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Pour une lecture autobiographique de deux romanciers juifs

Jean-Luc Benoziglio et Myriam Anissimov

C'est par quelques questions que je me propose d'entamer cette otude con-sacroe a deux romanciers contemporains. Est-il possible de doceler un dis-cours autobiographique chez des auteurs dont je (le lecteur) ignore tout ou presque? Comment savoir, sinon par leurs propres indications, qu'il s'agit d'ecrivains juifs? Et peut-on entreprendre une analyse autobiographique alors que ces auteurs eux-memes ne dosignent pas leurs oeuvres comme au-tobiographiques, mais explicitement comme romans? Entreprise d'autant plus ddicate que Jean-Luc Benoziglio et Myriam Anissimov sont ignores des monographies theoriques et des etudes historiques consacrees a 1'auto-biographic, au roman autobiographique ou encore a 1'autofiction. En effet, leur nom n'apparait pas dans les otudes consacroes ä ce genre, ils ne sont evoques ni dans les ouvrages «classiques» de Philippe Lejeune ni dans celui de Jacques et Eliane Lecarme; on les cherche en vain dans la Präsentation de La litterature du moi en 50 ouvrages d'Eliane Itti qui, soit dit en passant, ne fait meme pas mention de Serge Doubrovsky.1 II me semble pourtant que ces deux romanciers, Anissimov et Benoziglio, nes tous les deux pendant la seconde guerre mondiale en Suisse, auraient leur place dans le debat et les interrogations autour de Tocriture autobiographique, puisqu'ils accordent, ce que j'essaierai de domontrer, dans leurs oeuvres de fiction une part non negligeable a leur vie.

Les premieres donnees biographiques susceptibles de doterminer I'impact autobiographique chez les deux auteurs proviennent d'oloments peritextuels, du priere d'insorer, de notices biographiques, de la quatrieme de couverture.

D'un livre a 1'autre, les informations poritextuelles peuvent se trouver am-plifioes et en quelque sorte permutoes. Ainsi pour Myriam Anissimov. Son premier roman Comment va Rachel? (1973) ne contient pas de notice bio-graphique, mais une dedicace (A Yankel Frydman, ocrivain yiddish. A Bella Frydman) qui apporte une connotation certaine avec le monde juif, et

1 Philippe Lejeune: Le pacte autobiographique. Nouvelle odition. Paris 1996; Jacques Lecarme / Eliane Lecanne-Tabone: L'autobiographic. Paris X1998; Eliane Itti: La littora-ture du moi en 50 ouvrages. Paris 1996.

un priere d'insurer qui ne fait aucune allusion a ce monde.2 Les livres suivants sont plus explicites. Us contiennent tous, pour reprendre la dofinition que donne Gorard Genctte du priere d'insorer, «un texte bref docrivant, par voie de rosume ou tout autre moyen, et d'une maniere le plus souvent valorisante, 1'ouvrage auquel il se rapporte».3 Mais surtout, ils four-nissent de precieuses indications biographiques. L'edition de poche de La soie et les cendres (1989) indique que Tauteure est «ηέβ en 1943 Sierra Montana, dans un camp de refugies finances par Γ American Jewish Committee. Deux ans plus tard, ses parents s'installent en France avec eile -toute sa famille de Juifs polonais a peri dans les camps d'extermination na-zis».4 Les notices biographiques relevees dans ses autres ouvrages reprodui-sent l'esreprodui-sentiel de ce sommaire - la date de naissance et le camp de refugies - mais ajoutent que sa langue maternelle est le yiddish. Ailleurs, il sera en-core fait mention de ses multiples activites de comedienne, de chanteuse, de photographe, de joumaliste, de romanciere ainsi que de la biographic qu'elle a publioe de Primo Levi et de celle qu'elle prepare sur Romain Gary.

Si les engines juives de cette ecrivaine sont done affirmoes des le depart, tel n'est pas le cas de Jean-Luc Benoziglio qui se montre apparemment beau-coup plus discret sur sa biographic. Ses livres, tous publi£s aux editions du Seuil, dans la collection Fiction & Cie dirigee par Denis Roche, ne four-nissent aucun olement biographique. Seules les editions de poche donnent quelques renseignements, du reste assez rudimentaires, sur la vie de l'au-teur. Cabinet portrait procise que <Jean-Luc Benoziglio est ηέ en Suisse il y a une quarantaine d'annees. II vit en France depuis quinze ans o il a notamment travaillo aux editions Tchou et chez Payot», une notice qui, nocessairement, evolue avec le temps et devient par exemple dans une reedition (1992) de La Boite noire (1974) <Jean-Luc Benoziglio est ne en Suisse en 1941. II vit en France o il a notamment travaille aux Editions Tchou et chez Payot.»5 A ces indications s'ajoute un mini-sommaire bibli-ographique. Mais aucune allusion a d'eventuelles origines juives.

Les deux auteurs sont romanciers. Tous les livres de Benoziglio portent la qualification gonorique «roman», et ceci du premier, Quelqu 'un bis est mart (1972),6 jusqu'a son onzieme et dernier en date, Lapyramide ronde (2001).

En principe, il s'agit done de rocits purement fictionnels, meme si le poritexte de Peinture avec pistolet (1993) n'exclut pas entierement une lec-ture autobiographique puisque le livre est presente par son auteur comme

2 Myriam Anissimov: Comment va Rachel? Paris 1973.

3 G6rard Genette: Seuils. Paris 1987, 98.

4 Myriam Anissimov: La sole et les cendres. Paris 1989, 1991.

5 Jean-Luc Benoziglio: Cabinet portrait. Paris 1980; idem: La holte noire. Paris 1974.

6 Id.: Quelqu 'un bis est mart. Paris 1972.

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«un roman de formation et d'imagination dont les poripeties, passablement contrefaites, sont peut-Stre bien autobiographiques, un roman de guerre aussi, et historique (1944-1991)». Pour une roference έ la judeite de 1'au-teur, il faut attendre Lefeu au lac publio en 1998 et son priere d'inserer: «A demi fran9ais, en partie juif, a moitio suisse, pas tres catholique, 1'auteur a introduit ces quarre olements ...».7 Mais le contenu de ses autres romans aura deja permis de lever le doute. Myriam Anissimov, quant έ eile, insiste sur le coti fictionnel de ses livres grace έ un emprunt έ la pratique cinoma-tographique, grace ce que Genette appelle une «protestation de fictivite».8

Dans Le Marida (1982), eile previent: «Toute ressemblance avec des per-sonnages existant ou ayant existo serait purement fortuite»,9 formule qu'elle reprend dans La sole et les cendres, ou eile ajoute neanmoins: «En revan-che, les situations, les evonements historiques ovoquos dans La soie et les cendres sont viridiques.» Pour son roman Dans la plus stride intimite (1991), eile modifie la formule d'une maniere qui croc un leger doute:

«Toute ressemblance des heros imaginaires avec des personnes existant ou ayant existo serait purement fortuite.»10 Est-ce dire que la protestation de fictivite ne concerne que les heros imaginaires, mais qu'il y aurait aussi des

«heros non imaginaires»? A la place d'un hypothetique pacte autobio-graphique est ainsi otabli un voritable «contrat de fiction». II est a noter que son dernier livre, Sa Majeste la Mort (1999), ne contient plus Γ indication generique «roman» et que la formule de fieri vito n'y est plus reprise.11

Cabinet-portrait, le sixieme roman de Jean-Luc Benoziglio, prix Medicis 1980, est ecrit a la premiere personne, sans que, a premiere vue, une identito nominale entre 1'auteur, le narrateur et le protagoniste ne puisse etre otablie.

L'histoire est celle d'un homme que sa femme vient de quitter et qui, pour des raisons pecuniaires, se voit dans la n£cessit£ d'abandonner son appar-tement pour s'installer dans un logement plus petit, plus modeste, situi au sixieme etage d'un immeuble, avec toilettes sur le palier. II emmene avec lui quelques meubles indispensables ainsi que ses livres et notamment une encyclopedie de vingt-cinq volumes qu'il va disposer, par manque de place, dans les toilettes collectives. Ce lieu des toilettes deviendra, en plus de sa destination premiere, une retraite pour la lecture, pour la meditation, mais surtout le lieu autour duquel s'exercera une terrible l tte de pouvoir avec un voisin qui se veut le maitre du palier, «celui qui fait la loi» (135), qui har-cele sans cesse le protagoniste et qui a travers des graffiti du genre «sale juif» ou «dehors les meteques» n'hosite pas έ afficher son racisme. Des le

7 Id.: Lefeu au lac. Paris 1998.

• Genrd Genette: Seuils (note 3), 200.

9 Myriam Anissimov: Le Marida. Paris 1982,2000.

10 Id.: Dans la plus stride intimita. Paris 1992.

11 Id.: Sa Majeste la Mort. Paris 1999.

commencement, le protagoniste est per9u comme un etranger, comme un

«etre de nulle part» (121), est confronto a une curiosito malveillante, ä des questions sur ses origines. A la question d'un des demonageurs «d'ou j'otais, avec un nompareil? Je lui ai repondu que qu'est-ce qu'il croyait? et que j'otais aussi fran9ais que lui. Enfin, presque. En fait, j'etais suisse.

J'avais la-bas pendant pres de vingt ans et, depuis une quinzaine d'annees j'habitais Paris ...» (53). La reaction de son voisin a une explica-tion du meme genre trahit ce fascisme latent et quotidien auquel se voit confronti le narrateur/protagoniste: «Tiens? Suisse? J'aurais cru que ...

Comprenez, j'ai rien contre les youp... juifs, mais 93 la fout mal pour l'im-meuble, voyez?».

Dans le recit, la reVelation du nom se fera plus tard, lorsqu'il entre en pos-session du passeport et d'autres documents de son pere docode, que le nar-rateur ne cesse d'appeler «1'homme en blouse blanche». Le nom du pere etait Nissim Benoziglio, avec des graphics variables, Nissim Benouziglio, Nissim David Benosiglio et enfin, apres sä naturalisation suisse, Norbert Benoziglio. C'est a partir de cette revelation qui otablit une identito entre le narrateur et l'auteur, que le recit fictionnel se voit enrichi d'un rocit factuel (Genette) et que les soup9ons du lecteur arguant d'une trame autobiogra-phique dans ce roman, re9oivent leur confirmation. Le pare (reel) de Beno-ziglio, issu d'une famille juive qui, ä la fin du XV* siecle, avait fui l'Es-pagne de l'Inquisition et avait pu s'installer en Turquie, otait ä Andri-nople, avait friquente juive ä ConstantiAndri-nople, avait quitto la Turquie pour s'etablir en Suisse ou il otait devenu specialiste en psychologie enfantine ä Monthey en Valais. En quittant son pays natal il avait aban-donn£ sä religion, s'otait converti au catholicisme, et, sans doute g&io par son prenom qui rappelait trop son origine juive, avait pris celui de Norbert.

En consoquence, Jean-Luc est un bätard, et cela a plusieurs litres. Dans son roman Lefeu au lac, terrible charge contre la Suisse et son attitude du «ba-teau rempli» pendant la seconde guerre mondiale, il se caracterise d'ailleurs avec ironie et amertume comme «suisse, demi-juif, baptiso catholique, va-guement turc en passant par l'Espagne». Mais il s'agit d'un demi-juif sans aucune attache au juda'isme, puisque son pere, medecin ropute et respecte, a toujours et systomatiquement occulte 1'origine juive de la famille. Ce ne sont pourtant pas les rapports exocrables entre un pere autoritäre et son fils fragiliso qui sont au centre des reflexions, mais l'incomprohension face a cette rupture definitive avec ses origines, son passe et m8me sä famille qu'a oporee rhomme en blouse blanche, privant ainsi son fils d'une partie essen-tielle de son identite. Le pere n'ayant jamais fait la moindre allusion ni ä ses propres parents ni ä d'autres membres de sä famille, le fils ignore tout de sä famille patemelle, excepto l'existence d'une cousine qui vit en Turquie. Sur une vieille photo de famille qui montre son grand-pere entoure de ses deux

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fils encore enfants, il n'est pas en mesure d'identifier son propre pere. Au-cune trace ne s'est inscrite dans sa memoire.

Le cas decrit par Benoziglio est en fin de compte le ricit d'une assimilation a la fois totale et ratoe, d'une assimilation dont I'objectif 6tait la rupture complete avec la tradition des ancetres, afin de ne pas remettre en question une intogration qui, pourtant, s'avere fragile. Ce que fait ressortir le texte, c'est que le Statut de juif assimilo ne protöge en rien centre des relents d'antisomitisme. Le silence imposo par le pere et l'occultation du passo ont cr66 une sorte d'interdit, de tabou qui ont retenu le fils d'aborder les sujets sensibles. II lui est bien arrivo ä propos de son pere de se demander «si, un soir, idee lui est jamais venue, (...) de tout plaquer la, titres, confort et respectabilito, (...) et de s'en aller rejoindre (...) la cohorte affoloe et traquoe des juifs, ses fibres d'hier, qui, en ces temps- , pas ä pas, pied ä pied, et en trains, et en camions, reculait en direction des chambres ä gaz?» (196f.).

Mais la question ne sera pas posoe et attitude du jeune protagoniste con-fine a une indifference par rapport ä sa judeite, ä une insensibilito vis-ä-vis de ses coreligionnaires, comme illustre ce passage qui docrit l'otat d'äme du jeune homme assimile et qu'il convient de citer in extenso: «je n'eprouvai pendant fort longtemps aucune difficulte ä jouer celui du Marrane volontaire qu'etait devenu mon pere, a vibrer aux antiques exploits de l'armoe suisse et pleurer sur les actuelles defaites de l'equipe nationale de football. Rien, pas meme un nez crochu, ne me distinguait de mes cama-rades, et jamais je n'ai eu ä supporter la moindre remarque concernant mes lointaines origines. (...) quand un peu plus tard j'appris le sort qu'on roserva aux juifs dans les camps de concentration, si j'en fus indigne comme tout le monde ou presque, je n'en fus, precisiment, indigno que comme tout le monde. Ou presque. Quant ä l'aspect thoologique de la question, il ne m'effleura jamais. La religion juive otait pour moi une religion comme une autre, c'est-a-dire (j'atteignais Page d'une certaine radicalisation) stupide, inutile et hypocrite» (233f.).

Ce n'est qu'apres le doces du pere, sujet du tout premier roman Quelqu 'un bis est mort que s'öveillera l'intoret de l'adolescent pour ses origines, pour ses ancetres qui avaient refuge en Turquie, c'est apres la levie de I'interdit tacite que s'oveillera son besoin de savoir. Des £lements

«objectifs» du savoir lui sont fournis par son encyclopodie, dont la lecture de certains articles lui permettront de reconstituer un parcours historique:

Sepharades, Edirne (Andrinople), Juif (ceromonie de manage), Marranes, Esclavage, Lausanne, Espagne, Velodrome d'Hiver ainsi que des articles sur les Balkans et les Armeniens. Son besoin de savoir «subjectif» en re-vanche, celui qui conceme son identite juive et sa gen£alogie, restera inas-souvi. Deux voyages imaginaires en Turquie, Tun avec son pere, 1'autre en

solitaire, se solderont par des echecs aussi bien que la rencontre tres roelle avec sä cousine, de passage a Paris, echecs causos par le probleme de la langue d'une part, par la brieveto de la rencontre d'autre part.

La douloureuse quete identitaire s'avere d'autant plus difficile que le prota-goniste ne rencontre aucun soutien, aucune comprehension, aucune solida-rite de la part de sa partenaire non-juive, en 1'occurence la femme qui est sur le point de le quitter. Dans un couple en crise, la non-sensibilite de l'un(e) pour les interrogations et les preoccupations de l'autre devient en ef-fet une arme de provocation: «Ca t'amuse de poser au rescape de la ca-tastrophe? D'essayer de te rendre interessant en faisant semblant de porter sur tes epaules le poids de millions de morts et en pleurnichant sur le sort de ton Peuple?» (236). Une scene du roman Tableaux d'une ex (1989)12 docrit une constellation pareillement conflictuelle a propos de Sabra et Chatila, ou le couple s'enlise dans un dialogue de sourds, Tun condamnant d'embloe et rageusement la conduite israelienne, l'autre refusant cette condamnation hätive et plaidant pour une vue plus nuancoe des eVenements. Apres la re-mise en question de l'assimilation poussee jusqu'ä l'abandon de ses atta-ches, est done thomatisoe la problematique du couple mixte juif non-juif. La quete idenritaire chez Benoziglio qui se traduit par une solidarito avec le monde juif et Israel n'implique nullement un retour a la religion, eile prend tous les aspects d'une rejuda'isation lai'que.

Les romans de Myriam Anissimov n'expriment pas une quete d'identite; au contraire, I'auteure est parfaitement ancroe dans la tradition juive et le mes-sage de ses livres peut se resumer en ces quelques mots fran9ais, yiddish et hebreu: «N'oublie pas. Fargess nicht. Gedenk. Zakhor» (La soie, 20). Plu-sieurs de ses romans sont organises autour d'un personnage central, Hannah Kaganowski, jeune fille dont les parents et l'oncle Yossl ont survecu a la Shoah. Installee avec sa famille a Lyon, a la Croix-Rousse, eile y froquenta 1'ecole, le «temple de la culture fran9aise voneree par son pere», ce «tailleur pour dames, hassid athoe qui ecrivait des poemes en yiddish sur ses pa-trons», et pour qui «sa progeniture se devait d'exceller dans la langue dans laquelle avait eto pensee la Revolution de 1789» (45). Cette attitude traduit non settlement la conviction de tant de juifs pour lesquels la France otait le pays de leur emancipation, mais aussi cette forte volonte d'integration qui avait dejä caracterise la communauto juive dans la deuxieme moitio du dix-neuvieme siecle et pour laquelle rinstruction otait une voie privilegiee.

Dans son Histoire des Juifs de France, Esther Benbessa insiste sur ce fac-teur: «L'instruction devient tres vite indissociable de la promotion du Juif

12 Jean-Luc Benoziglio: Tableau d'une ex. Paris 1989.

Pour une lecture autobiographique de deux romanciersjuifs 115 dans la sociote fran9aise».13 Vingt ans apres son installation a Lyon, Hannah monte a Paris oü eile exerce, Porte de Clignancourt, un «vrai metier an-cestral juif», la remise en 6tat de vieux vßtements dont Forigine est plus que douteuse. II s'agit de fripes recuperoes dans les camps de PEurope de l'Est, de vetements portes aussi bien par les victimes que par les bourreaux et qui arrivent mystorieusement, apres avoir eto consents pendant plus de trente ans dans d'enormes reserves, sur le marcho aux puces (244). Parallelement a cette activite qui lui procure une vie dans 1'aisance, la protagoniste se con-sacre rocriture, effectuc des reportages qui la conduisent en Pologne et surtout, a de nombreuses reprises, en Israel, oü une relation passionnelle avec Schmuel, seducteur viril et lie a une autre femme, s'acheve par une rupture.

Ces quelques elements ne justifient certainement pas (encore) une lecture autobiographique de cette ceuvre, le septieme roman de Myriam Anissimov.

Ce que Philippe Lejeune, avec references a Gide et ä Mauriac, appelle 1'espace autobiographique,14 renvoie au rapport entre le roman et 1'auto-biographie, implique, comme le formule Lecarme, «dans l'oeuvre de tel ou tel auteur des interferences entre l'autobiographie et le roman, de sorte qu'on lirait sur le mode autobiographique des fictions avouoes»15. Et Lecarme souligne qu'en depit du pacte autobiographique entre l'auteur et le lecteur, «le lecteur moderne (...) lit un roman comme une autobiographic et le decode dans cette perspective».16 Toutefois, cette lecture et ce d6codage ne peuvent s'effectuer arbitrairement, mais exigent des oloments qui les rendent plausibles. Le debut du roman La soie et les cendres se präsente comme un rocit £crit la premiere personne, realise le mode de la idealisa-tion interne (Genette), et contient des details - l'installaidealisa-tion de la famille ä Lyon, la langue yiddish, le travail comme journaliste - qui correspondent aux informations peütextuelles dejä evoquees et qui permettraient d'oporer ramalgame, ce stade encore , entre Hannah et Myriam. Tres vite pourtant, dans Petition de poche ä partir de la page 38 (sur 439), le rocit devient celui d'un narrateur omniscient, vire done d'une focalisation interne une focalisation z6ro, ce qui, ovidemment, ne fortifie pas une Eventuelle hypothese autobiographique, et cela d'autant moins que je ne dispose, pour

Ce que Philippe Lejeune, avec references a Gide et ä Mauriac, appelle 1'espace autobiographique,14 renvoie au rapport entre le roman et 1'auto-biographie, implique, comme le formule Lecarme, «dans l'oeuvre de tel ou tel auteur des interferences entre l'autobiographie et le roman, de sorte qu'on lirait sur le mode autobiographique des fictions avouoes»15. Et Lecarme souligne qu'en depit du pacte autobiographique entre l'auteur et le lecteur, «le lecteur moderne (...) lit un roman comme une autobiographic et le decode dans cette perspective».16 Toutefois, cette lecture et ce d6codage ne peuvent s'effectuer arbitrairement, mais exigent des oloments qui les rendent plausibles. Le debut du roman La soie et les cendres se präsente comme un rocit £crit la premiere personne, realise le mode de la idealisa-tion interne (Genette), et contient des details - l'installaidealisa-tion de la famille ä Lyon, la langue yiddish, le travail comme journaliste - qui correspondent aux informations peütextuelles dejä evoquees et qui permettraient d'oporer ramalgame, ce stade encore , entre Hannah et Myriam. Tres vite pourtant, dans Petition de poche ä partir de la page 38 (sur 439), le rocit devient celui d'un narrateur omniscient, vire done d'une focalisation interne une focalisation z6ro, ce qui, ovidemment, ne fortifie pas une Eventuelle hypothese autobiographique, et cela d'autant moins que je ne dispose, pour