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pour titre : Le cunfow <Ze FauP Le genre descriptif y tient

Im Dokument Un poète national : Juste Olivier (Seite 36-43)

une place considérable, mais

il

n'a rien de la

prétention

boursouflée

ni

de l'élégance pédantesque de l'école des

St-Lambert,

Delille

et autres

rimeurs

aussi peu inspirés que bien oubliés. Le poème date de 1831. Nous sommes en pleine période d'effervescence romantique. Les ilfécfî-fations ont paru et laissé dans toute la France une inalté-rable admiration.

Victor

Hugo s'est posé en

rival

de

La-martine

dans ses (Mes et ses Orientales et ses

Penises cZL-iutomue. Le correct et majestueux Alfred de

Vigny chante Musset folâtre, à l'extrême gauche du romantisme, entre Z)<m Paee: et la fameuse PaWatïe à

ia Lîtne.

Notre poète, lors de son

premier

séjour à Paris, s'est trouvé dans la société de presque tous les coryphées de la nouvelle école.

Il

est resté national, mais

il

est devenu

romantique, non

point

par système, mais parce

qu'il

en-trevoyait dans les tendances de la poésie, représentée par Hugo etLamartine, une forme plus naturelle, plus

vivante

de

l'Art

que dans les vieux clichés classiques. La

rime

est soignée, le vers harmonieux,

l'inversion

rare. Ce

n'est

pas encore la perfection parnassienne

d'un

Banville ou d'un Lecomte de Lisle. Mais

il

y a progrès très-sérieux sur les pastiches à la Baour

Lormian

en vogue dans la Suisse romande. Ainsi

l'on

ne

ferait

plus guère

rimer

« austère » avec « mère » et

l'on n'écrirait

plus des vers comme ceux-ci :

Ce lac jw'en vain je veux cAasser de mes faMeaux, Ou

J'aime du ver! matin l'humide et frais sourire.

Ou bien

Tous souvenirs de gloire et d'un tfye p/us doux'.

Ce sont des ressouvenances classiques dont Olivier n'avait pas su se dépouiller entièrement. Ces légers dé-fauts de versification sont largement compensés par de très-beaux alexandrins :

Là, Morges se cachait près de ses grands roseaux Que le vent fait gémir et trembler dans les eaux ;

De son donjon royal dominanf les villages,

Wulflens m'apparaissait comme un tombeau des âges l'étranger, qui monte au sommet du vieux fort, Sent partout la fraîcheur du souffle de la mort.

407

Puis la Côte riante et ses blanches maisons Ceintes de pampres verts dans les belles saisons, Je la voyais, plus bas, sous les brumes mobiles ;

Devinant les hameaux groupés autour des villes,

Je cherchais à saisir s'il ne m'en viendrait pas

Des romances d'amour et des chants de soldats.

Ne croirait-on pas

lire

du

iîrizetcc

vaudois Et ces vers délicieux ne

rappellent-ils

pas le chantre des plages

bre-tonnes et des antiques châteaux

d'Armorique?

0 rochers d'Azeindaz, val qui touche les nues, la lune à minuit descend sur le glacier; Chalets de Taveyanne ; 0 forêts bien connues Que rougissait la fraise aux parois du sentier; Fraîches lies d'Ormont, en des lacs de verdure, l'érable, le soir, frissonne au long murmure Qui vient des Diablerets sur la cascade obscure;

Neiges, ponts du chamois qu'il ne fait pas plier

Voici

du Brizeux maintenant et du

meilleur.

Que

l'on

fasse la comparaison. Elle n'est pas au désavantage de Juste

Olivier

:

Toujours tu brilleras parmi mes rêveries, Paroisse verdoyante aux collines fleuries.

0 terre dont les pieds plongent dans le Léta Et qui reçut, d'un saint, ce doux nom, Lô-Théa ; Tout enfant, je t'aimais pour ce beau nom sonore, Aujourd'hui, Lo-Théa, je t'aime plus encore

Pour les riantes fleurs d'innocence et d'amour Qu'en passant sous tes bois, j'ai pu cueillir un jour

Changez les noms propres, vous vous demanderez quels vers sont de

l'auteur

de

ilf«ne,

quelles strophes sont

d'Olivier. Il

y aurait

lieu,

si

j'en

avais le

loisir,

de faire un rapprochement très-intéressant entre ces deux natures de poètes intimes et subtils.

Ce poème du Canfrm rfe FiracZ reste, malgré quelques menus défauts,

l'une

des plus charmantes pages

d'Olivier.

Il

y

court

un souffle patriotique, à

la

fois attendri et

puis-sant. L'enfantdu pays et le poète chantentàl'unisson

leur patrie

et leurs amours.

Il

me

plaît

de

rattacher

à ce poème, un des premiers morceaux publiés par Juste

Olivier

:

.L'avenir.

Cette pièce de vers est dédiée aux étudiants de Lausanne. Son

but

est

tout

dans son

titre.

J'y relèverais sans doute quelques obscurités et pas mal de longueurs, surtout dans la

moi-tié qu'il

a écrite en 1831. La

fin

qui a été composée en 1845 est bien moins sujette à des critiques de forme.

C'est un appel fiévreux à la jeunesse, une évocation passionnée de toutes les forces vives du pays

pour

régé-nérer le présent et

entrer

dans

l'avenir

sans défaillances

ni

regrets.

Jeunes Vaudois; que vous dirai-je encore C'est bien assez, si vous m'avez compris.

Quand vous voyez ce que le temps dévore ; Quand le présent lui-même a ses débris ; Ne craignez rien C'est une œuvre sublime Qui s'accomplit, sous d'invisibles pas.

Vers le passé ne vous retournez pas ;

De l'avenir déjà brille la cîme.

Ainsi nos monts ont leurs pieds dans la nuit

Que leur sommet, tout seul, s'enflamme et luit.

Je ne souscris

point

àtous ces vers. L'idée en estgrande et presque toujours heureusement exprimée. C'est beau-coup.

Parmi les C/tawfe îtafiowawte de Juste Olivier,

il

en est

d'admirables.

Tout

le monde sait cela, car

tout

le monde les a chantés.

Ils

sont, pour la

plupart,

classiques en Suisse. Quin'a entonné dans sajeunesse, le

Cri

tZe t/tterre

Dans nos cités, dans nos villages, Un cri de guerre est descendu.

L'écho des monts et des rivages A ce signal a répondu.

409

Au bruit du vent, tremblent nos toits rustiques ; La foudre luit et gronde autour de nous.

Ne craignez rien, petites Républiques La liberté veille sur vous.

Ce sont là des accents patriotiques sincères qui

vont

ou cœur et l'enflamment. Et

s'il

y a quelque chose en Suisse pour bien

entretenir

nos sentiments d'indépen-dance,

je

ne connais rien de plus efficace que ces chants nationaux appris sur les bancs de l'école et qui vous

res-tent,

durant toute la vie,, là, dans la

poitrine,

commeune image vivante de la patrie.

L'ZJmon composée pour le

Tir

fédéral de 4828 ne

ren-ferme pas de moins beaux vers. Je n'en

dirai

pas autant du C/timf de Mais voici l'iZeteéù'e, notre

Ifarsed-Zaise à nous, mais une

il/arsei^aise

de concorde, de con-fiance et d'amour, si sereine et si touchante que

je

ne

sais

rien

de plus inspiré dans aucune langue : Il est amis une terre sacrée,

tous ses fils veulent au moins mourir.

Du haut des monts dont elle est entourée Lequel de nous la vit sans s'attendrir

Cimes qu'argente une neigedurcie,

Rocs, dans les airs, dressés comme des tours, Vallons fleuris, Ilelvétie Helvétie

C'est toi, c'est toi que nous aimons toujours La liberté, depuis les anciens âges,

-Jusques à ceux où flottent nos destins, Aime à poser ses pieds nus et sauvages Sur les gazons qu'ombragent tes sapins.

Là, sa voix forte éclate et s'associe Avec la foudre et ses roulements sourds.

A cette voix, Helvétie Ilelvétie

Nous répondrons, nous qui t'aimons toujours.

Nous qui t'aimions, nous qui de cime en cime, Etions si fiers de ton rude sentier,

Si nous pleurons, nous penchant sur l'abîme Que tu le plais parfois à défier ;

-Si nous rions dans ta nue épaissie,

Comme l'on rit quand on crie au secours, Tu le sais bien, Helvélie Helvélie!

Nous qui t'aimons, nous t'aimerons toujours.

Je ne puis assez insister sur la beauté de ces stances.

Elles sont comme

l'idéal

des chants nationaux et les Suisses les

rediront

longtemps.

Quelque regret que

j'en

aie,

il

faut me borner k

citer

: le Tïetta; Da/tarpe, Jeitne Sefoéfie, les

Derniers

com-6a£fanis, pour saluer les Chansons /te^yéfigttes

qu'Olivier

a composées

pour

la Société de bienfaisance de Paris.

Elles sont au nombre de

trois,

également dignes de toutes nos louanges. J'hésite entre la première et la seconde.

Voici deux strophes de

l'une

et de

l'autre.

J'aimerais

tout

donner, mais l'espace et le temps me manquent :

Quand nous étions jeunes sur la montagne Quel horizon s'étalait à nos yeux

Et, dans les airs, quels châteaux en Espagne Rêves d'azur ou même d'un peu mieux.

D'azur ou d'or, de fumée ou de flamme, Sont-ils tombés au souffle des autans

Restons du moins jeunes de cœur et d'âme, Soyons amis comme on l'est à vingt ans.

Ecoutez la dernière strophe de la seconde de ces chansons :

Mais voyez-vous, battu des vents contraires,

Cet homme errant, sans travail et sans pain

Ses yeux aussi, car c'est un de nos frères, Rêvent aux lacs, aux grands bois de sapin.

Ah tendons-lui notre main fraternelle Aidé, guidé, qu'il renaisse à l'espoir

Pays des monts, qu'à nos cœurs il rappelle,

Dans l'œil d'un frère,

il

est doux de te voir.

Est-il

besoin d'ajouter des éloges à ces citations?

Béranger a-t-il rien

fait

de plus beau, de plus parfait

411

J'en

arrive

aux chansons politiques

d'Olivier.

On

n'i-gnore pas ce que valent et ce que durent des productions

de cette sorte. Elles naissent et

meurent

avec les événe-ments et les hommes qui les ont suscitées,

surtout

lors-qu'elles ont pour objet des faits locaux dont

l'histoire

ne s'occupera

point

et que personne ne recueille. Los Vau-dois ont de

l'esprit,

mêlé de sel attiquo et de

brio

gau-lois.

Ils

ne possèdent sans doute pas la vivacité, l'à-propos du Parisien. Mais

ils

ne sont

rien

moins que dépourvus

de ce «

petit

coin moqueur » dont

Olivier

nous parle dans une de ses lettres.

Notre poète, mieux que

tout

autre, maniait et

tournait

l'épigramme, chansonnant, de façon

preste,

choses

ridi-cules et petits grands hommes. Désirez-vous quelques extraits de ces biuettes humoristiques Lisez :

Quand on aimait, sans phrase aucune, On le disait bien tendrement ;

On n'allait pas faire à la lune Maint triste et mauvais compliment.

On aurait su fort mal décrire Son cœur, dire au long ce qu'il a ; Mais on ne pleurait pas pour rire.

Hélas qu'y faire enfin, voilà Oui, c'est fini tout dégénère.

Notre vieux monde est tout gâté ;

Il entre dans la nouvelle ère l'on s'ennuie en liberté.

Dès qu'on fit les rois en fabrique, Celui d'Yvetot s'en alla.

Il n'est resté que sa bourrique.

Hélas qu'y faire?... enfin, voilà

Ceci est

tiré

du .Bon wewa; ternes ftefcétî'qtte. Voulez-vous quelque chose de plus agressif? Le .Bon

consent«-£e«r vous satisfera :

Je ne suis pas de ceux qui ne respirent Qu'orage, trouble et révolution.

De lutte en lutte, ainsi nos maux empirent.

J'aime la paix, je hais l'ambition.

Pourquoi ce bruit qui toujours me réveille Mon lit est fait Dans un songe flatteur, J'y dors si bien sur l'une et l'autre oreille.

Conservez-moi je suis conservateur.

Tel qui descend le matin, dans la rue

Ne sait prendre hélas son pain du soir.

La faim le presse, il cherche, il s'évertue ;

Presque toujours il finit par l'avoir.

Oh l'appétit est un bon chien de chasse Moi, je n'ai plus celui d'un sénateur ;

Pourtant je dîne et prends ma demi-tasse.

» Conservez-moi je suis conservateur.

Ce sont, en somme, boutades très-gaies et point me-chantes empreintes d'une bonhomie railleuse mais d'une finesse souvent remarquable. Avez-vous remarqué ce du second couplet et cette excellente réflexion bourgeoise :

Oh l'appétit est un bon chien de chasse

A

-Bas,

A

mon ami

LWer,

ce malheureux qui n'a

rien

Que de l'esprit et du courage,

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