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Max remplit une page

Im Dokument La vie du major Max Mathez (Seite 33-42)

Il

la plie ensuite entrois, etl'insère dans une enveloppe.

Il inscrit

soigneusementl'adresse.

Il

remetlalettreà la réceptionet paiele timbre.

RAF Chilbolton.

Royal

Air

Force Station Chilbolton.

Maxrepasse inconsciemmentcenomdans ses pensées.

262

Une des basesaériennesutilisées pendantla Seconde Guerre mondiale.

La compagnie Folland y effectue à présent toussesvols d'essai.

Toutela matinée,la délégation suisse prendconnaissance desactivités de lacompagnie.

Tousse rendent ensuite dans la

tour

decontrôle.

De là, on peut observer

tout

leterrain d'aviation.

Trois longuespistes se croisent au centre.

La pluie dela

nuit

a laisséun tarmac foncé.

Maxobserve le terrain.

Vaste.

À

côté, les champs desagriculteursvoisins.

Quelques arbres délimitent l'espace.

Un grondement, sourd etprofond, se faitentendre.

Max tourne la tête.

Lesréacteurs du Midge.

Lejet en bout de piste s'aligne.

Une fois dans l'axe,

il

prenddela vitesse.

Edward Tennant estaux commandes.

Chef pilote de l'entreprise Folland.

Celui-civolele

jet

à deux reprises.

Puisvient le

tour

de Max.

Unevague odeur de moisissure.

Le baraquement estpresque sombre.

Très humide.

Etfroid.

Maxserreun peules dents.

Il

enfile lacombinaison beige.

Celle-ci

lui

procure immédiatementun peude chaleur.

Maxl'ajuste.

Il

doit être leplusàson aise possible pourpiloter.

La curiosité et l'impatience gagnentbientôt Max.

Il

saitpourtantrester calmeetconcentré.

Il

est ici pourletravail.

On attendde

lui

beaucoup desérieux etde concentration.

Tennantle rejoint.

Devantleshangars, Max seglisse dans lecockpit du

petit

jet.

Edward Tennant renseigneMaxsur levol et lescommandes de l'appareil.

Maxcomprend.

Le Midge n'est pas si différent du Vampire finalement.

Chapitre

10

La douleur danssa

poitrine

ne tapeplus aussi

fort

qu'avant.

Elle atrouvéun moyen de lacontenir.

Denepluslafaire paraître.

La cacher.

Aux autres.

Mais cela semble marcherpour elle aussi.

Etla douleur devient juste supportable.

Pourlemoment.

Suzyfixe quelquesinstantsle haut plafond.

Blanc pur, lisse.

Il

ressembleàun nuagesansforme.

Sansforme mais enmouvement.

Sansciel etsans compagnons.

Si seul.

Mais en mouvement.

La tête

lui

tournemaintenant.

Pensée idiote, se dit-elle.

Mais peut-êtrenécessaire.

Ellevide satête.

Elle ne pense àrien.

Rien.

Du tout.

Il

faut se lever maintenant.

Le pasteurva prier.

Suzybaissela tête.

Elle implorele cieldans son cœur.

Elle demandede laforce.

Etelle demande aussi pardon.

Safamilleest là.

La famille de

Max

estlà.

Des amis.

Lesofficiers del'escadrille 6.

264

Des militaires.

Lesautoritésdu village.

Même un représentant de la Royal

Air

Force.

Suzy et la mère deMaxsesoutiennent mutuellement.

Ellessont sa famille laplusintime.

L'orgueretentit.

Suzy sursaute.

Sabelle-mère lui tire gentimentle bras, pour l'encouragerà se lever.

Merci, merci.

Suzy sentsesjambesfortes.

Celles-cinevacillentpasunseul instant.

Elle ala tête

tout

embuée.

La musique résonne en écho dansses oreilles.

Elle tiendrabon.

Elle se l'estpromis.

Età Maxaussi.

Le devoiret lecourage avanttout.

Pourtant, faire paraître ses émotions, personnenele

lui

a

interdit.

Mais elle neveutpas.

Elle en adécidé ainsi.

Et chacun doitbienle savoir; uneémotionqu'onne

voit

pasn'estpas pour autant absente.

Devantletemple, unefoule.

Émue.

Le culte paroissial prendfin.

Les deuxbattants dela grande portes'ouvrent.

La foule muette s'avance.

Elle crée une haie d'honneur.

Commesi elleattendait un couple toutjuste marié.

La fanfare

militaire

se place.

Le détachementd'honneur lasuit.

Desvéhicules.

Touscouverts de fleurs.

Et enfin, Max.

Portéet conduitpar sa garde d'honneur.

L'escadrille 6.

AprèsMax, Suzy.

Toujours au brasde sa belle-maman.

Toutesdeuxvêtues de noir, elles laissentàleur main unmouchoirblanc.

Suzyletientdu boutde ses doigts.

Elle nel'utilisera pas.

Tramelanest descendu dans sesrues.

Le cortège funèbre avancelentement.

Il

chemine aumilieu de laGrand-Rue.

Suzymarcheseule à présent.

D'unpasassuré.

Elle pose parfois sa maingantée surlecercueil debois.

Elle s'yaccroche commeàune ancre.

Elle ne semble pourtantpas sombrer.

Au cimetière, unaumônierprêche.

Le culte militaire.

Ultime

cérémonie.

Fanfare.

Éloges nombreux.

Salut du porte-drapeau.

Salvesd'honneur.

Fanfare.

Prière debénédiction.

«Jusqu'au bout» se

dit

Suzy.

Jusqu'au bout.

Et ellese mordla lèvre.

Plusrienne parvient àaltérersarésistance aux émotions.

Elle auratenu jusqu'au bout.

Elle se sent bien.

Anesthésiée.

266

Chapitre

11

Cinq joursplustôt.

Aérodrome de Chilbolton.

Tennant avaitterminé soninstruction.

Maxs'étaitalors engagésurla piste, aux commandes duMidge.

Il

prenaitdela vitesse.

Beaucoup devitesse.

Mais ne décollaitpas.

Arrivé

enboutde piste, unnuage de poussière se souleva.

Maxavaitquitté letarmac.

Brusquement.

LeMidge volait, enfin.

Cela ne dura qu'un instant.

Maxsentit que quelquechose

lui

échappait.

Le décollage avaitétéun fiasco total.

Sesmains se crispèrent surlescommandes.

Rapidement,

il

perditànouveau del'altitude.

Maxeutlesréflexes d'unbon pilote.

Un détail luiéchappaseulement.

Celuiquine pardonnepas.

Maxneput rienfaire de plus.

L'appareil devintle maître.

Il

se retourna contre l'homme.

Son créateur.

LeMidge approchale sol dangereusement.

Maxtenta une dernière manœuvre desecours.

L'appareil percuta un bosquetd'arbres.

Ets'écrasa derrière eux.

Tousceuxqui furenttémoins accoururent.

On parvintàextraire rapidement Maxde lacarcasse.

Soncorps étaitpresqueintact.

Envoyant l'état du Midge, on neprésagea riende bon.

Maxétaitlà, inerte.

Les bras légèrementétendus.

Tel un oiseau déchiré.

Il

respiraitencore.

On pouvait sentir soncœurtaper dans sa poitrine.

On entendit la sirène del'ambulance hurler.

Elle rejoignitle bout delapiste à toutevitesse.

Il

n'y avait pasune minute àperdre.

On embarqua immédiatement Maxàl'arrière duvéhicule.

Il fut

transporté à

l'hôpital

le plus proche.

Pendant letrajet, l'oiseau renditson derniersouffle.

Le divin danseurdu ciel n'estplus.

Le rêve de gosse s'achève ici.

268

Lettre

1

Ma chèreSuzy,

Depuis la fin de la guerre, une certaine sérénité a gagné mon cœur.

Quand le

conflit

a éclaté,j'aiaussitôt ressenti un poids surles épaules. Je ne l'expliquais peut-être pas jusqu'à présent, mais aujourd'hui je peux affirmer que c'était celuidu devoir, de la responsabilité. Chaque fois que je prenais un nouveau grade, ce poids s'amplifiait. Mais c'est seulement depuisla guerre qu'ilestdevenudésagréable, car

il

prenait enfin

tout

son sens. Devoir enversmoi-même, mes hommes, mapatrie etplus tard, toi.

Depuis queje t'ai rencontrée, j'ai ressenti le devoir dete protéger, de te chérir. Le devoir d'un mari respectable mais surtoutaimant. J'espère un

jour

pouvoir connaître ledevoir d'un père. Pour

toi

je me devaisde revenir, de mener à bien chaquemission. Protéger mon pays c'était te protéger toi avant tout.

Aujourd'hui tout

cela est terminé. La guerre a pris

fin

depuis dix ans maintenant. Les sombres souvenirs de ce temps-là ne sont plus, etje nevois qu'un

futur

radieux devantnous.

Nous sommes arrivés hier dans la soirée. L'hôtel n'est pas des plus plaisants maisconvient très bien ànotre séjour. Lepersonnel estcorrect.

L'ameublement paraît âgé, mais les chambres sont propres. On nous a servi des saucisses, un œuf, et despoispourle déjeuner.

Chilbolton estun village charmant; paisible et douillet. Les habitants sont discrets et polis. L'air estfrais. Les pelouses sont bien entretenues.

C'est l'endroit parfait pour un moment de répit dans une vie bien chargée.

Je compte t'y emmener dès que possible. J'aimerais aussi découvrir

avec

toi

le reste de ce beau pays qu'est l'Angleterre. Je souhaite que tu reçoives cette proposition avecautant d'enthousiasme quej'enaide te la faire.

Je dois terminer ma lettre

ici;

on m'attend pour le repas. Demain je volerai l'appareil pour lequel nous nous sommes déplacés. J'ai hâte de découvrir la compagnie Folland et ce qu'elle propose. Mais j'ai encore plus grande hâte de mon retour auprès de toi, ma tendre épouse. Ton parfum me manque déjà. Tu seras à nouveau bientôt au creux de mes bras chauds qui netelâcheront plus jamais, jete le promets.

Avec

tout

mon amour et ma tendresse, Max.

Lettre

2

Max,

Celafait maintenantdeuxans que

tu

m'as quittée.

Je n'ai rien déplacé dans l'appartement; je sais qu'il t'a toujours plu ainsi. Le mouchoir blanc de ton père esttoujours déposé sur ta table de chevet, àcôtédeton petit coffretenbois. Je prendsaussigrand soinde la plante verte du salon; elle a toujours besoinde beaucoup d'eau. Chaque

jour

je dépose le journalsur la tablebasse, à côté de ton fauteuilen cuir.

Je le lis parfois. J'ouvre aussi chaque matin la fenêtre de notre chambre pour faire entrer un grand coup d'air frais. Etj'ajoute une goutte d'adoucissant

àla lavandepourlaver lesdraps.

Ta mère se porte bien. Elle

tient

son ménage de manière impeccable, comme à son habitude. Le dimanche elle se lève de bonne heure pour

cueillir

des fleurs dans le champ derrière la maison. Ainsi la table du dimanche estrehaussée de couleurs. C'estgénéralement cejour-làque je la visite. Nous papotons toutes les deux, mais nous ne revenonsjamais sur le passé. Elle me parle généralement del'entretien de la maisonet du

jardin

qui

lui

demande un temps fou. Elle se plaint aussi parfois de la voisine.En lacôtoyant, je retrouvetondésir detoujoursmenerles choses

à bien et de manière convenable; je sais maintenant de qui tu as hérité

cela. Malgré

tout

je la trouve parfois bien pâle. Et elle ne lève jamais les yeux pourregarder leciel.

Max, cela

fait

deuxansqueje n'aiplus croisé monpropre regard dans un miroir. Je ne suis plus femme, je ne suis quevide. Jesais que tuaurais souhaité queje rencontre quelqu'un. Maispardonne-moi Max, je n'en ai pluslaforce. Chaque

jour

cesontdesmiettes,desfragments de

toi

que je tente derassembler. Dans chaque

bruit il

me semble reconnaître tavoix, puis elle se perd dans le vent. Parfois en rêve, j'appelle un étranger qui me tourne le dos.

Il

tourne la tête, et c'est ton visage que je vois. Je sens alors tonsouffle surma nuqueet tesmainschaudes poséesdanslecreux de mon dos. Mais je finis toujours par me réveiller, dans un frisson

glacé.

Max, mon amour, je serai toujours ta femme, malgré mon chagrin.

Tes compagnons peuventte l'affirmer. C'estavec euxque jeparle le plus de toi. Ils ne manquent jamais de me rappeler quel homme dévoué et loyal tu étais, mais aussi quel ami rempli de bienveillance tu étais pour chacun d'entre eux.

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Je suis alors aussi fière que la femme de cet homme-là, qui l'attend le soir à la maison avec un bon repas. Et le temps d'un instant,

tout

est comme avant, et je retrouve mes rêvesd'antan.

Ta Suzyquit'aime.

Noa Line Bassin (Tramelan) a réalisé ce

travail

dans le cadre de sa

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