Les littéraires de l'émulation

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(1)Les littéraires de l'émulation. Autor(en):. Beuchat, Charles. Objekttyp:. Article. Zeitschrift:. Actes de la Société jurassienne d'émulation. Band (Jahr): 61 (1957). PDF erstellt am:. 29.01.2022. Persistenter Link: http://doi.org/10.5169/seals-558721. Nutzungsbedingungen Die ETH-Bibliothek ist Anbieterin der digitalisierten Zeitschriften. Sie besitzt keine Urheberrechte an den Inhalten der Zeitschriften. Die Rechte liegen in der Regel bei den Herausgebern. Die auf der Plattform e-periodica veröffentlichten Dokumente stehen für nicht-kommerzielle Zwecke in Lehre und Forschung sowie für die private Nutzung frei zur Verfügung. Einzelne Dateien oder Ausdrucke aus diesem Angebot können zusammen mit diesen Nutzungsbedingungen und den korrekten Herkunftsbezeichnungen weitergegeben werden. Das Veröffentlichen von Bildern in Print- und Online-Publikationen ist nur mit vorheriger Genehmigung der Rechteinhaber erlaubt. Die systematische Speicherung von Teilen des elektronischen Angebots auf anderen Servern bedarf ebenfalls des schriftlichen Einverständnisses der Rechteinhaber. Haftungsausschluss Alle Angaben erfolgen ohne Gewähr für Vollständigkeit oder Richtigkeit. Es wird keine Haftung übernommen für Schäden durch die Verwendung von Informationen aus diesem Online-Angebot oder durch das Fehlen von Informationen. Dies gilt auch für Inhalte Dritter, die über dieses Angebot zugänglich sind.. Ein Dienst der ETH-Bibliothek ETH Zürich, Rämistrasse 101, 8092 Zürich, Schweiz, www.library.ethz.ch http://www.e-periodica.ch.

(2) LES PRIX LITTÉRAIRES DE L'ÉMULATION PAR CHARLES BEUCHAT. Les jurys littéraires ou artistiques pèchent par outrecuidance et, de temps en temps, par injustice. Oublieux de la relativité des goûts et des conceptions, ils prétendent imposer une œuvre au détriment de beaucoup d'autres. Il leur arrive alors d'appeler « » ce qui n'est que le comble de l'artifice et de l'arti/iciei, et de dédaigner ce qui sort de la chair et du cœur d'un écrivain. De là des amertumes et des rancunes inapaisables. Le mal a sa racine dans le principe du jury. De quel droit un groupe d'esprits proclamerait-il intéressant ce qui m'ennuie, et vice versa Edmond de Gongourt lui-même ne se doutait guère, en sa naïveté généreuse, qu'il allait enrichir les éditeurs plus que la littérature. L'histoire des lettres et des arts nous enseigne, heureusement, que les grands génies n'ont pas eu de prix et que Victor Hugo ne doit pas aux /cw» jforaw» de Toulouse d'être devenu Victor Hugo. Que ceci serve de consolation aux concurrents malchanceux La Commission littéraire de l'Emulation plaide donc coupable. Formée de cinq membres aux idées et aux goûts différents, parfois très différents, elle a l'audace de faire un tri et de couronner peu d'œuvres. En guise d'excuses, elle affirme qu'elle respecte le principe de la démocratie à outrance. Chaque juge possède les mêmes droits et le même pouvoir que ses confrères. Pas d'esprit de chapelle Ainsi, toutes les tendances littéraires ont voix au chapitre ou risquent de l'avoir. La difficulté consiste à obtenir l'unanimité. En désespoir de cause, on se réfugie dans le compromis. Pardonnez-le-nous Pardonnez-nous d'autant plus que certains poussent le souci de la justice jusqu'au scrupule. Ils décomposent le tout en ses éléments, sortent du texte des vers ou des phrases, pèsent, soupèsent, hésitent et se décident. Le seul danger serait que, à force d'observer les arbres séparés, on oubliât la forêt. Dommage, dommage car la forêt est plus que la somme des arbres. Cette année, neuf volumes imprimés et treize manuscrits ont été présentés. Le choix fut rendu difficile par l'abondance des qualités. 25.

(3) Touchant le prix de l'œuvre éditée, comme l'unanimité s'avérait problématique, il parut préférable de ne pas le décerner. En revanche, et grâce à la générosité « quelque peu extorquée » de l'Emulation, nous avons décidé de remettre 400 fr. à chacun des auteurs des trois volumes suivants : La SaèoitZée cLtr .SorgogMow-r, d'Arthur Nicolet, Paysager <£« Co?wr, de Francis Bourquin, Pépowj-gj-, d'Henriette Degoumois. Le poète Arthur Nicolet doit être pris t» gZo&o, tel qu'il est. Son œuvre perd à subir le démantèlement Des vers choquent, des mots l'ensemble semblent fabriqués pour la circonstance. Mais, mais de ce homme vous a un allant magnifique et inimitable. Nicolet, monde, goûte la bonne réalité, la nature extérieure, et il la fait goûter. Sa poésie coule de source, authentique. Chez lui, la forêt enchante plus que les arbres. Francis Bourquin n'est plus un inconnu. Il a commencé à rimer dès l'Ecole normale et il continue. Le métier entre, comme on dit, l'expérience mûrit. M. Bourquin délaisse peu à peu le monde des impressions charmantes et fugitives pour celui de la pensée et de la profondeur. Il ne réussit pas toujours ; certains vers sentent leur prose. Que de bonheurs, cependant Une âme s'exprime, un esprit parle. De petites merveilles mériteraient la citation. En somme, chez Bourquin, quelques arbres sont si beaux qu'on peut ignorer la forêt. La veine poétique de Mme ou Mlle Henriette Degoumois fait preuve d'une fertilité très réelle. Plus de deux cents pages de vers L'auteur écrit avec facilité et. on le lit avec la même facilité. Malheureusement, le modernisme nous a gâtés et nous goûtons moins, aujourd'hui, les longues tirades à la Homère ou à la Hugo. Notre souffle littéraire semble souffrir d'asthme. Voilà pourquoi nous nous permertons de suggérer à l'auteur de ièépow-j-ej- de retrancher une part assez importante de son œuvre et de publier le reste en une belle plaquette. Des poèmes, tels ZVoctwne, Lew«/, Comme«Mer, Ze Cfl^Zea« Swr taire 7, A« JartZm, Zotar, et AryiLrate, attestent Les manifeste. lecteurs talent poétique ne pourront alors qu'apun plaudir des deux mains. Parmi les treize manuscrits reçus, trois ou quatre présentent tant de qualités que notre choix est demeuré longtemps incertain. Comme le Jurassien n'abuse pas de la veine romanesque, nous avons fini par pencher du côté « roman ». Le prix de 1000 fr. a été décerné à Mme Yvette Wagner-Berlincourt, pour Pwûgwe wolci Z'e<é. Inutile d'évoquer Françoise Sagan, puisque Mlle Berlincourt démontrait déjà l'existence de son talent d'écrivain quand personne ne parlait de la romancière nationale française. L'héroïne de Pttûçwe uofcf Z'éfé vit d'une vie intense, sans doute parce qu'elle a fréquenté beaucoup l'auteur. Les autres personnages, en revanche, demeurent épisodiques ou quelque peu artificiels. Mais, comme l'a fait remarquer l'un des nôtres, 26.

(4) la phrase, chez Mme Wagner, possède de la matérialité et, souvent, le don poétique de l'évocation ; elle laisse, après elle, une résonance. La morale, elle, obéit peut-être trop aux impératifs de la mode actuelle et il serait souhaitable que l'auteur voulût bien revoir quelques phrases avant la publication. Et voilà, Mesdames et Messieurs Les multiples envois de cette année prouvent que le Jura continue à bouger, même en littérature.. Félicitons-nous-en Pourrions-nous, cependant, conseiller à plusieurs de relire et de peser leur texte avec plus de sérieux Un prix de 1000 fr. compte et demande un minimum. Quant à vous, cher public, faites mieux qu'applaudir nos lauréats : lisez les œuvres des Jurassiens quand elles paraissent en librairie Merci d'avance et pour eux. 27.

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