagne

Responsable de l’exploitation forcée de 60 000 mètres cubes de bois d’épicéa en 1999, le typographe (Ips typographus) reste l’espèce de bostryche la plus rava- geuse dans notre pays. Néanmoins, ce volume est relativement bas par rapport aux années antérieures;

en effet, la situation s’est améliorée dans de nombreux endroits. Cela dit, une deuxième génération d’insectes a quand même pu se former en basse altitude malgré l’été assez pluvieux connu en 1999.

Il est intéressant de constater l’évolution du typo- graphe dans les régions alpines dévastées par les avalanches de février. Bien que la plupart des avalan- ches aient dévalé des couloirs peu boisés ou unique- ment peuplés d’essences pionnières, la pression de la neige et de l’air ont aussi détruit de vieilles pessières à certains endroits. En conséquence, l’offre en lieux de ponte était si riche dans bien des vallées alpines qu’un grand nombre de troncs d’épicéas attractifs n’ont pas été colonisés ni au printemps ni en été. Il convient également de souligner que les populations d’insectes y étaient (encore) trop peu denses. Ainsi, les arbres sur pied ont été épargnés de toute attaque de grande envergure. Mais l’importance des populations de typo- graphes qui ont pu se former dans ces zones se révélera ces prochaines années.

L’évolution du typographe pourrait être semblable dans les régions ravagées par Lothar. Là où de gran- des quantités d’épicéas sont au sol, les bois propices à la ponte ne seront pas tous colonisés en l’an 2000 car la densité des populations sera encore trop faible.

Ainsi, une grande part de ces arbres sécheront sans

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Nombre de nouveaux foyers de bostryches Volume de chablis (en m3)

7500

6000

4500

3000

1500

0

1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999

500000

400000

300000

200000

100000

0

1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999

Nombre de bostryches capturés par piège 9000

7500

6000

4500

3000

1500

0

1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999

chablis du semestre d'été

chablis du semestre de l'hiver suivant valeurs estimées

Fig. 5. Résultat des enquêtes sur le typographe menées auprès des triages forestiers suisses entre 1984 et 1999.

avoir été infestés. Il n’empêche que les conditions sont idéales à une reproduction massive (WERMELINGER et al.

1999). Par ailleurs, les conditions climatiques de ces prochaines années seront également déterminantes.

Résultats de l’enquête sur les typographes:

Durant le semestre d’hiver 1998/99, 24 000 m3 de bois bostrychés ont été récoltés. Cette quantité dépasse les prévisions car plusieurs attaques de la deuxième géné- ration n’ont été découvertes qu’en automne; c’est alors

que les arbres atteints ont été façonnés. Le volume global d’épicéas bostrychés en 1998 se monte donc à 78 000 m3.

Pour l’été 1999 (avril à septembre 1999), ce volume est de 48 000 m3, un chiffre encore inférieur à celui des autres années. Selon les prévisions, le volume total d’exploitations forcées devrait atteindre 60 000 m3 pour 1999 (avril 1999 à mars 2000 [fig. 5]).

Le nombre de nouveaux foyers (foyer comptant plus de 10 épicéas infestés) découverts en 1999 est de 1051.

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Moins de 100 m3 chaque année Diminution de plus de 25%

Status quo (+/– 25%) Augmentation de plus de 25%

Exploitations forcées de chablis

Fig. 6. Evolution des exploitations forcées de chablis bostrychés entre 1998 et 1999, par arrondissement forestier

Le nombre de pièges à phéromones a encore été réduit à 5500 en 1999. Les captures se chiffrent à 6500 insectes par piège en moyenne, ce qui est nettement moins que l’année précédente.

La densité des populations d’insectes tout comme le volume des exploitations forcées devraient osciller autour d’un niveau considéré comme «normal». Dans certains cantons, la densité des populations restera à ce niveau ou le dépassera légèrement. Cette prévision s’applique surtout aux cantons du Plateau et des Préalpes qui ont été durement touchés par Lothar (fig. 6).

4 Tordeuses, bombyx et pucerons

Pour la première fois depuis 1982, la tordeuse grise du mélèze (Zeiraphera diniana) a pullulé sur de larges surfaces en Haute Engadine. Dans le Val Bever notam- ment, nombre de houppiers ont bruni dès le début de l’été après le passage des chenilles, très voraces, de ce lépidoptère (fig. 7). Il est probable qu’en Haute Engadi- ne, les peuplements de mélèzes encore épargnés su- biront une attaque notable en l’an 2000. La prochaine gradation de la tordeuse ne se répétera que dans 7 à 11 ans.

Au Sud des Alpes, la processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa) s’est à nouveau manifes- tée dans les pinèdes des zones inférieures. Elle a été particulièrement remarquée durant l’hiver 1999/2000 à cause des nombreux nids d’hibernation, de couleur blanche, tissés dans les houppiers; certains pins en comptaient jusqu’à 30 (fig. 8). Elle a également colo- nisé quelques cèdres et douglas. Ces attaques ont posé des problèmes dans les parcs publics et les forêts de loisirs. En effet, les poils urticants de ces chenilles ont causé des irritations cutanées à plusieurs personnes. En outre, la qualité esthétique de certains arbres a été altérée par les défoliations provoquées par ces chenilles phytophages et par les nids qu’elles ont tissés.

Dans l’une ou l’autre des châtaigneraies du Tessin, les pièges à phéromones indiquaient une nette aug- mentation des populations de bombyx disparates (Lymantria dispar) en été 1999. Le nombre d’œufs inventoriés au printemps 2000 confirme cette hausse, mais uniquement dans l’une des quatre stations exa- minées. Il est possible qu’au cours de cette année, quelques châtaigniers du Sud des Alpes portent des traces visibles de la voracité de ces chenilles.

Le chermès des rameaux du sapin pectiné, qui s’était déjà manifesté en 1998, a causé des pertes

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Fig. 7. Mélèze bruni en juillet déjà: La tordeuse grise du mélèze a sévi en Haute Engadine.

Fig. 8. Au Sud des Alpes, les processionnaires du pin ont aménagé de nombreux nids.

Fig. 9. Dans les pinèdes du Valais, le champignon corticole Cenangium ferruginosum a causé des rougissements d’aiguilles très étendus.

sensibles dans des recrus et des fourrés (NIERHAUS- WUNDERWALD et FORSTER 1999). La situation pourrait encore s’aggraver car, depuis le passage de Lothar, de nombreuses régénérations de jeunes sapins ne sont plus sous couvert, ce qui favorise au mieux le dévelop- pement de ces pucerons.

5 Intenses rougissements des aiguilles de pins en Valais

Depuis des décennies, les pins meurent en Valais. La cause de ce dépérissement pourrait résider dans une concomitance, difficile à élucider, d’influences défavo- rables les plus diverses (RIGLINGet al. 1999). Au cours de cette maladie complexe, des facteurs biotiques ont un impact déterminant, tout au moins durant la phase de déclin. Or on constate effectivement une recrudescen- ce des attaques du bupreste bleu des pins (Melanophy- la cyanea) et d’autres insectes corticoles des pins. En outre, les pins endommagés par les forages de matu- ration accomplis par l’hylésine du pin et l’hylésine mineur (Tomicus piniperda et T. minor) n’ont pas formé de pousses de remplacement et leurs couronnes ne se

sont pas régénérées, contrairement à ce qui se produit normalement.

Un autre symptôme du dépérissement des pins a été observé au début du printemps entre Brigue et Sierre. Dans cette région, plusieurs douzaines d’hecta- res de forêts présentent de larges étendues de pins sylvestres aux houppiers fortement rougis (fig. 9). Ce

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Fig. 10. Dépérissement des pousses du pin causé par le champignon Cenangium: les branches et les rameaux sont parsemés de fructifications noires qui s’ouvrent lorsque le temps est pluvieux ou l’humidité de l’air élevée.

année 1999 1998

Fig. 11. En 1999, des signes de dépérissement des chênes ont été observés dans 70 arrondissements forestiers.

phénomène touche davantage les peuplements de la partie gauche du Rhône, versant moins ensoleillé.

Sous l’écorce des pins malades, les galeries de nutri- tion du bupreste bleu ont été découvertes au niveau de la base du tronc ainsi que des taches noirâtres provoquées par le champignon du bleuissement (Ophiostoma sp.). Les champignons du bleuissement sont souvent transportés par les coléoptères vivant dans l’écorce ou le bois, ce qui laisse supposer que le champignon en question aura été véhiculé par le bu- preste qui a colonisé ces pins. L’écorce des rameaux et des branches était parsemée de fructifications de Cenangium ferruginosum (fig. 10). Ce champignon corticole est responsable du rougissement et du vio- lent dépérissement des pins. Il n’infecte que les pins sérieusement affaiblis par des influences défavora- bles, comme la sécheresse, le gel ou autres facteurs.

La maladie pourrait s’être développée en été 1998 ou l’année précédente déjà. SINCLAIR et al. (1987) suppo- sent que l’infection provoquée par Cenangium ferruginosum se transmet entre l’été et l’automne. Elle peut alors rester à l’état latent jusqu’à ce que la plante hôte soit si affaiblie par d’autres influences défavora- bles qu’elle n’arrive plus à lutter contre la maladie.

C’est alors que le champignon colonise de larges parties d’écorce et conduit l’arbre à la mort. L’impor- tance des dommages se remarque à la fin de l’hiver suivant ou au début du printemps, lorsque les aiguilles rougissent comme ce fut le cas l’année passée en Valais.

D’après l’expérience faite en 1992 lorsque Cenangium avait infecté de multiples aroles (Pinus

cembra) en Engadine, et selon les renseignements tirés de la littérature (SINCLAIR et al. 1987), il est rare que cette maladie de l’écorce sévisse gravement durant plusieurs années. Ce constat positif semble se confir- mer en Valais puisqu’au printemps 2000, aucun nou- veau foyer infectieux ne nous avait été annoncé.

Bien que l’un des symptômes du dépérissement des pins semble ainsi perdre de son importance, les causes, en partie inconnues, de cette maladie com- plexe continueront de produire leurs effets si bien que dans quelques années, maintes pinèdes auront dis- paru. Dans les zones inférieures, il est réjouissant de voir des régénérations de feuillus prendre pied dans les

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Fig. 12. Les fructifications de la collybie à pied en fuseau (Collybia fusipes), au collet de chênes endommagés, trahis- sent la présence d’une pourriture des racines.

Fig. 13. Châtaigniers atteints de la maladie de l’encre: leurs feuilles flétrissent et tombent en été déjà.

pinèdes dépérissantes. Mais dans les forêts protectri- ces des zones supérieures par contre, la situation reste critique car la régénération est lacunaire et les peuple- ments restants sont insuffisants.

Des cas semblables de «mort des pins» ont été décrits ces dernières années en Autriche et en Italie (Tyrol, Basse-Autriche, Sud-Tyrol [TOMICZEK 1998, MINERBI 1993]). Tout comme en Valais, les mêmes facteurs les plus divers sont souvent évoqués dans ce processus de dépérissement.

Un éventuel danger supplémentaire provient d’un nématode des pins appelé Bursaphelenchus xylophilus. Originaire des Etats-Unis, ce ver a été iden- tifié pour la première fois en Europe en 1999; c’était au Portugal et il se trouvait sur les racines de pins mariti- mes (Pinus pinaster) dépérissants. B. xylophilus pro- voque souvent une graphiose mortelle à diverses es- pèces de pins, dont le pin sylvestre (Pinus sylvestris) entre autres. Comme cette espèce de nématode n’a été vue en Europe centrale qu’en 1999, il est peu probable qu’elle ait contribué à la maladie affectant les pins du Valais. Toutefois, cette hypothèse n’a pas été écarté jusqu’à ce jour.

6 Le dépérissement du chêne s’étend

Les signes de dépérissement du chêne observés ces années passées déjà se sont encore multipliés. Alors que 62 arrondissements forestiers annonçaient déjà de tels symptômes en 1998, ils étaient 70 à faire ce même constat en 1999 (fig. 11). Le canton du Jura compte à lui seul plus de 1000 chênes de l’étage dominant touchés par cet endommagement. Il est probable que le processus de dépérissement s’engage à partir des racines. En effet, l’armillaire (Armillaria sp.) et la collybie à pied en fuseau (Collybia fusipes) sont impliqués dans

le développement de la maladie (fig. 12). Les premières analyses d’échantillons du sol ne révèlent nullement la présence des espèces de Phytophthora; néanmoins, les recherches de nos collègues Français et Allemands aboutissent à la conclusion que ce groupe de pathogè- nes est fréquemment coresponsable de cette maladie.

L’agrile du chêne (Agrilus biguttatus) a été identifié pour la première fois sur d’autres chênes dépérissants dans la vallée du Rhin saint-galloise et dans le canton de Vaud. Cela montre combien les organismes nuisibles contribuant à ce dépérissement peuvent être différents d’une station à l’autre. A l’heure actuelle, il n’a pas encore été possible d’établir par quel facteur cette maladie est déclenchée.

Le flétrissement des chênes américains, une mala- die vasculaire des chênes comparable à la graphiose de l’orme, est encore inexistant en Europe. Mais d’après les tests effectués aux Etats-Unis avec le champignon pathogène Ceratocystis fagacearum, les espèces de chênes européens pourraient aussi être menacés par cette redoutable infection.

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Fig. 14. Ces taches, d’un violet noir, présentes sous l’écorce au bas de l’arbre, sont un signe distinctif de la maladie de l’encre.

Fig. 16. La cylindrosporiose du châtaignier provoque un remarquable brunissement prématuré des feuilles qui finis- sent par tomber.

7 La maladie de l’encre du châtaignier au Tessin

L’encre du châtaignier, une maladie très dangereuse, a été décelée dans plusieurs arrondissements forestiers du Tessin. Elle s’est répandue pour la première fois en 1940 au Tessin. Puis en 1984, elle a touché 15 000 châtaigniers à Dardagny (GE). Elle est causée par le champignon du genre Phytophthora. Phytophthora cin- namomi a été décelé sur toutes les aires examinées au Tessin en 1999. Les symptômes de cette maladie se caractérisent par une atrophie des feuilles, qui flétris- sent au milieu de l’été, et une absence de rejets de souche (fig. 13). Des taches d’un violet noir se trouvent sous l’écorce à la base du tronc d’où elles évoluent, telle une flamme, jusqu’à un mètre de hauteur (fig. 14).

Les châtaigniers atteints finissent souvent par mourir en l’espace d’une année ou deux. Cette grave maladie, qui s’ajoute au chancre de l’écorce du châtaignier (Cryphonectria parasitica) déjà largement répandu au Tessin, augmente sérieusement les risques auxquels sont exposés les châtaigniers.

8 Le printemps pluvieux favorise les maladies cryptogamiques

Divers champignons (Monilia laxa, Stigmina carpophi- la) ont provoqué en juin des dommages foliaires ainsi qu’un dépérissement des rameaux du merisier. Dès juillet, le méria du mélèze (Meria laricis) a provoqué de multiples brunissements d’aiguilles et défoliations pré- maturées parmi les mélèzes du pays. Dans certains cas, le pathogène des taches brunes des aiguilles du mélèze (Mycosphaerella laricina) y a aussi contribué.

Lorsque ce remarquable brunissement n’était dû qu’à Mycosphaerella laricina, les défoliations ont évolué du bas de l’arbre vers le haut, un symptôme typique (fig. 15). A Langnau im Emmental, le dépérissement des rameaux dû à Pollaccia (Pollaccia elegans) a dé- feuillé les peupliers noirs bordant une allée. Mais ces derniers ont bourgeonné une deuxième fois. Diverses espèces de sorbiers ont souffert de la tavelure du sorbier (Venturia inaequalis) et, pour la première fois, l’entomosporiose (Entomosporium mespili) a été iden- tifiée sur des alisiers blancs; il s’agit d’un champignon qui provoque des taches sur les feuilles.

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Pathogène:

Meria laricis Mycosphaerella laricina Meria ou Mycosphaerella

Fig. 15. Répartition des rougissements d’aiguilles de mélèzes provoqués par une infection cryptogamique en 1999.

Fig. 17. Après avoir été longtemps submergées par les eaux d’une inondation, les racines des frênes ont dépéri au prin- temps. Les chênes pédonculés, les peupliers, les épicéas et les pins ne présentaient pas (encore) de symptômes en juin.

Dans les vallées méridionales des Grisons et dans une grande partie du Tessin, des châtaigniers en selve et en forêt ont souffert de la cylindrosporiose du châ- taignier (Phloeospora castanicola). Cette maladie cryp- togamique ne s’est jamais répandue aussi largement depuis 10 ans. Des châtaigneraies entières ont pris une couleur brune en août déjà avant de perdre préma- turément leur feuillage (fig. 16). Comme les bogues des châtaignes étaient aussi infectées par ce champi- gnon, les arbres malades n’ont produit que de petits fruits, d’où une forte réduction de la récolte.

A la fin de l’été, des pessières jaunies par la rouille vésiculeuse des aiguilles de l’épicéa (Chrysomyxa rhododendri) ont été remarquées dans les zones supé- rieures. Cette maladie des aiguilles de l’épicéa, pré- sente dans l’aire d’extension du rhododendron, a été annoncée par 57% des arrondissements en 1998 et par 64% d’entre eux l’année suivante.

9 Les essences réagissent différemment aux effets des inondations

Les intenses précipitations du premier semestre 1999 ont causé de nombreuses inondations sur le Plateau suisse. A Andelfingen, dans la zone inondable de la Thur, les frênes se sont révélés particulièrement sensi- bles aux eaux qui ont inondé leur sol pendant plusieurs semaines. En juin, leurs feuilles fraîchement écloses

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Fig. 18. Epicéas écorcés par le cerf (Chilchenberg, Ander- matt).

étaient brunes et leur cambium était détruit dans la partie du pied (fig. 17). En revanche, les peupliers, les chênes pédonculés, les pins sylvestres et les épicéas voisins n’ont présenté aucun symptôme. Ce constat se recoupe avec les données extraites de la littérature selon lesquelles les frênes, mais aussi des merisiers, les hêtres, les tilleuls et les douglas, supportent mal un sol inondé pendant la période de végétation. Les dom- mages subis sont principalement dus au manque d’oxy- gène à l’intérieur des racines. La sensibilité extrême des frênes à une immersion prolongée a été aussi constatée en 1999 dans les peuplements inondés par le Rhin à Weisweil, au sud de l’Allemagne.

10 Le cerf en progression

L’aire d’extension du cerf continue de s’élargir dans notre pays, comme au Tessin, dans l’Oberland bernois ou les cantons de Vaud et de Lucerne. Le Bas-Valais et le canton de Schwytz constatent aussi une augmenta- tion de l’effectif de cerfs et une aggravation des problè- mes posés par l’abroutissement dans les régénéra- tions. Là où le cerf est installé depuis longtemps,

comme dans les Grisons ou le canton de Saint-Gall, les mesures cynégétiques et écologiques engagées dans certaines régions ont des effets positifs sur le rajeunis- sement de la forêt.

Dans le Chablais valaisan, qui s’étend du Léman aux Dents du Midi et de la rive gauche du Rhône à la frontière française, les grands mammifères sont plus nombreux que n’importe où ailleurs dans notre pays.

Cette région de 250 km2 comprend 108 km2 de forêt.

On y trouve non seulement des cerfs, chevreuils, cha- mois, bouquetins et sangliers, mais aussi l’unique population de mouflons existant en Suisse. Selon les estimations, ce cheptel comptait 241 têtes en 1998. En outre, le lynx et le loup sont réapparus dans la région ces dernières années.

En 1998, l’influence des ruminants sauvages sur la régénération a été l’objet d’une étude approfondie pour les forêts du Chablais (BOCHATAY et al. 1999). La régénération qui s’y trouve a été estimée suffisante.

Il n’empêche qu’avec un taux d’abroutissement de 29,3%, dont ± 9,7% pour le sapin dans l’un des trois secteurs étudiés, cette essence finira par disparaître à plus ou moins longue échéance (EIBERLE 1989). D’après les experts, la proportion minimale «de sapins et de feuillus» requise par la planification sylvicole peut être obtenue, même sans sapin, si elle est compensée avec des frênes, des hêtres et d’autres feuillus, tout au moins dans les surfaces ouvertes. Mais dans les régé- nérations sous couvert, le sapin ne peut être remplacé par des feuillus car ces derniers ont besoin de plus de lumière.

A l’heure actuelle, la régénération est encore suffi- sante il est vrai. Mais on estime que l’impact de la faune sauvage pourrait gagner en importance à l’avenir: les populations de cerfs, chevreuils, chamois et mouflons se sont élargies ces cinq dernières années. Et en même temps, leur espace de vie n’a cessé de diminuer au profit des aires de loisirs et du pacage des moutons.

Dans le canton de Schwytz, le nombre de cerfs est passé de 288 têtes en 1976 à 600 en 1999.

Un concept de prévention des dégâts du gibier a été élaboré en 1999 pour la région de Wisstannen, à l’extrémité est du lac de la Sihl (RÜEGG, 2000a). Située entre 900 et 1500 m d’altitude, cette région de 1200 ha compte 58% de forêts et 42% de pâturages. Alors qu’entre 1991 et 1998, le Service de la faune y avait recensé entre 16 et 26 cerfs lors de ses comptages de printemps, ce chiffre était de 52 en 1999. A cela s’ajoutent 40 chamois et 22 chevreuils.

Dans les hêtraies à sapin et les pessières à sapin, la proportion d’épicéas doit être réduite et celle de sapins et de feuillus devra augmenter. Dans ces peuplements, les sorbiers des oiseleurs, les frênes, les érables sycomores et les sapins inscrivent des taux d’abroutissement qui dépassent le seuil de tolérance fixé par Eiberle. Dans une même mesure, la proportion de mélange de ces essences diminue constamment, depuis les classes de grandeur inférieures jusqu’aux

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Fig. 19. Dans les enclos-témoins, la régénération ne subit pas l’impact des chamois.

classes supérieures. A partir de 0,4 m, il n’existe prati- quement plus de sapin dans ces forêts bien que l’ense- mencement réussisse et que le sapin soit représenté par des arbres de plus de 10 cm de hauteur sur un tiers des placettes de ce projet.

Au Tessin, l’effectif d’ongulés a fortement augmenté ces derniers temps. D’après la statistique fédérale de la chasse (OFEFP, 1990–1998), l’effectif des cerfs élaphes est passé de 2000 têtes en 1989 à 3500 en 1997, celui des chevreuils de 2100 à 4000 et celui des chamois de 6000 à 12 000.

Un relevé des abroutissements a été établi dans la Léventine en 1994; puis il a été étendu aux autres régions du canton entre 1995 et 1997 (Riviera, Valle di Blenio, Locarno et vallées avoisinantes ainsi que le Sottoceneri) (MORETTI, PETRINI, 1999). L’inventaire cou- vre 6183 ha forêts dans lesquelles ont été suivies 1006 placettes d’échantillonnage de 4 m de rayon. Les no- tations portent sur 12 171 plantes.

On y constate par endroits un appauvrissement du mélange des essences ainsi que la disparition du sapin. Dans certaines zones, cette évolution a été favorisée par la présence de stations pauvres en her- bage et par la faible quantité de pâture offerte au gibier.

Les taux d’abroutissement les plus élevés s’inscrivent dans la Léventine et dans la région de Bellinzone. Ils diminuent généralement en suivant un gradient nord- sud. Il existe pourtant des signes indiquant que les populations de faune sauvage s’accroissent dans les zones allant vers le sud et l’ouest.

Le cerf a aussi élargi ses quartiers d’hivernage.

Depuis l’hiver 1997/98, on rencontre des cerfs dans l’Urserental (canton d’Uri), et c’est ici qu’ils hivernent.

En 1998, des dégâts d’écorçage ont été constatés dans la forêt de Ste Anna, à Hospental. Au printemps 1999, la forêt du Chilchenberg, au-dessus de la ca- serne d’Andermatt, a également subi des dommages semblables (fig. 18). L’écorçage perpétré par le cerf est très malvenu, en l’occurrence, car il touche des pessières élevées au prix de longs efforts, des pessières qui devraient reprendre les fonctions protec- trices des ouvrages temporaires contre les avalanches alors qu’elles sont décimées à la suite de ces dégâts.

11 Approche de sylviculture et de gestion de la faune sauvage

A la différence du Bas-Valais, de Schwytz et du Tessin, où la faune sauvage exerce un impact de plus en plus fort sur la régénération des forêts, il existe en Suisse Orientale plusieurs cas où les mesures engagées pour atténuer cette influence produisent leurs effets.

Dans la région entre Arvenbüel, Leistchamm, Mittagsberg et Vorder Höhi, à Amden (SG), les régéné- rations ont été suivies en 1998 et 1999; le nombre de tiges et les abroutissements y ont été recensés (RÜEGG

2000b). Toute la région est située au-dessus de 1000 m d’altitude. Elle occupe 1000 ha, dont 550 sont boisés. La plupart des versants sont exposés à l’est. A la suite des intenses abroutissements perpétrés dans le passé, de larges zones sont dépourvues de tout sapin de plus de 40 cm de hauteur et aucun érable sycomore ne dépasse 70 cm. Aujourd’hui encore, les abroutissements sont tels que 40% des sorbiers des oiseleurs, des frênes et des sapins semblent être con- damnés à disparaître à plus ou moins longue échéance. Dans ces conditions, les objectifs de la planification sylvicole ne pourront être atteints.

Le projet d’Amden, intitulé Schafbergprojekt, pré- voit de limiter encore les dégâts d’abroutissement en forêt en renonçant à l’estivage des moutons, ce qui permettrait au gibier d’accéder plus facilement aux habitats situés au-dessus de la limite forestière.

L’étude des liens de causalité fait l’objet d’une disser- tation réalisée au WSL dans le contexte du programme de recherche «Forêt, gibier et paysage».

Depuis l’insertion de nouvelles dispositions dans la législation forestière (OFEFP 1996), la plupart des can- tons ont développé une stratégie afin de résoudre le conflit forêt-gibier. Ils ont élaboré les bases nécessai- res en inventoriant les abroutissements et les plants de la jeune forêt. Le canton d’Uri vient d’établir un inven- taire des dégâts du gibier dans l’ensemble de ses forêts. Il a adopté à cet effet la méthode appliquée auparavant par le canton de Glaris (RÜEGG 1995).

Il résulte de cet inventaire que sur 68% de l’aire forestière uranaise, aucune essence n’est mise en danger par l’abroutissement. Par contre, sur 29% de cette même surface, des essences accessoires ou des sapins blancs risquent de subir ce genre d’endomma- gement. Enfin, l’impact du gibier empêche toute régé- nération sur 3% de l’aire en question (DUWAPLAN 2000).

(15)

Tabl. 1. Nombre d’enclos-témoins dans la forêt suisse par région, période d’installation et densité.

Cantons Nombre d’enclos-témoins

installés installés total par 100 km2

avant 1990 depuis 1990 de forêt

Grisons 135 305 450 24

Lucerne, Nidwald, Obwald, Schwytz, Uri, Zoug 5 181 186 15

Appenzell, Glaris, Saint-Gall, Thurgovie 18 94 112 11

Berne 2 112 114 7

Aarau, Bâle, Schaffhouse, Soleure, Zurich 8 58 66 4

Fribourg, Jura, Neuchâtel 1 43 44 4

Valais 0 36 36 3

Tessin 0 33 33 2

Genève, Vaud 1 21 22 2

Ensemble de la Suisse 170 883 1053 9

12 Plus de 1000 enclos-témoins dans la forêt suisse

Les enclos-témoins permettent de voir comment se développe la régénération lorsqu’elle n’est pas soumi- se à l’impact du gibier. Leur installation consiste à délimiter deux petites surfaces, généralement des car- rés de cinq à dix mètres de côté. Il importe que l’une et l’autre présentent des conditions de régénération (sta- tion, lumière, ensoleillement, végétation concurrente, proximité de semenciers) les plus semblables possible.

La première est clôturée afin d’empêcher les ongulés d’y pénétrer (fig. 19). La seconde reste exposée à la dent du gibier. Le moment choisi pour installer la clôture est essentiel. En effet, le temps écoulé depuis la dernière année de semence, l’ouverture du couvert et la densité de la végétation concurrente sont des fac- teurs clés qui peuvent modifier fondamentalement les résultats de l’expérimentation.

Ce procédé est surtout connu à l’étranger. La Haute-Autriche compte à elle seule 4200 enclos- témoins, et le Vorarlberg, 1500.

Le nombre d’enclos-témoins existant en Suisse a été inventorié en 1999 lors d’une enquête sur la protec- tion des forêts (tabl. 1; fig. 20).

Des projets de suivi systématique sont réalisés ac- tuellement dans les régions suivantes: Uri (65 enclos), Obwald (38), Honegg, BE (67), Leissigen, BE (34), Schwanden, GL (50), Prättigau, GR (36), Rhin anté- rieur, GR (48) et Engadine/Münstertal, GR (51).

Soulignons que la majorité des enclos énoncés au tableau 1 ne sont pas rattachés à un projet.

L’état d’une forêt qui se serait développée en l’absence totale de gibier ne correspond pas à un état naturel. La régénération qui se développe à l’intérieur d’un enclos

ne représente donc pas un objectif à fixer dans la planification sylvicole. Celui-ci est déterminé indépen- damment de l’expérimentation. S’il est atteint à l’exté- rieur d’un enclos et non à l’intérieur, l’influence du gibier est considérée comme positive; dans le cas contraire, elle sera négative. Si le résultat est le même à l’intérieur et à l’extérieur des enclos, l’objectif à atteindre en termes de régénération n’est nullement influencé par le gibier.

Les enclos-témoins permettent de mettre en lu- mière l’impact du gibier sur la régénération et d’en déduire les mesures nécessaires. Par contre, ils ne se prêtent que sous certaines réserves à l’évaluation des résultats. Si l’on prend des mesures en fonction des conclusions de l’expérimentation, leur efficacité ne peut être vérifiée dans les mêmes enclos. La situation initiale, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des enclos, se modifie au fil du temps notamment en ce qui concerne la concurrence de la végétation.

Les enclos du projet de Saint-Gall mis sur pied en 1976 sont aujourd’hui démontés. Il en est de même pour les 161 enclos-témoins du projet d’observation des dégâts du gibier réalisé dans le canton de Berne entre 1982 et 1992

Les expérimentations de ce genre sont souvent de trop courte durée pour être éclairantes à propos du renouvellement à long terme d’une forêt soumise à l’impact du gibier. Pour aboutir à un consensus dans la gestion de la forêt et du gibier, d’autres formes de régénération durable méritent aussi d’être examinées.

Les modèles de développement durable qui admettent une régénération continue devraient être comparés avec des modèles présentant une plus grande dynami- que dans le temps. Ainsi les enclos-témoins pourront fournir des résultats pour autant qu’ils soient mainte- nus pendant plusieurs décennies. Des projets de re- cherche portant sur l’observation à long terme de

(16)

Fig. 20. Répartition des enclos-témoins par arrondissement forestier.

Nombre d’enclos-témoins par arrondissement forestier

0 1–5 6–10

>10

Appel aux forestiers:

Prière de ne pas démonter les anciens enclos- témoins! Veuillez prendre contact avec l’Institut fédéral de recherches WSL en vous adressant à:

O. Odermatt, SPOI, tél. 01/739 23 98 ou à W.

Suter, chef du programme «forêt, gibier, paysa- ge», tél. 01/739 25 67

l’impact du gibier sur la régénération sont actuellement mis en œuvre dans le contexte du programme de recherche WSL «Forêt, gibier, paysage». Cette étude est réalisée sur des surfaces forestières qui se seraient développées sans avoir été soumises à l’impact du gibier depuis de 20 ans au moins.

13 Bibliographie

BOCHATAY, J., MOULIN, P., PILLET, 1999: Concept forêt- gibier du Chablais valaisan, Rapport du Canton du Valais, Service des forêts et du paysage, 76 p.

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ZUBER, R., 2000: Forstschutzsituation 1999 in Grau- bünden. Bündnerwald 53, 1: 72–78.

Remerciements

Nous tenons à remercier ici le personnel forestier de son appui efficace et de son agréable collaboration.

Ses informations précises et actuelles concernant la protection des forêts sont indispensables tant à la réussite des travaux du SPOI qu’à l’élaboration du rapport annuel de la protection des forêts.

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