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Structure du rapport

1.1 Situation actuelle au Cameroun

Au Cameroun, le paysage des acteurs locaux du développement s’est méta-morphosé depuis une quinzaine d’années. La crise économique et la défini-tion de nouvelles politiques de développement soutenues par le Fonds Moné-taire International (FMI) et la Banque Mondiale (BM) à la fin des années 1980, ont contraint l’Etat camerounais à diminuer considérablement ses dé-penses publiques. Conséquence : les ressources publiques, déjà limitées, ont été en grande partie absorbées par le seul fonctionnement d’une administra-tion aux effectifs pléthoriques.

Dans le cadre de l’élaboration du « Document de stratégie de réduction de la pauvreté » (DSRP) le Gouvernement camerounais poursuit actuellement une stratégie de développement rural qui accorde un rôle croissant aux structures non étatiques. Cette stratégie comprend entre autres les éléments suivants :

• la promotion d’un partenariat entre l’Etat, les ONG, la société civile et le secteur privé

• la poursuite du désengagement de l’Etat des sphères de production et de distribution des biens et services marchands par le renforcement des ca-pacités du secteur privé et des instances de concertation (voir FIDA 2002a).

La mise en œuvre de cette stratégie nécessite une modernisation du Minis-tère de l’Agriculture (MINAGRI), notamment de la « Direction du génie rural et du développement communautaire (DGRDC) » qui intervient en milieu

ru-ral. Actuellement, des réflexions sont menées afin de repenser le mode d’intervention de cette Direction. Des projets et programmes internationaux travaillant sous la tutelle du MINAGRI sont ainsi perçus comme des moyens de moderniser le rôle et l’action de la DGRDC.

Ci-dessous, un bref aperçu de la DGRDC et des opérateurs non étatiques.

1.1.1 Direction du génie rural et du développement commu-nautaire

Dans le domaine du développement rural, l’autorité publique compétente au niveau des arrondissements est la DGRDC. Elle comprend trois sous-directions : celle du développement communautaire, celle des coopératives et groupements ainsi que celle du génie rural. Les actions des deux premières sous-directions portent essentiellement sur la mobilisation et l’éducation des populations rurales, l’identification et l’étude de projets d’intérêt communau-taire, la formation dans le domaine des activités génératrices de revenus (AGR), l’organisation et la formation des comités villageois de développe-ment ainsi que la lutte contre les maladies sexuelledéveloppe-ment transmissibles (MST) et le VIH/SIDA. Dans le domaine du génie rural, les actions concernent l’hydraulique villageoise, les constructions rurales et la mécanisation agricole (voir FIDA 2002a :7).

La DGRDC dispose de 950 techniciens agricoles et spécialistes du génie ru-ral, formés au développement communautaire ou à l’organisation coopéra-tive. Ils sont stationnés dans des centres délocalisés sur l’ensemble du terri-toire. Comme la plupart des administrations publiques au Cameroun, le nom-bre des actions menées sur le terrain par la DGRDC est très limité. Celles-ci sont surtout assurées grâce à l'appui de projets dépendants de financements extérieurs.

Dans de nombreux cas, les agents ne peuvent effectuer leur travail faute de moyens. Entre autres exemples, leur capacité de déplacement est limitée car ils ne peuvent financer le carburant de leurs motos. Par conséquent, les ca-dres du secteur public, mal payés, offrent souvent leur expertise à des struc-tures privées, notamment à des ONG qui profitent de leurs expériences sur le terrain pour l’exécution de leurs propres projets (voir FIDA 2002a :5-6).

L’Etat camerounais n’a jusqu’à présent pas suffisamment réagi à cette situa-tion. Le sort de la DGRDC reste – comme celui d’autres services publics – incertain. Le futur de ses agents de terrain n’est pas encore clarifié et la DGRDC ne sait ni dans quelle direction elle va se développer ni quel rôle elle devra assumer à l’avenir. En tous cas, elle ne se considère pas comme un prestataire de services et donc pas comme la concurrente des opérateurs privés. Il est urgent de soutenir la Direction dans la recherche de solutions pour sortir de cette situation précaire. Dans l’optique d’une nouvelle politique de collaboration avec le secteur privé, les responsables de la DGRDC comp-tent fortement sur l’appui des projets et programmes de développement in-ternationaux pour définir le rôle futur de leur administration.

1.1.2 Opérateurs non étatiques

En dehors d’un nombre restreint de bureaux d’études agissant selon les lois du secteur privé, une multitude d’organisations à but non lucratif s’est cons-tituée au Cameroun à partir des années 1990. La crise économique des an-nées 1980-90 avait révélé que les institutions publiques ne pouvaient seules subvenir au bien-être économique des populations qui vivent en marge.

Confronté à cette situation, et sous l’effet de revendications politiques, le gouvernement camerounais a adopté la loi sur la liberté d’association en 1990. Celle-ci a favorisé la prolifération d’organisations non étatiques.

Avant 1990, on ne trouvait que quelques ONG2 « de droit international », c’est à dire des ONG fondées à l’étranger et dépendantes de bailleurs de fonds internationaux. La nouvelle loi, bien qu’elle ne mentionne pas le terme d’ONG, permettait de créer de nouvelles organisations dans le pays même. A partir de 1990, on a pu assister à l’apparition d’une grande diversité de structures allant du niveau local jusqu’au niveau national et couvrant tous les domaines sociaux. D’après des données officielles, il y aurait au Cameroun environ 20.500 groupes et associations. Des estimations plus prudentes en dénombrent environ 10.000 dont 2.500 à Yaoundé et autant à Douala, le centre commercial et industriel du Cameroun (voir MORAZAN 2000 :6-7). Les motivations des créateurs d’association oscillent entre de réelles tentatives

2 Dans le cadre de l’étude, le terme « organisation non gouvernementale » (ONG) est utilisé pour les organisations qui se comprennent comme telles, même si leur statut légal n’y correspond pas.

d’organiser des intérêts sociaux et la simple volonté de créer des emplois dans une situation économique difficile3.

En 1999, l’Etat camerounais a créé un cadre juridique approprié pour les ONG nationales, cadre qui faisait défaut jusque-là. La loi de 1999 a introduit la possibilité d’obtenir le statut d’ONG. Son obtention dépend du Ministère chargé de l’administration territoriale qui délivre alors un certificat de recon-naissance en cas d’examen positif. Au terme de la loi de 1999, les ONG par-ticipent à l’exécution des missions d’intérêt général dont les pouvoirs publics délimitent le domaine. Quatre ans après l’introduction de cette loi, moins de dix associations ont reçu la certification « ONG » ce qui est, apparemment, dû aux critères très stricts exigés pour la constitution des dossiers de de-mande.

Aujourd’hui, les structures non étatiques jouent un rôle croissant dans la so-ciété camerounaise en tant que promoteurs du développement rural. Dans le contexte de l’élaboration du DSRP et de la représentation de la société civile au Comité consultatif et de suivi de la gestion des ressources des Pays pau-vres très endettés (PPTE), on leur accorde également de plus en plus d’importance sur le plan international.