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Jean Filliozat

11. 1906-27. 10. 1982

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Jean Filliozat (1906-1982)

Par Arion Ro§u, Versailles

Le 27 octobre 1982, le maitre des 6tudes indiennes en Prance et un

des plus eminents orientalistes de notre temps s'est eteint ä Paris,

d'une maladie de coeur, peu avant son soixante-seizieme anniversaire,

dans la maitrise de pensee de toute sa vie. La disparition du professeur

Jean Filliozat, membre de longue date de la Deutsche Morgenlän¬

dische Gesellschaft (1953), a ete ressentie avec emotion par la commu¬

naute savante Internationale. Son renom a grandi ces dernieres annees

par sa participation active aux congrfes internationaux aussi bien des

orientalistes que des sanskritistes et des tamoulisants.

Ne ä Paris le 4 novembre 1906, il y fit toutes ses etudes, secondaires

au lycee Henri-IV et superieures ä la Faculte de mfedecine, oü I'avait

precede son pere, d'origine auvergnate, medecin spfecialise en oto-

rhino-laryngologie. Ses fetudes mfedicales prirent fin en 1930 par une

these de doctorat sur L 'oeil directeur^ . II fut alors nommfe assistant au

service des consultations pour les maladies des yeux ä I'hopital

Laennec et quelque temps apres, s'fetant marie, ouvrit un cabinet d'oph-

talmologie, qu'il garda jusqu'en 1947, ä Nogent-sur-Marne dans la

rfegion parisienne.

Sa vive curiositfe pour I'lnde s'fetait feveillee de bonne heure, vers 15

ans, ä la lecture du pofete Leconte de Lisle. Les Poemes antiques^ , notam¬

ment le premier hymne vedique consacrfe ä Sürya, entrainerent le jeune

lyceen ä d'autres lectures, plus approfondies, pour mieux comprendre

les allusions mythologiques de cette pofesie parnassienne. Habitant ä

Paris le quartier Latin, il frfequenta la bibliotheque Sainte-Genevieve,

' Un second ouvrage, en collaboration avec A. Cantonnet etG. Fombeure,

marque sa carrifere medieale: Le strabisme, sa reeducation. Physiologie et pathologic

de la vision binoculaire. Paris 1932. Traduit en anglais ä Londres en 1934.

Les travaux cites par la suite dans la prfesente note sont tous de J. Filliozat, sauf indication contraire.

^ Le cycle indien est reprfesentfe par les sept premiers pofemes antiques

dans I'fedition critique donnee par E. Pich: CEuvres de Leconte de Lisle. I. Paris 1977, p. 3-62.

(4)

16 Arion Ro§u

oü 11 put trouver dans les Annales du musee Guimet l'etude de Leon de

Milloue sur les religions indiennes. II acheta le Bhägavatapuräna

d'EuGENE Burnouf' et s'enthousiasma pour l'oeuvre d'AsEL

Bergaigne, qui est reste pour lui un maitre indirect. Get int6ret

precoce pour la civilisation indienne se developpa apres le baccalau-

reat, durant toutes ses etudes medicales.

Dfes 1929 Jean Filliozat fut introduit aupres de Sylvain Levi, grace

ä une relation de son pere avec l'historien de l'art Henri Focillon.

Medecin praticien, il trouva le temps de travailler sur les manuscrits

orientaux de la Bibliotheque nationale et d'ecouter Sylvain Lävi dans

la chaire de Langue et litterature sanskrites au College de France

(1894-1935). II y connut parmi les auditeurs ses futurs collegues le

philosophe Olivier Lacombe et le bouddhologue beige Etienne

Lamotte. L'enseignement re9u cinq ans du grand savant, specialisfe et

universel ä la fois, s'avera decisif pour son orientation vers l'indianisme

integral. Profondement reconnaissant, il lui garda toute sa vie le plus

pieux attachement.

C'est en effet surtout auprfes de Sylvain Levi que Jean Filliozat

s'est forme ä l'ecole de Thumanisme elargi pour une etude complete de

l'indianite en territoire propre et dans les pays indianises, comme dans

les relations avec le monde grfeco-romain. Cet ample regard sur l'inde et

son röle civilisateur en Asie et au-delä comporte des travaux sur des

sujets bien delimites et eclaires de toutes parts gräce ä des connais¬

sances linguistiques etendues et ä une rigoureuse methode philolo¬

gique: les plus hauts resultats sortent de la plus scrupuleuse analyse des

details^. Sous l'impulsion de Sylvain L^vi, ü s'orienta vers la littera¬

ture tamoule et les Ägama Sanskrits. Ces textes techniques, ignores

d'abord et ensuite negliges de l'indianisme classiquee bien que restes en

usage dans Finde du Sud, reglent depuis le moyen äge le rituel quoti-

dien des hindous sivaites. Leurs enseignements ont meme ete vehicules

au Cambodge et en Indonesie''.

Dans son orientation vers l'horizon ägamique est intervenu aussi un

autre gum venere: le linguiste Jules Bloch, qui l'a initie au tainoul ä

l'Ecole nationale des langues orientales Vivantes, avant d'introduire cet

^ II publia soixante ans plus tard, ä la fin de sa vie, une introduction nouvelle pour la deuxieme edition de cette version ft-angaise du Bhägavata. Paris 1981, texte fondamental de l'hindouisme vishnouite.

College de France. Chaire de Languen et litteratures de l'Inde. LeQon inaugurale faite le mardi 6 mai 1952, p. 26-27.

" Le sanskrit et le päli en Asie du Sud-Est. Dans: Comptes rendus de l'Aca¬

demie des inscriptions 1977, p. 400.

(5)

Jean Filliozat (1906-1982) 17

enseignement magistral au College de France (1937-1951). Specialiste

de I'indo-aryen et du dravidien, anciens et modernes, Jules Bloch

s'est affirme comme un defenseur des etudes indiennes completes et a

professe la methode pour etudier les faits de langue dans leur entourage

intime, social et culturel. A la formation orientaliste de Jean

Filliozat a contribue le tibetologue Jacques Bacot, par son ensei¬

gnement ä l'Ecole pratique des hautes etudes et par son exemple, qui a

developpe en lui le goüt de la recherche sur le terrain, vrai laboratoire

des etudes orientales. Un autre maitre qui lui a servi de modele de

savant voyageur fut Alfred Foucher. Ce sanskritiste, professeur ä la

Sorbonne, qui a etudie les monuments archeologiques ä la lumiere des

documents ecrits, a profite, pour rintelligence des textes indiens, du

concours eclaire de lettres du terroir, depositaires du savoir tradi¬

tionnel.

Un siecle auparavant, la methode pour maitriser le sanskrit avait

divise le monde savant europeen entre partisans (H. H. Wilson) et

adversaires (A. W. von Schlegel) du recours aux lumieres de pandits

pour l'interpretation correcte des sources sanskrites". L'experience

positive de cet apport, parfois indispensable, a pris corps ä Pondichery,

ou Jean Filliozat fonda en 1955 I'institut d'indologie, trait d'union

entre lettres indiens et chercheurs fran9ais, centre repute pour les tra¬

vaux sur les Agama sivaites et la litterature tamoule.

Les annfees d'apprentissage ä Thumanisme indien, au cours

desquelles Jean Filliozat bfenfeficia aussi de l'enseignement de quel¬

ques ainfes — Louis Renou et Nadine Stchoupak pour le sanskrit, et

Marcelle Lalou pour le tibfetain — I'ont conduit en 1936 ä une licence

libre fes lettres en Sorbonne. Auparavant, il avait obtenu en 1934 un

diplome de l'Ecole pratique des hautes fetudes avec un brillant memoire

sur un traitfe de mfedecine dfemoniaque, attribufe ä Rävana". Le sujet,

propose par Sylvain Levi et traitfe selon la mfethode comparative,

donna matifere ä sa premifere communication ä la Socifete Asiatique

(ffevrier 1932). Apres la guerre, il soutint une these de doctorat es

lettres, consacrfee ä I'Ayurveda classique (1946), qui restera, dans un de

° Sur la nfecessitfe d'fetudier le sanskrit dans I'lnde avec des pandits, qu'6nonce

H. H. Wilson, voir la replique de A. W. von Schlegel: Reflexions sur I'etude

des langues asiatiques. Bonn-Paris 1832, p. 131-168 (lettre ä H. H. Wilson)

et p. 200-205 (memoire de H. H. Wilson concemant la littferature sanskrite

en Angleterre) .

' Le Kumäratantra de Rävana et les textes paralleles indiens, tibetains, chinois,

cambodgien et arabe. Paris 1937. Cf le compte rendu felogieux de J. Burrow

dans JRAS 1940, p. 100.

2 ZDMG 134/1

(6)

18 Arion Rofu

ses domaines privil6gi6s, un ouvrage de refference', traduit en anglais en

1964, et r66dit6 en 1975.

II retrouvait ses maitres au cours collectif du jeudi ä l'Institut de civili¬

sation indienne, pour discuter de sujets actuels lors des exposes sur des

publications recentes, faits parfois par des etudiants^. L'amitie qui

animait ces reunions savantes venait du goüt pour le travail partagfe, en

erudition et en critique, rappelant l'ideal antique de l'amite retrouvfee

dans le «philosopher ensemble*. Quelques mois seulement avant sa

mort, Jean Filliozat evoquait encore le sferieux de ces reunions regu¬

lieres et efficaces pour donner une nouvelle impulsion aux reunions de

l'Association fran5aise des fetudes sanskrites.

La Socifetfe Asiatique, oü Jean Filliozat entra en ffevrier 1931, lui

offrit un cadre elargi pour toutes les disciplines de rorientalisme. II y

trouva les conditions favorables ä son fepanouissement intellectuel, car

il lui reconnaissait volontiers un röle primordial dans sa formation

humaniste. Aussi lui est-il restfe dfevoufe toute sa carrifere: secrfetaire dfes

1945 et vice-prfesident depuis 1974. On peut voir un demier signe de ce

dfevouement dans le legs qu'il fit ä cette premifere Socifetfe Asiatique

d'Europe, fondfee en 1822, d'une partie de sa bibliothfeque: les livres sur

I'histoire des sciences indiennes.

Jean Filliozat commenfa sa carrifere d'indianiste, interrompue par

la guerre (mfedecin-lieutenant 1939-1941), comme attachfe au Dfeparte-

ment des manuscrits de la Bibliothfeque nationale (1936-1941), chargfe

de cours de tamoul k l'Ecole nationale des langues orientales Vivantes

(1937-1939) et chargfe de confference temporaire ä l'Ecole pratique des

hautes fetudes (1937-1939 et 1941). En cette dernifere annfee il y fut

nommfe directeur d'fetudes de philologie indienne ä cette Ecole, oü il

enseigna plus de trente-cinq ans jusqu'en 1977. A la suite de ses

maitres, Sylvain Lfivi (1894-1935) et Jules Bloch (1937-1951), U

assura jusqu'en 1978 la continuitfe des etudes indiennes au Collfege de

France, dans la chaire de Langues et littferatures de l'Inde. II fut

accueüli en 1966 k l'Acadfemie des inscriptions et belles-lettres et

nomme en 1981 docteur honoris causa de l'Universite de Bfenarfes.

II bfenfeficia en 1947 de sa premiere mission scientifique dans l'Inde,

au cours de laquelle il explora aussi les possibilitfes de crfeer un centre

frangais d'indologie dans le subcontinent, qui devait etre fixfe k Pondi¬

chfery. L'idfee remonte vers 1760, fepoque oü Anquetil-Duperron,

" La doetrine classique de la medecine indienne. Ses origines et ses paralleles grecs. Paris 1949.

' Cf. le bulletin de l'Institut de civilisation indienne 1936-1938, p. 5.

(7)

Jean Füliozat (1906-1982) 19

pionnier des etudes iraniennes et indiennes au XVIIIe sifecle, voulait

fetablir des «acadfemies ambulantes», corps de quatre-vingts savants

voyageurs, dans diffferentes parties du monde, aux Indes aussi, notam¬

ment k Pondichfery'". Conformfement k son projet, Jean Filliozat a pu

rfealiser, comme directeur, dans cet Institut frangais de 1955 ä 1977, par

la convergence des travaux entre la section d'indologie et la section

scientifique (crefee en 1956), «l'entreprise de l'fetude globale de Ia civili¬

sation indienne en fonction du milieu naturel, qui conditionne l'oeuvre

de l'homme et que l'homme lui-mfeme transforme par une activitfe mate¬

rielle, qui ne se separe pas plus, dans la vie, des oeuvres artistiques,

intellectuelles et religieuses que des conditions feconomiques et

sociales»". Un autre etablissement orientaliste auquel Jean Filliozat

a consacre son talent d'organisateur de la recherche a fetfe l'Ecole fran¬

gaise d'Extreme-Orient, dont il a eu la direction pendant plus de vingt

ans (1956-1977). Aprfes en avoir prfesidfe le Conseil d'administration de

1953 k 1956, il dut affronter, comme directeur, les problfemes dfelicats

que lui a posfes ä une fepoque de mutation historique le fonctionnement de cette illustre Ecole, nfee avec le sifecle'^.

Aussi importants, sinon plus, que les activites d'enseignant et d'admi¬

nistrateur, sont ses multiples apports ä l'orientalisme. Les nombreux

travaux de Jean Filliozat'^, dont la diversitfe n'est qu'apparente,

sont fondfes sur une rare ferudition et reflfetent sa curiositfe inlassable. Ils

sont les rfesultats de plus de cinquante ans de labeur savant sur des

documents Sanskrits, palis, tamouls et tibfetains dans tous les cantons

de l'indianisme: histoire et archfeologie, fepigraphie et palfeographie,

langues et littferatures, histoire des religions, philosophie et psycho¬

logic, histoire des sciences (astronomic et mfedecine), sociologie et

ethnologic, histoire et mfethodologie des fetudes indiennes. II a publife

plus de 30 ouvrages, plus de 260 articles de revue et d'encyclopfedie,

A. H. Anquetil-Duperron: Zend-Avesta. Paris 1771, vol. I, p. XI-XII.

" Pmir le College de France: VAsie Orientale. Dans: La nouvelle Revue des

deux mondes, mai 1974, p. 359.

Discours de M. Jean Filliozat a l'occasion du 75e anniversaire de l'Ecole

francaise d'Extreme-Orient. Dans: Comptes rendus de l'Acadfemie des inscrip¬

tions 1976, p. 333-341.

Voir la liste, aussi complete que possible, fetablie par P.-S. Filliozat:

Bibliographie des travaux de, Jean Filliozat. Dans: JA 1983, p. 5-24. La biblio¬

graphie des publications jusqu'en 1973 a paru dans Laghu-prabandhäh. Choix

d'articles d'indologie. Par Jean Filliozat. Leiden 1974, p. XI-XXV. Voir

aussi la notice de P.-S. Filliozat: Jean Filliozat 1906-1982. Dans: BEFEO

73 (1983), sous presse.

2'

(8)

20 Arion Ro§u

rfesumfes de cours et de communications, notices nfecrologiques, ainsi

qu'environ 300 comptes rendus critiques et notices bibliographiques,

les plus nombreux ayant paru dans le Journal Asiatique'''.

De cette ample bibliographie relevent fegalement les onze travaux

infedits, laissfes en manuscrit ou prfepares pour l'impression et sous

presse. On y retrouve les grandes constantes de ses recherches ffecondes

pour la comprfehension de la culture indienne entifere, tant sur son terri¬

toire propre que dans les pays de son expansion civilisatrice: le troi¬

sifeme fascicule du Catalogue du fonds sanscrit de la Bibliothfeque natio¬

nale"", d'importantes traduetions (Ajitägama, Samädhiräjasütra,

Upanisad du Yoga, Yogabhäsya) , un opuscule (inachevfe) sur la mfedecine

tamoule (siddha) pour History of Indian litterature (Wiesbaden), un

recueil de textes latins classiques relatifs ä l'Inde, traduits et abondam-

ment commentfes (en collaboration avec le latiniste J. Andr^;), ä

paraitre dans la Collection Guillaume Bude, et le mfemoire sur l'Inde

ancienne et le monde grfeco-romain, communique ä la cinquieme Conffe¬

rence internationale des fetudes sanskrites (Bfenarfes 1981).

Les deux directions principales auxquelles Jean Filliozat a fetfe

prfedisposfe par sa fonnation mfedicale premifere sont la mfedecine et la

psychologic indiennes. La discipline psychosomatique du yoga rejoint

les idfees communes aux hindouistes et aux bouddhistes sur l'fetroite

relation du corps et de I'esprit dans l'unite de I'etre humain.

Sa premifere contribution ä Tindianisme, publifee en AUemagne et qui

rappelle sa compfetence affirmfee en ophtalmologie, porte sur un exer¬

cice oculaire du yoga (trätaka)^^ . Son mfemoire de diplome ä la IVe

Section de l'Ecole pratique des hautes fetudes et sa these de doctorat fes

lettres concernent I'histoire de la mfedecine. II a donnfe, surtout en fm de

carriere, de nombreux cours sur la logique dans l'Äyurveda classique et

sur les recettes mfedicales du Yogasataka, fetudifees dfes 1934. L'fedition

et la traduction commentfee de ce formulaire äyurvfedique populaire,

fetablies ä la lumifere des fragments sanskrits-koutchfeens et de la

'■* Voir sous la rubrique J. Filliozat les tables dfecennales du Joumal

Asiatique de 1932 h 1962, au millösime terminfe par le chifl're 2. On n'a pas

tenu compte ici des tres brfeves notices bibliographiques publiees ces dernieres annfees par J. Filliozat dans le Bulletin critique du livre francais.

Les deux premiers fascicules ont paru en 1941 et 1970.

'" Sur la 'concentration oculaire« dans le yoga. Dans: Yoga. Internationale

Zeitschrift für wissenschaftliche Yoga-Forschung 1 (1931), p. 93-102. Une

dernifere preuve de sa formation d'oculiste est une etude autographe inachevfee,

rfedigfee par Jean Filliozat quelques mois avant sa mort, donnant un apercu

de l'ophtalmologie äyui-vedique (15 pages).

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Jean Filliozat (1906-1982) 21

version tibfetaine, ont 6t6 publifees rfecemment". Ces derniferes annees il

travailla ardenmient aux fetudes äyurvfediques, fetant attirfe par des

problemes difficiles: terminologie nosologique'*, nomenclature bota¬

nique et identification des plantes mfedicinales". Ses apports, qui repo¬

sent sur l'fetude livresque et l'expferience de terrain, sont un modfele de

mfethode pour la recherche en ce domaine. II a aussi beaucoup ceuvrfe

pour promouvoir la recherche äjrurvfedique en Occident et appuyfe avec

vigueur la crfeation du Centre europfeen d'histoire de la mfedecine de

Strasbourg (1977). II participa activement ä l'organisation des trois

colloques consacrfes jusqu'ä prfesent par ce Centre aux mfedecines tradi¬

tionnelles de l'Asie.

Parallfelement ä l'Äyurveda, Jean Filliozat a fetudie toute sa vie les

thfeories et les techniques psychologiques de I'lnde. De nombreux

travaux et plusieurs cours au Collfege de France ont traite des mfeca-

nismes psychiques selon les textes du yoga ou d'autres sources sans¬

krites (notamment mfedicales), palies ettamoules (Tirumantiram). Les

techniques des yogin reflfetent en fait les doctrines physiologique et

psychologique des milieux äyurvfediques^". Dans un expose d'une

grande limpiditfe il a analysfe le fonctionnement du psychisme selon les

idfees indiennes, notamment les notions clefs de manas et de sarnskärä,

et montrfe leur importance pour les doctrines du salut et certaines thfeo¬

ries philosophiques, ainsi que leur application dans la pedagogic

indienne traditionnelle^'. «Le bouddhisme ancien a fetfe, en fait, une

technique d'action sur le psychisme inconscient que I'lnde ancieiuie a la

premifere thfeoriquement et pratiquement fetudife par son yoga.»^^

Jean Filliozat a porte son enquete, au-delä des fondements thfeori-

ques du yoga, sur ses aspects pratiques, ce qui lui permit de juger les

" YogaSatuka. Texte m&dical attribue ä Nägärjuna. Textes sanskrit et tibitain, traduction franfaise, notes, indices. Pondichery 1979.

" Sur l'identification des maladies dans I'Ayurveda. Dans: Les m.edecines tra¬

ditionnelles de l'Asie. Strasbourg 1981, p. 140-149. Cf. Päli madhuraka. Dans:

Studien zum Jainismus und Buddhismus. Gedenkschrift für Ludwig Alsdorf. Hsg.

von Klaus Bruhn und Albrecht Wezler. Wiesbaden 1981, p. 83-92.

" Problemes d'identification de la matiere medieale indienne. Dans: Etudes

sur la medecine indienne. Strasbourg 1979, p. 41-50 (en collaboration avec

Alix Raison).

Les philosophies de l'Inde. Paris 1970, p. 74.

^ ' Les theories psycholcgiques de l 'Inde. Dans : Bulletin de la Sociöte fran9aise de Philosophie 66 (1972), 3, p. 73-96.

''^ College de France. Le^on inaugurale, p. 24. Cf. L'inconscient dans la psycho¬

logic indienne. Dans: Laghu-prabandhäh, p. 167-169.

(10)

22 Arion Ro§u

Eventuelles applications medicales de cette discipline de maitrise du

corps et de I'esprit. II redigea meme, k l'intention du gouvemement, un

Rapport sur le yoga et son utilisation en France (1977). Sa demiere appa¬

rition en public eut lieu en juillet 1982 k Bitche en Lorraine, lors d'une

rencontre intemationale sur le yoga. On peut y trouver la preuve 6mou-

vante de son inter§t constant pour cette discipline psychosomatique,

congue par le genie indien et commune ä toute l'indianitö.

Tout en d6veloppant les fetudes de l'indianisme classique, Jean

Filliozat a multiplie ses travaux sur les aspects rationnels de la

culture indienne, en psychologic, medecine et astronomic, ainsi que sur

les relations extferieures de cette culture^'. Mais en meme temps il a

fetendu dfelibferfement ses enquetes savantes k des domaines mfeconnus

ou nouveaux: littferature ägamique, fetudes tamoules et fecologie histo¬

rique^''. Son demier programme de recherches indologi ques, vrai testa¬

ment scientifique^', propose la pleine connaissance de «l'fetat rfeel des

idfees et pratiques indiennes anciennes et modemes, Ifegitimes ou non,

mais animatrices de la socifetfe et aussi de son expansion culturelle k

travers toute l'Asie Orientale».

Devant la diversitfe et la richesse de la doeumentation, l'femdition

spfecialisfee, indispensable, s'avfere insufiisante pour acquferir une vision

de Tindianitfe dans son ensemble, si l'femdit spfecialisfe ne reste «india-

niste» par-delä ses enquetes privilfegiees. Une stricte spfecialisation est

prfejudiciable ä l'indologie. Ce souci de globalitfe s'fetend k l'humanisme

entier dans la pensfee de Jean Filliozat, pour qui la mfeconnaissance

des doeuments indiens, philologiques et archeologiques, prive les

sciences humaines de leur dimension rfeelle. II exigeait des sciences de

l'homme, pour accfeder au rfeel global, d'integrer l'orientahsme, et non

de choisir les faits ä leur grfe. Naturahste dans l'äme (la preuve en est

son interessante collection conchyliologique) , il donnait ä ces sciences

de l'homme l'exemple des sciences de la nature, qui ne font pas de choix

dans les donnfees du monde extferieur^". «Plus la connaissance de

Voir en demier Pline l'Aneien : Histoire naturelle. Livre VI, 2e partie. Texte

traduit et comments par J. Andrä et J. Filliozat. Paris 1980. Cf. La valeur

des connaissances greco-romaines sur l'Inde. Dans: Journal des savants, avril-juin 1981, p. 97-135.

^* Cf. Ecologie historique en Inde du Sud: le pays des KaUar. Dans: BEFEO

67 (1980), p. 103-123.

Voir le rfesumfe de son demier cours Besoins et perspectives de l'indologie.

Dans: Annuaire du Collfege de France 78 (1977/1978), p. 605-609.

Cf. L'Inde et les sciences humaines modemes. Dans: Indologica Taurinensia 3/4 (1975/1976), p. 249-256.

(11)

Jean Filliozat (1906-1982) 23

l'homme devient fetendue et exacte, mieux elle est susceptible d'etre

appliqufee au progrfes de la condition humaine.»^'

A cette connaissance a contribufe grandement I'ceuvre orientaliste de

Jean Filliozat, fruit de dfecouvertes nouvelles et exemple d'fequilibre

de la raison et de l'experience. 11 a dominfe, par I'ferudition et par la

critique, les fetudes indiennes pendant un demi-sifecle. Aussi justement

qu'on I'a dit de son maitre Sylvain L6vi, on peut dire de Jean

Filliozat qu'il aura fetfe le dernier indianiste ä connaitre tout l'india¬

nisme^'.

^' L'orientalisme et les sciences humaines. Dans: Bulletin de la Society des fetudes indochinoises 26 (1951), p. 573.

J. Bacot: Introduction au Memorial Sylvain Levi. Paris 1937, p. V.

(12)

Erwägungen und Vorschläge zu einem Vergleichenden

Wurzelwörterbuch der semitischen Sprachen

Von Franz Amadeus Dombrowski, Hamburg

Eine Errungenschaft des 17. Jahrhunderts waren die polyglotten

Lexika mit ihren systematischen Zusammenstellungen verwandter

Wurzeln aus dem Bereich der semitischen „Dialekte". Im ersten bedeu¬

tenden Werk dieser Art von Valentin Schindler' wird das

Hebräische als Grundlage der semitischen „Dialekte" verstanden, weil

ihm als lingua sacra eine fundamentale Bedeutung zukomme. Es folgten

später das heptaglotte Lexikon von H. Hottinger^ und das umfang¬

reichste Werk dieser Art von Edmund Castellus'. Diese polyglotten

Lexika wurden einer der Ausgangspunkte der vergleichenden semi¬

tischen Sprachwissenschaft, die dann auch den wirklichen Charakter

der lingua sacra erkannte*.

' Valentin Schindleb: Lexicon pentaglotton Hebraicum, Chaldaicum Syria¬

cum, Tamudico-Rabbinicum et Arabicum. Hanau 1612. Ausfuhrlich hierzu und zu

den folgenden Autoren und Werken des 17. Jahrhunderts siehe: Stanislav

Segebt: Considerations on Semitic Comparative Lexicography. In: ArOr 28

(1960), 470-87 [ = SegCon].

^ Johann Heinrich Hottinger: Etymologicum Orientale sive Lexicon har-

monicum JtctixyXottov. Frankfurt 1661.

' Edmund Castellus: Lexicon heptaglotton Hebraicum, Chaldaicum,

Syriacum, Samaritanum, Mthiopicum, Arabicum conjunctim et Persicum sepa-

ratim. 1. Aufl.: London 1669; 2. Aufl.: London 1686; Nachdruck: Graz 1970.

■* So schon Albebt Schultens [in seiner Dissertatio theologico-philologica de utilitate linguae arabicae in interpretanda sacra lingua. Groningen 1706, wieder¬

abgedruckt in seinen Opera Minora. Hrsg. von Johann Jacob Schultens.

Leiden 1764; Institutiones ad fundamenta linguae hebraeae, quibus via panditur ad

ejusdem analogiam restituendam et vindicandam, in usum collegii domesticii.

Leiden 1737; Vetus et regia via hebraizandi. Leiden 1738 und weitere Arbeiten],

der das Hebräische zum ersten Male als einen semitischen Dialekt, als einen

Zweig des semitischen Sprachstammes bezeichnet hat. Zu Albert Schultens

siehe Johann FtJcK: Die arabischen Studien in Europa vom 12. bis in den Anfang

des 19. Jahrhunderts. Leipzig 1944, 189-91; John M'Clintock — James

Strong: Cyclopaedia of Biblical, Theological, and Ecclesiastical Literature 9.

New York 1890, 439.

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