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La/emme au/ront c/zarmant,

Im Dokument Les chemins de la poésie (Seite 33-37)

£/anc/ze, embaumant /'a/côve etpaz/umant /a fab/e,

Se trans/orzne en ma

nuit... -

Viens

voir

gue//ormz'dab/e

£panouissez?zent /

£//e

est znorte,

-

et

c'est

/à fa poignantepensée,

-Azz zno/nent /ep/us douxd'une

nuit

insezzsée ;

£/z bien, tu n 'esp/us sezz/,

£eprends-/a, ce

/if/roid

vaut bien ton

/if/rivo/e

;

£ntre

; et

toi

gui

riais

de /a c/zeznise/o//e, Viens

braver

/e /inceui.

On observe

l'opposition

entre une grâce printanière délicate et

l'effroi

qu'inspirent

le néant et la

fin

de toute chose. Le poète atteint

ici

l'émo-tion la plus pure

lorsqu'il

évoque la disparition de

l'être plein

de vie, promis jusque-là aux fêtes et délices de l'amour, et frappé en pleine

vigueur.

Et

si le génie de

Victor

Hugo

n'a

pas le ton douloureux, nous aurions envie de

dire,/rate

rnei, qui confère à la poésie de Baudelaire sa résonance

inimitable, il

n'empêche, les images qui célèbrent la jeunesse et la beauté ont chez

lui

un charme inégalable. La poésie éclate dans les comparaisons les plus simples : £7Ze

était

Ze printemps, ouvrant rie

/rais

caiices

/

£7Ze était

i'orient /

(le soleil levant dans toute sa force

triom-phante). Pourrait-on être insensible à cet

esgut/gui

entre dès Z'aube an go//e de

Msyre

Pourquoi un esquif, pourquoi précisément le golfe de

Nisyre

C'est

ici

le mystère de la magie du verbe et de

l'inspiration.

Comme appartiennent aussi au mystère :

Liie avait

ie

pa//um

gue n'ont pas ies

étoiies/L'éciair gui

mangue aux/Zeurs/. Mais, la destruction est proche : £7Ze est morte au

miiieu

d'une

nuit

de déiices, et

l'évocation

de la transformation qui s'opère instantanément dans l'organisme, jusque-là vivant, glace de terreur. On est fasciné par la force et la précision du trait, de même que par

l'économie

des moyens utilisés.

Victor

Hugo est

victime

de sa

prolixité.

Son verbe charrie trop de sco-ries.

Il

a tant écrit que tout ne peut être de qualité supérieure et

l'on

est tenté de ne

voir

que les défauts. On découvre cependant sans cesse des perles entraînées par le

flot

de ses paroles torrentueuses ; des diamants qui

brillent

à travers les excès d'une réthorique surabondante. Dommage

qu'il n'ait

pas mieux maîtrisé sa verve Mais, telle était la nature de son génie

qu'il fallait qu'il

embrassât tout.

LA SOBRIÉTÉ

On reproche au romantisme français un ton volontiers emphatique.

C'est assurément une

critique

que

l'on

ne peut adresser à René Char.

L'œuvre de ce dernier est exemplaire. La maîtrise du verbe

qu'il

ma-nifeste en toute circonstance est incomparable. Chaque mot, chaque image pèse son poids, très exactement. Ascète de

l'écriture,

c'est à tra-vers la sobriété que Char atteint

l'intensité

et la densité la plus haute. La tension naît chez

lui

de l'adéquation parfaite du fond et de la forme. Le texte que

voici,

dans son dépouillement,

distille

une émotion dont une brève analyse va peut-être permettre depercer le

pouvoir

de séduction : Roger était tow/ heureux ri'être rievenu tians Z'esfime rie say'eune/emme ie mari-gai-cac/zaà-rZie«.

/e

sais passé aayoare/'/ua aa

borti

ci« champ rie roarnesois t/onf ia vae

i'inspirait.

La sécheresse

courbait

ia tête ries arinzirahies, ries insipiries /Zears. C'est à gaeigaes pas riegae son sang a couié, aa pieri

ri'an

vieux

mûrier

sourririe foute

i

'épaisseurrie son écorce.

Le champ de tournesols forme le décor, la

toile

de fond de la scène.

En quelques mots,

l'auteur

rend sensible la terre assoiffée, la végétation assoupie, quasiment prostrée sous l'ardente chaleur du jour.

L'adjectif

mszp/r/e qui

qualifie ici

le jaune des fleurs acquiert dans ce contexte une force telle

qu'on

n'en

voit

aucun autre susceptible de le remplacer. Le vieux mûrier insensible, à la peau dure (l'épaisseur de l'écorce), on le

dirait

dressé là de toute éternité, oppose son

impassibilité

au tragique du sang répandu dans l'aveuglante lumière. Une image nue, vraie

Elle

frappe le lecteur de stupeur et

lui

donne soudain la révélation

d'un

équi-libre qu'il

ne soupçonnait pas.

L'ESPAGNE

Pays voué à l'excès, à la succession régulière des chaleurs torrides de

l'été

et du

froid vif

qui mord le plateau de Castille à la saison hivernale, l'Espagne fascine. Une force irrépressible de vie émane de

l'âme

de ce peuple, en même temps

qu'un

puissant instinct de mort et de violence trouve son expression dans les

liturgies

tauromachiques où les foules ferventes communient avec passion dans la célébration de la bravoure, du sacrifice et du destin. Telle est l'Espagne de toujours La mort du to-rero dans l'arène, à cinq heures de

l'après-midi, fige

le pays entier dans la stupeur. Lorca, le poète andalou, saisit ce moment en des formules s'exprime une douleur qui monte de toutes les poitrines, bouleversante, haletante :

LespLzz'es Zzrâ/zzzenf comme z/es so/ez'/s à czzzzj» /zezzrcs z/e /Yzprès-mz'z/z,

efZzz/ozz/e Zmz'szzzY Zes/ezzêZres À cz'zzç Zzcz/rcs r/e /'zzprès-mz'z/z.

A cz/zz? /zezzres r/e /'après-zwz'z/z.

A/z

/

fem'L/es cz'/zz/ /zezzres r/e Z'zzprès-mz'z/z

/ //

éZzzz'Zcm<7 /zezzres à ZozzZes /es /zo/'/oges

/ //

e'tazïcz;z(7 /zezzres e/'omùre c/e Z'zzjorès-mz'z/z.

A c/zze/ /zezzz-es r/'o/zz/me, ce n'est plus

l'éclat

sans partage du feu de

midi.

Le crépuscule est

loin

encore. C'est le moment imperceptible-ment le

jour

bascule dans une lumière jaune, le soir approche et déjà le

jour

baisse.

Le poète chante ensuite les vertus, la force et la beauté du matador vaincu. Des strophes qui ontla

simplicité

des litanies :

//

71'y eZ/Zp/7/2Ce 2/22225 Se'v///e

z/zze Z'o/z pzz/55e ZzzZ compare/;

/zz épee cozzzzzze .vo/z épe'e,

/27 ccez/r5/ ver/zaZz/e.

Com777e zzzz/Zezzve z/e Zzo/z5 .9a 77ze7-vez7/ezz5e/brce,

eZ CO/72772C 2272 ZOr5e z/e 77222/"Zzre 5aprz/zZe/zce z/e55z>2ee.

t/72 azrzZe /?omea/2zZa/ozz5e

ZzzZ zz/mZzazZ rZ'or /a ZêZe

eZ50/2

r/re

e'Za/ZzzzzrzZ

zZe 5c/eZ zZ'/zzZeZZ/gezzce.

Graziz/Zoz-ero 2/72225 /a pZaza

/

ßo/2 mo72Za^72a7r/ à /a mozzZag/ze / Si z/ozzjc avec Ze5 epz5

/

5/ zZzzravec /c5 epez-ozz.?

/

5/ ZezzzZ/'e avec /a ro5ee

/

EZzZozzzTwazzZ à

/a/er/a /

5/ Zern/zZe avec /e5 zZerz7zere5 /za72rZe7"ZZZe5 z/e Ze7zèZzre5

/

Ma25 VOZCZ 2/22'2'/ z/ozt 522725/272.

Mélange de dureté (si dur avec les éperons), de douceur (si tendre avec la rosée),

d'effroi

(si terrible avec les dernières banderilles de té-nèbres), de gloire pure et sans tache (éblouissant à la feria). Une phrase, une seule, mais elle a le tranchant de l'épée, saisit

l'être

au plus profond de ses entrailles, le renvoyant sans détour à sa condition mortelle (mais

voici qu'il

dort sans

fin).

La mort du torero

s'inscrit

dans le destin de

l'Espagne.

Elle

participe donc

d'un

phénomène plus vaste, en en souli-gnant avec force la fatalité :

0/2, 722227-Zz/azzc zZe /'Espzzgzze /

O/z .' 72022ZZZZ/reZZZZ z/e zZoZ/ZeZ/r

/

L'absolu que suggère Ze 772227- Zz/azzc crie, hurle la douleur sans

fin

et

muette

d'un

pays voué par nature à la tragédie.

La

fin

du poème baigne dans un

climat

de douceur, teintée de grâce et d'élégance :

ZVzz/ 72e Ze C02272222ZpZz75. ZVo/7. Mz/25yC Ze c/zZZ/lZe.

/e

c/zazzZe pozz7-pZzz5 Zarz/ Za 5z7/zozzeZZe eZ Zagrâce.

L'z'/z5z'g/2e maZzzr/Ze 2/e Za cozzzzazlwazzce.

7ot2 appézZz2/e 7?2orZ eZ Ze gozzZ 2/e 5a Zzozzc/ze.

La Zr/5Ze55e 2/22'ép/-ozzva Za vaZ/ZazzZe a/Zégre55e.

De /o/zgZe/zz/zs ne /zaz/rzz, sz fozzfe/oz's // zzzzzf,

D/z A/zzLz/ozz ,vz c/az'r sz rzc/ze e/'zzve/zZzzres,

/e

c/za/z/e so/z e/ega/zce e/z z/e.v zzzo/s z/z/z gernzsse/zZ, e/ me ra/?pe//e zz/ze

//me

Zrz'sZe z/zz/z.v /e.s' o/z'vz'ers.

Le fulgurant miracle de lumière et d'harmonie qui s'est exprimé pen-dant un temps dans l'arène survit maintenant dans les strophes inspirées du poète.

Cruelle

ironie

du destin Lorca, prince paré de toutes les grâces de

la

beauté, du charme et du talent, qui avait

dit

la violence du combat et la solitude du torero face à la bête,

allait

bientôt

périr

sous les coups aveugles de la soldatesque franquiste dans les premières semaines de la Guerre

civile.

Dans un poème

intitulé

Le crz'/rze a ezz /z'ezz zz Gre/zzzz/e,

An-tonio Machado évoque l'éblouissante silhouette de celui à qui ses

quali-tés avaient valu le surnom de ro.wzg/zo/ a/zz/zz/ozz. On

lit

:

D/z /e vzï, zzva/zpa/z/zzzz mz'/zezz z/esjftzsz/s,

Im Dokument Les chemins de la poésie (Seite 33-37)