Des considérations sur la faune que nous avons rencontrée dans les cavernes énumérées ci-dessus doivent être marquées du sceau de la plus grande prudence. Seules celles de
Saint-Brais
ont été suffisamment explorées, ce qui explique que leur faunule paraît plus riche qu'ailleurs. O/z /ze pezzZ z/ozzc Zz'rar azzfzzzze r/éz/zzc/zozz r/e Z'a&se/zca</e tel ozz te/ azzz'maZ, car seul sa présence
fournit
un élément de juge-ment.Il
est aussi possible que tel ou tel animal, indiqué comme appar-tenant au pléistocène, relève en réalité des temps modernes. Lapré-se/zce r/'zz/z ossemezz/ r/azzs /es cozze/zes à ozzrs permet e/z gézzéraZ de
Ze
taxer
rte pZéz'stocèzze. Mais le sol des grottes a été presque partout déjà tellement remué au point qu'on nedevrait retenir
que les osse-ments gisant sous une stalagmite en place, gage devirginité
de l'endroit. Cette discrimination n'est pas possible a posterior/. Cepen-dant le degré de fossilisation, l'aspect de l'os, donne à l'œil exercé des indications précieuses, au point qu'on peut parfois même préciserde quelle caverne provient la pièce.
La plupart des cavernes étant situées dans des endroits escarpés,
il n'y
a pas lieu de s'étonner qu'onn'y
ait pas trouvé d'os de gros animaux comme mammouth et rhinocéros. En échange,il
est tout naturel de rencontrer le castor et laloutre
tout près de la rivière, comme à Rochedanne.* Une note manuscrite de feu H. Q. Stehlin rapporte que le géologue Dubois, de Neuchâtel, avait reçu des ossements d'Osselles d'un officier fran-çais interné en Suisse, en 1916 probablement, qui était le petit-fils du comte
de Joufroy, député du Doubs, qui avait fait des fouilles une cinquantaine d'années auparavant.
St.-B, Mont. Mane. Vane. Mémo. Four. Gond. Roch. Me. Oss,
1. La musaraigne-carr. 1*
2. La taupe 2* 2*
3. Le lion 3* 3 3
4. La panthère 4*
5. Le chat 5* 5 5
6. L'hyène 6 6 6 6
7. Le lynx 7*
8. Le loup 8* 8* 8 8
9. Le renard 9* 9 9 9
10. Le blaireau 10* 10
11. Le putois 11* 11
12. La loutre 12
13. L'ours brun 13* 13
14. L'ours spéléen 14* 14 14 14 14 14 14 14 14
15. Le lièvre 15* 15
16. La marmotte 16* 16
17. L'écureuil 17
18. Le loir 18* 18*
19. Le lérot 19*
20. Le campagnol amph. 20* 20*
21. Le campagnol (arv.) 21*
22. Le camp, des neiges 22*
23. Le castor 23
24. Le bison 24
25. Le bœuf (aurochs) 25*? 25 25 25
26. Le bouquetin 26* 26*
27. Le chamois 27* 27* 27* 27*
28. Le cerf élaphe INJ00* 28 28 28
29. Le chevreuil 29*?
30. Le renne 30? 30 30
31. Le sanglier 31* 31 31 31
32. Le rhinocéros 32
33. Le cheval 33* 33 33
34. Le mammouth 34 34
Liste
des mammifères des cavernes dubiennesSt-B. Saint-Brais Mémo. Le Mémont Roch. Rochedane
Mont. Montolivot Four. Fourbanne Eche. Echenoz
Manc. Mancenans Gond. Gondenans Oss. =r Osselles
Vauc. Vaucluse
Un * indique les espèces trouvées par nous.
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Les études sont trop peu avancées pour qu'on puisse
faire
une étude quantitative des espèces. Beaucoup d'animaux du tableau ne sont d'ailleurs représentés que par un seul ossement.Le renard dont
il
est question est probablement toujours l'ordi-naire : vu/pes. En tous cas, notre matériel personnel ne con-tient rien qu'on puisseattribuer
au renard polaire : Vu/pes CLenco-eyo/D îrtgopus. Le lièvre est aussi très probablement le lièvre com-mun et nous n'avons rien qui indique le lièvre variable : Lepps vctr/crWIis.Le bouquetin avait passé jusqu'ici tout à
fait
inaperçu dans les cavernes dubiennes, et le chamoisn'était
signalé qu'à Rochedanne.Il
estvrai
queParisot
cite le premier àBanvillars
(«diluvium brun») etPiroutet
(1927) le second au Col-des-Roches, station devant marquer le passage du mésolithique au néolithique. Tous deux se trouvent aussià Cotencher. Nous avons repéré le chamois à
Saint-Brais, Montolivot,
Vauciluse et au Mémont, et le bouquetin à
Saint-Brais
etMontolivot.
Le bouquetin de
Montolivot
était de très fortetaille,
son radio-cubitus mesurant 30 cm. de longueur, letibia
32,5 cm., le fémur 29,5 cm., le canon antérieur 15,2 cm. et le postérieur 16,4 cm. C'est la taille des grands individus de Thierstein, dans la vallée de la Birse. Le chamois françaisparaît
être de taille moyenne, un radius deMontolivot
ayant18,5 cm. de longueur et un tibia 26,7 cm. En échange, un radius de
Saint-Brais
de 21,4 cm. est exceptionnellementfort,
le chamois pléis-tocène ayant, d'après des auteurs aussi avisés que Stehlin et Coutu-rier, la taille de l'actuel.Ce qui frappe surtout dans la faune dubienne, c'est l'absence presque complète des rongeurs ou autres animaux caractérisant le steppe ou la toundra. Sans doute, des fouilles plus minutieuses
per-mettraient
d'augmenter singulièrement la liste. Mais àSaint-Brais
aussi les rongeurs sont rares et
il
est certain qu'iln'y
a nulle part dans les cavernes dubiennes de « couches à rongeurs », comme on ena signalé ailleurs.
La présence du lion n'indique pas un
climat
chaud, comme on l'a cru longtemps. On l'a trouvé dans la station post-glaciaire du Kesslerloch (Thayngen). ASaint-Brais
Iil
gisaitplutôt
en haut de lacouche à ours. De
Montolivot,
nous avons des restes de plusieurs lions, de grandeur très différente. Une patte, que nous avons purestituer, présente un caractère très massif
(voir
fig. 8) et se rap-procheplutôt
de la patte du tigre, comme nous l'avonsfait ressortir
(1941) dans une contribution à l'étude de Eeh's spe/aea. Mais dans la même caverne existaient aussi des animaux plus grands et de plus petits.
Il
est possible quevivaient
au pléistocène une espèce particu-lièrement massive, à caractères archaïques, quant aux pattes tout au moins (Tp/js spe/fleß Goldf. proprementdit)
et un autre lion sem-blable à l'actuel. Boule avait déjà souligné les différences notables quiexistent
aux différents squelettes que l'on a pu reconstituer.En ce qui concerne la panthère de Qondenans, c'est la première fois que cet animal était signalé dans la région.
Il
est toujours extrê-mement rare dans les gisements pléistocènes. Le matérielrecueilli
est trop maigre pour se
prêter
à de longues digressions.Nous n'avons trouvé
l'ours
brun qu'à Vaucluse et àSaint-Brais.
Dans cette dernière station
il
setrouvait
déjà à la base de la couche à ours.Il
est certain qu'il était contemporain de l'ours spéléen.La rareté du renne, qui est présent à Rochedanne, Qondenans et peut-être Mancenans, est assez étonnante. Mais les stations où il
fait
défaut sont surtout des localités de montagne situées à unealti-tude que le renne ne fréquente pas beaucoup. Dans plusieurs repaires d'ours d'autres pays on ne l'a pas non plus trouvé.
Girardot
(1906) pensait que les animaux « chauds » avaient vécuà l'époque chtelléenne
(interglaciaire),
se basant surtout sur les cons-, tatations faites à Baume-les-Messieurs, qui a effectivement une faunepartiellement très ancienne. Cela peut être juste pour cette caverne.
D'autre -part, la persistance, pendant la dernière glaciation, d'espèces animales encore actuelles, lui
faisait
admettre avec raison qu'« ilparaît
par suite peu probable que la vie animale ait jamais été inter-rompue dans notre pays par lefait
d'une extension glaciaire quil'aurait
recouvert, pendant des siècles, d'un immense linceul deFig. 8. Caverne de Montolivot. Patte anté-rieure droite (métacarpiens) de Feh's spe/oea.
Demi-grandeur naturelle.
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glace. » Même
s'il y
avait dans le pays de petits glaciers locaux, « ils laissaient encore en dehors d'eux une grande étendue deterrain
pour les forêts et les pâturages. » Nous ne pouvons que nous associerà ces vues.
Les recherches de M.
Llidi
(1940-41), qu'il a bien voulu faire à notre demande sur les pollens deSaint-Brais
I, ont montré cepen-dant que la toundra ne pouvait être loin. En effet s'ily
a des pollensde composées, caryophyllacées et graminées dans toutes les couches, on trouve à un niveau de 1,20 m. de profondeur, un maximum de pollens (peut-être surtout
//ieracium),
mais aussi un maximum deßcfuia
et Pinus ne manque pas non plus. Ce niveau, en plein dans la couche à ours, montre qu'elle s'est bien déposée pendant l'époque wiirmienne.Il
est à souhaiter que de telles analyses polliniques soient faites dans d'autres cavernes, principalement dans les alpines dont l'âge est si discutable.Signalons aussi, à
titre
de curiosité, que nous avons trouvé à Saint-Brais II, dans la couche à ours, un humérus attribuable à Puto-rius Erversmani (putois des steppes). Mais cette seule pièce est insuf-fisante pour asseoir solidement le diagnostic.Autant qifon peut le
voir
actuellement, Zatone
des cavernesdnbiennes se compose d'animaux ubit/uisies (ours spéle'en, ioup, renard, cerf etc.) associés d des espèces
arcio-aipines
(renne, bon-r/ueiin, chamois, marmotte, campagnol des neiges, etc.) aui Zui don-neni nn cachet nettement glaciaire.Quant aux oiseaux, leur nombre est si petit que nous nous con-tentons d'en donner la liste sans commentaires.
St-Br. Moni. Vanc.
1. Er.vthropus vesper/iuus 1* Le faucon à pattes rouges
2. Deudrocopus médius 2* Le pic-mar
3. Tardus (spec) 3* 3* Merle ou grive
4. P.vrr/iocora.v atpiuus 4* 4 Le chocard
5. Co/eus pzoueduia 5* Le choucas
6. IVuciiragu curyotYUucie.s' 6* Le casse-noix
7. Lagopus mutas 7* 7* La poule des neiges
8. Lyrurus tetrix 8* 8* Petit coq de bruyère