Possibilités et limites de la gestion extensive de pâturages de montagne J. Troxler, Agroscope Changins-Wädenswil (ACW), 1260 Nyon
A. Chassot, Agroscope Liebefeld-Posieux (ALP), 1725 Posieux Introduction
L’intensité d’utilisation des pâturages de montagne – utilisés jusqu'ici essentiellement pour la production de lait et l’élevage du jeune bétail – a passablement diminué ces dernières années. En dessous de la limite supérieure des forêts, de nombreuses surfaces herbagères sont progressivement envahies par les buissons, puis par des arbres. Elles ne remplissent alors plus leurs fonctions agricoles et paysagères. Pour contrer cette évolution, il s’agit de trouver des systèmes extensifs orientés sur la production de viande et pouvant contribuer à l’entretien du paysage (engraissement extensif de bœufs, vaches allaitantes, production avec des ovins ou d'autres espèces d'herbivores). Il est entendu que ces systèmes doivent être rentables, favoriser le maintien d'une activité agricole et fournir des produits conformes aux attentes du marché.
Depuis 1990, Agroscope ALP et ACW ont effectué une série d’expérimentations sur le site de la Petite Ronde aux Verrières (NE) afin d'étudier la gestion extensive des surfaces non fertilisées en montagne. Les effets du niveau de chargement, de la vitesse de rotation et du système de pâture sur les performances animales, la durée d'estivage et l'évolution de la végétation y ont été étudiés.
Résultats
Performances animales
Le niveau de chargement (3 niveaux testés de 2000 à 2005: 0.6, 1.2 et 1.8 UGB/ha) a eu un effet marqué sur la vitesse de croissance des différentes catégories de jeunes bovins étudiés : bœufs, génisses et veaux sous la mère. Dans le cas du chargement le plus faible, le gain moyen quotidien a été maintenu à un niveau relativement élevé jusqu’en deuxième moitié de saison, contrairement aux chargements plus élevés. Cependant, le gain de poids vif cumulé par unité de surface a décrû avec le niveau de chargement, mais moins que proportionnellement.
Le nombre de rotations par saison d’estivage (2 niveaux testés de 1990 à 1997 : 3 et 5 rotations sur 120 jours de pâture) a eu peu d’effet sur la vitesse de croissance de génisses d’élevage.
Durée d'estivage
La réduction du chargement a permis d’augmenter la durée d’estivage de 105 à 154 jours. D’une part, le début de pâture a été avancé pour mieux maîtriser la croissance rapide de l’herbe au printemps et d’autre part, la fin de pâture a été retardé pour utiliser les stocks d’herbe sur pied. Dans un essai précédent (1990 à 1999), l’effet bénéfique d’un début d'exploitation précoce sur les performances animales et sur la durée de pâture avait déjà été démontré.
Evolution de la végétation
En ce qui concerne la végétation, l’abaissement du chargement conduit à une augmentation des refus vers la fin de saison.
La localisation de ceux-ci reste assez stable d’une année à l’autre, surtout dans les zones avec une quantité de refus élevée.
La gestion minimale qui a été pratiquée à la Petite Ronde, avec seulement 3 parcs par troupeau, a entraîné une très grande hétérogénéité dans l’intensité de pâture du chargement faible. La composition botanique a peu changé entre 2000 et 2004 pour tous les trois niveaux de chargement. Une analyse finale aura lieu au printemps 2006. La suppression d’une fertilisation complémentaire de PK depuis 1987 a un effet dépressif sur le taux de légumineuses. Il se situe actuellement entre 5 et 10%.
Sur le même site, un essai de fertilisation PK à permis d’obtenir un taux entre 10 et 15%. Un chargement élevé n’a pas permis de réduire le nombre de vératres dans les zones infestées.
Des essais sur l’installation des arbres forestiers ont été conduits par le WSL, antenne romande à Lausanne. Malgré un taux d’abroutissement très faible dans certaines zones du chargement faible, il n’y a pas eu d'installation de ligneux. La végétation dense sur des sols assez profonds n’a pas permis aux buissons et aux arbres de s’installer pendant les 5 ans d'observation.
Conclusions
Une diminution du cheptel bovin en montagne n’est pas forcément synonyme d'abandon et d'embuissonnement des surfaces. Un abaissement de la charge en bétail peut être bénéfique pour la performance animale, mais il faut augmenter le nombre de parcs (idéalement 6 à 9) et avancer fortement le début de la pâture. Dans ces conditions, il est possible de maintenir sur nos pâturages de montagne un paysage ouvert et diversifié et d'obtenir un rendement acceptable.
Bibliographie
Troxler, J. & Chassot A. 2004. Effects of the stocking rate on steer performance and vegetation patterns on mountain pastures. Grassland Science in Europe 9: 587 – 589.
Troxler, J. & Jans F. 2000. Optimal management of forage on extensive mountain grazing pastureland: influences on vegetation and animal performance. Grassland Science in Europe 5: 319-321.
Fachtagung "Nachhaltige Nutzung und Biodiversität von Wiesen und Weiden im Alpenraum", 20.01.2006 à la FAL Reckenholz
