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Les études menées à bien à l'Envers des Combes apportent un bon nombrede connaissancesnouvelles :

-

Les grands ateliers à fourneau central

(il

en existe plusieurs dans le Jura) peuvent comporter un nombre supplémentaire de bas fourneaux recouverts par lesrésidus scorifiés de l'amas.

-

La distinction claire des différentesphases de la chaîne opératoire de la sidérurgie anciennene correspond

qu'à

un concept théorique; laréalité du terrain démontre

qu'à

l'Envers des Combes, comme sans doute aussi à

Boécourt, Les Boulies, les artisans métallurgistes ont mis à

profit

la cha-leur résiduelle du bas fourneau pour effectuer une première épuration de l'éponge, produit assezhétérogèneprovenantdu mêmebas fourneau.

-

Les données très précises et complètes de l'étude dendrochrono-logique montrent la pertinence limitée d'une datation

C"

à l'échelle

d'un

atelier: l'analyse des morceaux de charbon de bois situe les phases d'abattage entre 1284 et 1419, dépassant ainsi de près de

vingt

années la fourchette maximale donnée par la datation

C*

(1276

-

1395). Si l'étude

comparative des datations absolues entre les différents ateliers d'une même région aune valeur informative indéniable,

il n'en

va pas de même pour les étapes successives de fonctionnement

d'un

même atelier, que seul lerecoursà ladendrochronologie permet dedétailler.

146

Fig.36.Photomontagedela plate-forme : cheminée du fourneau et zone de rubéfaction à l'arrière de celle-ci.

Ces premières données dendrochronologiques donnent

l'espoir

d'abou-tir

un

jour

à une meilleure compréhension de la manière dont ont fonc-tionné les nombreuxateliers proches de

Lajoux

et environs",

qu'il

s'agisse

d'une

utilisation

cyclique ou intermittente, voire itinérante. Ces résultats inédits offrent denouvelles perspectives aux recherches portant sur la

ges-tion

forestièreduBas Moyen Age danscette région.

La présence

d'un

unique fourneau en bordure d'une plate-forme de grandes dimensions est pour

l'instant difficilement

explicable.

Il

convien-drait donc depoursuivre les investigations surd'autres ateliers à butte cen-traie de la même période, pour

vérifier s'il

s'agit ou non

d'un

cas unique d'aménagement.

Il

en va de même pour le fonctionnement

d'un

bas four-neau à tirage naturel: nos observations ne suffisent pas encore à

l'expli-quer demanière convaincante

(fig.

36).

Enfin, pour la première fois, la

fouille d'un

atelier sidérurgique juras-sien d'une certaine envergure apermis de mettre en évidence un ensemble de scories issues d'une production artisanale typique, nous semble-t-il, de larégion dela Courtine de Bellelay.

Il

est

utile

derappeler que cetterégion constitue une des zones de production les plus importantes d'Europe occi-dentale durant les XIII® et XIY® siècles. Grâce au calcul du volume des déchets, combiné avec celui de leur poids par mètre cube, on obtient une masse globale de 300 tonnes ± 10%. Cet amas de déchets estlerésultat de

l'activité

de plusieurs fourneaux (au moins trois). Dans le seul secteur de

Lajoux

et environs (une vingtaine de

km'),

le volume de déchets sidérur-giques produit pendant deux siècles environ s'élève approximativement à

18000 tonnes ± 10%. Avec une production de 10000 tonnes de déchets scorifiés par siècle,

il

est possible d'évaluer la production de fer brut à environ

vingt

tonnespar année et celapour cette seule portion deterritoire.

Chaque atelier adoncproduit annuellement quelque 330 kgde

fer".

Il

n'estpasprouvéqu'une partie dufer produit surplacey aété transfor-mée en objets. La présence de trois pièces trouvées dans

l'atelier

et fabri-quées avec du métal issu du bas fourneau local semble pourtant le suggé-rer.

Il

aurait

fallu

une

fouille

plus étendue afin deretrouver l'emplacement d'éventuels bas foyers de forgeage

En résumé, l'organisation de

l'atelier

sidérurgique de l'Envers des Combes s'avère bienplus complexe que cela ne paraissait de prime abord.

Au

moins trois bas fourneaux ont fonctionné successivement sur le site, dontunaété construit suruneplate-forme aménagée de dimensions remar-quables. On dénombre au moins cinq foyers de grillage de minerai

pisoli-thique.

Il

estpresque certain qu'une meule àcharbon s'élevait à

proximité

etprobablement aussi un foyer de forgeage. Cet atelier a dû fonctionner de manière cyclique, en alternance avec d'autres ateliersde la région.

Remerciements

Les trois campagnes de fouilles ont étémenées àbien, d'une part grâce aux moyens financiers récoltés par le GAF et la Commune de Lajoux, mandataires du projet, et d'autre part, grâce à la collaboration bénévole d'une trentaine depersonnes dont certaines se sont investies sans compter.

Je tiens à leur adresser mes plus chaleureux remerciements pour avoir contribué au bon déroulement des travaux. J'exprime toute ma gratitude pour leur soutien constant en particulier à

Willy

Houriet, tant en sa qualité

de responsable

administratif

du projetque de

fouilleur

fidèle, auLoux, qui entre-temps nous a quittés, et à Nicolas Gogniat, qui s'est chargé notam-ment des aménagements destinés à la mise en valeur du site de façon durable.

La collaboration avec Philippe Fluzin, directeur de

l'UMR

5060 du CNRS

(UTBM)

et

Michel

Aubert, collaborateur technique dans cette même unité, s'est poursuivie tout au long de ce projet de manière truc-tueuse;

je

remercie chaleureusement ces deux collègues pour leur soutien.

Enfin,

j'ai

pu compter sur l'excellente collaboration établie de longue date avec Marianne Senn dans le domaine des analyses chimiques et métallo-graphiques (Empa Dübendorf), avec

Trivun

Sormaz (Dendrolabor des Archäologischen Dienstes Graubünden), ainsi qu'avec Matthias Seifert, responsable de ce laboratoire;

je

leur exprime toute ma reconnaissance.

La relecture de cet article a été assurée par Corinne Eschenlohr et

Nico-las Gogniat;

qu'ils

ensoient sincèrement remerciés.

148

Pré/itétérté« Je/o/tmmJom, LwJvt-v'g/acAc/Jo/m"e.sTJe/w/.y 799/ cAercAewr s/téc/a//sé pcJeoi/Jerwrg/e, associe aM C/YtéS', 7/MÄ 50(50 i?e//br/-Mo«/-Zté/iarJ.

//

a été/?e«Ja«//>/ms Je v/«g/-/ro/sa«s co//a/>oratéMrscténO^weà

/a 6ec//o« J'arc/téo/og/e e/Je/>a/éo«to/ogté Je

/'0$îce

ca«fo«a/ Je /a cm/-M/re Je /a //é/wW/t/Me e( Canton Jm Jwra, son wanJa/ se termine 2072.

Presse

Je /'awtewr:Jo««/ére.s' 77, C77—2900PorrentéMj.

CoMrr/e/: /MYMyg.e.sr/ien/o/n"@/jMewin.c/i

PETITLEXIQUE

itas ; fourneauderéduction dumineraide ferpar laméJioJe Jteecte (définition ci-des-sous),produisant un blocdeferoud'acierbrut, appeléé/?o«ge(tiréduvocabulaire raisonnéde GSAF/ASTFA1997,p. 77).

Ferner; ce terme désigne l'atelier de réduction dans sa globalité, comprenant le(s) bas four-neau(x), aire(s)detravailetamas de scories.

Merodedirectederéduction dumineraide fer:le minerai, généralementsousformed'oxydesde fer,estréduitàl'aidedecharbonettransformé partiellementenfermétallique et/ou acierdans unbas fourneau. Cette opérationproduituneéponge,mélangedemétalet dedéchets,qui doit êtrepurifiéeetcompactée par chauffageetmartelage. Aucours de ceprocédé,le métalreste toujoursàl'état solide-pâteux, cecià ladifférence dela méthode indirectedans lehaut four-neau(GSAF/ASTFA 1997, p. 77).

Scories: déchetssolides ayantpasséparl'étatplus ou moins liquide etprovenantdes opérations detraitementdesminéraux métalliques.

Scories Je réJwciiow:résidusdelafusiondelagangue du minerai lorsdelaréductiondanslebas fourneau(GSAF/ASTFA1997,p. 78).

BIBLIOGRAPHIE

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-

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Joos Marcel 1994, Ein spätmittelalterlicher Rennofen von Laioux/JU. Minaria Helvetica 14a, 53-73.

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Archaeometallurgy inEurope,Milan2003,ProceedingsVol.2, 337-346.

CREDIT ICONOGRAPHIQUE

Sans autreindication,lesillustrationssont del'auteur.

Fig. 12 à 15et34,adaptéesd'aprèsM.Senn,Empa.

Fig. 28, T. Sormaz, DendrolabordesArchäologischen Dienstes Graubünden Fig.31,Associationsuissepourlatechniquede soudage,Bâle.

Fig.32,LarousseUniversel, 1922,2volumes, tome1,p. 257, planche«bois».

Fig.33,M.Senn, Empa.

NOTES

'Le lecteur intéressé par le districtsidérurgique médiéval du Jura central suisse trouverade plus amples renseignementsdansEschenlohr 2001.

*Les quelques termes spécifiques dela sidérurgie ancienne sontexpliqués dansunlexiqueen

find'article.

*Cedéfrichementaétédécidé suiteàmes observationsauPays deGalles (Snowdonia Natio-nal Parc) les zones deferriers prévuespour lafouille ont étédéboisées une dizaine d'années avantl'interventionarchéologique.

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* Willy Houriet a été une des chevilles ouvrières de ce projet. Pour plus d'informations:

http://www.laj oux.ch/visite/general.htm

*Paul-Louis Pelet (1920-2009) aétéprofesseur en histoireéconomiqueetsocialeà l'Univer-sité de Lausanne. Ilaprivilégiélapluridisciplinarité,en recourantdanssestravaux notamment à l'archéologie, l'histoire, l'ethnographie et la géographie. Il est à l'origine du renouveau des recherches sur la sidérurgie ancienne durantla secondemoitiéduXX®siècle (Pelet 1993) etaétéà cetitre le mentor demonprojetderecherches surle districtsidérurgiquejurassien (1993-2000).

®P.-L. Pelet était venu sur les lieux pourapporter son soutienà l'équipe de MarcelJoos de l'Université de Bâle qui fouillait, en sa qualité d'assistant du professeur Elisabeth Schmid, un autre atelier sidérurgiquedeLajoux,touché par la constructiond'uncheminforestier(Joos 1994).

'

La plusforte probabilitédesdatations effectuées sur plusieurs ateliersdeLajouxet environs

seconcentreauquatrième quartduXIII®siècle.

"

Grouped'archéologiedufer(GAF)2005.

®Eschenlohr 2001,p. 145-146.

Lescampagnesde fouillessesontdéroulées entrejuin2006etaoût2008.

" Eschenlohr 2001,p. 260.

" Il s'agit d'un nombre minimal de bas fourneaux, compte tenu qu'un appareil a pu être reconstruit plusieurs fois,àpeuprès aumême emplacement.

"Cequiéquivautaudégagementetaudéplacementd'environunetonnedematériaux parjour

defouille

Ils'agitenfait d'uncube de2mdelargeur,deprofondeuretdehauteur.

"Les deux bordsdela tranchée ontété aménagés entalusavecuneinclinaisonsuffisantepour enassurerlastabilité (fig. 8).

Appellationd'aprèsSerneels 1993, p. 108.

"Une tranchée effectuée en 1993 àtravers la partie restantedel'amasde scories de l'atelier d'Undervelier, Montépoirgeat 1, attestecela (Eschenlohr 2001,p. 247-248). Laquasi-totalitédes scories estconstituée de scories vitreuses noires (SVN). Les restes conservés du bas fourneau fouillédansletalusd'uncheminforestierrecelaientunmorceaudetuyère.

"Appellationd'après Eschenlohr 2001,p. 109-117.

"EschenlohretSerneels 1991.

^Aucundécompte systématiquen'acependantétéeffectué surle site desBoulies;lesvaleurs obtenuespour l'atelierdel'EnversdesCombessemblent donc plus fiablesetplus vraisemblables.

L'étude réalisée par C. Dunikovski et S. Cabboi auxClérimois va également dans ce sens: ces auteurs calculentavec un poids moyen de 760 kgparnf (Dunikowski etCabboi 1995, p. 122).

^Lesanalysesont étéeffectuées parM. Senn,Laboratoire fédéral d'essaidesmatériauxet de recherche (Empa). Unpremierrapportaétéfournienautomne 2006, puis un secondfin2008.

"EschenlohretSerneels 1991.

*Cecinousadécidésàapprofondirencoreunefoisnosinvestigationsenjuin2008.

"

Eschenlohr 2001,p.49,fig.29.

"Eschenlohr 2001,p. 27-34.

^ Les analyses ont été effectuées par Trivun Sormaz, Labor für Dendrochronologie des Archäologischen Dienstes Graubünden.

"

Les analyses radiographiques ont été effectuées par l'intermédiaire de M. Senn à Bâle auprès del'Associationsuissepourlatechniquede soudage.

^ Illustration transmise par François Rais (source: Larousse Universel, 1922, 2 volumes, tome 1,p.257).

"

Dans la région, le mobilier métallique du début du Moyen Age est très bien connu; on constate ensuite une lacune pour toute la période médiévale après l'an mil, à l'exception de quelques objets d'équipement militaire trouvés lors de fouilles officieuses dans l'un ou l'autre château.

"

Le pourcentage massiqueest unemodalité utiliséeenchimie etenmétallurgie pourdésigner la composition d'un mélange ou d'un alliage (c'est-à-dire les proportions de chaque composant danslemélange). 1%masse 1gpour 100 g 1 kg pour100kg.

"Eschenlohret al.2007,p.71-72 et Eschenlohr 2001,p. 123-125.

"Il

s'agit d'un ajoutde 25gpour 1 kg deminerai,cequiéquivautà unepoignéedematière sableuse.

"Vegaet al.2003.

"Eschenlohr2001,p. 121-122.

"Cetaspect sera abordé dans le secondvoletàparaître 2072/Ilenvademêmepourla stratigraphie détailléedel'amasdescoriesetlamorphologiedesscoriesrichesen fer (SRF).

"

Communication écritedeMarianneSenn.

"

La densité des ateliers sidérurgiques est de 4 par km*dans une fourchette chronologique maximaledecinqsiècles.

"Il

estutilede rappelerque le facteurd'erreuraugmenteavec chaqueniveau supplémentaire d'estimation. L'ordrede grandeurrestetoutefois pertinentetpermetdese faireune assezbonne idée de l'importance productivedudistrictdurant laphasefinaleduMoyenAge. Ceci représente une nette avancéedepuisl'étatdela questionen2000, àlafinde nosrecherchesàcaractère pros-pectif.

"L'atelieraltomédiévalde Chevenez,LaiCoiratte,en estun bel exemple: Evéquoz, Eschen-lohretal.,àparaître.

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