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4. Questions éthiques particulières

4.1 Garde des équidés

4.1.2 Castration

Description de la situation actuelle, des tendances, des contraintes et des risques

Jusqu’il y a quelques années, la très grande majorité des chevaux mâles de nos régions étaient castrés, en particulier lorsqu’ils n’avaient pas les qualités d’un futur étalon repro-ducteur. En supprimant la libido et l’agressivité potentielle, on obtient une amélioration de la sociabilité qui permet de meilleures conditions de garde et d’utilisation.

En Suisse, on compte en moyenne environ 4% de chevaux entiers, affectés ou non à la reproduction (communication de la Fédération suisse des sports équestres 2011 ; Knub-ben et al, 2008 ; Bachmann et Stauffacher, 2002). Par contre, le pourcentage d’étalons est plus élevé dans le milieu des courses de chevaux et des disciplines de monte wes-tern.

Le fait que pratiquement aucun mâle n’est castré dans les pays musulmans montre des attitudes socioculturelles diverses envers la castration. En Occident, on rencontre de plus en plus souvent des mâles entiers de toutes races qui ne sont pas utilisés pour l’élevage mais pour des activités sportives ou de loisir. Cette tendance est-elle peut-être liée à la féminisation des milieux hippiques ? Généralement, dans ce cadre, la remise en question du droit de castrer un mâle et de l’utilité de la castration progresse chez les personnes utilisant les chevaux pour leurs loisirs et chez les adeptes des droits de l’animal.

La castration est certainement l’opération le plus fréquemment effectuée sur les che-vaux. Elle consiste en une ablation chirurgicale des testicules entraînant une suppres-sion de la fécondité, ainsi qu’une modification de la libido et de la conformation corporel-le. Contrairement à cette dernière opération, la stérilisation – une intervention rare chez le cheval effectuée par endoscopie – consiste à sectionner le conduit déférent de la se-mence. Aujourd’hui, la castration chirurgicale a largement remplacé l’usage des cas-seaux, des pièces de bois utilisées pour écraser les vaisseaux sanguins des cordons spermatiques. La méthode des casseaux pour castrer les étalons n’est plus enseignée aux vétérinaires.

La castration chirurgicale peut être réalisée sur l’étalon debout, après l’application de tranquillisants et d’une anesthésie locale, ou couché sous narcose après une sédation préalable. La castration du cheval debout n’est que rarement pratiquée pour des raisons de sécurité de l’entourage. Il existe plusieurs techniques chirurgicales utilisées en fonc-tion de l’âge de l’étalon, de l’infrastructure à disposifonc-tion et de l’habileté du chirurgien.

Une thérapie adéquate contre les douleurs est appliquée après l’opération.

Au vu de l’intérêt croissant de ne pas castrer les étalons, on doit se poser la question de savoir dans quelle mesure et dans quelles circonstances, la castration est un acte qui induit des restrictions qui portent atteinte à son bien-être et à sa dignité.

La castration chirurgicale est une contrainte psychique et physique pour l’étalon (séda-tifs, narcose). Après l’opération, les douleurs durent plusieurs jours et sont d’une intensi-té variable selon les individus. L’usage de casseaux provoque des douleurs prolongées causées par la lente mortification des tissus.

Après la castration, la testostérone produite par les testicules disparaît immédiatement.

Par expérience, on compte 4 à 8 semaines avant que le hongre perde son comporte-ment d’étalon. Cette transformation peut durer jusqu’à 6 mois chez certains. Ces pro-cessus ne sont pas ressentis négativement par le cheval, contrairement à l’impression anthropomorphique que quelques personnes peuvent avoir. Ils réduisent des besoins d’activité sexuelle qui ne sont jamais satisfaits, dans la majeure partie des cas. D’autre part, la castration est considérée dans certains milieux comme une atteinte à la dignité de l’animal.

La castration chirurgicale peut entraîner des complications légères à sévères : accidents de narcose, hémorragies, infection, éviscération, voire la mort de l’animal (Nigg, 2000).

L’expérience montre également que les risques sont réduits lorsque l’opération est prati-quée sur des jeunes sujets, à un ou deux ans.

Les contraintes et les risques ne sont pas uniquement inhérents à l’opération de castra-tion. Ne pas castrer un étalon comporte aussi des risques si ses besoins sexuels et de contacts sociaux ne sont pas satisfaits. La frustration est une contrainte psychique qui peut conduire à un stress chronique, une source potentielle reconnue de troubles com-portementaux parfois indésirables, voire dangereux pour l’animal et pour l’homme. Ce risque est minime pour un étalon reproducteur adulte bien fréquenté, car son appétit sexuel est généralement satisfait et devrait être sous contrôle grâce à un conditionne-ment et une éducation qui lui permettent de différencier les périodes d’activités sportives et sexuelles, pour autant que le détenteur possède le savoir-faire nécessaire.

L’expérience montre toutefois que, dans notre pays, la majorité des détenteurs et utilisa-teurs d’étalons adultes, en particulier les jeunes femmes évoluant dans le milieu des loisirs, ne disposent pas de connaissances approfondies et du savoir-faire requis pour, d‘une part, évaluer les risques et les contraintes imposées à un étalon adulte et, d’autre part, pour prendre les mesures adéquates d’éducation et de manipulation. Ce risque a également des conséquences en matière de responsabilité civile et professionnelle. Cet-te situation est certainement tout autre dans les pays qui possèdent une longue tradition de conserver les étalons entiers et dans le milieu des courses où le nombre d’entiers est plus élevé.

Contexte politique et règlementaire

La castration est autorisée selon la législation sur la protection des animaux.

Intérêts des parties et champs de conflits entre les valeurs défendues

Les intérêts spécifiques d’un étalon, en relation avec la question de la castration, sont de pouvoir se comporter de manière équilibrée, d’établir des contacts sociaux optimaux avec ses congénères et de pouvoir satisfaire son appétit sexuel sans frustration.

La question des conditions de garde des étalons intéresse surtout les éleveurs, les dé-tenteurs de chevaux, les milieux de la protection des animaux, les autorités chargées de l’application de la législation, ainsi que les compagnies d’assurances pour les humains ou les animaux.

Les intérêts pour le détenteur qui a décidé de castrer son poulain mâle ou son étalon sont avant tout la suppression des besoins d’activité sexuelle, la meilleure sociabilité avec l’humain et des congénères, la garde et l’utilisation plus sûre et plus simple, ainsi que les meilleures possibilités de le vendre si nécessaire, ce qui est en principe le cas des éleveurs. En résumé, il revendique des valeurs touchant à la sécurité du cheval et de son entourage équin et humain, à la protection des animaux en assurant la sécurité au cheval avec un minimum de contraintes liées à l’isolement social potentiel. Il est éga-lement intéressé à réduire les coûts d’infrastructure et les risques en cas de dommage pouvant toucher sa responsabilité. Enfin, il peut être attaché à la tradition de castrer les chevaux mâles.

Pour le détenteur qui a décidé de ne pas castrer son étalon, l’intérêt réside avant tout dans la volonté de conser-ver l’instinct sexuel de l’étalon et son apparence et, par là, de ne pas porter atteinte à son intégrité, tout en n’ayant pas d’intérêt majeur immédiat de le consacrer à la reproduction, sauf dans le cas où l’étalon présente les qualités requises (origine, valeur d’élevage, talent, etc.) pour cet usage.

Par contre, l’intérêt de l’étalon de pouvoir satisfaire son appétit sexuel se trouve en opposition avec le fait qu’il reste entier sans activité sexuel-le. Ce conflit est d’autant plus grand que l’appétit sexuel est développé.

Il n’existe pas de conflit d’intérêt majeur lorsque l’étalon consacré à l’élevage est bien fréquenté et qu’il peut satisfaire ses besoins d’activité sexuelle et de contacts sociaux.

Alternatives permettant les mêmes résultats avec moins de contrainte La castration hormonale et la castration immunologique sont des alternatives à la castra-tion chirurgicale. En pratique, l’applicacastra-tion d’hormones ne donne pas toujours des résul-tats satisfaisants, à cause des applications fréquentes, de l’efficacité insuffisante, des effets secondaires, des problèmes de dopage et de résidus. Depuis peu, la castration immunologique est une réelle alternative pratique lorsque les indications sont bien po-sées. Cette méthode consiste en une vaccination contre les hormones produites par l’étalon lui-même(GnrH), ce qui entraîne l’arrêt des fonctions testiculaires. Les fonctions sexuelles reprennent lorsque les anticorps disparaissent progressivement du corps, comme pour les autres vaccinations. Cette castration est ainsi réversible dans environ 80% des cas lorsque l’étalon a reçu deux injections (Janett et al., 2009 ; Burger et al.

2006, 2010). En revanche, il faut compter que la castration est définitive si l’étalon a reçu plusieurs vaccinations.

Résultats de la pesée d’intérêts et justification des contraintes

Pour autant que la castration soit pratiquée selon les règles de l’art en utilisant une mé-thode sûre et qu’une thérapie postopératoire contre les douleurs soit appliquée, cette opération est justifiée par les intérêts prépondérants de sécurité. Elle est également justi-fiée par l’intérêt de ne pas imposer à l’étalon le risque d’une frustration sexuelle pouvant entraîner des troubles comportementaux indésirables, voire dangereux pour lui et son entourage.

Recommandations de mise en œuvre

• Interdire l’usage des casseaux

• Intensifier la formation en matière d’évaluation des risques, de la garde, de l’éducation et de la manipulation des étalons adultes

• Élaborer des projets de recherche dans le domaine de l’immunisation contre l’hormone GnRH visant la castration définitive des étalons possédant le statut d’animal de compagnie.

Bibliographie thématique

BACHMANN I., M. Stauffacher (2002): Haltung und Nutzung von Pferden in der Schweiz : Eine repräsentative Erfassung des Status Quo. Schweiz. Arch. Tierheilk., 144 (7), 331-347.

Figure 6 : Ne pas castrer un mâle permet de conserver son comportement de mâle et des caractéristiques esthé-tiques spécifiques (Photo : Martin Rindlisbacher)

BURGER D., Janett F., Vidament M., Stump R., Fortier G., Imboden I., Thun R. (2006).

Immunization against GnRH in adult stallions : Effects on semen characteristics, beha-viour and shedding of equine arteritis virus. Anim Reprod. Sci. 94 : 107-111

BURGER D., Vidament M., Janett F., Sieme H., Dobretsberger M., Thun R. (2010). Im-munization against GnRH in Horses with Improvac® and EquityTM : Indications, short and long time effects, perspectives, Proceedings 5. Leipziger Tierärztekongress 2010 FÉDERATION SUISSE DES SPORTS ÉQUESTRES (2011), Informations communi-quées.

JANETT F., Stump R., Burger D., Thun R. (2009). Suppression of testicular function and sexual behaviour by vaccination against GnRH (EquityTM) in the adult stallion. Animal Reproduction Science 115, 88-102

KNUBBEN J.M., Gygax L., Stauffacher M. (2008): Pferde in der Schweiz : Ergebnisse einer repräsentativen Befragung zu Populationszusammensetzung, Haltung und Nut-zung im Jahr 2004. Schweiz. Arch. Tierheilk., 150 (8), 387-397.

NIGG Regula (2000): Hengstkastration in der Schweiz: Methoden und Komplikationen, Dissertation, Universität Zürich.

4.1.3 Restriction du rayon d’action des équidés, en particulier en utilisant