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Repenser la recherche doctorale par le projet architectural : les reconfigurations épistémologiques au croisement de l’architecture et des arts visuels

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Marianna Charitonidou

Repenser la recherche doctorale par le projet architectural : les reconfigurations épistémologiques au croisement de l’architecture et des arts visuels

2.1. Objectifs de la recherche

Ce projet de recherche vise à explorer quelques pistes spécifiques de la recherche par le projet en architecture au niveau doctoral. Deux terrains d’étude : celui qui examine les divers modes de concevoir la recherche par le projet en architecture et ses points de divergences avec la recherche sur le projet dans le même domaine et celui qui étudie les points de divergences et convergents entre la recherche par le projet en architecture et celle-ci en arts visuels. Alors que le projet est placé au centre de l’enseignement dans les écoles d’architecture, la reconnaissance du projet comme dispositif de recherche scientifique reste un sujet controversé. La possibilité de considérer le projet comme une activité de recherche au niveau doctoral implique de concevoir la recherche comme un processus d’enquête exploratoire, spéculatif voire expérimental, dont l'objet est la création de connaissances. Une spécificité des connaissances acquises à travers la recherche par le projet en architecture est l’exploration du statut de dessins architecturaux et la réinvention des voies d’établir de rapports visuels entre le sujet qui produit les artefacts architecturaux et le sujet qui les interprètent. Un point de départ de ce projet est la reconnaissance que cette question, qui se situe au cœur de toute pratique architecturale, ne peut pas s’adresser de manière satisfaisante en termes épistémologiques par les projets doctoraux qui s’effectuent selon de modèles qui imitent les modèles des thèses en sciences humaines, qui constituent l’exemple dominant dans la majorité des écoles d’architecture au niveau européen. De fait, les recherches par le projet sont souvent reléguées à des domaines multi- ou interdisciplinaires, un décentrement qui a des implications sur le paysage universitaire d'autant plus notables que, d'un autre côté, les sciences exactes témoignent elles d'un intérêt toujours grandissant pour les modèles appliqués de la recherche.

L’objectif de la recherche est d’investiguer les différents modèles et positionnements

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épistémologiques avancés dans le paysage académique de la recherche doctorale par le projet architectural et d’explorer les différences et similitudes entre celle-ci et la recherche doctorale en arts plastiques et visuels. Malgré le fait que la recherche par le projet dans les domaines de l’architecture et des arts visuelles partagent une orientation vers la production des connaissances au travers des recherches visuelles, associatives et expérimentales, la pratique dans les arts visuels et plastiques s’avère sur différents plans de celles qui prévalent dans les programmes d'architecture. À cette fin, l’étude portera sur un corpus de doctorats réalisés au sein de différents programmes universitaires établis par des écoles d’architecture et d’art, et de divers programmes pluri- universitaires et supra-disciplinaires (architecture et arts visuels) qui partagent l’intention de développer leurs projets de recherche par la pratique créative. Chaque programme sera examiné en tant qu'il détient une proposition théorique implicite et positionnement au regard des différentes relations qui sont possibles à établir entre des méthodologies du doctorat en histoire et théorie de l'architecture et celles du doctorat par le projet (Picon 2015).

L'ambition de cette recherche est de préciser quelles combinaisons inter- et transdisciplinaires entre les modèles du doctorat par le projet en architecture et en arts visuels ont déjà été explorées et lesquels sont désormais envisageables. Plus précisément, l’objectif principal est de questionner quels peuvent être les critères et les conditions pour que le projet architectural soit accepté comme un outil de pensée et de production des connaissances capable de contribuer à l’histoire et la théorie de l’architecture, sans pour autant que la recherche n'entre dans le format traditionnel des thèses qui se rapportent à ces domaines. Le rapport particulier de l'architecture à la connaissance grâce à son positionnement dans l'entrelacement de l'action et du savoir est une variable qui devrait être prise en considération. Une série des questions que ce projet ambitionne de clarifier sont les suivantes : A quel moment l'œuvre (dessinée, graphique, construite) ou sa formulation (verbale, écrite) peut-elle être reconnue comme active dans la constitution du savoir ? Quels sont les modes d'enquête propres aux pratiques architecturales et artistiques qui permettraient de construire un savoir susceptible d'être transmis et partagé ? Quelles formes peuvent prendre de telles investigations pour répondre au critère essentiel de l'évaluation de la recherche

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doctorale, à savoir une contribution à l'avancée de la connaissance ? (Schatzki, Knorr Cetina et von Savigny 2001)

Dans le contexte universitaire européen actuel, on peut observer une intensification de l’intérêt pour la recherche par le projet en architecture, qui s’articule, principalement, autour les structures institutionnels (réseaux, associations etc.) suivants : the Architectural Research European Network Association (ARENA), the European Association for Architectural Education (EAAE) and the European League of Institutes of the Arts (ELIA). Un journal scientifique intéressant, qui se concentre sur la publication des cas de recherche par le projet en architecture est ARENA journal of architectural research.

Bien que l’intérêt pour la recherche par le projet se développe à un rythme galopant dans des structures périphériques à l’université et les écoles d’architecture au niveau européen, les programmes de doctorat par le projet en architecture sont peu développés de manière formelle dans celles-ci. Au contraire, dans les contextes américains et australiens, le PhD by design en architecture est de plus en plus répandu. Au même temps, à l'échelle internationale, des programmes doctoraux orientés vers la pratique se développent dans les disciplines de la musique et des arts visuels et plastiques, excédant ainsi largement ceux qui se consacrent à la pratique dans le domaine de l'architecture (Nilsson, Dunin-Woyset et Janssens 2017, Sullivan 2005, Frayling 1993/94, Macleod et Holdridge 2006). À titre indicatif, concernant le contexte américain, on pourrait évoquer le « Doctor of Design Program » (DDes) de la Graduate School of Design de l’Université d’Harvard, qui existe déjà depuis 1987 et s'articule autour de la réflexion des architectes sur la spécificité́ de leur propre pratique architecturale. En Angleterre se situe le « PhD Architectural Design Program » de la Bartlett School of Design à Londres, qui existe depuis 1995. Ici on peut distinguer deux modèles : d'abord, celui qui se caractérise par l’intention de proposer des nouvelles manières de concevoir l’expérience spatiale et vise à la redéfinition de la rencontre entre l’architecte-concepteur et l’habitant-usager (Jenkins, Forsyth and Smith 2006, Fraser 2017, Manolopoulou 2013), et, ensuite, celui adopté par l’université de Sheffield qui lui, insiste sur la conception des pratiques architecturales et urbaines comme modes d’engagement social, et se développe autour des chercheurs

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comme Doina Petrescu. En Suisse, seule l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) offre actuellement un diplôme doctoral explicitement fondé sur la recherche par le projet (Atalay, 2016). Philip Ursprung, doyen du département de l’architecture de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich, a récemment exprimé son intérêt pour la création d’une école doctorale centrée sur la recherche par le projet en architecture à l’ETH (2015). En Italie, plusieurs programmes doctoraux se définissent en référence explicite au projet. Le doctorat de recherche en composition architecturale et urbaine est assez répandu dans le contexte italien. Parmi les cas à examiner, on peut mentionner celui de l’école d’études doctorales de l’Instituto Universitario di Architettura di Venezia (IUAV)

2.2. État de l’art

L'actualité de ces questionnements est indiquée par la prolifération des publications et des colloques scientifiques autour de la recherche doctorale par le projet. (Wang et Groat, 2001 ; Fraser 2013) Trois moments clés de la recherche par le projet peuvent aider à mieux cerner les finalités liées à la réflexion sur le statut épistémologique du projet en architecture. Le premier est la "Conference on design methods", qui s'est tenue à Londres en 1962 (Jones et Thornley 1963). Ce colloque international est généralement considéré comme l'événement au travers duquel l'idée du design comme méthode d'investigation a été rendue possible. Le deuxième épisode est la thèse de doctorat de Rem Koolhaas, intitulée Delirious New York, qui, comme Murray Fraser et Antoine Picon le soutiennent, pourrait être considérée comme le premier doctorat par le projet en architecture. Le troisième cas considérée comme moment clé est celle la conférence "Science: Method"

de la Design Research Society, qui a eu lieu en 1980 et s'est articulée autour de la volonté de surpasser les comparaisons simplistes entre la science et le design en problématisant leurs rapports épistémologiques (Jacques et Powell 1981).

Dans les études déjà effectuées autour de la recherche par le projet en architecture, on peut distinguer des thématiques et orientations diverses. Un premier modèle est celui des thèses de doctorat qui s'intéressent à l’invention de nouveaux outils de représentation architecturale (Haralambidou 2003). Un deuxième modèle est celui qui se focalise sur l’exploration des mécanismes par lesquels l’architecture peut fonctionner comme une

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forme d’engagement social (Awan, Schneider et Till 2011, Jenkins and Forsyth 2009), et participer à la réinvention du statut des habitants (Hill, 2003). Un troisième modèle est celui qui se concentre sur la conception et le développement d’outils computationnels et algorithmiques (Steadman 2013). Un quatrième modèle concerne les thèses de doctorat dont la réflexion se développe au travers de la mise en scène d'environnements interactifs et de l'expérimentation de diverses manières de créer de tels environnements (Green 2016). Un cinquième modèle est celui qui ambitionne d’établir de stratégies d'innovation dans le domaine du design écologique et bioclimatique, et plus largement du développement durable à l’échelle de l’architecture et de la ville (Pickett, Cadenasso et McGrath 2013). Un dernier modèle de thèses de doctorat par le projet en architecture qu’on peut discerner est celui qui cherche à approcher l’urbanisme et l’architecture dans leurs interconnexions et traite des problèmes liés au phénomène de l'urbanisation à travers le projet (Aureli 2016).

Une distinction importante est celle entre les recherches sur le projet architectural et celles par le projet architectural. Au premier type, on peut rapporter l'ouvrage Design Thinking (Rowe 1987), ou l’« architecturologie » de Philippe Boudon (1992), ou la critique sur la notion « Design Science » de Donald Schön (1983) ; au second type, la thèse de Jonathan Hill Actions of Architecture: Architects and Creative Users (2003), premier PhD by design soutenu à la Bartlett School of Architecture à Londres en 2000. Hill suggère que la définition du « disegno » qui préside à la pratique du projet implique « à la fois le dessin [...] sur papier et l'élaboration d'une idée » (2006). Si le principe de la thèse traditionnelle s'instaure sur la dissertation et l’argumentaire, le doctorat par le projet pose la question des modalités selon lesquelles le projet peut fonctionner comme argument, puisqu'un projet n’est pas un argument a priori (Hanrot 2002). Cette distinction est au cœur de la problématique de ce projet.

Un point de départ de ce projet est la reconnaissance alors que les écrits et les événements scientifiques autour de la recherche doctorale par le projet sont répandues, l’accomplissement de la recherche par le projet au sein des programmes universitaires reste encore limité. L’élaboration des programmes doctoraux par le projet se caractérise par une grande diversité de modèles qu’on peut discerner dans les publications qui

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proviennent des différents contextes institutionnels. Le projet a comme objectif de mettre en parallèle les modèles différents qu’on peut discerner en Australie (van Schaik 2011, Downton 2003), aux États-Unis, en Angleterre, en Suisse, dans les Pays-Bas (Van Ouwerkerk and Rosemann, 2001), en Italie et en Belgique (Verbeke, Pak, De Maeyer, 2013).

Les études déjà effectuées autour de la recherche par le projet en arts visuels sont beaucoup plus vastes et diverses que celles-ci autour de de la recherche par le projet en architecture. Une revue scientifique importante qui réunit les approches différentes vis-à- vis la recherche par le projet en arts visuels est la revue Visual Arts Research, fondée en 1982. Un moment clé pour la recherche par le projet en arts visuels est "The Penn State Seminar in Art Education", tenu en 1965. Réunissant des artistes, des historiens de l'art, des critiques, des éducateurs artistiques, des spécialistes du curriculum, des psychologues et des sociologues, le séminaire a permis de transformer l'éducation artistique. Il a contribué au déplacement de l’intérêt vers l’interdisciplinarité (Hamblen 1997). Une distinction qu’on observe dans les études autour de la recherche par le projet en arts est celle entre “art-based research”, “art-informed research”, et “practice-based research” (Sullivan 2006). Ces terminologies diverses sont liées à de méthodes différentes d’effectuer la recherche. Une variante centrale pour la recherche par le projet est l’interaction entre la pensée, la performativité et la composition. L’échange entre ces trois paramètres est décrit comme le triangle "thinking-performing-composing" (Dyrssen 2011). Le but sera de clarifier quels sont les principes communs entre la recherche par le projet en architecture et en arts visuels et de proposer d’outils d’investigation d’une communauté scientifique au croisement de ces domaines.

2.3. Le projet de recherche

Le projet de recherche vise à analyser et définir les modèles de pensée issus des approches visuelles et spatiales des programmes doctoraux existants en architecture et, d'autre part, à proposer de nouveaux modèles de programmes doctoraux fondés sur la reconnaissance par le monde académique d’un langage visuel et spatial (Mersch

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2015).
En termes de méthode, dans un premier temps, les différentes approches du doctorat par le projet en architecture dans les différents contextes nationaux et institutionnels seront comparées par des interviews avec des protagonistes académiques qui ont initié des écoles doctorales spécialisées dans le PhD by design. La problématisation qui en résulte servira pour dresser un éventail qui clarifie la complexité et particularités des définitions et des exigences des diplômes universitaires au niveau européen afin qu’ils puissent être reconnus dans les différents contextes nationaux et institutionnels. Dans ces différents contextes, une attention spécifique sera accordée aux méthodes de recherche par le projet qui sont irréductibles au langage textuel (Büchler, Gabriela et Lima 2008). L'intention est d’examiner de manière transversale dans les différents contextes institutionnels les différentes façons d’incorporer à la recherche la spécificité qui caractérise la production – ou la disposition à produire – de la recherche par le projet. (Aragüez 2016) L'objectif est de mettre en parallèle l’approche épistémologique de chacun de ces programmes, afin de faire émerger comment chacun d'eux conçoit le statut épistémologique de la production visuelle et spatiale (Klinke 2014), mais aussi comment il se positionne dans le débat actuel.

Dans un second temps, l’objectif est d’envisager différents types d’interactions possibles entre la recherche doctorale en art et en architecture, et de proposer de nouveaux modes de développement pour des programmes doctoraux transdisciplinaires qui font le lien entre des domaines caractérisés par différents statuts épistémologiques visuel et spatial.

Enrichi de l'analyse préalable des différents positionnements épistémologiques et des postures institutionnelles adoptées par les différentes universités (Fraser 2013, Sağlamer et Erkök 2015), le projet entend proposer des réponses aux interrogations concernant les différences et/ou les affinités entre le doctorat par le projet en architecture et le doctorat en art et les sciences de l’art. Il existe un parallèle fertile entre la recherche menée par la pratique dans les beaux-arts et celle menée par la pratique en architecture. Un travail d'approfondissement sur les points de convergence entre les méthodes élaborées dans le doctorat par le projet en arts visuels et en architecture nous permettra d'éclairer la spécificité des questions épistémologiques au regard de la discipline architecturale (Rendell 2004). En parallèle, le projet vise à mettre en valeur le rôle de l’interdisciplinarité

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pour la recherche par le projet en architecture et à stimuler les échanges entre les outils épistémologiques des arts plastiques et ceux de l’architecture (Rendell 2006).

Dans un troisième temps, le projet de recherche vise à répondre à la question ce que fait la spécificité épistémologique du projet d’architecture considéré comme outil méthodologique pour la recherche en histoire et théorie de l’architecture, et comment cette spécificité est capable de produire des nouvelles connaissances qui n’étaient pas reconnues comme telles avant dans le cadre du doctorat. Selon Antoine Picon,

« l'architecture tend à s'interroger sur ses fondements disciplinaires et voir dans le projet un outil dont la finalité est tout autant spéculative et critique que pragmatique ». Le statut épistémologique du projet architectural est à la fois spéculatif, critique et pragmatique. La question de la recherche occupe une place centrale dans les débats autour de la question du projet en architecture. Pour saisir les enjeux liés à la recherche par le projet en architecture, il est indispensable d’identifier la spécificité de l'architecture. Une hypothèse que ce projet ambitionne d’examiner est la possibilité d’établir des stratégies de projet dans la recherche qui sont susceptibles de déboucher sur un savoir transmissible. Pour préserver la spécificité de l’architecture sans tomber dans un solipsisme disciplinaire, il est nécessaire de chercher les liens avec d'autres champs du savoir et de la pratique.

Une caractéristique des disciplines qui soutiennent le doctorat par le projet est la compréhension de la production de savoir comme intrinsèquement liée à une efficacité concrète, propre à discipline concernée. Une telle approche est plus féconde dans les disciplines où la production de savoir ne se caractérise pas d’une dimension critique, comme les biotechnologies ou la science des matériaux. À la différence de ces champs, la production de savoir en architecture est intrinsèquement liée à la dimension critique.

Un paradoxe qui caractérise le monde académique de l’architecture est le fait qu’alors que la démarche de projet est au cœur des écoles d'architecture les études doctorales par le projet en architecture sont peu répandues en comparaison avec celles qui s’attachent à l’histoire de l’architecture.

Aujourd'hui en Belgique, les écoles d’architecture (l’Ulg, UCL, KULeuven, ENSAV La Cambre, etc.) commencent à établir des programmes doctoraux par le projet en architecture, suite à une forte demande due aux exigences académiques qui sont nées

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de l'intégration des écoles d'architecture dans les universités. Des colloques scientifiques qui reflètent cette intention d’incorporer la recherche par le projet dans les programmes doctoraux des écoles d’architecture en Belgique sont CA2RE, the Conference for Artistic and Architectural (Doctoral) Research, et son antécédent ARM (Architectural Research Moments).

Bien que les doctorats par et sur le projet en architecture augmentent grâce à l’intensification des débats autour des enjeux épistémologiques de la recherche par le projet en architecture, leur légitimation dans le contexte du système universitaire actuel est encore pas suffisamment institutionnalisée dans plusieurs cas. En contraste, dans le domaine des arts visuels, la recherche par le projet est, dans l’état actuel, beaucoup mieux légitimée et institutionnalisée. Cette mise en retard de l’incorporation de projets doctoraux par le projet en architecture pourrait s’expliquer partiellement par l’académisation des écoles d'architecture à cause de leur intégration dans les universités.

Néanmoins, il existe un modèle dans les écoles d’architecture des travaux de fin d’études ou TFE qui relient les travaux écrits, comme le mémoire de fin d’études, et les travaux par le projet, comme leu projet de diplôme. Une piste que ce projet vise à explorer est la possibilité d’établir des relations institutionnelles et épistémologiques entre l’école d’architecture de l’ULB et les écoles d’art à Bruxelles. Le fait qu’aujourd’hui existe déjà une collaboration entre les « doctorats en art et les sciences de l’art » qui sont délivrés par une collaboration entre l’ULB et des écoles d’art à Bruxelles témoigne la fécondité potentielle d’une telle effort.

2.4. Plan de travail

Ce qui manque dans les études déjà réalisées autour de la recherche par le projet sont des ouvrages qui, sur base d’un travail extensive de terrain dans les différents contextes nationaux et institutionnels, analysent de manière transversale les différents modèles des doctorats qui se réalisent par une recherche utilisant les outils du projet architectural.

L’ambition du projet proposé est de répondre à une telle exigence, autant au niveau méthodologique qu’au niveau épistémologique. Une autre lacune, auquel le projet vise à

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répondre, est le manque des ouvrages qui interrogent la manière dont les modes de production et de raisonnements spécifiques à l’architecture peuvent contribuer à la théorie et l’histoire de l’architecture.

La recherche sera menée à travers la réalisation d'enquêtes de terrain, d'entretiens, d’organisation d’ateliers intensifs, et de publications réunissant les enjeux épistémologiques relatifs au sujet et enrichissant progressivement les pistes à suivre.

Une des activités scientifiques importante de ce projet consiste en l’organisation de colloques internationaux traitant des questionnements concernant les corrélations entre la recherche par le projet en art plastiques et visuels et celle en architecture.

Pendant la première année du projet, je vais effectuer les recherches préliminaires et les entretiens qui me permettront de vérifier les hypothèses de cette recherche. Le premier stade de la recherche consistera à traiter les données des recherches bibliographiques et à établir les outils méthodologiques du travail de terrain. Après ce stade une première mission à Londres aura lieu, qui aura comme objectif la validation des hypothèses de recherche à travers un travail de terrain sur les processus créatifs élaborés dans le cadre du programme "Phd by Architectural Design" de la Bartlett School of Architecture. Ce travail de terrain sera effectué en conjonctions avec des entretiens avec les chercheurs suivants : J. Hill, M. Fraser, P. Haralambidou, Y. Manolopoulou, J. Rendell et al. Ensuite, le traitement des données collectée au cours de la mission à Londres sera utile pour concrétiser les questions qui seront l’objet d'un atelier intensif à Bruxelles en collaboration avec la Bartlett School of Architecture, et le département d’histoire, arts et archéologie de l’ULB et les Écoles supérieures des arts (Académie royale des beaux-arts de Bruxelles, Arts2–Arts au carré, Conservatoire royal de Bruxelles, École de recherche graphique, École supérieure des arts visuels–La Cambre, Institut supérieur des arts du spectacle et des techniques de diffusion). Les résultats de cet atelier seront l’objet d’une publication.

Pendant la deuxième année du projet, une mission aux États-Unis sera réalisée pour effectuer de travail de terrain à New York et à Cambridge. À New York, mes recherches, qui seront effectuées en collaboration avec Jean-Louis Cohen, qui est Sheldon H. Solow Professor in the History of Architecture à l’Institute of Fine Arts in New York, auront

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comme objectif de comparer les enjeux épistémologiques de la recherche par le projet en architecture et de la recherche par le projet en arts visuels. Pendant mon séjour de recherche à Cambridge, mon travail de terrain sera focalisé sur les processus créatifs élaborés dans le cadre du programme Doctor of Design Program (DDes) de la Graduate School of Design de l’Université́ d’Harvard. Cette mission sera accompagnée par des entretiens avec certains professeurs à l’Université́ d’Harvard desquels la philosophie pédagogique s’articule autour de la recherche par le projet en architecture, comme Antoine Picon. Après l’élaboration du travail de terrain lors de mon retour à Bruxelles, un deuxième atelier intensif aura lié en collaboration avec la Graduate School of Design de l’Université́ d’Harvard et l’Institute of Fine Arts de NYU. Les résultats de cet atelier seront aussi l’objet d’une publication.

Pendant la troisième année du projet, je vais effectuer des missions de recherche en Europe dans les écoles d’architecture où la recherche par le projet au niveau doctoral est déjà développée. Le travail de terrain qui sera effectué à l’Instituto Universitario di Architettura di Venezia (IUAV) à Venise, à l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et à l’Eidgenössische Technische Hochschule Zürich (ETHZ) aura comme objectif, dans un premier temps, une analyse critique transversale des approches différentes et de leur points de rencontre, et, dans un deuxième temps, la création d’une plateforme commune entre ces écoles centrée sur les outils méthodologiques de de la recherche par le design en architecture. Vers la fin de la troisième année, une publication qui réunira les résultats des trois années de recherche réalisera, ayant comme objectif de montrer quels sont les pistes les plus fécond à suivre pour légitimer les programmes doctoraux centrés sur la recherche par le projet en architecture, d’un côté, et pour établir des échanges institutionnels productifs entre les études doctorales par le projet en architecture et celles-ci en arts visuels.

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