Evolution économique de l’agriculture suisse de 1995 à 2004
Analyse des exploitations de référence du Dépouillement centralisé
Judith Hausheer Schnider, Agroscope FAT Tänikon, Station fédérale de recherches en économie et technologie agricoles, CH-8356 Ettenhausen,
E-Mail : judith.hausheer@fat.admin.ch
Rapports FAT No 644 1
Rapports FAT No 644 2005
Sommaire Page
Structure des exploitations 1
Rendement brut 2
Coûts réels 2
Flux monétaires, revenu agricole
et revenu du travail 2
Revenu du travail 3
Si l’on établit une comparaison sur plu - s ieurs années, l’an 2004 représente une bonne année pour l’agriculture. En 2004, le revenu agricole par exploitation et le revenu du travail par unité de main- d’œuvre familiale ont, l’un comme l’autre, augmenté par rapport à la moyenne des années 2001 à 2003.
En 2004, le revenu agricole par exploita- tion a atteint 60 500 francs, ce qui re- présente une augmentation de 14 % par rapport aux années 2001–2003. Le revenu agricole rétribue d’une part le travail de 1,25 unités de main-d’œuvre familiale et, d’autre part, 404 000 francs de fonds pro- pres investis dans l’exploitation. Ajouté aux éventuels revenus extra-agricoles, le revenu agricole alimente la consommation privée et l’épargne, mais doit également
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Revenu agricole par exploitation
Revenu du travail par unité de main- d'œuvre familiale
Source: Agroscope FAT Tänikon, Exploitations de référence du Dépouillement centralisé
Revenu agricole et revenu du travail 1995–2004
Milliers de francs par exploitation
Fig. 1: Revenu agricole par exploitation et revenu du travail par unité de main-d’œuvre familiale de 1995 à 2004.
permettre de constituer des réserves. Ces réserves aident à maintenir l’exploitation, à fi nancer les investissements nécessaires à son développement et contribuent à la prévention vieillesse.
Le revenu du travail indemnise le travail des unités de main-d’œuvre familiale non rémunérées. Le revenu du travail par unité de main-d’œuvre familiale, compa- rable aux salaires non agricoles, s’élève à 39 700 francs en 2004, ce qui correspond à une hausse de 23 % par rapport aux an- nées précédentes 2001/03.
Structure des exploitations
En 2004, la surface agricole utile par ex- ploitation représente environ 19,25 ha
(région de plaine 20,1 ha, région des col- lines 18,5 ha, région de montagne 18,6 ha). Elle augmente de 12 % en moyenne par rapport à 1995.
En 2004, le cheptel vif en propriété corres- pond en moyenne à 23,1 UGB par exploi- tation. En région de plaine, on compte 24 UGB (dont 23 % de porcs et de volaille), 25,3 UGB (15 %) dans la région des col- lines et 19,3 UGB (5,2 %) dans la région de montagne.
En 2004, la main-d’œuvre a reculé par rap- port à 1995 (1,8 unités de travail annuel) pour atteindre un total de 1,63 unités de travail annuel (–9,4 %). En effet, l’emploi de main-d’œuvre salariée a reculé plus nettement (0,38 UTA, –17 %) que celui de main-d’œuvre familiale (1,25 UTA, –6,7 %). En 1995, une unité de main-
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Rapports FAT No 644: Evolution économique de l’agriculture suisse de 1995 à 2004
d’œuvre travaillait 9,5 ha; en 2004, elle en travaille 11,8 ha. La surface travaillée par une unité de main-d’œuvre a donc aug- menté d’un quart au cours des dix derniè- res années.
Rendement brut
Le résultat de 2004 a été infl uencé de manière positive, notamment par les rendements plus élevés des grandes cul- tures et de la production fourragère ainsi que par les prix satisfaisants obtenus par la vente des fruits. Le prix du lait s’élève en moyenne à 73 centimes par kg, soit 5 centimes de moins qu’en 2001/03. En revanche, l’évolution des prix du bétail de rente et d’abattage est satisfaisante.
Suite à l’évolution favorable du marché, la part estimée du bétail bovin dans le bilan a été revue à la hausse, ce qui a égale- ment eu des répercussions positives sur les résultats. L’évolution de la production porcine est relativement stable. Le prix élevé des porcelets a des répercussions positives sur l’élevage porcin, mais néga- tives sur l’engraissement. Enfi n, l’élevage de volaille affi che des valeurs plus élevées, notamment grâce à l’augmentation des effectifs.
Les paiements directs par exploitation ont augmenté. Cela est dû tout particulière- ment à la participation toujours croissante aux programmes éthologiques SST et SRPA, ainsi qu’à la promotion régionale de la qualité et de la mise en réseau des surfaces de compensation écologique. En région de plaine, les paiements directs re-
présentent 16 % du rendement brut total, dans la région des collines 24 % et en ré- gion de montagne 38 %.
En outre, les rendements tirés des activités para-agricoles ont également augmenté en moyenne de toutes les exploitations.
En perspective de l’abandon anticipé des contingents laitiers, le commerce des con- tingents se développe. La vente mais aussi la location des contingents augmentent.
Coûts réels
Le rendement n’est pas le seul à avoir augmenté en 2004, les coûts par exploi- tation ont aussi atteint un nouveau niveau
record. Tous les postes de coûts majeurs sont en hausse par rapport à 2001/03 à l’exception des intérêts de la dette.
La hausse des coûts provient notamment du coût des réparations et de la main- d’œuvre salariée, mais aussi du coût des aliments pour animaux, suite à la pénurie de fourrage en 2003. Quant à la hausse des coûts occasionnée par l’achat ou la location de contingents laitiers, elle est directement liée aux rendements plus élevés dans ce secteur. Les exploitations ne peuvent réaliser de réelles économies qu’au niveau des intérêts de la dette et ce, malgré l’augmentation des dettes hypo- thécaires. Celle-ci peut être en effet large- ment compensée par la baisse du niveau des taux d’intérêt.
Les coûts matériels de la para-agriculture n’ont été calculés qu’à partir de 2003, suite aux adaptations méthodologiques de la comptabilité. Auparavant, ces coûts n’étaient pas saisis séparément ou étaient attribués aux postes de rendement corres- pondants à la para-agriculture, comme la vente directe.
Flux monétaires, revenu agricole et revenu du travail
Le fait de corriger le revenu agricole des effets qui n’agissent pas sur les liquidités permet d’obtenir les fl ux monétaires de l’agriculture (ESO après intérêts fi nan- ciers). Ces corrections comprennent no- tamment les amortissements, les variations des stocks et de l‘actif bétail, l‘auto-appro- visionnement et la valeur locative calculée
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Para-agriculture, divers rend. bruts Paiements directs Autre production animale Autre production bovine Lait, produits laitiers Autre production végétale Céréales, pommes de terre, betteraves sucre.
Région de plaine Région de montagne
Rendement brut de 1995 à 2004
Source: Agroscope FAT Tänikon, Exploitations de référence du Dépouillement centralisé Milliers de francs par exploitation
Région des collines
Fig. 2: Rendement brut dans les régions de 1995 à 2004.
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Intérêts des fermages Intérêts des dettes Coût de la main- d’œuvre salariée Coûts généraux Autres coûts de structure matériels Total des amortissements Coûts matériels, para-agriculture Autres coûts mat., production animale Aliments pour animaux Coûts matériels, production végétale
Coûts réels de 1995 à 2004
Source: Agroscope FAT Tänikon, Exploitations de référence du Dépouillement centralisé
Région de plaine Région de montagne
Milliers de francs par exploitation
Région des collines
Fig. 3: Coûts réels dans les régions de 1995 à 2004.
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Rendement brut / Coûts réels / Flux monétaires, revenu agricole et revenu du travail
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Flux monétaires avant prélèvements privés
Flux monétaires de l’agriculture Revenu agricole Revenu du travail par exploitation
Source: Agroscope FAT Tänikon, exploitations de référence du Dépouillement centralisé
Milliers de francs par exploitation
Flux monétaires, revenu agricole et revenu du travail de 1995 à 2004
Fig. 4: Comparaison des fl ux monétaires, du revenu agricole et du revenu du travail par exploitation de 1995 à 2004.
en fonction des coûts. Les fl ux monétaires avant prélèvements privés (fl ux monétai- res de l’agriculture plus moyens provenant des sources extra-agricoles) peuvent être utilisés pour des prélèvements privés, des investissements, le remboursement de dettes, des retraits privés exceptionnels ou encore pour l’épargne. La moyenne des sources non-agricoles a augmenté de 24 % depuis 1995.
Les fl ux monétaires de l’agriculture ont peu évolué. La différence entre les fl ux monétaires de l’agriculture et le revenu agricole s’est accrue notamment suite à l’augmentation des amortissements. Les fl uctuations plus marquées du revenu agricole sont dues essentiellement aux mo- difi cations de l’inventaire de l’actif animal (animaux) et des stocks (p.ex. dévaluation des animaux en 1995 et en 1996, rééva- luation des animaux et augmentation des stocks en 2000, dévaluation des animaux en 2002, réévaluation des animaux en 2003, réévaluation des animaux et aug- mentation des stocks en 2004).
La différence entre le revenu agricole et le revenu du travail par exploitation cor- respond aux intérêts calculés. Dans les années considérées, les intérêts calculés ont baissé de 27 %, tandis que durant la même période, le capital propre a aug- menté de 22 %. Cette situation est due essentiellement à la baisse très nette des taux d’intérêt (–40 % depuis 1995).
Revenu du travail
Le revenu du travail par unité de main- d’œuvre familial varie d’une région à
2001/03 2004 ⌬ en %
Toutes
Rendement brut total Fr./exploitation 196 842 215 341 9.4 dont paiements directs Fr./exploitation 45 280 47 485 4.9
Coûts réels Fr./exploitation 143 854 154 868 7.7
Revenu agricole Fr./exploitation 52 988 60 472 14
Intérêt calculé du capital propre Fr./exploitation 12 194 11 028 – 9.6
Revenu du travail Fr./exploitation 40 793 49 444 21
Main-d’œuvre familiale UTAF* 1.27 1.25 – 1.6
Revenu du travail Fr./UTAF 32 168 39 676 23
Région de plaine
Rendement brut total Fr./exploitation 240 927 263 974 9.6 dont paiements directs Fr./exploitation 39 818 41 563 4.4
Coûts réels Fr./exploitation 177 599 191 359 7.7
Revenu agricole Fr./exploitation 63 328 72 615 15
Intérêt calculé du capital propre Fr./exploitation 14 015 12 331 – 12
Revenu du travail Fr./exploitation 49 313 60 284 22
Main-d’œuvre familiale UTAF* 1.23 1.21 – 1.6
Revenu du travail Fr./UTAF 40 077 49 916 25
Région des collines
Rendement brut total Fr./exploitation 181 576 196 665 8.3 dont paiements directs Fr./exploitation 44 020 46 540 5.7
Coûts réels Fr./exploitation 133 178 141 923 6.6
Revenu agricole Fr./exploitation 48 399 54 742 13
Intérêt calculé du capital propre Fr./exploitation 10 950 10 213 – 6.7
Revenu du travail Fr./exploitation 37 448 44 530 19
Main-d’œuvre familiale UTAF* 1.26 1.23 – 2.4
Revenu du travail Fr./UTAF 29 828 36 197 21
Région de montagne
Rendement brut total Fr./exploitation 139 508 153 507 10 dont paiements directs Fr./exploitation 55 533 58 257 4.9
Coûts réels Fr./exploitation 98 986 107 398 8.5
Revenu agricole Fr./exploitation 40 523 46 109 14
Intérêt calculé du capital propre Fr./exploitation 10 429 9 690 – 7.1
Revenu du travail Fr./exploitation 30 094 36 419 21
Main-d’œuvre familiale UTAF* 1.35 1.33 – 1.5
Revenu du travail Fr./UTAF 22 419 27 465 23
* UTAF: unités de travail annuel de la famille: unités de main-d’œuvre familiale non salariée, les emplois à temps partiel sont calculés sur la base de 280 jours.
Tab. 1: Récapitulatif des résultats de 2001/03 et de 2004.
l’autre. Par rapport à 2001/03, il a aug- menté de 25 % en région de plaine, de 21 % dans la région des collines et de 23 % en région de montagne. Cette situation est due non seulement à l’augmentation du revenu agricole, mais aussi aux faibles taux d’intérêt des obligations fédérales en 2004 (–11 % par rapport à 2001/03). Par conséquent, et malgré l’augmentation des fonds propres de 1,7 %, les intérêts calcu- lés sont en baisse par rapport aux années précédentes. D’autre part, la diminution de la main-d’œuvre familiale se traduit également par une augmentation du re- venu du travail par unité de main-d’œuvre familiale.
Les différences sont importantes non seu- lement entre les régions, mais également à l’intérieur des régions. Il existe des dif- férences considérables entre le quart des
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4 Rapports FAT No 644
Les résultats du Dépouillement cen- tralisé des données comptables se basent sur les données provenant d’exploitations agricoles, dont la comptabilité de gestion a été établie selon des critères uniformisés. Grâce à la pondération des résultats des exploi- tations individuelles, les 3077 exploita- tions de référence recensées en 2004 permettent de représenter la situation économique de 51 000 exploitations agricoles, ce qui correspond à plus de 90 % de la surface et de la production.
La méthode d’évaluation est décrite sur le site d’Agroscope FAT Tänikon (http://www.fat.ch/f/ Publications Dépouillement centralisé). D’autres résultats se trouvent dans le Rapport principal et le Rapport de base qui peu- vent faire l’objet d’un abonnement.
Le présent rapport FAT est envoyé à tous les abonnés, ainsi qu’à toutes les exploitations qui ont mis leur compta- bilité à disposition du Dépouillement centralisé. Ce retour d’informations est une manière pour la FAT de remercier tous les exploitant(e)s, ainsi que les ser- vices comptables et fi duciaires pour le surcroît de travail lié à l’établissement des bouclements FAT.
exploitations qui présente les revenus du travail les plus élevés par unité de main- d’œuvre familiale (4° quartile) et le quart qui présente les revenus du travail les plus bas (1° quartile). En région de plaine, le quart supérieur des exploitations dépasse le salaire comparable non agricole, tandis que dans la région des collines, la plupart des années, le quart supérieur des exploi- tations l’atteint tout juste. Enfi n, en ré- gion de montagne, le revenu du travail du quart supérieur des exploitations se situe généralement au-dessous du salaire com- parable correspondant. Le quart supérieur des exploitations de montagne n’a ob- tenu l’équivalent d’un salaire non agricole qu’en 2003 et en 2004.
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Moyenne du 4ème quartile Moyenne Moyenne de 1er quartile Salaire de référence
Source: Agroscope FAT Tänikon, exploitations de référence du Dépouillement centralisé
Revenu du travail dans la région de plaine de 1995 à 2004
Milliers de francs par unité de main-d’oeuvre familiale
Fig. 5: Revenu du travail et salaire comparable dans la région de plaine de 1995 à 2004.
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Moyenne du 4ème quartile Moyenne Moyenne du 1er quartile Salaire de référence
Source: Agroscope FAT Tänikon, exploitations de référence du Dépouillement centralisé
Revenu du travail dans la région des collines de 1995 à 2004
Milliers de francs par unité de main-d’oeuvre familiale
Fig. 6: Revenu du travail et salaire comparable dans la région des collines de 1995 à 2004.
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Source: Agroscope FAT Tänikon, Exploitations de référence du Dépouillement centralisé
Revenu du travail dans la région de montagne de 1995 à 2004
Milliers de francs par unité de main-d’oeuvre familiale
Moyenne du 4ème quartile Moyenne Moyenne du 1er quartile Salaire de référence
Fig. 7: Revenu du travail et salaire comparable dans la région de montagne de 1995 à 2004.
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