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(1)

Eidgenôssische Anstalt

für das forstliche Versuchswesen CH-8903 Birmensdorf

Institut fédéral

de recherches forestières CH-8903 Birmensdorf lstituto federale di ricerche forestali CH-8903 Birmensdorf Swiss Federal lnstitute of Forestry Research CH-8903 Birmensdorf

Novembre 1984

No264

264

Berichte Rapports Rapporti Reports

Werner Landolt, Jürg B. Bucher, Edgar Kaufmann

Dégâts forestiers en Suisse en 1983 (2e partie)

Oxf.:524.61: 48: 181.34: (494) Tiré à part de la «La Forêt» 37 (1984)

(2)

Dégâts forestiers en Suisse en 1983 (2e partie)

Interprétation de l'enquête SANASILVA et de l'analyse des aiguilles d'épicéa du point de vue de la physiologie nutritionnelle

Par W. Landolt, J.B. Bucher et E. Kaufmann (Institut fédéral de recherches forestières à Birmensdorf)

Adaptation française de J,B. Chappuis, Le Sentier

Introduction

Les premières conclusions tirées de l'en- quête SANASILVA et des analyses d'aiguil- les d'épicéa montrent, comme partout ail- leurs en Europe, qu'on ne peut pas exclure que la pollution de l'air exerce une influence notable sur le dépérissement actuel des forêt en Suisse (1). Ces dégâts ne dépen- dent sûrement pas uniquement de certaines impuretés de l'air ou d'autre causes isolées;

ils résultent de l'action simultanée ou suc- cessive de nombreux facteurs, parmi les- quels on mentionne constamment une éventuelle carence en éléments minéraux (2). Le présent article étudie les aspects nutritionnels des dégâts sur la base des analyses d'aiguilles. Celles-ci n'ayant pas été accompagnées d'analyses correspon- dantes des sols, la marge d'interprétation

est limitée. Nous tenterons à nouveau d'éta- blir entre les dégâts.et leurs causes éven- tuelles un rapport épidémiologique et non · causal.

L'alimentation en sels minéraux constitue un facteur primordial pour le développement des plantes et spécialement des essences forestières, qui occupent en général des ter- rains agricoles maigres ou des stations exposées et difficiles d'accès. Les ressour- ces de ces sols se situent dans de nombreux cas en-dessous du niveau optimum et elles limitent la croissance (3). Aussi est-il com- préhensible qu'on répète constamment que le dépérissement proviendrait principale- ment ou même exclusivement d'un déséqui- libre nutritionnel, susceptible d'être corrigé par une fertilisation appropriée, qui rétabli-

(3)

rait la vitalité des arbres ou au moins ralenti- rait leur déclin ou réduirait l'ampleur des dégâts; on gagnerait ainsi du temps pour appliquer les mesures nécessaires de limi- tation des émissions.

Le grand nombre d'échantillons et la briè- veté des délais fixés nous ont obligés à doser en plus des trois principaux polluants

Méthodes de travail

Les résultats de l'enquête, la carte des dégâts, la description du prélèvement des échantillons d'aiguilles et les teneurs en pol- luants ayant déjà fait l'objet d'une publica- tion (La Forêt N° 6, juin 1984), nous ren- voyons à celle-ci les lecteurs qui ne connaî- traient pas le sujet. Une description détaillée de la méthode analytique choisie étant en cours de rédaction, nous nous bornerons ici à l'essentiel. On a déterminé les cations par absorption atomique, après avoir calciné à 450°C et dissous dans de l'acide chlorhydri- que dilué les échantillons d'aiguilles préa- blement séchés et moulus.

Nous disposions des échantillons prélevés sur des épicéas choisis au hasard dans cha- cune des 840 stations formant un réseau à

Dépouillement des résultats

Les doses moyennes mesurées dans les aiguilles de 1982, âgées d'Lr11e année et demi, figurent au tableau 1. Suivant les élé- ments, et notamment pour le fluor et le man- ganèse, leur disp~rsion est très forte pour diverses raisons. Les épicéas poussant en atmosphère pure ne contiennent que des traces de fluor; pour 26 0/o des échantillons, la concentration se situait même en- dessous du ~euil de détectiàn de 1 mg/.kg de matière sèche (MS) et nous l'avons fixée arbitrairement à 0,5 mg/kg MS pour les cal- culs. La forte dispersion provient des

soufre, chlore et fluor, seulement le calcium, le potassium, le magnésium, le manganèse, le fer et le zinc. Il aurait certainement été intéressant de connaître les teneurs d'au- tres éléments mais leur dosage aurait pro- longé excessivement les travaux ou nui à la précision des résultats.

mailles carrées de 8 ou 4 km de côté. Seules les teneurs en calcium étant distribuées nor- malement, nous avons utilisé pour l'analyse statistique des résultats le logarithme des doses mesurées. Les moyennes des deux échantillons de chaque station ont servi à l'établissement des cartes de distribution des divers éléments. Celles-ci devant mettre en évidence les teneurs les plus basses, on a classé les résultats par ordre décroissant;

la première catégorie englobe la moitié des mesures supérieures à la valeur centrale ou médiane; les trois autres catégories sont délimitées de manière à compter chacune un tiers (soit 140 valeurs) de la moitié en- dessous de la médiane.

régions à pollution intense, où les teneurs en fluor mesurées atteignent un multiple des doses normales.

Quant au manganèse, son cas diffère; il est absorbé en quantités plus ou moins grandes car sa concentration sous forme assimilable par les plantes varie beaucoup d'un sol à l'autre. Comme d'autres auteurs (4), nous avons constaté que son coefficient de dis- persion est relativement très grand comparé· aux autres éléments.

(4)

Tableau 1. Doses moyennes des divers éléments dans des aiguilles d'épicéa âgées d'une année et demi (en mg/kg matière sèche)

Moyenne arithmétique

s

915

Cl 475

F 1,97

Ca 8411

Mg 864

K 5620

Mn 668

Fe 70

Zn 31

On sait que la composition chimique des aiguilles varie beaucoup, non seulement d'une station à l'autre, mais aussi d'un arbre à l'autre au même endroit. Aussi Wehrmann (3) recommande-t-il d'analyser les échantil- lons de 15 arbres pour obtenir une moyenne valable. Comme un tel travail dépassait lar- gement nos possibilités, nous nous sommes contentés de deux arbres par station. Pour apprécier dans quelle mesure les différen- ces entre les deux arbres de chaque station

Ecart- Coefficient de

type dispersion

158 0,173

189 0,398

2,20 1,121

2791 . 0,332

269 0,312

1305 0,232

695 1,040

27 0,399

17 0,560

risquaient d'infirmer la validité de nos con- clusions, nous avons établi les cartes des teneurs en soufre, chlore et fluor séparé- ment pour les arbres A et B; elles sont prati- quement identiques à celles déjà publiées (1), basées sur la moyenne des deux arbres.

Cette identité est confirmée par l'analyse de corrélation des paires d'arbres (tableau 2).

Tous les coefficients sont assurés; pour des raisons déjà expliquées, le fluor et le manga- nèse ont les valeurs les plus élevées.

Tableau 2. Coefficients de corrélation linéaire entre les valeurs logarithmiques des concen- trations des divers éléments dfms les arbres A'et B de toutes les stations

Cl

s

F Ca Mg K Mn Fe Zn

=0,08 '0,01

ArbresA/B 0,4725 0,4877 0,8023 0,5831 0,4721 0,4967 0,8079 0,7296 0,5482

(5)

On constate des corrélations entre les tout le cas entre le fer et le fluor, et aussi moyennes des divers éléments. C'est sur- entre le calcium et le zinc (tableau 3).

Tableau 3. Coefficient de corrélation linéaire entre les valeurs logarithmiques des concen- trations des éléments dans les aiguilles d'épicéa (comparaison des moyennes)

s

Cl F Ca

s

1,00

CL 0,1531 1,00

F 0,2467 0,1933 1,00

CA 0,0217 -0,0033 0, 1981 1,00

Mg 0, 1379 0,0891 -0,0116 0,0824 K 0,1885 -0,2052 - 0,0603 0,0268

Mn -0,0344 0,0803 0,0925 -0, 1058

Fe 0,2459 0,2929 0,3908 0,1771

Zn 0,2072 -0,0567 0,1573 0,3273 '0,01 =0,08

!.:analyse des feuilles et des aiguilles rensei- gne bien sur la qualité de l'alimentation des arbres en forêt (3). On trouve dans la littéra- ture des indications empiriques sur les seuils de carence; comme ces valeurs dépendent de la station, de l'âge de l'arbre ou des aiguilles, de la manière de prélever l'échântillon et d'autres facteurs, elles diffè- rent d'un auteur à l'autre (Tableau 4). Nous avons pris comme référence celles figurant au tableau 5. Par rapport à elles, seul 0,24 % des arbres analysés se trouve en-

Mg K Mn Fe Zn

1,00

-0,0891 1,00

-0,0581 -0,3190 1,00 -0,1541 -0, 1206 -0,1462 1,00

0,2200 0, 1214 -0,0982 0,0647. 1,00

dessous du seuil de carence pour le cal- cium; pour le magnésium, le potassium et le manganèse les proportions respectives sont de 0,42 %, 2,3 % et 4,5 %. Tous les arbres ont un approvisionnement suffisant en fer, tandis que la majorité, soit 60,7 %, souffrirait d'une carence de zinc (tableau 5); si nous abaissons à 20mg/kg MS le seuil de 32 mg/kg MS, qui nous paraît exagéré, 22 % des échantillons ont encore des doses inférieures.

Tableau 4. Seuils en-dessous desquels des symptômes de carence peuvent apparaître (teneurs en mg/kg MS)

Wehrmann (3) Fiedler (17) Swan et al. (29,30)

Ca 1000 1900-3000 1000-1200

Mg 200- 700 300 1000-1200

K 1500-3300 3000 3000-4500

Mn 4 - 15 80 (30) 20

Fe 17

Zn 32 (31)

(6)

Tableau 5. Proportion des épicéas avec des teneurs en éléments minéraux inférieures aux seuils de carence

Eléments Proportion d'épicéas en-dessous du seuil de carence

Seuils de carence pour SANASILVA en mg/kg MS

CA 0,24%

Mg 0,42%

K 2,3%

Mn 4,5%

Fe 0,0 %

Zn 60,7%

A notre avis, pour interpréter les résultats de nos analyses, il est plus intéressant d'étu- dier la répartition géographique des teneurs mesurées que d'examiner les moyennes et les corrélations calculées. La répartition du manganèse (figure 2) dépend fortement de l'acidité du sol (figure 1)1. Plus celle-ci est grande, plus les teneurs de cet élément sont élevées. Les plus basses se rencontrent donc sur les sols calcaires alcalins du Jura et des Préalpes, et les plus hautes sur les sols légèrement acides du Plateau ou sur les roches cristallines des Alpes. Fait excep- tion entre autres !'Oberland zurichois, où les concentrations de manganèse sont basses.

Comme le montre le coefficient de corréla- tion négatif au tableau 3 et la comparaison des figures 2 et 3 , cet élément a tendance à être présent faiblement là où les aiguilles contiennent beaucoup de potassium; c'est le cas notamment sur les sols alcalins. Ces deux éléments sont distribués géographi- quement bien autrement que les dégâts forestiers (cf. figures 2, 3 et 8). Il semble donc exclu qu'ils puissent par leur car_ence participer au dépérissement des forêts. Les concentrations de manganèse reflétant sur- tout des propriétés pédologiques déjà con- nues, elles ne fournissent pas d'indices

1) Rapport interne du Dr. A. Wyttenbach, IFR, Würenligen

2500 300 3000 20 17 32

révélant une tendance générale à l'acidifi- cation des sols.·

Seul un nombre minime d'arbres se trouve en-dessous du seuil de carence (tableau 5) admis pour le calcium et le magnésium. La répartition des ces éléments (figures 4 et 5) ne permet pas de les impliquer dans le dépérissement des forêts. Celle du calcium reflète en partie les conditions pédologi- ques et le fait qu'en général nos épicéas occupent des stations leur assurant proba- blement une alimentation suffisante de cet élément. La carte du zinc (figure 6) montre clairement une carence générale de cet élé- ment mais pas de relation avec la réparti- tions des dégâts. Cependant c'est dans le Nord de la Suisse, .où on enregistre la plus forte proportion de dégâts (figures 6 et 8), que les arbres contiennent le plus de zinc.

Le cas du fer est intéressant. Compte tenu de son affinité chimique avec le manga- nèse, on s'attendrait à ce que ces deux élé- ments présentent une répartition analogue.

Tel n'est pas le cas: celle du fer (figure 7) ressemble à celle du soufre, du chlore et du fluor (1 ), et cette dépendance étroite à l'égard de ces polluants est confirmée par le tableau 3.

L'état de santé des arbres ayant fourni les échantillons analysés n'ayant été apprécié que dans quelques cas, les données dispo- nibles pour le comparer avec les teneurs en éléments minéraux étaient restreintes.

(7)

Propriétés du sol

A E Z l ] oH>7 ee=:JpH<7 C ~ p H < 7 O ~ p H < 7 E

lililIIIIIII!

pH < 7

Figure 1. Carte pédologique de Suisse /très simplifiée, d'après 32) A: Zone calcaire du Jura, des Alpes et des Préalpes

B: Etage montagnard inférieur du Plateau et des Préalpes C: Etage collinéen du Plateau

D: Etage montagnard supérieur des Alpes et Préalpes E: Sols acides alpins et s·ud-alpins.

Analyses d'aiguilles Manganèse

Figure 2.

~ &-1D!5PPN

1::J. 106-2'S2PPN

253 -44a PPN

> .... l'Plt

(8)

Analyses d'aiguilles Potassium

Figure 3.

Analyses d'aiguilles Calcium

l:,, tœ-4430-

A 4431 - 5030 PPN

.& 5031 - 5!5!5S PPtf

> """'..,.

f:l. 1to1 - 5743 PPtt

Il, 5744 - 7882 PPH ,. 7DD3 - 1145 PPH

Figure 4. > 11.s ..,.

Figures 2 à 7. Cartes des teneurs en manganèse (fig. 2), en potassium (fig. 3), en calcium (fig.-4), en magnésium (fig. 5), en zinc (fig. 6) et en fer (fig. 7) dans des aiguilles d'épicéa. Valeurs moyennes en ppm (mg/kg de.matière sèche) par emplacement. Les catégories en dessous de la valeur médiane ont été choisies de manière à contenir le même nombre de valeurs (140).

497

(9)

s:

Il):::, (0 ~ :::, 'Zl

:n

~~

(Q C: C C.

N <b 3

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V 1)\ l!l t;! 1 1

1

~ ~

l i

(10)

Analyses d'aiguilles Fer

/::,, 28 - .... PPM

A 49-SSPPH A S&-64PPM

Figure Z , .. PPM

Total des arbres atteints de toutes les essences

Proportions des dégâts

□ EB

0 •

1 - 10 1

ml

11 -

!1!1121 -

20 •

30 • 111111 J1 -

Ill., -

.. . ■

> ,,. •

Figure B. Répartition des dégâts forestiers en Suisse. pondérés d'après la surface, proportions d'arbres maladifs, mala- des, dépérissants et secs (cf. explications dans le texte).

(11)

L'analyse des aiguilles d'arbres sains et malades situés dans une région d'un seul tenant avec des conditions de sol variables sur le Plateau et dans le Jura dans les can- tons d'Argovie, Berne, Bâle-Campagne et Soleure ne met en évidence aucune diffé-

rence permettant d'attribuer les dégâts à une éventuelle carence (tableau 6) d'un des éléments analysés. Ce fait recoupe les constatations similaires faites ailleurs en Suisse, par exemple à Monthey pour le sapin (5) et à Bâle pour le hêtre (6).

Tableau 6. Comparaison des concentrations des divers éléments dans les aiguilles d'épi- céas sains et atteints (cf. 1)

x = valeur moyenne; s = écart type)

Sols alcalins

Nombre d'arbres Cl

s

F Ca

X s X s X s X .S

Sains 23 503± 190 966± 137 1,85 ± 1.07 8683±4529 Maladifs 33 561 +219 1037+191 2,68+ 1,38 8743+2936

Nombre d'arbres Mg K Mn Fe Zn

X s X s X s X s X s

Sains 23 830±303 5606± 1821 131 ± 200 56± 15 29± 14 Maladifs 33 895+414 5885+ 1353 182+260 76+22 37+ 17 Sols acides

Nombre d'arbres Cl

s

F Ca

X s X s X s X s

Sains 23 629± 187 1065±212 2,07 ± 1.11 7645±3140 Maladifs 52 682±224 1021 ± 163 3,08±2,7 7665±2513 Malades 17 639+239 1125+ 289 2,32+ 1.21 8664+2212

Nombre d'arbres Mg K Mn Fe Zn

X s X s X s X s X s

Sains 23 732±245 5147 ± 1534 1043 ± 867 97±44 36±28 Maladifs 52 698±204 4949± 1287 1394± 1409 94±25 31 ± 16 Malades 17 700+226 5288+ 1414 1120+ 1028 139±57 35±14

La comparaison des distributions géogra- phiques des dégâts et des concentrations des éléments minéraux implique que ces dernières soient calculées pour chaque carré du réseau d'échantillonnage; nous avons effectué cette opération de la manière suivante: on a attribué les val.eurs de chaque station au triage forestier dont le centre de

gravité était le plus proche, puis on a calculé la moyenne des valeurs tombant ainsi dans chaque carré. A l'aide d'une analyse par régression linéaire multiple, on a reêherché les relations éventuelles entre les dégâts forestiers, les immissions de polluants et les teneurs en éléments minéraux des aiguilles.

Les coefficients de corrélation et les résul-

(12)

tats de la régression multiple montrent nette- ment une influence prédominante des pol- luants soufre, chlore et fluor, par rapport aux éléments minéraux. Ces interdépendances ne sont pas très fortes, mais sont assurées du point de vue statistique (tableau 7).

Compte tenu de sa corrélation positive avec

le soufre, le chlore et le fluor, le fer semble être associé à la pollution et sa concentra- tion être un indice de la gravité des immis- sions; mais il ne nuit en aucun cas aux arbres car des concentrations élevées de cet élément passent pour un signe de vitalité (3).

Tableau 7. Comparaison de la proportion des dégâts avec les teneurs en éléments des aiguilles d'épicéa dans les divers carrés du réseau d'échantillonnage (nombre de carrés = 416)

a) Coefficients de corrélation*

b) Caractéristiques de la régression linéaire multiple*

c) Coefficient de corrélation de rang d'après Spearmann

* On a utilisé pour ces calculs les valeurs logarithmiques des concentrations T = Valeur-test de Student

P

=

Probabilité d'erreur

Elément a) Coefficients b) Régression de corrélation Coefficient

Cl 0.2715 19.54961

s

0.2419 30.64046

F 0.3043 11.17474

Ca -0.0038

-

5.52041

Mg 0.0630 3.48719

K -0.0274 3.98441

Mn 0.1025 0.82282

Fe 0.2200 3.41016

Zn 0.0634

-

0.64812

Discussion des résultats

Les analyses d'aiguilles prélevées sur des arbres malades, dans les régions forestières allemandes à dégâts, ont fréquemment révélé une carence de calcium et de magné- sium, associée souvent à des teneurs nor- males d'azote, de phosphore et de potas- sium (7). Cette observation n'est pas confir- mée par nos analyses, qui montrent qu'il n'y a pas de différences entre les arbres sains et atteints et que les apports de calcium et magnésium semblent suffisants. Quant au zinc, nos résultats correspondent assez bien avec les études allemandes: Zech et Popp (8) ont trouvé chez des épjcéas et des

lin. multiple c) Coefficient de

T p corrél. de rang

3.671 0.0003 0.2541 2.543 0.0114 0.2411 4.434 0.0000 0.2510 -0.938 0.3486 0.0078 0.512 0.6086 0.0206 0.442 0.6589 -0.0381 0.482 0.6300 0.0950 0.547 0.5845 0.2337 -0.131 0.8959 0.0309

sapins malades du NE des Alpes bavaroises moyennes une carence de magnésium et de zinc; ce dernier notamment n'atteignait que 9 -13 mg/kg MS dans les aiguilles malades et 21 - 27 mg/kg dans les saines. Zôttl et Mies (9) ont fait les mêmes constatations sur des épicéas malades dans les zones supé- rieures du Sud de la Forêt Noire. Ces auteurs et d'autres encore (7) pensent que ces carences résultent moins d'un déficit d'absorption par les racines que d'un lessi- vage accru des éléments minéraux hors des aiguilles endommagées. Elles se manifeste- raient en priorité pour les éléments dont le

501

(13)

remplacement par absorption dans le sol serait le plus difficile (7). Toutes les atteintes aux membranes cellulaires des aiguilles sont capables de déclencher de tels phéno- mènes de lessivage; parmi ces atteintes, on cite le plus souvent l'action de l'ozone et d'autres oxydants photochimiques ainsi que le gel. Les pluies acides favorisent ce pro- cessus (7, 9, 10). Grâce à des analyses de précipitations, Schrimpf(11) a constaté que la forte acidité du brouillard attaque la cuti- cule des aiguilles des conifères en hiver et favorise ainsi un lessivage accru des élé- ments minéraux. En revanche Ulrich et Matzner (12) attribuent les dégâts forestiers au lessivage de calcium et magnésium dans le sol sous l'effet des pluies acides. Elles libéreraient aussi les ions aluminium toxi- ques, qui provoqueraient des lésions aux racines. Mais Zôttl (13) exclut ce dernier phénomène; selon lui il existerait entre l'alu- minium et le calcium et le magnésium un antagonisme entravant l'absorption de ces deux derniers ions.

Les résultats obtenus ne nous permettent pas d'apprécier dans quelle mesure ces diverses hypothèses s'appliquent en Suisse. Soulignons que les dégâts forestiers ne peuvent pas être expliqués par une carence en zinc ou par les quelques cas iso- lés de carence manganique. Dans une atmosphère aussi polluée que la nôtre, une mauvaise alimentation constitue sûrement un facteur de stress à prendre au sérieux. Si autrefois les arbres survivaient, sur les sols pauvres, aujourd'hui ils dépérissent de plus en plus (14).

Certains symptômes du dépérissement res- semblent à ceux de carences. Le manque de zinc, oligo-élément essentiel, provoque une atrophie des aiguilles et des feuilles (15) et, d'après Smith et Bayliss (16) un aplatis- sement des cimes de Pinus radiata. La deuxième en importance des carences observées chez nous, celle de manganèse, se manifeste sur les sols alcalins par un jau- nissement des aiguilles de l'année à l'inté- rieur des parties basses et moyennes des

cimes d'épicéa et de sapin (17). Ce symptôme apparaît surtout en hiver et s'ob- serve dans notre pays; bien que typique, il n'est pas toujours déclenché par une carence, mais parfois aussi par des impure- tés de l'air (18). Nous ne contestons pas que sur quelques stations de notre pays règne une carence de certains éléments miné- raux, laquelle se manifeste par les symptô- mes observés. Cependant nos analyses et la distribution géographique des divers élé- ments nous incitent à accorder sans aucun doute plus de crédit à l'hypothèse selon laquelle la pollution est responsable du dépérissement des forêts; cette opinion est confirmée par la richesse en fer des aiguil- les. A ce propos signalons les intéressantes observations de Mayer (19), qui attribue des teneurs élevées en fer dans des aiguilles d'épicéa à une pollution de l'air par la pous- sière du sol. Laaksovirta et Olkkonen (20) signalent en outre que le fer peut provenir de la poussière due au trafic et qu'il joue ainsi le rôle d'un indicateur de pollution.

Que les impuretés atmosphériques soient coresponsables de l'extension actuelle des dégâts forestiers (5) est admis aujourd'hui par une large partie du public et n'est plus guère contesté par les scientifiques. Ceux-ci sont aussi d'accord qu'une réduction draco- nienne des émissions constitue la seule mesure efficace de lutte. On réclame sou- vent des interventions forestières sous forme d'une «fumure thérapeutique» desti- née à stimuler la vitalité des peuplements en facilitant la décomposition régulière de la litière et des ions lessivés dans les aiguilles (14). Elle stimulerait aussi le développement initial des jeunes peuplements et stabilise- rait le sol. On préconise en Allemagne avant tout des chaulages (21); en Suisse on évo- que aussi des interventions de ce genre (6).

Bien que ces fumures n'aient qu'un carac- tère temporaire, nous mettons en garde con- tre les actions irréfléchies car il est à crain- dre que les mesures prévues se prolongent assez longtemps et qu'on doive probable- ment les appliquer schématiquement et à grande échelle. De même que la construc-

(14)

tion de très hautes cheminées a contribué à reporter au loin et à plus tard les dégâts dus aux émissions polluantes, il faut s'attendre en forêt .aussi à un décalage de plusieurs années entre l'époque de la fertilisation et l'apparition des ses conséquences néfas- tes. Rappelons en effet que les arbres n'utili- seront qu'une partie de l'engrais répandu et que les excédents s'infiltreront dans le sol et détérioreront la qualité des eaux (22). La pol- lution des sources et des nappes phréati- ques par les phosphates et les nitrates d'ori- gine agricole montre les conséquences extrêmes de la fertilisation (23, 24). A notre avis, les expériences actuelles ne suffisent pas encore pour généraliser la fumure thé- rapeutique. Certes, en Haute-Franconie, des doses d'engrais concentrées pied par pied ont permis de revivifier des sapins (25), alors qu'en Forêt Noire, sur des grès bigar- rés, la fumure n'a pas eu d'effet visible sur les aiguilles de sapins et d'épicéas (26); au contraire, la vitalité de ces derniers a même semblé souffrir de l'élévation du pH du sol.

Biblio~raphie

En outre, en contrôlant un ancien essai de fumure, Kenk et al. (27) n'ont trouvé pour ainsi dire aucune différence entre l'état sani- taire des peuplements d'épicéa et de sapin ayant reçu de l'engrais et celui des surfaces témoins. Evers (28), qui recommande à titre de protection contre les immissions une cer- taine fumure des peuplements sains ou légèrement atteints, la déconseille dans les peuplements âgés, déjà sévèrement tou- chés; il conteste donc l'utilité d'une fumure thérapeutique et met clairement en garde contre les chaulages ou les fumures désor- données dans toutes les stations. Compte tenu de toutes ces considérations et du résultat de nos analyses d'aiguilles d'épicéa prélevées dans tout le pays, nous considé- rons comme déplacée une fertilisation à grande échelle; nous n'avons constaté aucune différence significative dans la com- position chimique des aiguilles d'arbres sains et malades et aucune carence généra- lisée d'un élément ou d'un autre.

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