PRODUCTION ANIMALE
48 Revue UFA 10/05
Ueli Wyss, Agroscope ALP, 1725 Posieux
L
’introduction de mélasse dans les pulpes de betterave a déconcerté bon nombre d’acheteurs de pulpes, car la marchandise réception- née était brune et collante. Ce change- ment d’aspect a été attribué à une dé- préciation de la qualité survenue durant le transport. En effet, l’utilisa- teur était habitué à voir des pulpes de couleur blanche à grisâtre et sèches au toucher. Ces modifications de la teinte et de la structure proviennent de la mé- lasse, un produit brun et sirupeux.Comme mentionné plus haut, en Suis- se les pulpes de betteraves contiennent désormais entre 2 et 3% de mélasse, conformément à se qui se pratique de- puis bon nombre d’années avec succès dans les pays voisins.
Des teneurs plus élevées Le
«mélassage» augmente la teneur en sucre et accroît légèrement les teneurs en matière sèche et en protéine. L’ad- jonction de sucre intensifie la fermen-
tation lactique et abaisse le pH de l’en- silage.
L’adjonction de mélasse s’avère par- ticulièrement bénéfique lorsque les pulpes sont fortement pressées et contiennent donc moins de sucre dis- ponible pour la fermentation lactique.
Comme l’ont démontré de nom- breux essais effectués à l’étranger, l’adjonction de mélasse n’augmente pas la teneur en énergie de l’ensilage.
Le sucre ajouté étant utilisé lors du processus de fermentation.
Meilleur tassement Une adjonc- tion optimale de mélasse peut avoir un impact positif sur la stabilité aérobie de l’ensilage, ce dernier pouvant être mieux comprimé. Grâce à cela, l’air est plus rapidement évacué. L’air a par ailleurs plus de mal à pénétrer dans l’ensilage au moment de la reprise.
L’adjonction d’une quantité trop im- portante de mélasse peut engendrer certains problèmes. D’une part, un ex-
cès de mélasse accroît le risque d’une mauvaise fermentation, d’autre part, une teneur en acide lactique et en sucre élevée dans l’ensilage favorise les post-fermentations et la formation de moisissures.
La quantité maximale de mélasse admise se situe entre 5 et 10 % et dé- pend de la teneur en sucre des pulpes avant le traitement.
Pour réussir l’ensilage des pulpes pressées, avec ou sans mélasse et évi- ter les problèmes lors de la reprise, il faut appliquer les quelques mesures suivantes: Il est indispensable de bien tasser, puis de recouvrir hermétique- ment l’ensilage, de ne pas ouvrir le si- lo avant le refroidissement complet du fourrage et de prélever à chaque fois une quantité suffisante. ■
PULPES MÉLASSÉES A l’étranger, l’adjonction de mélasse dans les pulpes est pratiquée avec succès depuis de nombreuses années. En Suisse, ce n’est que depuis la
dernière campagne betteravière que les pulpes sont enrichies avec 2 à 3 % de mélasse.
Un fourrage
de grande valeur
En Suisse, on produit annuellement près de 300 000 t de pulpes pressées. 60 % de ces pulpes sont transportées par le rail ou chargées directement à la fabrique pour l’ensilage. 20 % sont conditionnées en balles enrubannées alors que le reste est séché.
Les pulpes de betteraves sucrières présentent une teneur élevée en sucre et de bonnes propriétés du point de vue de la physiologie de l’alimentation. Les pulpes ont une concentration énergétique élevée (NEL, NEV), comparable à celle de l’orge, et supérieure par exemple à celle de l’ensilage de maïs.
Grâce à une commande passée suffisamment tôt, les éleveurs ont la possibilité d’obtenir un fourrage très avantageux.
Raffineries sucrières d’Aarberg et de Frauenfeld AG
Les pulpes de betteraves sont un aliment de haute valeur. Mélassées, elles affichent des teneurs encore plus élevées.