règle.
En
1645, auretour
des vendanges,il
y eut à Bellelay une scène des plus tragiques ; c'est un spécimen de cequ'étaient
alors les mœurs monastiques. Nous larapporterons
enco-piant
textuellement lejournal
del'abbé
Jean-Pierre: «Le
30 novembre 1645 lepropre jour
deSt-André
apostre, à sept heures et demie dusoir,
pendant complies, deuxreligieux
prestres estant demeurés hors complies, commemalades dans lepoille
du couvent, se sontquerreler
de tellesorte
(*) A celte époque il y avait à peine 25 à 50 religieux à Bellelay. Dans les derniers temps de l'abbaye ce nombre étaitde 55 à 42 et 4 frères exerçant
les professions de maréchal, tonnelier et autres.
En 1200 l'abbaye de Citeaux avait dans ses caves 20 mille mesures de vin. Capefigue. //isfoirc de P/iibppe-âîtpwsfe, t. II. 187. — Le maîtredu ré-fecloire ne faisait plus usage du petit vase pour mesurer le vin le jMsfici«
haïdesmoines.
que
l'un tirant
son Cousteau le va fischer dans leventre
del'autre
à laprofondeur
d'un pied ; maispar
la providence de Dieu, lebarbier
estant seulementarrivé, lui
estancha le sang, et espéronsqu'il
n'en mourrapoint.
Lereligieux
qu'a donné le coup de cousleau,inslinctu diaboli,
s'appellePierre Petit-Richard
dePourrentruy,
lequel depuisplusieurs
années n'a jamaisrien faict, ni
assisté à choeur,ni
leu messe,ni
seule-ment servi une petite messe ains s'est
toujours fait
maladeen dépit des supérieurs et nous ont
toujours
attesté les doc-teurspar leur
foyicelui
n'estre malade. Enfiniceluy Pierre Fetil-Richard n'ai jamais fait
bien, ains a toujours esté odieux de la discipline ettoujours incité
un et aulre contre toussu-périeurs. L'aultre religieux
qui a reçu le coup estsupprieur
et s'appelle Claude Borne de Charmavillard enBourgogne,
lequel est de bonne vie. »« Le 16 Juin 1646, avons envoyé nos deux
religieux
mes-sire Jean-Henry Batteny et mesmes-sire Jean-George Schwaller prèsdu nonceapostolique causant le coup de cousteau donnépar l'instinct
du diablepar F. Pierre Petit-Richard
àsup-prieur
ClaudeBorne;
etleur
avons donné une belledoublelte
(gobelet),d'argent
entièrement doréepour offrir
en passant à Soleure àM.
Barthelemé qu'est esté ces années passées commandant en nostre abbaye de Bellelay. s«
Le
6 août1646, M.
François de la Fosse, abbé de Corneul et mous, le prévost de Gray, ensembled'un
reli-gieux de Corneul etM.
le Blauc sont sortis deBellelay,
aux-quels abbé et prévost avons donné la somme de 27 pistoles et un chevalpour
le moins dehuit
àneuf
pistoles qu'avonsfait
présent audit abbé.A
sonreligieux
avonsfait
présent d'un blanc chappeau deMillan,
et letout
à sujet de nostrereligieux,
PierePetit-Richard, pour avoir
lejour deSt-André,
fisché un cousteau soub le cœur deF.
Claude Borne.Voilà
comme se conduisent les mauvaisreligieux
du présent siècle.»Mais
Petit-Richard n'était
pas le seul mauvais moine de Bellelay, car sons la date du 22 décembre 1647, l'abbéécrit
:« Nous avons envoyé en
cour
après deM.
le vicaire général»
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nostre religieux F. Vernier Brunner, de Soleure, pour être admis en la cure de Greulzigen. Dieu lui fasse grace mieulx vivre à l'advenir, car
s'il
faitbien, plusieurs seront trompés ;et
lui
pardonnons de bon cœur de tant de molestations et fasclieriesqu'il
nous a toujours fait estant à couvent. Nouslui
avons donné en argent dix livres de Basle. Son serviteur est Jean la Chausse deFornet qu'estoit notreportier.
»Un peu plus tard Petit-Ricliard, après avoir subi diverses peines canoniqueset corporelles, mais seulement infligées par ses supérieurs ecclésiastiques,
obtint
aussi une cure. On se débarrassait au couvent des mauvais moines en les envoyant desservir des paroisses et Dieu sait aussi si plusieurs ne fu-rent pas trompés.Alors, non-seulement plusieurs religieux ne remplissaient aucun de leurs devoirs, mais d'autres tout en passant pour
des hommes bien
méritants,
s'occupaient cependant de toutes sortes de trades et d'affaires absolument en dehors des dispositions des statuts de leur ordre.L'abbé Jean-Pierre Cuenattermina sesMémoires le19 août 1659, vingt ans après les avoir commencés. Nous croyons que ce fut de son temps qu'on
bùtit
le pont de pierre jeté sur le ruisseau qui descend des Genevez et traverse la prairiede Bellelay. On remarque que, dans les grosses pierres qui forment les garde-fous de ce pont, on a ménagé ou taillé des
espèces de sièges au nombre de six de chaque côté du pont.
On montre bien dans la Prévôté de Moulier, quelques blocs de rocher du reste assez informes, dans lesquels on veut reconnaître des prie-dieu ou des sièges de St-Germain qui ont pris miraculeusement la forme des parties du corps de ce vénérable abbé,
lorsqu'il
faisait usage de ces roches; maisà Bellelay
il
ne s'agit nullement de miracle, mais bien desièges taillés de façon à représenter les stalles d'une église;
Dans les beaux
jours
d'été, lorsque toute la jeunesse des Genevez et du voisinagearrivait
dans cette prairie pour faireles foins de l'abbaye, les moines allaient se mêler à ces joyeux faneurs et comme l'heure de vêpres sonnait
sou-vent pendant qu'ils étaient dans la prairie, ils avaient trouvé suffisant de chanter vêpres sous la voûte du ciel. Toutefois, comme on n'était pas toujours assis
fort
à l'aise sur cetteprairie
marécageuse ils s'avisèrent de convertir le pont enlutrin
et ils s'asseyaient gravement en face lesunsdes autres pour psalmodier commodément les vêpres surles sièges dupont.
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in. BELLELAY.