Une enquête réalisée dans 31 exploi- tations du Plateau suisse et cinq exploitations du Nord de l’Allemagne permet de se faire une idée de la technique employée actuellement et des rations utilisées dans les exploi- tations équipées de remorques mélangeuses. Les exploitations qui ont participé à l’enquête ont des troupeaux allant de 12 à 200 vaches laitières et affichent une productivité supérieure à la moyenne. On consta- te d’importantes différences sur le plan de la technique utilisée, de la durée de brassage et du temps de tra- vail nécessaire. Les exploitations qui utilisent la ration complète mélangée (RCM) sans distribution individuelle d’aliments complémentaires consti- tuent l’exception, de même que les exploitations répartissant les ani- maux par groupes de performance.
En revanche, la majorité des exploi- tations préparent une ration de base
mélangée avec une concentration supérieure en énergie ou en protéi- ne. En ce qui concerne l’organisation du travail, on constate que les dési- leuses notamment prolongent les temps de reprise. L’auto-remplissage de la remorque mélangeuse s’avère également moins avantageux que le remplissage par un système indépen- dant avec chargeur frontal ou engin similaire. Si l’on calcule le temps de travail nécessaire par vache et par jour, les exploitations qui ont de gros troupeaux sont nettement avan- tagées. Le temps de travail requis dépend très peu du volume quoti- dien de fourrage. En raison du grand nombre de composants utilisés, les différences sont importantes. En moyenne toutefois, les exploitations suisses et les exploitations du Nord de l’Allemagne sont proches les unes des autres. La consommation de com- posants de la ration de base s’avère
Comment les exploitations affouragent-elles leurs vaches avec des remorques mélangeuses?
Importantes différences sur le plan des outils utilisés et du temps de travail necéssaire
Franz Nydegger et Hermann Brunken, Agroscope FAT Tänikon, Station fédérale de recherches en économie et technologie agricoles, CH-8356 Ettenhausen
Sommaire Page
Problématique 2
Méthode 2
Structure des exploitations 3
Technique utilisée 3
Saisie de la ration mélangée et de la distribution de fourrage 5 Temps de travail nécessaire 6
Conclusions 8
Fig. 1: L’achat d’une remorque mélangeuse est souvent lié à un souci d’organisation du travail.
No 614 2004
Station fédérale de recherches en Économie et technologie agricoles (FAT), CH-8356 Tänikon TG, Tel. 052/368 31 31, Fax 052/365 11 90
Rapport
nettement plus élevée dans les exploitations suisses. La tendance à distribuer le fourrage plusieurs fois par jour rend plus difficile l’utilisation de la remorque mélangeuse par plu- sieurs exploitations.
Rapport FAT No. 614: Comment les exploitations affouragent-elles leurs vaches
Méthode
La recherche d’exploitations utilisant des rations composées a été effectuée en collaboration avec les entreprises UFA, Häfliger SA et avec la centrale de vulgari- sation de Weinfelden, en partant du prin- cipe que ces exploitations contrôlaient régulièrement les rations. Le dépouille- ment avait en effet besoin de pouvoir se baser sur des plans d’affouragement.
31 exploitations du Plateau suisse ont
participé à l’enquête. Pour la saisie des données et les questionnaires, chaque exploitation a été visitée au moins une fois. Dans cinq exploitations, on a pu enregistrer la distribution de fourrage et les restes de crèche pendant cinq jours consécutifs, puis analyser le taux de MS du fourrage. Ces chefs d’exploitation tenaient également un journal ciblé de leurs activités.
En plus du relevé dans les exploitations suisses (CH), cinq exploitations du Nord
Problématique
Depuis plusieurs années, un nombre croissant d’exploitations utilise des re- morques mélangeuses (RM) pour pré- parer et distribuer les rations de four- rage, que ce soit dans l’engraissement bovin ou dans la production laitière.
En Amérique du Nord notamment, mais également dans l’espace euro- péen, le système de la ration complè- te mélangée (RCM), qui consiste à mé- langer le fourrage de base et les ali- ments complémentaires, prend de plus en plus d’importance. En Suisse égale- ment, la ration complète mélangée fait de plus en plus l’objet de discus- sions. Cette situation a incité la FAT à effectuer un essai pour comparer la distribution traditionnelle de fourrage, c’est-à-dire une ration de base mélangée, complétée par des concen- trés dans un distributeur et la RCM sans compléments au distributeur automatique de concentrés (DAC).
Une enquête a été menée dans plu- sieurs exploitations afin de faire le point de la technique actuelle en matière d’affouragement de rations composées dans la pratique: techni- que appliquée, type et nombre des composants utilisés dans les rations composées, fréquence de la distribu- tion de fourrage et de la répartition a posteriori, ainsi que consommation quotidienne de ration mélangée. L’es- sai s’est également penché sur les motivations qui ont poussé les agricul- teurs à s’équiper de remorques mélan- geuses et sur le temps de travail requis par l’affouragement.
0 2 4 6 8 10 12 14
10-30 31-50 51-70 71-90 160 200
Nombres de vaches par exploitation
Nombre d'exploitations
CH ND
Fig. 2: En ce qui concerne la taille du troupeau, la majeure par- tie des 31 exploitations suisses se situe dans la plage de 31 à 50 vaches. Les troupeaux du Nord de l’Allemagne sont compris en- tre 50 et 200 vaches.
AC aliments complémentaires
AMS système de traite automatique
CBS cossettes de betteraves sucrières
CCM Corn Cob Mix
DAC Distributeur automatique de concentrés Exploitations CH exploitations suisses
Exploitations ND exploitations du Nord de l'Allemagne
HF Holstein-Frisian
MOmin main-d'œvre en minutes
MS matière sèche
PAI protéine absorbable dans l'intestin
PAIN protéine absorbable dans l'intestin, synthétisée à partir de la matière azotée dégradée
PPL potentiel de production laitière
RCM ration complète mélangée
RH Red Holstein
RM remorque mélangeuse
SAU surface agricole utile
SE stabulation entravée
SL stabulation libre
SRPA sorties régulières en plein air d'animaux de rente SST systèmes de stabulation particulièrement respectueux
des animaux
TR tachetée rouge
VB vache brune
Liste des abréviations
0 2 4 6 8 10 12
6500-7500 7600-8500 8600-9500 9600-11000 Rendement du troupeau [kg]
Nombre d'exploitations
CH ND
Fig. 3: Le niveau de production des exploitations suisses (CH) se situe en moyenne à 8350 kg/lactation, soit nettement au-dessus de la moyenne nationale, mais en dessous des exploitations du Nord de l’Allemagne (ND) qui ont participé à l’enquête.
de l’Allemagne (ND) ont également pu être saisies de la même manière dans le cadre d’un travail de diplôme à l’Univer- sité d’Osnabrück. Ces exploitations ont également été intégrées au dépouille- ment.
Structure des exploitations
Comme l’indique le tableau 1, les exploi- tations suisses étudiées à l’aide du ques- tionnaire présentent des surfaces agrico-
les utiles comprises entre 14 et près de 118 ha. En moyenne, elles disposent de 1,9 unités de main-d’œuvre familiale et 1,3 unités de main-d’œuvre étrangère à la famille. 26 exploitations participent au programme SRPA et 20 au programme SST.
Les informations relatives à la structure et à la technique utilisée dans les exploita- tions étudiées de plus près sont réperto- riées dans les tableaux 2 et 3.
Comme on pouvait s’y attendre, les exploitations ND possèdent des surfaces et des troupeaux de vaches nettement plus importants.
Le nombre moyen de vaches dans les exploitations CH est de 40 (fig. 2), ce qui est nettement supérieur à la moyenne suisse, qui se situe aux alentours de 17.
Dans les exploitations CH, le niveau de production des troupeaux s’élève en moyenne à 8350 kg avec un écart-type de 1124 kg. Dans les exploitations ND, la moyenne est de 8900 kg et l’écart-type de 1084 kg (fig. 3).
La race de vaches la plus représentée est la Holstein. Les exploitations ND possè- dent exclusivement cette race. La deuxiè- me race la plus fréquente est la Red-Hol- stein, suivie par la race brune et la race tachetée. Dans 15 exploitations, le trou- peau se compose de bêtes de plusieurs races (fig. 4).
Trois exploitations CH renoncent aux sor- ties au pâturage. La durée de pâture la plus fréquente est comprise entre 3 et 6 h/jour (fig. 5). Deux exploitations ND mènent également leurs bêtes au pâtu- rage. Toutes les exploitations renoncent à la récolte de l’herbe.
21 exploitations CH détiennent leurs vaches en stabulation libre, dix en stabu- lation entravée. Les exploitations ND dis- posent toutes de stabulations libres à logettes.
Technique utilisée
Remorque mélangeuse (RM)
Les exploitations emploient des mélan- geuses horizontales, verticales et des mélangeuses à chute libre (fig. 6). En Suisse, on utilise essentiellement des mélangeuses horizontales, dans le Nord de l’Allemagne, essentiellement des mélangeuses verticales. Le volume de la trémie oscille entre 4 et 16 m3.
En Suisse, sept machines sont équipées d’un dispositif d’auto-remplissage. Sur
Prairie permanente Prairie temporaire Grande cultures Total Vaches laitières Contingent laitier SRPA SST
Unités ha ha ha ha Nombre t
Min 3 0 3 14 12 120 Oui 20 26
Max 40 25 62 118 86 641 Non 11 5
Moyenne 13.5 9.6 19.3 42 40.5 289
Tab. 3: Structure des exploitations ND, Ètude dÈtaillÈe
Exploitation ND A Exploitation ND B Exploitation ND C Exploitation ND D Exploitation ND E
Prairies et pâtures 33 ha 70 ha 40 ha 130 ha 100 ha
Surface totale 50 ha 110 ha 80 ha 150 ha 120 ha
Nombre de vaches
laitières 47 75 70 200 160
Race HF HF HF HF HF
Ration
MJ NEL/kg MS 6,6 6,6 5,9 6,6
Affourragement estival Stabulation 3 h de pâture 3 h de pâture Stabulation Stabulation
Stabulation SL SL SL SL SL
Technique de mélangeuse
Verticale 10 m3 système de remplissage indépendent
Horizontale 11 m3 système de remplissage indépendent
Chute libre 14 m3 système de remplissage indépendent
Verticale 16 m3 système de remplissage indépendent
Verticale 16 m3 système de remplissage indépendent
Production laitière t 450 640 740 1600 1300
RCM + DAC
RCM (90 %) 1 kg d'aliments appétissants
8500 kg 10 500 kg
Niveau de
production laitière 9500 kg
Distribution d'aliments
complémentaires RCM + DAC
8000 kg 8000 kg
RCM + DAC RCM + DAC
Tab. 1: Structure des 31 exploitations suisses
Tab. 3: Structure des exploitations ND, étude détaillée
Exploitation CH A Exploitation CH B Exploitation CH C Exploitation CH D Exploitation CH E Prairie permanente+
temporaire 8 ha 31 ha 5,7 ha 12,5 ha 17 ha
Surface totale 36 ha 39 ha 17,7 ha 47 ha 42 ha
Nombre de vaches
laitières 55 60 20 34 20
Race HF, RH VB, RH VB, RH HF, RH HF
Ration
MJ NEL/kg MS 6,1 5,9 6,2 6,2 6,2
Affourragement estival Stabulation 5 h de pâture Stabulation 3 h de pâture Stabulation
Stabulation SL SL SL SE SE
Technique de mélangeuse
Mélangeuse à chute libre 14,5 m3 système de remplissage indépendant
Mélangeuse verticale 14 m3 2 vis, système de remplissage indépendant
Mélangeuse horizontale 6 m3 2+2 vis
Mélangeuse horizontale stationnaire 8 m3, 2+2 vis
Mélangeuse horizontale 6 m3 2 vis
Production laitière t 340 350 125 315 127
RH = Red Holstein RCM = ration compléte mélangée
SL = stabulation libre AC = aliment complèmentaire
HF = Holstein-Frisian SE = stabulation entravée
VB = vache brune AMS = système de traite automatique
RCM + DAC
RCM + AC à la main
6500 kg 6500 kg
Niveau de
production laitière 8500 kg
Stratégie RCM RCM + AMS
10 000 kg 7500 kg
RCM+AC ‡ la main
RCM + AC à la main
Tab. 2: Structure des exploitations CH, étude détaillée
Rapport FAT No. 614: Comment les exploitations affouragent-elles leurs vaches
les autres machines, le remplissage se fait par un système indépendant. Le nombre de vis se répartit comme suit:
– quatre mélangeuses à une vis – neuf mélangeuses à deux vis – quatre mélangeuses à trois vis – dix mélangeuses à quatre vis
Outils de remplissage
Lorsque la RM ne dispose ni d’une fraise, ni d’une lame de coupe (auto-remplissa- ge, fig. 7), en Suisse, le remplissage se fait généralement à l’aide d’une désileuse (silo-tour) et d’un pont roulant (foin, fig.
8). Six exploitations CH remplissent la mélangeuse avec le chargeur frontal, deux avec un chargeur automoteur, une avec un chargeur à bras télescopique, deux avec une grue à fumier et une avec la désileuse-blocs.
Les exploitations ND misent sur le char- geur frontal (fig. 8) et le chargeur à bras télescopique. Une des exploitations ne reprend qu’une fois par semaine l’ensila- ge du silo-couloir et effectue l’opération avec une désileuse-blocs. Les blocs sont ensuite amenés par l’élévateur depuis le stock intermédiaire jusqu’à la remorque mélangeuse.
19 exploitations CH répartissent individu- ellement les aliments complémentaires au DAC (dont trois dans un AMS) et dix à la crèche. Deux exploitations renoncent à la distribution supplémentaire de con- centrés, c’est-à-dire qu’elles distribuent effectivement une RCM. Toutes les exploitations ND emploient un DAC pour la mise à disposition des aliments com- plémentaires.
Fig. 6: En ce qui concerne la conception de la remorque, la mélangeuse horizontale est la plus représentée dans les 31 exploitations CH. Dans les cinq exploitations du Nord de l’Allemagne, c’est la mélangeuse verticale qui arrive en tête.
Fig. 7: Les remorques mélangeuses avec fraise ou lame de coupe peuvent se charger elles-mêmes au silo-couloir.
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
0 1.0-3.0 3.1-6.0 6.1-10.0
Heures par jour
Nombre d'exploitations
CH ND
Fig. 5: Une grande partie des exploitations suisses (CH) laisse les vaches laitières pendant 3-6 h/jour au pâturage. Dans les exploi- tations du Nord de l’Allemagne, la proportion n’est que de deux sur cinq.
0 5 10 15 20 25
HF RB RH TR
Race
Nombre d'exploitations
Toutes les expolitations Exploitations avec une seule race
Fig. 4: Répartition des races Holstein-Frisian (HF), race brune (RB), Red Holstein (RH) et race tachetée rouge dans les exploi- tations. On constate que 15 des 31 exploitations présentent des troupeaux mixtes.
Mélangeuse horizontale CH: 21 exploitations; ND: 1 exploitation
Mélangeuse verticale CH: 6 exploitations; ND: 3 exploitations
Mélangeuse à chute libre CH: 4 exploitations; ND: 1 exploitation
Saisie de la ration
mélangée et de la distribu- tion de fourrage
Rations
Trois exploitations CH produisent du lait sans utiliser d’ensilage. Elles utilisent tou- tes la RM pour mélanger le foin et les bet- teraves fourragères. Certaines utilisent également la RM pour les bouchons de maïs et d’herbes, la pulpe déshydratée, la paille et la mélasse, et en saison égale- ment pour les pommes de terre et les ali- ments complémentaires comme le CCM, les pois, pelures de cacao, concentrés riches en énergie et concentrés riches en matière azotée. Deux exploitations ajou- tent également de l’eau au mélange. Les exploitations avec ensilage mélangent de l’ensilage d’herbe et de maïs, à une exception près (tab. 2). Près de la moitié des exploitations CH utilisent des cosset- tes de betteraves sucrières (CBS), neuf renoncent au foin et trois ajoutent égale- ment des sous-produits au mélange, comme le pain, le dextrose et les drèches de brasserie. Deux des exploitations ND incluent une petite quantité de foin dans la ration, mais toutes y mettent de l’ensi- lage d’herbe et de maïs. Le nombre de composants mélangés varie de cinq à douze (fig. 9). En ce qui concerne les exploitations étudiées de plus près, les exploitations CH fabriquent une ration composée en moyenne de 6,6 éléments, les exploitations ND de cinq éléments (fig. 10). Les teneurs en MS des rations oscillent entre 30 et 50 % dans les exploi- tations CH avec une moyenne de 39 %.
Dans les exploitations ND, les rations dont la teneur sèche moyenne est de 35,3 % (min. 25 %, max. 43,7 %) s’a- vèrent plus humides.
Les calculs établis dans les plans d’affou- ragement partent en moyenne d’une consommation de MS de 19,7 kg/vache et jour (fig. 11). Le potentiel de produc- tion laitière pour la ration composée des vaches à partir de la deuxième lactation et en phase de production est en moyen- ne de 26,1 kg par rapport à la NEL, de 26,4 kg par rapport à la PAI et de 26,7 kg par rapport à la PAIN.
Avec les valeurs maximales notamment, soit 33 kg par rapport à la NEL, 36,5 kg par rapport à la PAI et 37,7 kg par rapport à la PAIN, on constate une tendance à un excédent de protéines dans la ration.
Contrairement à ce phénomène, les rations avec un potentiel de production laitière plus bas affichent un excédent énergétique. Conformément à la con- sommation plus faible attendue, le PPL de la première lactation est en moyenne environ 3 kg en dessous du PPL calculé pour la deuxième lactation et les suivan- tes.
Fréquence de la distribution de fourrage
La fréquence de la distribution de fourra- ge varie considérablement et va d’une fois tous les deux jours à dix fois par jour.
Dans les stabulations entravées notam- ment, on préfère distribuer le fourrage plus fréquemment que de le repousser régulièrement. Dans l’ensemble, on cons- tate néanmoins que plus de la moitié des exploitations distribuent du fourrage plu- sieurs fois par jour (fig. 12). Sept exploi- tations CH détiennent plus d’une vache
Fig. 8: Le pont roulant permet d’approvi- sionner la remorque mélangeuse en foin, mais aussi en herbe ensilée provenant de balles rondes. Dans les exploitations du Nord de l’Allemagne, le chargeur frontal ou le chargeur télescopique sont de règle pour alimenter la remorque mélangeuse.
0 2 4 6 8 10 12
5 6 7 8 9 10 12
Nombre de composants
Nombre d'exploitations CH
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
CH A CH B CH C CH D CH E ND A ND B ND C ND D ND E Exploitation
Nombre
Fig. 9: Près d’un tiers des exploitations suisses interrogées utili- sent six composants dans la ration mélangée, certaines vont jus- qu’à douze.
Fig. 10: Le nombre de composants du mélange varie entre trois et huit dans les cinq exploitations suisses étudiées de près (CH A à CH E) et les exploitations du Nord de l’Allemagne (ND A à ND E).
Rapport FAT No. 614: Comment les exploitations affouragent-elles leurs vaches
par place d’affouragement (trois détien- nent 2 à 2,5 vaches/place d’affourage- ment et quatre 1,1 à 1,9).
Fréquence de l’opération consistant à repousser le fourrage
Les exploitations qui ne repoussent pas le fourrage sont les exploitations men- tionnées, avec stabulation entravée. En général, les autres exploitations repous- sent le fourrage trois à cinq fois par jour (fig. 13).
Consommation
Dans les cinq exploitations CH et les cinq exploitations ND, dans lesquelles on a relevé la consommation de ration com- posée, on a constaté que les vaches des exploitations CH atteignaient en moyen-
ne une consommation de MS plus élevée de 3 kg par vache et par jour (fig. 14). La part d’aliments complémentaires ajoutée dans le mélange va de 0,6 à 3,8 kg MS par vache et par jour dans les exploita- tions CH et de 1,4 à 6,4 kg dans les exploitations ND.
Si l’on enlève les aliments complémentai- res du mélange, il ne reste plus que la ration de base mélangée. Dans les ex- ploitations CH, les vaches consomment 15,2 kg de MS par vache et par jour à partir de la ration de base mélangée.
Dans les exploitations ND, cette valeur est de 11 kg de MS par vache et par jour. Il est probable que les aliments complé- mentaires proposés en plus exercent une influence capitale sur la consommation du mélange. On ne constate aucune dif- férence frappante au niveau des restes de crèche. Ils oscillent entre 0 et 6,5 % et
sont en moyenne de 2,3 % en Suisse et de 1,2% dans le Nord de l’Allemagne.
Temps de travail nécessaire
Dans le cadre de l’enquête, les chefs d’ex- ploitation ont estimé le temps qu’ils con- sacraient à l’affouragement (fig. 15). La moyenne peu élevée des temps de prépa- ration (1 min.) tient au fait que dans 23 exploitations, les temps de préparation quotidiens sont très faibles. Les temps de préparation non quotidiens (nettoyer la RM, lubrifier, aiguiser les couteaux, élimi- ner les restes de crèche, calculer les ra- tions, etc.) n’ont pas été enregistrés. Pour éviter les temps de préparation, la RM doit être attelée en permanence au trac- teur. Les temps de trajets, qui représen-
0 1 2 3 4 5 6 7 8
0 1 2 3 4 5 6 7 9 10
Nombre d'opérations consistant à repousser le fourrage par jour
Nombre d'exploitations
Fig. 13: La majeure partie des exploitations repousse le fourra- ge trois à cinq fois. Le fourrage n’est pas repoussé notamment dans les stabulations entravées qui ont une fréquence de distri- bution plus élevée.
0 2 4 6 8 10 12
0.5 1 2 3 4 5 10
Distribution par jour
Nombre d'exploitations
CH ND
Fig. 12: Plus de la moitié des exploitations distribuent du four- rage plus de deux fois par jour. Les exploitations avec stabula- tions entravées notamment donnent plus souvent du fourrage frais à leur bétail, plutôt que de repousser l’ancien.
0 5 10 15 20 25 30 35 40
MS/ NEL 2ème lact.+
PAI 2ème lact.+
PAIN 2ème lact.+
NEL 1ère lact.
PAI 1ère lact.
PAIN 1ère lact.
kg
Max. Moy. Min.
Consommation calculée
PPL par rapport à V+j
Fig. 11: Les calculs moyens de rations mélangées supposent une consommation d’environ 20 kg de MS par vache et par jour pen- dant la phase de production à partir de la deuxième lactation.
Le potentiel de production laitière (PPL) issu de la ration mélangée s’élève en moyenne à 26 kg, avec un maximum de près de 38 kg (PAIN).
0 5 10 15 20 25
CH A CH B CH C CH D CH E ND A ND B ND C ND D ND E Exploitation
Consommation de MS en kg/vache + jour
Aliments complémentaires dans le mélange MS de la ration de base
Fig. 14: Dans les cinq exploitations suisses saisies (CH A-E), les vaches consomment un pourcentage plus élevé de MS dans le ration de base que dans les exploitations du Nord de l’Allema- gne (ND-A à ND-E).
tent en moyenne à peine deux minutes, ne pèsent pas non plus très lourd dans la balance. L’exploitation qui n’affiche aucun temps de trajet dispose d’une
mélangeuse stationnaire avec alimentati- on directe en fourrage par fraise et grue à bras pivotant. Par contre, le remplissa- ge qui dure près de 35 minutes et le mélange qui dure environ 17 minutes sont les deux opérations qui exigent le plus de temps. La distribution de fourra- ge quant à elle représente environ 4,5 minutes et a donc moins d’importance.
Pour la reprise du fourrage jusqu’à sa dis- tribution, les exploitations ont en moyen- ne besoin d’une heure par jour. Par con- tre, ce temps ne tient pas compte de l’opération qui consiste à repousser le fourrage plusieurs fois par jour jusqu’à la distribution suivante.
On constate que la reprise depuis les silos-tours (avec une désileuse) entraîne notamment des temps de remplissage élevés. Cela tient au débit limité de la machine. Comme il est très pénible de dégager les désileuses une fois qu’elles sont bouchées, la plupart des exploitants règlent leurs machines très prudemment,
pour être sûrs qu’elles ne s’engorgent pas. Souvent pendant que la désileuse reprend le fourrage, ils effectuent d’au- tres travaux à proximité du silo, de sorte que ce temps de travail ne peut pas être considéré exclusivement comme temps d’affouragement.
Le mélange requiert en moyenne près de 17 minutes. Mais les valeurs sont compri- ses entre 5 et 45 minutes. Parfois, les exploitations commencent déjà à mélan- ger en faisant tourner la prise de force à régime relativement bas alors que le rem- plissage n’est pas encore terminé. Sou- vent les exploitations n’ajoutent les com- posants très structurés, comme le foin, la paille et la luzerne qu’à la fin du mélan- ge.
Ensilage d'herbe x x x x x x
Ensilage de maïs x x x x x x
CBS x x
Foin x x x x x
Betteraves fourragères x x
Eau x
Nombre 27 20 15 10 2 1 5 2
CBS = ensilage de cossettes de betteraves sucrières ( ) nombre
avec ensilage (28)Exploitations CH sans ensilage (3) Exploitations ND (5)
Tab. 4: Combinaison des composants
0 10 20 30 40 50 60 70
Temps de préparation CH Temps de préparation ND Temps de trajet CH Temps de trajet ND Remplissage CH Remplissage ND Mélange après remplissage CH Mélange après remplissage ND Affourage- ment CH Affourage- ment ND Phase de travail
Temps de travail nécessaire/troupeau [MOmin/jour]
Max. Moy. Min.
Fig. 17: Parmi les phases de travail enregistrées, le remplissage prend plus de temps dans les exploitations CH que dans les exploitations du Nord de l’Allemagne. En ce qui concerne le mélange, la situation est inversée.
0 20 40 60 80 100 120
Préparations Trajet Remplissage Mélange Distribution Affourage- ment total
Phase de travail
Temps de travail nécessaire/troupeau [MOmin/jour]
Max. Moy. Min.
Fig. 15: Le temps de travail requis par les différentes phases de travail montre que le remplissage et parfois le mélange repré- sentent un pourcentage relativement élevé. Les temps de prépa- ration sont en général estimés plutôt bas.
0 1 2 3 4 5
Affouragement Temps de travail nécessaire/vache [MOmin/jour]
Max. Moy. Min.
Fig. 16: Le temps de travail requis pour l’ensemble de l’affouragement représen- te en moyenne 1,8 main-d’oeuvre-minu- te par vache et par jour avec une marge de fluctuation comprise entre 0,4 et 4,2 MOmin/vache+jour.
0 1 2 3
CH ND
Affouragement Temps de travail nécessaire/vache [MOmin/jour]
Max. Moy. Min.
Fig. 18: Dans les exploitations suisses, le temps de travail par vache et par jour est nettement supérieur à celui des exploita- tions du Nord de l’Allemagne, car les troupeaux sont plus petits.
Rapport FAT No. 614: Comment les exploitations affouragent-elles leurs vaches
Le calcul du temps de travail nécessaire pour la totalité de l’affouragement don- ne une moyenne de 1,8 minutes par vache et par jour sur une échelle allant de 0,4 à 4,2 minutes par vache et par jour (fig. 16). Cette grande amplitude montre clairement l’influence de la taille du trou- peau. En effet, l’exploitation qui affiche 0,4 minutes par vache et par jour est l’ex- ploitation la plus grosse avec 86 vaches laitières, tandis que l’exploitation qui affi- che 2,9 minutes par vache et par jour est une des plus petites avec 22 vaches lai- tières. Le nombre d’animaux par place d’affouragement n’a pas d’influence marquée sur le temps de travail requis par vache et par jour.
Le dépouillement des journaux de travail tenus dans les cinq exploitations CH et les cinq exploitations ND confirme plus ou moins les résultats du questionnaire (fig.
17). Hormis pour les temps de trajet, les relevés temporels effectués dans les exploitations CH ont donné des valeurs légèrement plus basses. Cette différence est la plus marquée au niveau du rem- plissage (25 min.) et de l’affouragement avec un total de 34 minutes. Les dif- férences tiennent essentiellement aux temps de remplissage et de mélange plus réduits.
La comparaison avec les exploitations ND montre clairement que le volume de four- rage n’influe que de manière insignifian- te sur le temps de travail, pour autant que la mélangeuse dispose d’un volume suf- fisant pour l’affouragement. Les exploita- tions ND n’affichent des valeurs plus éle- vées que pour les temps de trajet et le mélange après le remplissage. En ce qui concerne le remplissage proprement dit, ces exploitations sont nettement plus performantes grâce aux silos-couloirs et à l’utilisation de chargeurs frontaux ou télescopiques.
La figure 18 met en évidence l’influence de la taille du troupeau. Tandis que dans
les exploitations CH, la moyenne se situe à plus de 1,2 MO-minutes par vache et par jour, la moyenne n’est que de 0,4 MO-minutes par vache et par jour dans les exploitations ND, valeur également atteinte par une exploitation suisse de 60 vaches, disposant d’une mécanisation équivalente.
Conclusions
Les relevés ont montré que la plupart des exploitations établissaient une ration de base mélangée ou une ration mélangée avec une concentration supérieure en énergie ou en protéine et mettaient des aliments complémentaires à disposition des vaches dans un DAC lors de la traite ou à la crèche. Seules deux exploitations suisses utilisent une ration complète mélangée. En Suisse, il existe un large spectre de techniques différentes employées autour de la RM, c’est-à-dire que différents outils sont souvent utilisés pour le remplissage.
Les sorties au pâturage sont combinées avec la distribution de rations mélangées dans de nombreuses exploitations étu- diées, aussi bien en Suisse que dans le Nord de l’Allemagne.
La méthode qui consiste à distribuer le fourrage plusieurs fois par jour est large- ment répandue. Elle pose problème lors- qu’il s’agit de partager l’utilisation de la RM entre plusieurs exploitations. Dans les exploitations CH, seule une RM est uti- lisée en commun par deux exploitations.
Dans le Nord de l’Allemagne, c’est le cas dans les deux plus grosses exploitations.
Dans 27 des 28 exploitations étudiées, les rations d’ensilage sont composées d’en- silage d’herbe et de maïs et comptent en moyenne 6,6 composants. Elles ne con- tiennent que rarement des sous-produits.
On constate que les rations distribuées ne correspondent souvent pas aux rations calculées. La consommation est en général surestimée. On constate égale- ment que certaines exploitations renon- cent parfois complètement au foin ou n’en ajoutent que de très petites quan- tités dans la ration, comme c’est le cas dans les exploitations ND.
Les exploitations CH atteignent des con- sommations de MS plus élevées, aussi bien en ce qui concerne les composants de la ration de base qu’en ce qui concer- ne la ration mélangée. Les exploitations CH tout comme les exploitations ND at- teignent tout juste les 40 % de MS requis dans le mélange. Les restes de crèche ont tendance à être faibles.
Les chefs d’exploitation considèrent la distribution d’une ration mélangée com- me tout à fait positive. 28 des personnes interrogées citent la rationalisation ou l’allègement du travail comme raison principale et 21, l’optimisation de l’af- fouragement et l’augmentation des ren- dements. Parmi les autres raisons citées, on relève également l’amélioration de la santé et de la fécondité des vaches. Enfin quelques exploitations ont également parlé de l’amélioration potentielle des composants du lait, d’une augmentation de la consommation, d’une meilleure persistance et d’un affouragement sim- plifié.
Il est évident que les exploitations les plus grandes sont plus en mesure de tirer par- ti des avantages de la mécanisation sur le plan de l’organisation du travail.
Le temps de travail nécessaire pour effec- tuer le mélange ne dépend que de manière insignifiante du volume du four- rage et donc du nombre de vaches. Ce sont surtout la technique de reprise et les formes de silo qui influencent le temps de travail. A ce niveau, il existe apparem- ment encore des possibilités d’améliora- tions en Suisse.