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Arthur Nicolet

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Academic year: 2022

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(1)Arthur Nicolet. Autor(en):. Buhler, Jean. Objekttyp:. Article. Zeitschrift:. Actes de la Société jurassienne d'émulation. Band (Jahr): 105 (2002). PDF erstellt am:. 29.01.2022. Persistenter Link: http://doi.org/10.5169/seals-684836. Nutzungsbedingungen Die ETH-Bibliothek ist Anbieterin der digitalisierten Zeitschriften. Sie besitzt keine Urheberrechte an den Inhalten der Zeitschriften. Die Rechte liegen in der Regel bei den Herausgebern. Die auf der Plattform e-periodica veröffentlichten Dokumente stehen für nicht-kommerzielle Zwecke in Lehre und Forschung sowie für die private Nutzung frei zur Verfügung. Einzelne Dateien oder Ausdrucke aus diesem Angebot können zusammen mit diesen Nutzungsbedingungen und den korrekten Herkunftsbezeichnungen weitergegeben werden. Das Veröffentlichen von Bildern in Print- und Online-Publikationen ist nur mit vorheriger Genehmigung der Rechteinhaber erlaubt. Die systematische Speicherung von Teilen des elektronischen Angebots auf anderen Servern bedarf ebenfalls des schriftlichen Einverständnisses der Rechteinhaber. Haftungsausschluss Alle Angaben erfolgen ohne Gewähr für Vollständigkeit oder Richtigkeit. Es wird keine Haftung übernommen für Schäden durch die Verwendung von Informationen aus diesem Online-Angebot oder durch das Fehlen von Informationen. Dies gilt auch für Inhalte Dritter, die über dieses Angebot zugänglich sind.. Ein Dienst der ETH-Bibliothek ETH Zürich, Rämistrasse 101, 8092 Zürich, Schweiz, www.library.ethz.ch http://www.e-periodica.ch.

(2) Arthur Nicolet Conférence du 14 mars 2002, Lycée Jean-Piaget, Neuchâtel Jean Buhler. Am« r/'Arf/mr Mco/et, «m« c/c /a poesie, mes am«, même. .s. /Vous sommes ici /?owr sa/wer ime presence, '///anc/ra par/er 4e /a 4/spanhon prêma/nrêe c/'Arl/mr Mco/el, ne' z7 y a 90 ans e/ morl voici 44 ans.. Tout Nicolet dans un seul quatrain L'L/e/ve'ft'e es! un paracL's 0« /'espriY marc/ie à gnarre paries Qnane/ /es sapins anronf 4es c/affes, Les L/e/vè/es m 'anronf compris.. Que le poète légionnaire, par ailleurs enseignant, fin lettré, prosateur d'un genre unique, ici lauréat de quelques prix littéraires, soit donc avec nous, barbe rousse et poil qui pique, voix qui tonne, bouche qui postillonne, main qui gesticule en brandissant le verre de rouge dont quelques gouttes s'éparpillent pour la rime et pour la frime L'homme est entré vif dans sa légende. Aucun de ceux qui l'ont fréquenté n'a pu l'oublier. Le poète a été tardivement reconnu. La Bibliothèque Jurassienne lui a élevé un monument quatre ans après sa disparition: un gros recueil des poésies complètes sous couverture d'une blancheur innocente et superbement frappée de la grenade à sept flammes, emblème de la Légion. Le 12 septembre 1958, sa femme Marie-Louise m'avait prié de visser le couvercle du cercueil. L'arrière-été flambait dans les pâturages; dressées comme des cierges, les grandes gentianes rendaient hommage à un soleil d'Afrique sans visa, contrebandier céleste et pèlerin du souvenir. Les sapins se découpaient avec une rigueur de prosodie classique. C'était au Chauffaud, ce dernier refuge que le poète appelait sa potence 133.

(3) (Chauffaud, Echafaud, Potence). Nous nous penchions sur lui pour l'adieu au passager d'un navire vers ce grand large dont on ne revient pas, quand une goutte de salive vint perler à ses lèvres. Marie-Louise cria: «Il vit!» A peu près le même sursaut de refus qu'eut Verlaine quand on lui apprit la mort à Marseille de Rimbaud, retour d'Ethiopie. Oui, Nicolet est vivant. Je souhaite que cette soirée vous en persuade et lui gagne de nouveaux amis chaleureux, à lui qui se plaignait si souvent d'en avoir peu, et si tièdes... Mes amis se sont contentes De /euer /es traits de mon œuvre. Je ne suis pzz 'zzn pauvre manœuvre Qu/ n 'attend rien de /eurs dontes. Les jours, /es mois pue j'ai conzpfe's Me sont p/zzs /ongs pue des cou/euvres. Je /ne dèhafs comme une pieuvre, Mes vains efforts sont enc/zantès. Je suis suspect à p/zzs ci'un titre A te/s ministres, à te/s pitres P/eins de /ourde so/ennite. Je n 'ai ni p/ace ni pzzpifre,. M cifade//e ni cite 7/of de /a Socie'fe'.. Cher Nicolet, la solitude dont tu souffrais n'était que la compagne d'une vie difficile et librement choisie. C'était aussi l'ombre de l'écriture, l'ombre indissociable du travail de création littéraire. Entre ton pays natal et tes terres d'adoption, tu avais voulu la distance qui a nourri ton inspiration et a fait de toi, à ton retour, un étranger là où tu étais né.. Le Vieux Rossignol Les cuistres m'ont cata/ogzze' Comme zzne espèce de poète Varz'e'fe' de gypaète, Je yï/s /ègionnaire, d guè/ L/zzron, sozzdardjem 'en/oufespue,. A /a douce muse du /ac Je prejèraz musette et sac, Barda, guztoune et so/datespue... 134.

(4) A /a /j/gaeife eJe/vedgae Je pre/era/ /e grav /j/narJ, A mon Jara, p/at J'epfnarJ, L'A Jas e? /a saace r/«/ /Jgae.. Layanf /e c/oc/zer Ja c/a/j/er, Jey/s /e c/za/x Je Jrow/er e« marge, D'errer ycryeia: e? /jo/re a« /arge, /«soac/ewx comme an /rowp/er. Ga/ moiisonneiir Je /'amer/Mme, L/i/cmt rerr/J/e Ja JesJu, J'a//awc/ze /e sea// Ja maJ«, Foa/aar /a rosee er /a /?rame. Dès le début, tout était joué pour l'enfant rêveur et studieux, né le 23 mars à La Chaux-de-Fonds et dont les premières années eurent pour décor, la Joux-Perret, Cortaillod, les Gilliottes (une ferme des environs du Locle). Nicolet décrochera son diplôme d'instituteur, au Locle, non sans avoir confié au papier des poèmes, parfois rédigés en sténo, pour le secret. Il est déjà Action française et anarchiste dans l'âme. Il a de qui tenir. Son robuste père adresse parfois au Château placets, protestations, propositions et de virulentes critiques. Je crois que pour les Nicolet, abus de pouvoir est un /j/eouaxme. Là où il y a pouvoir, il y a abus, sauf dans un passé que l'imagination décore sans risque de toutes les grâces. A l'Ecole normale, Nicolet risque le renvoi pour la publication d'un journal satirique: Le V/eict Corbeau. 1930. Instituteur frais émoulu, Nicolet n'a pas de travail. Comme tant d'autres en cette période de crise de l'Occident. A la fin de l'été, il plante sa fourche au coin du pré, tourne le dos à la ferme paternelle et descend le cours des eaux qui mène au Rhône, le Rhône à la Méditerranée et à Marseille où se trouve le fort Saint-Jean. C'est de là que les candidats à la Légion sont équipés et dirigés sur l'Algérie, Nicolet en a pris pour cinq ans, renouvelables. En 1933, il combattra les «Chleuhs» à l'Assif Melloul dans le Haut-Atlas. En 1936, il touche la prime de son contrat «Honneur et Fidélité» et monte à Paris où il va voir Pierre Pascal, créateur de la revue LJryJ/ce, à laquelle collaborent Paul Valéry, Charles Maurras. Il est reçu, salué, compris, il sera publié dès 1937, mais Paris coûte cher et les sous lui manquent. Il rempile. Quelques jours avant Noël, toujours en 1936, il épouse la toute jeune et fraîche Marie-Louise Deschamps, institutrice de Saône-et-Loire en pays bressan, qui le rejoint à Erfoud, au Maroc, en marge du désert. 135.

(5) A M'Amie Op/enz'tzzr/e t/e /'Amour, O toz, tozzte gz-ace er e/é/zces, Fe'ne'/ope, epozzse z/'L/ysse,. Cantz/ène. r/zz. rrozz/zar/orzr,. Lete. zzocrzzr/ze À zrzon z'erozzz; Dozzce er tezzc/re zne/anco/z'e,. reproc/ze à ma Lo/z'e, A toz, ye rec/evraz /e /ozzr/ J/zzzzz/z/e. (poème classé dans. M// zz 'est Lrop/zèfe erz son pays). C'est la période la plus heureuse de sa vie. Marie-Louise met au monde la robuste Jeannette. Nicolet s'épanouit et bombe le torse sous l'uniforme. Les photos de l'époque le montrent plus souriant que jamais. Comme Marie-Louise, courageuse, vieille France et présente dans le temps avec lucidité, Jeannette fut abondamment chantée Courons vite à la désastreuse campagne de 1940. Engagé volontaire sur le front d'Europe, Nicolet est blessé au bois de Neudant, et au talon d'Achille, comme il l'a souvent souligné. On le réforme, il rentre en Suisse, retrouve femme et enfant, les reperd et les recrée en écriture : Petzte assatzon £>2 sa/zofs, ma /eanzzette Pazzve comme z/n //on, Pose, /ys et rz.se/2e, M'Amze, ô mon Amozzr, t/ne ezz/anf nozzs est ne'e. Dzz mz'rage e/zz /ozzr, /e /a voz'.v etonnee.. La pe2z'2e. nzaz'son. Pozzrgzzzgnonne e2 /zres.sarze. Vb/f pa.v.ver /e.s saisons Com/ne zzne caravane. Jeazznette szzr /e sezzz'Z ,/ozze avecc/zze /a c/?a22e, Vzves comzne eczzrezzz'/s, Jezz Je maz'ns, /'ezz Je pattes.. J'az/az't cette c/zanson Szzr /es rzmes Jes /a/z/es,. pays Jes moissons, Pozzr /a Lose Jes Sa/z/es.. Azz. 136.

(6) La débâcle de mai 1940 a donc ramené en Suisse ce soldat trempé au feu. A 29 ans, on lui impose une école de recrues, l'apprentissage du maniement d'armes. Le paisible «establishment» qui régnait alors sur notre pays ne faisait pas grand cas de ceux qui le fuyaient pour aller respirer à pleins poumons un air plus agité. Il semble qu'on aurait dû tirer parti des connaissances de vétérans comme Nicolet, en faire des instructeurs, des conseillers. Ben non! Surtout s'ils sortaient du peuple, comme les survivants des Brigades internationales à la guerre d'Espagne. Pour les gens bien nés, il en allait autrement. Je me souviens qu'au moment où Nicolet apprenait à saluer ses caporaux imberbes à Colombier, le colonel baron von Tscharner était invité à faire partie de l'entourage du général Guisan au Q.G. d'Interlaken. Ancien légionnaire comme Nicolet, mais colonel et baron. Nuance Von Tscharner n'était pas poète le moins du monde. Dans notre pays, les gens qui préféraient les lettres aux chiffres ne faisaient pas recette. Ce sont là des souvenirs historiques. Chacun sait que, maintenant, tout a changé. Heureusement. Ou changera. Ainsi. soit-il Ce poète forain, qui se plaint de son sort ne cherche à l'améliorer que par l'écriture. La poésie coule de sa plume comme tombe de ses lèvres le discours interminable servi à ses interlocuteurs, n'importe lesquels, dans les cafés et les salons. Il transporte partout une musette bourrée de poèmes, les lit avec passion, les commente sans écouter ni compliments. ni critiques. Heureusement, la gouaille, la verve, l'esprit caustique, le caractère frondeur et emporté du légionnaire lui valent de trouver un éditeur et un ami dans ce «borgne trou du Locle» comme il ne cessera d'appeler sa ville d'attache. Cet ami est Samuel Glauser-Oderbolz qui dirige la FeuiZZe J'Avis ties Montagues, un des sept quotidiens qui paraissaient alors dans notre République et Canton de Neuchâtel; trois à La Chaux-deFonds, deux à Neuchâtel, un au Locle précisément et un au Val-deTravers. C'est en 1941 que, promu depuis peu rédacteur à L'/mpor/ZaZ, je reçus par la poste militaire la première plaquette de Nicolet. 32 pages sous jaune couverture marquée des deux marteaux entrecroisés qui rappelaient Tramelan, l'origine des Nicolet, avec la devise: «De plus en plus fort comme chez Nicolet». Le titre, Joux-FerreZ, Vfo/anvron er «tares pâtarages. La Muse est encore élégiaque et le regret chantant. Le double amour du sol natal et du Maghreb, terre d'élection, n'est pas encore trempé d'amertume: ,7'enfentZs encore an Zoin sons /es paZnzes rZ'A/riz/zze, Des vac/zes à potets Zes sonnaiZZes rnsrignes, 7bzzf. Ze. temps. eZe. Za/enaison. 137.

(7) /e vow encore on. /zzz'zz. rar /es c/zzzm/z.v z/e /a. /zzzze,. Les zzzzzzges/zzyzzrzA coznzne ra/z/e e/ z/zzzzes, £7 /es ne/ges rar fro/s so/sons.. yozzx-Perref, Va/anvron ef c/zzz/e z/e /zz Ponz/e P/c-Lozs zzzzx nz///e e'c/zos e/ tonnerre z?zzz grzzzzz/e... Moz's y'enZenc/s /e c/zzznZ. z/zz. cozzcozz. Les /zeZzto /zzzyszzns revzezz/ze/zZ z/e /'eco/e, Vez Zzzc/zes z/e rozzssezzr, fzzc/ze's z/'encre eZ z/e. De /'/zer/ze. /zzzzzZe /zzsz/zz 'zzzz. co//e,. cozz/. z/e/byzzrz/s ef z/e /z/zz/e, zzvr// ez zzzzzz z/'encre ez z/e szzz'e, ffiver szznsjßn, Pzz/zzrages z/e c/zzzzn/zzgnons. O zzzzz prmczpzzzzZe' z/e znzzrgers e/ z/'orries, Pzzys z/e Vezzc/zzzZe/, ô zrzzz sezz/e PzzZrze, Mzzzzrzzgzze.s z/e szzpz'ns,. Ozz. je. n'zzz p/zzs z/e cozzz/zzzgnons/. Cette litanie, cette revue mélancolique des charmes d'une enfance perdue, c'est une bonne part d'Arthur Nicolet. Le poète écrit en vers classiques, il dédie ce premier recueil à Monseigneur le duc de Luynes et de Chevreuse, prince de Neuchâtel et de Valangin et il ira rencontrer Charles Maurras en 1942. Y avait-il dans ce penchant à célébrer un pouvom royal enfoui dans le passé autre chose qu'un amour équitable pour la France et le bon langage? Il a pu nous le faire croire et je ne l'ai jamais accompagné sur le chemin qui lui a sans doute valu une bonne part de l'ostracisme, voire du dédain manifesté par les gens en place. En fait, monarchiste de cœur et anarchiste de comportement, il était la générosité même et très éclectique dans ses admirations littéraires. Sa bibliothèque du Chauffaud était un bijou. S'il admirait La Fontaine, il célébrait Baudelaire, Rimbaud et Verlaine. Marie-Louise partageait ses goûts. Née Deschamps, elle adorait Louis Pergaud et Marcel Aymé. Classicisme un peu passéiste? Peut-être. Ces bonnes années furent vécues de façon somme toute lumineuse. Ce n'est pas parce que les poèmes parus dans Lzzz^z/z'ce étaient teintés de royalisme et de mythologie grecque que leur fanfare en était moins somptueuse et le ton moins personnel. Mzzri'ez7/e, c/zzzr z/'zzzzrazz/ z/es z/es z/'zz/zzzzzz/zzzzce, Pzzr/e z/es /e'gzozzs et z/e /a z/zzzzce LVzz/zce, ZVzzvire zzzzcre' z/zzzzs /e so/ez// Szz/zzZ Vzezzx LorZ z/es gzzezzx, mwZrzz/ z/es czzrzzvzzzzes. 138.

(8) Fc/têZre. Jzz przzzZezzz/zs cozzzxz/z/ze. ft(/me Jcs. zzzers, cozzc/zazzZ. Je p/aZazzes,. vernie///. Arè/ie des vazsseazzx zzzarc/zazzds eZ des ga/zares, Acczzez/ Jzz gaz savo/r eZ des zdzzzes baiLa/'es, Ca/e. eZ gz*ezzzer. Gozzsse. des ocea/z^,. d'à// azz so/ez7, paz/zzzzz Jzz. beazz /azzgage,. Go//è Je va/se 6/ezze, e'Zrave Je m/rage, Sa/zzZ, ga/ère Je.v ge'a/zZ.v /. Maz-sez7/e, èozzc/e. J'o;- des. azzroz-es /ozzzZazzzes, szzd, coz7zez7/e des sz'rèzzes,. FarZezre grazzJ Zozz A empire Zz/ezz //es, ALarse///e //ezzr des d/ezzx, e'Zoz/e des v/g/es, TVozzs revezzozzs azz sezz// Je zzoZre Za/zag/e £7 Ze cozzvrozzs Je /;ozzc//ei"s / Jzz. « Vae VzcZz's ». / Le so/ez7 s'esZ cozzc/ze' szzr zzos pa/zzzes,. /Vos /azzrzer.y sozzZ Je Jezzz/ sozzs /e.v c/ezzx /es p/zzs ca/zzzes, £"/ye cozzZe/?z/?/e avec e/^roz Les yezzx caves, Lrzz/és, sazzs vo/x, /a gorge sèc/ze, 7ozzZ /e cze/ Je /'Lm/zz're ozzverZ cozzzzzze zzzze /zrèc/ze/ Ad/ezz, mercezzazres Jzz Lo//. Bien des écrivains ont chanté Marseille. Qui d'autre que Nicolet a su le faire avec ces accents d'une jeunesse flamboyante et ce ruissellement d'images fortes? Et même prophétiques quand il évoque les Allemands recrutés à la Légion : /Vozzs vezzozzs J'zzzz przzz/emps. De /a Pome'razz/e, zzzzmezzse Arèzze zzoz're des corèeazzx;. zyzzz. eZ. zz'a p/zzs Je/ozzZa/zzes,. /ozzrJe p/a/zze,. /Vozzs vezzozzs J'zzzz empz're ozz pozzrrz'ssezzZ /es âzzzes. De Sodome prozzzzse à /'averse Je //azzzzzzes; /Vozzs./zzyozzs vers /z/zzs dozzx Zozrz/zeazzx.. Tout le chant d'LzzryJz'ce et même l'œuvre entier de Nicolet attestent d'un destin partagé. Comme le soldat ployé sous le barda et le fourniment, traînant armes et bagages, le poète jurassien vit dans un perpétuel mirage, balancé entre Jura et Maghreb, entre passé et présent, entre adoration et vitupération, entre regret d'une douceur de vivre égarée dans les méandres du souvenir historique ou du vécu personnel et révolte 139.

(9) contre la vie quotidienne, ses obstacles, ses horreurs violemment dénoncées.. Dans Fzzrydzce encore, l'impossibilité de la paix et de l'apaisement, inspire le poète: «Par le vin, sang du Christ» explique le recours à la. boisson, illusoire consolation: arc/zange zxzgezzr, femom de ma misère, t/rz sazzvage c/z'zzzaf me /zozzssazzf bars de moi, Te/s mes/rères /es /ozz/w, par /a/aim, dors des bois, M'ont ,/eie' dans /es rangs des /zargzzezzx mercenaires, Pre'toriens dn si/ence et/àisceaj(X de /a /oi. Lùz. M Comme des mate/ots gzzz ruminent /ezzr cdiçzze, A^ozzs méditons sans /zz se/on /zotre pencdant, 5otzs /a/azz/x de /a mort, an/7 de son trancdant, £7, zzzz'Mrab/eznezzt, sozzs. /es/ammes bac/zz/zzes,. /Vous sombrons, ga/e'riens. azz. /arge du coucdant.. Avant d'aller à la rencontre du Nicolet des ambitions déçues, enclin à des violences verbales qui étaient parfois proches du délire, écoutons-le encore dans ses moments de tendresse dire le pays de l'enfance. Le pays qu'il a quitté ne le quittera jamais. Par l'enchantement de la Mémoire, il le retrouve plus vivant, plus accueillant qu'en son âge d'homme. Le recueil Fe/z'x Agrico/a, imprimé surtout et un peu édité chez Protat à Mâcon peu après Joux-Perret, fb/azzvrozz et azztres /zaZzzrages est d'une veine bucolique. Comment se fait-il que ces rimes qui sentent la résine et le trèfle n'aient pas valu à Nicolet, sinon le titre de Prince des poètes de notre époque, du moins quelque prix Bachelin réservé aux moins de 40 ans? Pourquoi les écrivains étaient-ils jugés et sont-ils encore jugés par des aréopages qui font fi de la ferveur populaire Au temps où paraissait Féb'x Agn'co/a il y eut des gens qui parlaient en docte langage de réconcilier la poésie et le peuple. Nicolet se répandait dans les bistrots et ne manquait jamais d'auditeurs. Les ouvriers de la «Zénith» et de la «Dixi», vivaient en prose, mais la poésie de Nicolet ils la comprenaient, ils l'aimaient et lui en redemandaient. De l'autre côté de la frontière, la poésie d'Aragon, d'Eluard, de Pierre Emmanuel trouvait les mots pour consoler et déjà enflammer les cœurs blessés. En France occupée, on prenait parti et prendre parti, c'est échapper à la solitude. En Suisse neutre, hors de l'Histoire et des grondements de l'actualité, Nicolet était déphasé, rejeté dans son exil double et alterné. Mais comme il avait su renouer avec l'ancienne tendresse en remontant ce que le jeune protagoniste de Gottfried Keller appelle les verts sentiers du souvenir 140.

(10) L'enfant de la forêt Le pe/zY pzzyszz/z L'ezz/azzZ. zzzzzjz. Cozzz*azY z/zzzzs. z/e /a/ezvzze z'so/ee,. szzr /e. vezt sezzZz'er, /es essezts <r/e /a /zazzte va//ee,. «onerier,. Cz^oz/zzazzZ /e/rzzz'Z z/zz. £? par /a Vy-aw-Lcwp, /e /Vevozzx et /es Qzzezzes, AgapazY/ozzzvzzz's e? gzzêpz'ez-s.. La. zzzzme,. /a _/razzz/zozse er /a myz"Zz7/e Wezze,. ALo//es, Zom/zazezzZ z/azzs sozz pazzzez*.. f-J Recozzzzazs-Zzz Zozz. âme à. La èe//az/ozze. yezzx. Le. zzzzx. .va r/ozzce. zzoz'z's, azzx. c/azrzere,. verrez pazzpzeres,. zzoz'seZz'ez" z/e /'e'czzz-ezzz/,. L'a/zszez; /e. sozTzz'ez",. /a pz*zzzze//e z/es /zaz'es,. La/oréZ z/es sozrzers. azzx ve'zzezzezzses /zaz'es,. £7 /e c/zaZ z/ozvzzazzZ szzr /e. sezzz'/. Hélas, à la page suivante, la tristesse revient. Elle est logée dès la naissance dans les veines du soudard et se ranime au spectacle d'une terre natale désenchantée. Au ciel, la Grande Ourse montre les dents et de la Pléiade tombe une plainte séculaire : 7e mezzz's z/e soz/ezzzpz-ès z/e /a/ozzZazzze, 7rem/z/azzZ z/e Troz'z/ azz/ezz z/es azzzozzz-ezzx. Rzezz zze. m'es? szzr. z/zze. /a c/zose z'zzceztazzze.... Au Jurassien René Baume, journaliste à La Szzzs.se comme son ami Hilaire Theurillat, Nicolet dédie trois strophes qui ont la concision, la coupe dramatique d'un émule de Villon. Encore une fois, pourquoi et comment ne l'a-t-on pas reconnu plus tôt? Voici les douze octosyllabes de /zzra, après une question. Quel Duparc ou quel Gerber ou qui d'autre se hâtera de jeter la mélodie de ce Lied jurassien?. Jura /e. /azsseraz. ZozzZ. z/e moz'-mézzze,. f/zz cz'zzzze eZ c/zze/zpzes os rozzges, Azz Jzzra,. Ces? à. /a Zezre. z/zzoz,. z/zze y'azme,. ce soz'r, y'az sozzge. 141.

(11) J'ezzsse /a/ssé tozzt Je znoz-znezne. so/ J'A/rzgzze, en France, azz gré De /'aventzzz^e et Jzz poème. Le so/ ozz / 'oh znezzrf est sacré.. Azz. Je we saz/raz rzen Je moz-même, M Je /'azzzr/azzc/zant mon pre; Amer, je saz's bz'ezz ce <yzze j'az'me. Je La/s tozzt breuvage szzcré.. Nous sommes en 1942. Notre homme va de relève sous l'uniforme gris-vert à des emplois incertains en fabrique au Locle ou à de goguenardes disparitions sous les sapins de la frontière. 11 aura bientôt une clientèle de trois cents ouvriers pour le tabac, les feuilles de papier à cigarette et les briquets qu'il ramène en catimini dans son sac à dos. Les distributions et la rémunération s'effectuent sans excès de discrétion, dans la rue, sur la place publique. La maréchaussée s'en inquiète, comme elle s'inquiète des déclamations du troubadour en brodequins à clous, veste de velours, béret basque, et de son verbe fleuri, et de la musette pleine d'explosives strophes. Nicolet verra ses déambulations interrompues par un mois à la «Promenade», la Promenade étant, comme chacun le sait, le point où l'on se promène le moins puisqu'on y reste quand on est arrêté. J'irai le voir et lui glisserai quelques paquets de Burrus dont il me remerciera en vers et contre tout. A cette époque, l'écriture coule de lui comme le Rhône à la Méditerranée. Il vient de publier deux petits recueils imprimés chez Glauser-Oderbolz, mais à compte d'auteur: Le Vent Jzz Large er /ei Lorpats Je /a Soz/, mais avec un surtitre qui en complète l'information: «La Rose des Vents et La Rose des Sables» et l'adjonction entre parenthèses: (Légionnaires, mes Frères). Le souvenir des années de Légion est ici à la fois lourd et somptueux. Les alexandrins s'alignent frappés comme des médailles romaines. Le chant est tour à tour triomphant ou accablé quand la mémoire est hantée par le mirage inversé, celui de la patrie perdue et évoquée sous la guitoune du bled ou dans l'oasis. Dans le grand poème intitulé Vzcfo/res. ßeazzx compagnons brzz/éspar /es so/ez'/s J'en'/, QzJ grattez chaque so/r /a rozz///e Jes/zzsz/s, Leazzx compagnons Je chasse étrange, bozzrszz/vons /a //corne an vz/sabot J'argent/ At'avons-noHSpas/ozz/é /es sab/es Jzz Levant?. Parts a soz/Je nos venJanges.. 142.

(12) et les épiques cadences de. Compagnons Part/r avant minait vers /es monts Je /a Lune, D'astres à cAaçue />as /aire «ne amp/e moisson, PreJonner Jes regains et Jes Arins Je chansons, Fumer, y'acter argot, /angage J'in/ortnne, Courir snr /es genêts Jes coteaux par/urnes, Frrer snr /es cai//oux an/onJ Jes pre'cipices. An c/zaox Je /'At/as, à J'oAscènes supp/ices, Nourrir Je sa carcasse enj/n /es c/tamps /ume's, F/aspAemer, gognenarJs, nn cie/ toujours trop ca/me, De nos cAiennes Je peaux/aire nn p/aisant marcAé, 7enJre / 'arc Je nos ner/s comme Je Aons arcAers, C'est notre vie, amis r/ui rêvez à nos pa/mes.. (-J La nnif pouJroie an AorJ J'nn nonvean/irmamenf, Les e/nafre vents Jn cie/ Aattent /a mer en ArècAe, CAa^ney'onr s'est /evê snr nne nnit p/ns/raicAe, L'auAe coupe sa gerAe et rit à ses amants.. Nicolet s'est si souvent plaint et à voix si vive d'avoir été incompris, d'être resté méconnu qu'on est tenté d'abonder dans son sens. Je crois bien que je me suis laissé prendre au piège tout à l'heure. En fait, il n'est pas exact de dire qu'il a passé inaperçu. C'eût été impossible! Il faisait trembler le décor partout où il passait. Trois ans après sa mort, je sursautais encore à l'appel du téléphone, croyant qu'il m'appelait pour un de ses monologues parfois coupé d'invectives, parfois d'invites courtoises ou de compliments déclamés avec une incomparable chaleur. Dès la parution des premiers recueils, FuryJice, ,/oux-Ferret, Légion«aires mes /rères, Le/à Agrico/a, la critique le remarque et le loue. Je vous donne ici une idée de ces témoignages d'abord français, par la suite publiés dans notre pays et pas seulement dans l'étroite patrie neuchâteloise. Dans L'Action Française, Charles Maurras le présente en ces termes: «Arthur Nicolet est un poète de grande verve». De Pierre Pascal dans L'Appe/, feuille monarchiste à Paris: «Des poèmes légionnaires vraiment admirables». 143.

(13) Dans La R<?v«e de Lausanne, Georges Gaspari y va de sa définition : «Arthur Nicolet, c'est un poète de la Renaissance». Dans La y'enne Saw.se, de Genève, Eugène Fabre s'avance plus loin dans l'analyse: «A qui serait tenté de juger facile cette poésie, soulignons ce qu'elle a de ferme et de net dans le trait, de dépouillé dans le dessin, et comment avec l'aisance du métier va de pair la plus fine sensibilité.» Citons encore Gilles dans le Zonrna/ du Znra: «Cette poésie a de la couleur, du nombre, du rythme, du souffle. Et du panache et de l'éclat. Il faut la lire à haute voix, et elle sonne comme une trompette d'argent». Voilà qui est envoyé et que Victor Hugo remballe ses grognards collant leur bouche en pierre aux trompettes de cuivre... Quant à Jean de la Combe, sans doute Rochat-Cenise, dans La Fend/e du Locle, il brandit un laurier et tente de le poser sur la forte tête : «Prince de nos poètes » Conclusion provisoire. Nicolet n'a pas été honni ni banni. Il a davantage rejeté la société que souffert d'ostracisme. Il s'est lui-même condamné à la relative solitude qui lui pesait. J'avais réussi à lui faire souvenir, dans les années 1950, qu'il avait son brevet d'instituteur, que l'Ecole primaire manquait de bras si j'ose dire, et que son directeur à La Chaux-de-Fonds, Paul Perrelet, lui donnerait sans doute une classe à enseigner, s'il voulait bien aller le voir. Il y fut, il fut très bien reçu, on lui confia une bande de moutards du collège de l'Ouest, il leur conta monts et merveilles et un peu de géographie ou même de calcul mental, il veriait souvent déjeuner chez moi ou chez mes parents, il baisait la main des dames et caressait les bébés, mais six semaines n'étaient pas écoulées qu'il tournait le dos à l'école primaire lui préférant l'école buissonnière. Il en alla de même en mainte tentative de lui maintenir ouvertes les portes de telle ou telle rédaction. La seule officine où il persévéra, où il avait les coudées franches, fut celle du Zwra Lzère. Nous en parlerons tout à l'heure. Son esprit ne trouvait pas sa vraie place dans le corps enseignant. Il n'avait jamais pu perdre sa vie à la gagner; il n'avait pas le temps de se disperser, son destin était tracé. En attendant, notre ami ronge son frein avec ou sans uniforme. Mobilisé à la Maison Monsieur, il passe dix-huit fois la frontière à la barbe des Allemands qui patrouillent à deux avec leur berger, allemand aussi, bien entendu. Dans le sac militaire ou la musette civile, Nicolet véhicule toujours son picotin lyrique. Il en détachera plusieurs recueils dans la veine qui a marqué ses débuts: Co«/? de Zoran, AGires-Zoïa, avec un adorable Tetede-Ran, féerie dédiée à «Jeannette, ma dauphine», et encore A/manac/i, ronde et menuet des mois qui passent, chacun marqué d'un poème dédié à un ami. La guerre ravage l'Europe. La We/zmacrif piétine au Caucase et atteint la Volga à Stalingrad. Elle est contenue à 100 km de Moscou et 30 de Leningrad. En France occupée, les SS recrutent, Laval envoie des 144.

(14) contingents de travailleurs volontaires ou involontaires au service du travail obligatoire, STO, et ces Français rejoignent dans les villes bombardées les hommes et les femmes de toute l'Europe occupée, qui participent à l'effort de guerre hitlérien et parfois le sabotent, quand ils peuvent. Nicolet est arrêté par la We/zrmac/zf le 29 mai 1943, au cours d'une de ses incursions en France. 11 passera trois mois en prison sur la Butte de Besançon avant de se laisser enrôler dans l'Organisation Todt qui l'envoie dans la Ruhr. Je ne pense pas trahir la mémoire du poète en rappelant qu'il avait souvent parlé de la Croisade de l'Occident contre les barbares. Il était plus discret sur les frontières exactes de l'Occident et de la barbarie. Plus soucieux de l'avenir de la France, oncques on ne vit, mais à ses yeux le barbare était plus Russe ou Mongol qu'Allemand. Toujours estil que j'ai retrouvé dans ma bibliothèque un exemplaire des Lbrpars z/e /a 5o//i dédicacé :. A mon viena: (z/eyà, fte/as) Jean La/i/er avec mon bon jowvem'r Art/zwr Mco/et Légzow/a/re <7«z à /'/zezme où m recevrai cette /z/az/aette aura yranc/zz cette /roaf/ère poar .y 'engager à /a Legion antzèo/c/zevigtze.. -. Coup de tête? Démarche à moitié préméditée, revue et repensée en route? De Légion antibolchévique ou d'engagement dans un corps combattant sous le drapeau à croix gammée, pas l'ombre d'un soupçon. Devenu prosateur après son séjour aventureux dans l'Allemagne écrasée sous les bombes, Nicolet lui-même s'est expliqué dans L'œii z/e Lronze, publié en 1946 aux éditions de l'Echiquier à Lausanne et à Paris, d'abord dans un préambule où l'auteur parle de quatorze mois de «noir exil dans les camps et sur les chantiers de l'Organisation Todt, en qualité de manœuvre, d'aide maçon, de couvreur, avec des ouvriers français, belges, hollandais, tchèques et polonais, Sous la surveillance de gradés allemands aux brassards à croix gammée»... Le livre lui-même est presque un modèle de reportage sans haine, sans idées préconçues. Il décrit des faits, des rencontres, des échanges d'idées. Quant à la psychologie des motivations, Nicolet s'en explique en plusieurs passages et toujours avec sa verve coutumière :. 145.

(15) Joli départ 29 ma; 7943. 7e viens z/'ê/re arrête comme z/ne /zor/oge à /'/zezzre z/zz lies?/«, /ozz/Z/e comme zz/z c/zczzzZzer anZizpze par zz/z zzrc/ze'oZogzze, e/ z'nZerroge' A'èc/zemezzZ szzr mo/z iz/enZiZe', mes inZenZ/ons eZ mes anZe'ce'z/enZs, /»or /es A//emanz/s, en Zezvz'Zoz're /razzc-cozzzZoz's, szzr /e senZz'er zpzz' z/escezzz/ vers /e Dozz/zs, zzozz /oz'zz z/e /a_/rozzZzere szzzsse zpze j'ai /zrzz/ee cozzzzzze /es De/vè/es aven/zzrezzx Z/rzz/èrenZ /ezzrs vz7/es eZ vz7/ages, «pozzr /ezzr ezz/ever ZozzZe iz/e'e z/e reZozzr». ßzze//e exczzse, <yzze//e ex/z/z'czzZz'ozz zzzzZres z/zze ce//e/zz z/ozzzzerzzzs-ye à mzz zzozre/o/ze? De /'/zzzmezzr zzzzcesZra/e, zze szzz's-je pas /a v/cZ/me z/e'signe'e par zz/z sorZ pzzi me /zzZ Zozz/ozzrs z'n/zzzmain Et plus loin: 7e zzey/zs ezz Szzzsse z/zz'zzn me'Ze'ore szzzzs Zrzzce... 7e me szzis se/z/i przso/zzzzer z/e jfonZzeres Zrop eZroz'Zes czzz gre z/e zzzozz /zzzzzzezzr z/zsaZz'aWe eZ vzzgzzèozzz/e, Dzz. AZ/emagne,. je. je szzzs reparZi /zozzr zz/ze sozzz/zre /zze sezzZz'rzzz. ezzcore jzrzsozzzzz'er,. avenZz/re. z/zzzzs. zz/ze. prison. moz/zs coz/zzeZZe, moz'/zs //ezzrie eZ moins sâre <yzze ce//e z/es j/ro/zZ/ères /ze/véZzz/zzes, mzzzs p/zzs vzzsZe. £7 y'ai e/zcore Zzz/zZ z/e c/zoses à voz'r eZ à co/zZer/ £/ pzzz's, zz'esZ-z/ pas vrai z/zz'z/ me/a//a/Z c/za/zger z/'/za/ziZzzz/es: //zes /za/uYzzz/es z/e sozzz/arz/ c/zevro/zzze' e'ZaienZ pezz con/ormes à ce//es z/e. /nés compaZrio/es. A garz/er zz/ze aZZ/Zzzz/e /zo/z-co/z/ormz'sZe e/z z/epzY z/es p/zzs pe'niWes cz'rco/zsZa/zces, zz /zezzrZer z/e /ro/zZ /'opz'/zz'o/z pzzz/z'z/zze, co/zzme z/z'Z mo/z amz 7ea/z ßzz/z/er, // esZ/aZa/ z/zz'on se Zzrise /es rez'/zs eZ z/zz'on /znisse p/zzs /amenZa/z/emenZ z/zze 7o/z szzr so/z /zzmz'er, z/evazzZ /e //Dre espace. C'esZ /'/za/zz'Zzzz/e z/zzi Zzze eZ j'aime /a v/e. Ce//es çzze j'avaz's prises en A/rz'z/zze z/zz ZVorz/ me z/onnaz'enZ e/z Szzzsse /'zz//zzre z/esz'nvo/Ze z/'zz/z pz'raZe égaré' z/ans zzne pension z/e/amz7/e, z/'zz/z crzzpzeZ z/e'vasZaZezzr z/a/zs zz/z /zo-. ca/ z/e co/z/?Zzzre... On voit qu'il n'y a là pas de quoi fouetter un chat, même sauvage et qu'on pourrait s'émerveiller de cette lucidité après ruade et coup de tête. Quant à savoir ce qui s'était passé dans la tête de Nicolet au moment de sa dédicace, je préfère l'attribuer à quelque ressort momentanément détraqué dans la mécanique plutôt qu'à une décision mûrement réfléchie et mûrie. Voici un passage où il s'explique clairement. Vbici. z/ezzx przso/z/zz'ers /ra/zçazs zpzz pozzsse/zZ zz/ze c/zarreZZe z/e. pommes. z/e Zerz'e... —. T'es pas co//aZzora/ezzr, par /zasarz/f. j'y. sozzge, je n'a/jamazs coZ/a/zore' zpz'à /z/ze revzze z/e poe'sze à Paris, avec z/e yezznes poèZes _/fa/zpaz's eZ zpze/z/zzes acaz/e'miciens; à zzn granz/ jozzrna/ zpzi pzz/z/ie z/e Zemps en Ze/nps /nés vers z/a/zs sa page /iZZe'raz're, eZ à z/e peZ/Zs jozzrnazzx /ocazzx z/zz 7/azzZ-7zzra va/azzgz'nozs. 7e szzzs zzn co/Za/zoraZezzr Zrès occasionne/. Mo/z inz/epenz/ance /e'/z'ne s'e^arozzc/ze z/'zzne zpzesZion Zrop pre'cise. /ci, co//a/?oraZezzr vezzZ z/ire parZisan 7/ezz,. z/e. /a co/ZaZ/oraiion yfanco-a//emanz/e. Ce moz. 146. zz. pris. zzn. sens inj'zzriezzx.

(16) des pizzs /âc/zezzx. /e /zazzsse /es épazdes. Le « 'a/ pas d'opinion po/iZiz/zze. Là où z7 a de /'ordre, je Zroave gzz'iZ n'y en a pas assez, eZ je saz's monarc/zzsre. Là ozz z7 y a dzz desordre, je Zroz/ve e/u'i/ a 'y en a pas assez eZ je szds anarc/zZsfe. Partisan de Z'aàsoZzz, je sa/s naZzzre/ZemenZ porté aza extrêmes. Am demezzrant, je sza's Ze p/zzs dozzx des /zomznes, /'entends des Zzommes. A Za Legion, j'avais des copains Zzongrement p/zzs vac/zes zr/zze mof. Voilà le portrait brossé de face et de profil par le sujet du tableau. Vouloir en gauchir les traits serait malhonnête. Il y a là une sincérité qui touche à la naïveté. Non, Nicolet, blessé au combat en 1940 n'a pas pactisé avec l'armée allemande. Il a simplement tourné le dos à la Suisse une fois de plus et une fois de plus, le sort le plus rude l'attendait puisqu'il fut tourbier au Cachot avant de terminer son récit d'Allemagne aux Gilliottes en octobre 1945. Son livre, je parle de L'ŒiZ de rironze, se termine de manière désolée et désolante. Il conte comment il a passé à la barbe des Allemands ses manuscrits, son seul trésor, la fameuse musette aux 6000 vers inédits, dans le double fond d'une valise de bois et de carton. Les marchands de guimauve et de bondieuseries, c'est-à-dire les gardiens du Neutre Paradis, le font arrêter. Il voyage en 4= classe, comme moi à mon retour à pied d'Albanie six ans plus tôt. Notre crime: nous n'avions pas d'argent, ni lui, ni moi. En Suisse, ça ne pardonne pas,. j. l'impécuniosité. Dix jours d'incarcération et on le remet, dit-il, en liberté dérisoire. Et aussitôt, retour sous l'uniforme en Ajoie avec une marche de 45 km pour retrouver la forme dès le premier jour. On le juge, il se tait. On le remet en liberté, mais de la liberté sans fenêtre sur la mer, il se moque: m'an? vozz/zz donner des /ois Li m 'ont donné Za comédie. Le me szzz's m, je me riens coi. Ma jeunesse jzzt trop /zardie. //.s. Il retrouve le grand village. des neiges, sa maison du peuple et sa synagogue. Et le Borgne-Trou du Locle. Les solitudes monacales de la. Montagne-Noire. Ce texte est important. En peu de mots qui sont autant d'images, le destin du poète est retracé. La nostalgie des temps révolus n'en est que plus vivement ressentie: Si comme a a temps ries /ces de C7;ar/e.v Perrazz/t et de Madame d'Azz/noy, iZ y avait un Prince, j'écrirais r/es LaZZacZes et je rêverais nuit et joMr. // n y a p/zzs de princes, iZ n 'y a p/zzs de /e'es et iZ/anZ vivre prosaäpzemenZ. La Société des marchands de gzzz'znazzve eZ de àondiezzseries, paZerneZZemenZ a condzzit mon amoz/r de Za poésie azzx marais dzz Cac/zot. 147.

(17) Rze/z « 'ei? p/zzs Zzozz. z'zzzzZz/e z/zz 'zzzz. poè/e, mais. zzzz. Zozzrhzer, à Jé/azzZ. Je c/zar-. es/ zz/z7e à /a socze/e'.. Heureusement, Marie-Louise, toujours institutrice à Loisy et logée dans la maison paternelle de Cuisery avec la jeune Jeannette, parvient à se faire muter aux Fontenottes, au-dessus de Villers-le-Lac. Nicolet écrira d'un trait Mek/ozz/z, roman argotique de la Légion étrangère, que préfacera Jean des Vallières, distingué historiographe des Suisses à l'étranger. Les félicitations et les signes d'approbation ne manqueront pas, surtout dans le camp royaliste. Jacques Perret, l'auteur du CoporaZ épz'zzg/e', est le plus enthousiaste dans l'hebdo fleurdelysé Aspec/s Je /a Frazzce. Hélas, l'édition française de l'ouvrage est mal ou pas du tout distribuée malgré la sarcastique auto-attribution du Prix des Antipodes et il faut un nouveau tirage, cette fois à la charge des Editions des Antipodes, direction au Prévoux sur Le Locle, administration à Colombier, pour toucher les lecteurs suisses. Une aventure qui engloutit le modeste pécule du. tourbier... Savoir si les grands jurys de la littérature suisse prirent plaisir à lire les aventures épiques et facétieuses du caporal Morback, du vieux Mustapha, fort virilement membré, qui avait accompli quatre-vingt-dix-sept ans de service en qualité de muletier dans les compagnies de «brêlage», sur toutes les pistes razziées d'Afrique, de Tulipie et d'Utopie, et du lieutenant Pètesec et du breton Quepouic, franchement, je n'en suis pas certain. Y comprirent-ils quelque chose? Je suis sûr que non. C'était si éloigné de Ramuz et de Gonzague de Reynold, si plein de facéties, d'invendons verbales burlesques, de confidences scabreuses. Pourtant nombre de pages eussent pu tirer des larmes aux crocodiles du langage châtré. Jugez-en vous-même en écoutant l'oraison funèbre de Meurdesoif, le corbeau mascotte de la compagnie qui s'honorait de la collaboration de Nicolet sous le signe «Honneur et Fidélité»:. Mort de soif Grave. cozzzzzze. zzzz. zzzz'zzz's/re. e/. zzzoz'zzs. ZzavarJ, serz'ezzx comme. zzzz. /rape e/. so/ezzzze/ comme zme ca/emZzozzrrz'z/zze, Mez<re/e.s'oz/ Zzzspec/azY c/zaz/zze yozzr /e Zrozzpozz vermz/orzzze Je /a rozz/e yoyezz.se Jes Jes/zzzs apaz'se's. Pezz ,sozz-. Je cozzvrzr à Zzre-J'az/e /a Jzs/azzce ozsezz.se z/zzz Jzz camp zzza/zzzaZ sépara// /e c/zazz/z'er azzgzzra/, z7 .sazzZazï comme zzzz c/owzz szzr Ze cam/ozzcz/erzze z/zzi y azzze/zazï Je Z'eazz po/aZz/e, qzza/zïe qzz'ezz ce WeJ sa/pê/re' ZZ /a//az7 qzzerzr à Za Sozzrce RZezze Jzz .SzzZ/azz ver/, sozzs /es JaZZ/ers Jzz ZozzzZa/zz Fa/Y/e//. t/zzyozzr Je ma/Zzezzr, Ze corheazz zvre-mor/ Je p/z/zzeraZe ra/a sozz zzzzme'ro z7e czrqzze, g/zssa comme zzzz azzge Jec/zzz szzr Za pazzse Je /er czezzx. 148.

(18) ef. rozzZa. avezzgZe. pifezzsemenf sozzs /a rozze. J'nn. /iz'/J/Jopo/ame. zzn. z/zz. camion, comme. sozzs /e. pieJ. oiseazz Je paraJis.. /izf /a Je/Ze ef Zze'roz'gzze /in Je Mczoy/c.st;;/ zizmi azzczzne Zzâ JZerie n'aZfère /a frisie ve'riie z/zze ye fire Je Z'ozzJZi pozzr / 'e Jz/icafion c/e.v /e'gions z/e Fzz/of Cesar, zZe Fzzpin /e MaZaJar, e/e ßacc/zzzs, z/e Venzzs z/e'voiZe'e, z/e Cypris nzzire, z/e Pomone fingifane, Je F/ore exofiz/zze, Je CyJè/e, Je Sirizzs, z/'A/z/e'Jaran ef Je Crepz'fzzs, z/iezz Jes/ayofs e? z/es prn's casses, Je'cozzveri azzx /ozzz'//ex romaines Je Pzzzzrgzzgzze par /e poèie Georges FeZZe. Drozzx. Fzz. granJe. e? /ozzc/za/7Ze. cérémonie, /a froisième com/zag/ize Je /a. Dame Je Piz/zze enferra son co/'Jezzzz izzie'miz/zze, .von /anion Ze'genJaire. P/ezzranf comme zzn sazJe ronzanJ^zze, e/Ze versa Jes /armes Je vin ve'rifaJ/es. Szzr sa iom Je sans yZezzrs ni conronnes, e//e pozzssa nn convoi /zznèJre J'oJsegzziezzx regrefs ef Je sozzpirs Zire's Je ses fa/ons. Lozzis Fzz/ipe z/zzi Z'avaif Japiise szzr /'azzZe/ Jes Azzczezzs ef Jes Jacc/zazzfes, p/'ozzonfzz J'zzzze voix sepzz/cra/e azzx e'c/zos cavernezzx son oraison z/e/p/ziz/zze, çzz'immoJz'/es coznzne Jes sfa/agznifes e'cozzfèreni /es caznaraJes Jzz morf; - MezzrJesoz/ oiseazz szzJ/ime Jes azzgzzres, fzz nozzs <yzzzïies sans yoie pozzr ie paraz/z's noir Jes co/'Jezzzzx saozz/ogzYzp/zes. Fzz efais noire âme sœzzr, p/zzs graciezzse z/zze /a co/omJe Je Ve'nzzs, p/zzs szzave e/zze /a rose Je Cypris, p/zzs y'o/ie z/zz 'zzn cœzzr Je seize ans perce' Jes iraiis Je CzzpiJon, ei p/zzs Jro/e r/zze /a vie. zVozzs garJons ancre'e Jans ia peazz ion image gaiammeni faiozzee, Je sorie z/zze noire sang yraierne/ z/zzi Je son y/zzx ei reyZzzx sans cesse /e parcozzrf izzi renJ /ayièvre Je ceiie vie z/zze izz Jepensas si ge'zzerezzsemenf pozzr nozzs /a renJre p/zzs Ze'gère, moins znonoione, p/zzs /zezzrezzse en/izz Jans ceiie JarJare, pe'iree, perpe'fre'e, pez'pe'izzeZ/e ei Jamne'e so/iizzJe. Jzz nozzs conzzaz'ssais iozzs à noiz'e /Jczz/fe' Je Zever /zazzi Ze cozzJe se/on /a penie arz'Je Je noire arJeni ei /'ozzgeoya/zf gosiez; izz p/ongeais ion Jec azzgzzraZ Jans Zes z/zzaris Zes pizzs somJremenf czzioiie's, izz efais noire Jon ei y/JèZe copain. Fzz c/zassais Ze czz/zzrJ Je Za Zzanz/nazZa comme zzne /e'e zzzz Zogz's. Fzz pozzrszzivais Myrfo, Za yezzzze iarenizzZe azzx paiies zwzges ei veZzzes ei DynozznJirfazniazn, Ze scorpion à Zzzneiies. Fzz méfiais en /ziie Zes sièc/es Je Z'ennzzi ei Ze Jragon anfz'z/zze zZes cazzcZzemars cZzz'nois z/zzi nozzs Zzaniaienipar/ois z/zzanJ Z'ivresse ei Za grâce Joni eZZe pare nos so/zges nozzs z/zzz'fiaieni, irop Zenis à Zes szzivre Jans Zezzr cozzrse e'cZzeveZee ei yZezzrz'e. Fes razzi/zzes ei rares propos, ies croassenze/zis e'oZiens, Jans Za yzzJz'Zaiion Jzz sirocco, nozzs e'iaiezzi p/zzs Jozzx e/zze Ze cri Jre/Jes Zzirozzz/e/Zes znissz'onzzaires z/zzi voZeni ezz fz*ozzpe Jans Z 'azzzr Sarrazin J'zzn efernei priniemps. Fzz avais Z'air Jocfe ei sacerJoiaZ Jazzs ion ZzzzJii J'encre Je C/zz'ne. Fzz e'iaz's gzzeizyzz'Dn. AJiezz. Z/n iozzz'Jz'ZZon Je pozzssière s'e/eva Jes Jzznes voianies. La mozzsiac/ze Jzz capiiaine Fzz/ipo/i Jaiiii Je Z'aiZe Jans zzn reZeni Je pernoJ sec. L'âme Jzz. corJeazz enira Jans. Ze soZez'Z.. 149.

(19) Tout le livre est de cette facture : on voit danser les tripes des légionnaires sur les tables poisseuses où le Toulal et le Dokkarat (ce sont des vins marocains qui titrent entre 13 et 16 degrés) laissent des palmes académiques aux coudes des buveurs. 34 chapitres d'une verve échevelée avec évocation des batailles livrées par le légendaire Samory, par les amazones de Béhanzin dans ce Dahomey devenu le Bénin. Et passe le général Rollet qui était le premier à saluer les soldats qu'il rencontrait dans la rue. Et voici l'histoire du chacal qui s'éborgna en s'empalant de l'œil sur un poil de la partie la plus charnue du cadavre d'un déserteur surnommé Porc-Epie. Epique aussi la légende d'Abd-el-Krim et du prince Aage de Danemark qui fut encerclé sur un piton isolé et, comme l'état major lui envoyait des pigeons pour communiquer avec lui, les fit passer à la casserole, sauf un qu'il renvoya pour commander des petits pois à mettre avec les autres. Le tour inventif du langage annonce le futur plongeon dans un français mâtiné d'emprunts étrangers, truffé de mots déformés et de trouvailles cocasses que notre poète utilisera dans la prose de ses articles envoyés au Jura Libre de Roland Béguelin. Non plus du français, mais bel et bien du Nicolet avec évident risque de naufrage à chaque paragraphe, langage pris entre l'enclume de la grammaire et le marteau du vocabulaire. Ces dernières années de la vie d'un homme qui s'est brûlé sur les bûchers de l'aventure et de la poésie, qui fut généreux, intrépide et en même temps eautontimoroumenos, bourreau de soi-même comme on n'en fait plus, ces dernières années ont été à la fois somptueuses et sordides.. Auprès de Marie-Louise, Arthur Nicolet jouit d'une sérénité qu'il ébranle lui-même par ses virées rocambolesques et ses démêlés avec le paisible populo de Haute-Tocagne. Dans les bons jours, il se montre souriant, hospitalier. Il paraît d'une robustesse à toute épreuve. Ne craint pas, marcheur aussi courageux que Jean-Jacques Rousseau et promeneur pareillement solitaire, de venir me voir à pied aux Planchettes en partant des Fontenottes, musette à poèmes en bandoulière. D'une culture étonnante, il cite de mémoire ses écrivains favoris. Aux Fonfenottes, // m'est arrive de devoir tenir la c/asse de AdarieLouise un /nndi matin. J'étais vena le samedi, invite' à manger /es escargots prepares à /a mode bourguignonne par dizaines de douzaines. Le dimanche avait passe en promenades dans /es pâturages et recitations, /ectures, aimab/es controverses arbitrées par /es /Zacons a/igne's sur /a tab/e. Le /undi, /e chantre mue' en e'chanson et son e'ge'rie reposaient encore dans /es vapeurs d'un O/ympe champêtre et de/a /es petits paysans avaient pris p/ace dans /a sa//e de c/asse où /'on acce'dait par une porte /oree dans /a paroi de /a cuisine. 150.

(20) -. Votre maîtresse ne /'estpas ri'eZ/e-même ce marin. L7/e m'a criarde' rie vozzs ajojcorfer que/ques rio«j/ees rie /'air ri« vaste monrie. Que von/ez-vozzs que je vous raconte, histoires ri'Lz/rope a« ri'A/rique. L'A/rz'que, m'sz'eur. - YLz'stoires a« rie riefen? - riêtes, riViomme.v m'sieur. Lei -Quand Nicolet eut sa classe. primaire à La Chaux-de-Fonds, il ne demandait pas leur avis aux écoliers qui avaient droit, nolens volens, d'autorité, à de truculents épisodes de la saga des légionnaires, bien entendu édulcorés et à la portée de leur innocence.. C'était /e bon temps. Ces e'co/iers rie La C/za«JC-rie-Fonris, nous a//on.y /es retrouver rian.v «ne c/zronique ri« Jura Libre sous /e titre: «Bagage mi/itaire».. De ces chroniques réunies en un volume de 260 pages grand format aux Editions du Jura Libre, en juin 1961, avec des dessins de Paul Bovée, il y en eut 120 en tout. Ce sont des épîtres dégingandées, ruisselantes de culture historique, abondantes en commentaires comme on en lisait dans Les /ettres ri'«« /ecteur itzriigne a« nom rie p/zzsieurs et qui abordent dans un frémissant désordre les sujets de la plus brûlante actualité. Parfois pour en extraire le jus puéril de quelque contrepèterie. Parfois pour river leur clou à de solennels magistrats un peu trop imbus d'eux-mêmes et de leur fonction. Parfois pour revenir sur les chemins poussiéreux des souvenirs d'Afrique. On sent dans ces textes un Nicolet «contreleyu» comme il n'est pas permis et comme le fut son père, mais aussi une intelligence alerte, à la fois avide et vide d'audience, et heureuse de pouvoir s'épancher dans la liberté concédée par Roland Bèguelin. Il ne fut jamais question de censurer le barde du Chauffaud, même quand Bacchus tenait manifestement le calame à sa place et que les fumées du vin l'incitaient à «ne point en toutes choses garder la mesure». La mesure était celle de son humeur et les humeurs de Nicolet n'avaient pas de limites. Mais oyez plutôt ce Bagage mz'riïazre dont je vous parlais il n'y a pas deux minutes: J'az'me /e.v raccourcis, toujours p/eins ri'impre'vzzs. // m'est arrive' rie remp/acer riazts ieur routine que/ques instituteurs en congé' rie maiariie ou en vacances mi/itaires, rians ries coins recu/e's rie AJystogne, a/zfiqzze patrie ries Mystons abo/is par /es tracas ri'une myt/zoeratie en/ZicazY/ee, /e'rocement ennemie rie /eur nomariisme et assassine riu /o/L/ore c/zer à mon en/ance Znzco/iqzze. Azz bout rie quinze jours que j'enseignais, se/on /e programme qj/zeie/, /es rzzriinzents azzx petits parpazY/ots rie La C/zazzx-rie-Youx, me garriant bien rie /aire a//«sion à mon passe' noznarie et /ata/iste, i/ me /a//ait re'ponrire à /ezzrs innocentes questions : 151.

(21) z/zze vozzs avez e/e à /a Legion. - C'e.vc vraz", Mkz'ezzr - Qzzz vozzs /'a zizï?/ziz-èas Comme«/ c'est - £/z vozzs /menez woe pz'oc/ze, zzne /ze//e, zz«e «zasse, zz« /zz's/o/eZ à - èze/z,caz"Zozzc/ze c/zez7z7z7e zzzèc/ze. zttz'zze. et. zzne. <7e. avec. vozzs/azYes zzne rozz/e /raZer«e//e azzZozzc. zzne. c/zz. et. zzn. Je'/ona/ezzr, et. zzzonc/e/. Et comme /e ne vozz/az's pas zpze /a rzzznezzr pzzWz'z/zze m'acczzsôt zi'ê/re zzzz ogre recrzz/ezzr <ie /arc/ozzs assoz/fes r/'aven/zzres /zeroz'zr/zzes, z7 »ze/à//zzZ rezzozzcer à /'ettsezgzzemezz/ r/'é/re zzzz /zozzttêZe Zemoz'/z/. z7e. /a ge'ogzrzp/zz'e. Voz'/à ce. f/zz z'nzzocettZ /ec/ezzr me zfezzzazzziaz'/ /'azz/re j'ozzr c/zze/. gzz'z7. e« cozzZe. e'Zaz'Z nzozz. Lagage. zzzte/ZecZzze/.. - Le Zzazvia t/e /a Legz'ozz,. /zzz. az-y'e réponzizz.. Epinglé à la Potence de Nicolet, il est difficile de sauver l'intégrité de son nom de famille ou d'infamie. Markus Feldmann, qui envoie les grenadiers bernois contrôler votations et élections en terre jurassienne devient Flickmann. L'ami Alphonse Métérié se retrouve costumé en Trémière et le fidèle Hilaire Theurillat est promu Fritillaire Taurillon. Jules César est tutoyé sous le pseudo de Julot. La Chaux-de-Fonds est la Corbusière, on trouve la cité de Porc-en-Truie en Ajoie. Montesquieu, l'illustre marchand de vins de Bordeaux, est renvoyé à la belle-mère de l'auteur, délicieuse cuisinière pour avoir dit un peu imprudemment «Comment peut-on être Bressan?». Et ainsi de suite et ainsi de Suisse, dans l'univers une pointe d'épingle toujours qualifiée d'Edelvétie, appellation rituelle. Soyons juste, La Confédération Edelvachique est aussi nommée. Et il n'y a jamais eu d'hebdomadaire pour Nicolet, rien que des hebdromadaires, /zzra LzTmc y compris:. Legio patria rauraque au rhum. On se croirait déjà dans un album d'As/zJrâ et O/be/ûc. Les lettres adressées à Roland Eloquentin par son fidèle rouspéteur du Chauffaud, collaborateur honoraire et qui n'en reçut jamais un traître sou, ne sont pas piquées des vers et Eloquentin a eu la générosité de les publier de manière, hélas posthume, quatre ans après la mort, en fin de volume.. J'aimerais bien m'effacer complètement derrière mon sujet, mais vous avez bien constaté que je m'efforce de vous le présenter dans le pétillement de sa gouaille, tour à tour idyllique ou canaille et surtout de vous le faire aimer. Et là, relisant ses Potences, je suis tombé sur un texte qui m'a laissé rêveur et m'a fait sentir à quel point il y avait fraternité 152.

(22) d'archétypes, parce que nous étions tous les deux nés nomades dans une société sédentaire, tous les deux capables d'écrire «Ma patrie est le lieu d'une enfance perdue», tous les deux appelés à vivre plus dans l'espace que dans le temps, et à œuvrer devant avec la complicité du rythme qui est une mesure du temps dans l'espace où construit le sédentaire. Plus viscéralement Abel que Caïn. Plus portés à écouter le flageolet des bergers virgiliens que les marteaux-pilons du Creusot ou de la Ruhr. Bref, j'exhume de dessous la Potence de l'aède du Chauffaud, par le Prévoux sur Le Locle cette chronique intitulée:. Nomades et tziganes. //. va sans c/z're cyzze pour rien au znonc/e, sozzs pue/pue regime pue ce /ut, paysans hongrois ne puifferaienf /a Tufza, «ne ries ferres /es pins riches c/e /'zznz'vers en c/épif c/es pi//ages soviéfipzzes. A /a /avezzr c/e /'insurrection, /es Tziganes, musiciens, yong/erms ef poèfes,/«yanf «n regime sans c/oufe peu/avorab/e à /'exercice c/e /ears arfs, n'onf cerfes rien à perc/re ni à /aisser. 7/s n'ont c/'aufre pafrie cyzze ce//e c/e /a musique, /a p/«s anfipzze. // y a mi//e ans, /es ca/z/es c/es Mz7/e ef t/ne M/ifs /rezzf appe/ à ces arfisfes issus c/es borc/s c/« Gange, pour c/iverfir /es hahifanfs c/e Mossou/, c/e Bczc/gczc/ ef c/e Damas, car ces cités connaissaient «ne fe//e prospérifé maferie//e pu'e//es s'y ennuyaient /afa/emenf ef c'est à /a/czvezzr c/es invasions sarrasines pue /es Tziganes entrèrent en Tzzrope, garc/anf /arouchemenf /eurs frac/ifions nomac/es. Le scepticisme courtois et /'inc/u/gence comp/ice so/zt /es sourires c/e /a charité. // y a c/ue/c/ues /ours, c/es re/izgiés hongrois héberges au camp c/u Va/c/ahon, en Tranche-Comté, ont tenté c/e gagner /a /"o/ztière suisse au C«/-r/es-Toches, ne se c/outant point cyzze fout nomac/isme en ic/y/iic/ue Tc/e/vétie est/érocement traqué. Tour ma moc/esfe peut, y'en sais cyue/c/ue chose. Ancien /égionnaire, ye n'ai trouvé en Suisse pue c/es barricac/es po/icières, car /'innoce/zce ne ie.s'. peut se prozzver. Azzssi bien y ai-ye renoncé c/e /a ?«ei//e«re grâce c/u monc/e. 7'habite sur zna potence, /e sezz/ pays ozz /'on respire un air c/e /iberté. // y a c/ix ans, /habitais azzx Tozztenottes, en Tranche-Comté, non /oin c/e /a j/ronfière suisse. Vint à passer une fribzz c/e Tziganes cyui essayaient c/e se/aire passer, basanés, pozzr c/e roses ré/ugzés po/onais, ef c/e venc/re azzx cropzzants, c/es bou/ets c/e naphfa/ine pour chasser /es mites et /es preyugés c/ont ces chrétiens étaient vêtus. // va sans c/ire c/zze ces nomczc/es/zzrent repzzs avec c/é/zance. Cne rustauc/e prit zzne pe//e pour yefer 153.

(23) azz. tas z/e /zzmz'er /es /zozz/eA. e/e zzap/zta/zzze z/zzzz/. i/s. a/tazzz/az'ezz/ gzze/gzze. /zos/?/ta/z7e.. // y. a z/zze/z/zze.? ans, non /o/n zfe ßorgzze/rozz, cz'/e à /az/zze/Ze ye /a/s /a c/zarz/e de ne yo/zz/ /a nonwner p/«s y>rec/semenf, campa/enf çwe/gnes /àm///es nomades, vann/ers e/ marchands de verres _/nmes à /a /àvezzr des e'c///?ses so/a/res z/zz<? c/zaczzzz se do// d'observer. Pozzr c/zasser ces /myor/zz/zs, /e conse// mzzzzzc7/za/ c/zaos-dada/s/e de /a v///e /rozzva zzzz ex/zez/z'ezz/ ra/z/de. .Aza /zazzvres d/a/z/es, /a Vz//e cozzpa /'eazz yota/z/e. Lzzzz/ szznp/ezzzen/.. Lrazzce, /e nomadzsme es/ /o/ere y/zzs /argezzzezzf. Les zzozzzades on/ zze se zzzê/e yas de /ezzrs aj^azres. Dans zzzz can/on dzz Jzzra, /e 2J'', /e/ z/zze zzozzs /e concevons se/on /'esyrzï de /zazz/e e/ /arge /o/e'rance de /'anc/enne yzi'zzczpazz/J e/z/scoyza/e, je sozz/zaz'/e v/vemen/ z/zz 'on /azsse gzze/z/zze znarge en /avezzr dzz nomad/sme e/erne/, c/zz fezganzs/ne yong/ezzz; z/e /a ,/ra/erzze//e znend/cz'/e', de /a /zoe's/e gogzzezzaz-z/e e/ de /a y»/zzs /zazz/e/anta/s/e. Je zne szzz's /azsse' dz're z/zz 7/ y a yzrès de dezzx mz7/e ans na/ssa/Z zzn nomade, dazzs zzzz ya/e/zn /zezz /zosy/ta/zer z/zz/ s'ayye/az7Le//z/e'enz. Jzzgeons /'ardre à sesyrzzz/s sozzs zzne y/zz/e d'e/oz/es. J'aimerais ne pas laisser passer sans mention les admirations d'Arthur Nicolet. Loin de vitupérer à tous propos et même hors de propos, l'ami que nous tentons de faire revivre ce soir par le cœur et par l'esprit aimait avec autant d'élan qu'il haïssait. S'il vouait aux gémonies l'empire cuistrique des gens en place, il avait pour les gueux et pour les amis des gueux des trésors à dépenser. Les femmes comme les hommes recevaient les lauriers parfois posthumes, qu'il décernait sur documents et après analyse. Parmi celles qui ont laissé un souvenir plus marquant en Afrique du Nord qu'en Suisse, il y a eu Isabelle Eberhardt, née à Genève, fille du pope Trophimovitch, le vieil ami de Tolstoï et petite-fille du général allemand Eberhardt, un nom récemment illustré sur les pentes de Salt Lake City par un skieur autrichien. Le monde est petit, même quand certains de ses habitants atteignent à la grandeur et décrochent des médailles d'or. £>z. /ezzrs /o/s. On. Le père d'Isabelle lui apprit l'arabe et l'initia à l'islam. Son frère s'engagea à la Légion; elle-même se déguisa en mousse pour payer son passage vers Alger. Elle courut l'aventure en des régions difficiles, dissidentes.. «Dans toute la Littérature française» écrit Nicolet qui lui consacre une de ses chroniques hebdomadaires, «je ne sais de femme, plus sensiblement, plus merveilleusement poète». Des contes et nouvelles, parus entre 1902 et 1904: «Cela sent un peu le kif et l'absinthe, dont elle usait beaucoup entre deux folles chevauchées avec son fidèle spahi qu'elle appelait dans l'intimité «Zouizou», c'est-à-dire chéri en arabe». 154.

(24) Epris à distance de cette sœur en aventure et en esprit, sœur malgré le décalage du temps, le poète, devenu journaliste occasionnel, nous dit encore qu'Isabelle Eberhardt rêva d'avoir un enfant de Lyautey par admiration «plus que virile» précise-t-il, de l'œuvre du conquérant et pacificateur respecté par ceux-là mêmes qu'il avait vaincus au Maroc. «En 1932» écrit l'homme du Chauffaud, «je visitai sa tombe musulmane aux inscriptions coufiques. Les Bédouins la vénèrent, car cette femme extraordinaire était l'amie des humbles, des déshérités, des exilés et des opprimés. On ne trouve plus ses œuvres: 7rizzzarc?ezzr, Pages z/'/s/am, /Votes z/e rozzte, Jozzrzza/iers que chez les bouquinistes. Je ne sais rien de plus poignant ni de plus vrai sur le Mahgreb de mes âpres nostalgies». Comme quoi les écrivains voyageurs que la Suisse a donnés aux lettres françaises ne se limitent pas aux seuls Nicolas'Maillard et Ella Bouvier, ou Ella Bouviard et Nicolas Maillé, uniques fleurons de la littérature de voyage en Suisse. Comme quoi aussi Nicolet n'est pas de loin un hurluberlu, mais au contraire un puits de science exacte, capable de s'exprimer sur le mode débonnaire et de nous dire pourquoi il a aimé ce qu'il a aimé, en usant des mots les plus justes. A tirer sur la corde des Potences, on ramènerait à pleins seaux connaissances historiques, surprenantes révélations, portraits satiriques, philippiques dérapantes. Peut-être vaut-il mieux, l'heure allant bientôt tinter sous les marteaux de l'esprit de clocher ou du clocher tout court, car tout court, même et surtout l'heure, peut-être vaut-il mieux vous recommander de vous procurer le bouquin et de le lire le soir à la chandelle, après avoir éteint le poste de TV. Nicolet y gagnera et vous aussi, mes amis. Il me paraît tout de même impossible de refermer «Du Haut de ma Potence», sans vous faire goûter à l'une de ses pages les plus charmantes. Le polémiste du Chauffaud s'y montre plus miel que fiel. Il nous livre là un petit chef-d'oeuvre de prose enrubannée. Son humour du dimanche est pour une fois dépourvu d'épines.. Troubles pudiques et soupe aux cailloux D 'izzcozzzzzzs. cozz/zazzts, azzzicazzx er szzzcères,. z7 zzz. 'arrive. z/e. recevoir. z/es. 'af/ezzz/azs pas, et cozzzzzze y'e zz'ai yzoizzt /'aizzza/?/e re.vsozzrce z/'ezzgager zz/ze yo/ie secretaire zzz <7e /a z/e/?azzc/zer, y 'a/tezzz/s /e reZozzr z/es saz'sozzs avazz/ <7e répozzz/re : « C/zers azzzis izzcozzzzzzs, zzziezzx vazzf 7>z7/e/s z/ozzx z/zze y'e. zz. rare/. z/zze y'azzzais». Czz /zzrassiezz cazzz/iz/e,. /zrêZe gezz/izzzezz/ /es Za/ezzZs, /e//air e/ /'astzzce z/'zzzz Aozz agezzr zzzarrz'mozzza/, et gzze/^zze sagesse rzzzzszz/zzzazze, sa/oz7zz'c/zze ozz ezzcore grecz/zze, szzzozz ra/ze/az'sz'ezzzze, zzz'écrit, /zzzz/iz/zzezrzezzZ Zz'ozz/z/e, e/zz'i/ a /'izzZezzZzozz r/'éyozzser zzzze y'ezzzze, saizze, ver/zzezzse e? z/zzz' zzze. 155.

(25) j'ovz'a/e ßerzzoz'sc. Uzze ßerzzoz'se ata Zz-esses WozzJes eZ azz corsage J'eg/anZzzze ßroJe J'eJe/wez'ss, /Zezzr /zera/Jz'zyzze Jzz 7yro/ pzZZoresc/zze eZ Je /7Jy//zzyzze DJe/veZze, zzzze vz'erge/orZe Je /'Dcr/Zzzre, zzzze sacree ZwrozzJ'«ne j/romagerze sz'/ae'e ezzZre /a Grande eZ /a ßeZ/Ze Emme, ne zz 'ayan/ jamais connzz J'azzZre Zzorz'zon gzze ce/zzz, /zazzZenzenZ Zzorne', des Â/pes ZzezTzo/ses eZ e/zz 7zzra voz/e pzzdzpzzenzenZ à ses yezz.r sows /a c/zeznzse. me. Zzernoz'se.. gars J« /zzra verZzgz'nezz^e/nenZ eprz's d'zzne a^zzz'c/zanZe /iezvzoz.yeZZe, ne craz'nZ pas Je nze deznazzder à zzzoz, zyzzz szzzs JangenezzienzezzZ /àvora/z/e azz divorce (po/iZizyzzej Je ßerne eZ Jzz Jzzra, ce z/zze je va« penser Ce. Zzozz. Je ses Z/nz/Je.v jozzvenfaz7/es, Je ses c/zas/es /zança///e.v eZ Je ses proc/zaz'nes eZ /ja.sra/e.v e/zozz.îaz7/e^. Je n'en pezzse azzczzn zna/. 7e ne va« jzozzr zna parZ, azzczzn inconvenz'enZ à ce Z7«e ce Zzrave 7z/rassiez? zzzange des «re«c/ze/is» azz sazndowx jzzsz/zz 'azz JzzgeznezzZ dernier azz je parafZrai cer/es en moins Zzonne post«re zyzze Zzzi car, jzec/zanZ par gozzrznandz'se, je pre/ere azz p/aZ naZionaZ des verZzzezzx ßernois /a crzzTszne Zzozzr^zzz'gnonne eZ az-aZze Je Dame Mco/eZZe, zna« je Zaisse à c/zac«n /e soin Je/zcaZ Je iaZz^/az're à ses gozzZs c«/iidy/Zizpzes, /zzzco/z'^zzej, eZ cerZes azzssi azzx eAv'gezzces naZzzre/Zes J'zzn ins/zncZ paz/bis Zyrazznzgzze, Je/avozxzZz/e azzx zznzon.y con,?angzzzne,v. De Bernoise en puissance eZ Je mari jurassien z'sszroraZ cerZaz'nemenZ Jes «ZzazzèZzes» vigozzz-ezzx çzzz seronZ, ec/azres par /es soz'zzs J'/zzsZorz'ens ver/zzaz're.y,. -. digues, J'exce/ZenZs Zo/eranZs. eZ vaz7/azzZs. eZ cozzrZoz's,. ci/oyens jurassiens, pairio/es meri/anZs, yode/anZ vo/onZz'ers pozzr /azre p/aisir à Madame. apprivoisée.. Il nous reste. redécouvrir, à célébrer, à lire, écouter et méditer ce que Nicolet nous a laissé de plus enlevé et de plus achevé, je veux dire les deux longs poèmes intitulés Comp/az'nZe noé'Z/igzze et la BaZzozz/e'e Jes Borgognons. à. La première œuvre est l'histoire d'une cuite homérique et légionnaire sous les yeux de l'Enfant Jésus et en présence de l'âne, du bœuf et du dromadaire. Nous allons garder cette merveille dont les rimes marchent au pas comme sapeurs invités à la revue du 14 juillet sur les ChampsElysées, nous allons la garder pour clore notre entretien. Quant à la Sa/zou/e'e Jes Borgognons, c'est l'histoire de la Marianne du Crêt-Vaillant qui fit fuir les envahisseurs, non pas en leur déversant sur le crâne le contenu d'une marmite de soupe aux pois, mais bien en leur lâchant en pleine trogne et pour sauver son pucelage, car elle se baignait nue après avoir rincé son linge, en lâchant contre eux le taureau du village. Et voilà le Borgnetrou du Locle promu théâtre d'une saga viking 156.

(26) ou d'une tragédie digne d'Homère. Les accents en sont à la fois voluptueux et scandés selon les rythmes des péans guerriers. La conclusion du poème est surprenante et proprement divinatoire. La Marianne du Crêt-Vaillant prend du galon, se trouve comparée à Vénus en personne, le Crêt-Vaillant se mue en Olympe et le taureau vainqueur des Borgognons est voué à l'enlèvement d'une Europe, la nôtre, celle de maintenant, continent voué par le poète à un glorieux avenir. Voilà comment s'opère cette surprenante métamorphose contée par celui qui se présente dans une ultime pirouette: «Dans mon Jura natal, on m'appelle le Barde, le poète local, Pélichet-la-Guimbarde». Si /a y///e r/zz taureau « 'e'ta/t /a zzym/z/ze Europe 7è//e z/ue /'e /a vis, aède /zzùvanfArope, Bè/erùz de /a /une aux c/zam/w va/ang/noùs; /e/zn/raw i'ozz c/zazzt conznze un conte c/z/no«. E/z .vo/zge zn 'apparaît .voz/.v un c/zapeau de roses L'Europe devenue en ses meîamorp/zoses En e/e'seri/avora/z/e au sozz/yZe de /'e.spr/t. Sei' pâ/ei si/rvzvazzîs connaz'üent à ce prz'x, E/gzzres Jes sa/sons e/zz 'z'/.v tracent e/azzs /e saè/e, Conznze un Zzzezz/azY de.v dzezzx /a /razc/zezzr de /a/ad/e. Azzx a/ztz'e/zze.v vertzz.v de /ezzrs ac/verszïes, De /ezzr.v cezzdre,v, /e vois renaître /e.v c/fes.. Il. nous reste à présenter les poèmes non publiés du vivant d'Arthur Nicolet. Ils sont disponibles dans la magnifique édition de la Bibliothèque Jurassienne, datée de 1962. Notons que de 1948, date de parution d'un ALe/ctoud, à 1954, début des chroniques envoyées du haut de sa potence, Arthur Nicolet se tait, non pas dans les bistrots et les buffets de gare, moins encore dans la fabrique où il assemble et polit des briquets, et pas non plus chez les derniers amis qui lui restent, les autres s'effrayant de ses violences verbales. Le C/zau/faud a été échaudé par les mécomptes de Mektoub tiré à 10000 exemplaires à Paris et dont tout le bénéfice escompté disparaîtra dans la poche de mercantis qui filoutent proprement l'auteur du livre. L'édition de Colombier met à mal les finances du poète et du couple. Ce n'est pas cette débâcle financière qui pourrait refroidir les ardeurs de notre homme. Les poèmes nouveaux giclent de sa plume en toute circonstance. Il y aura une chronique pour relater le séjour qu'on lui fit faire à Préfargier, ce Charenton neuchâtelois dont les D' Blanche luttent contre le diable enfermé dans les flacons de rouge. Au Portugal, d'où je lui annonce avoir eu un entretien à la Quinta do Anjinho avec le comte de Paris, il m'en félicite en vers lancés au papier dans un élan calligraphique qui est à lui seul un poème. 157.

(27) Dans les œuvres de cette époque et jusqu'au combat perdu contre la camarde en 1958, l'homme du Chauffaud balance entre le regret lucide et le tenace espoir. Il est son propre confesseur, même s'il ne s'octroie qu'une partielle absolution. Dans un poème intitulé Le sorczer de L/'r Lam-Jam et dédié encore à Hilaire Theurillat, rédacteur à la défunte Suisse de Genève, ne reconnaît-il pas par l'écrit une vérité qu'il nie en paroles :. De mou sorf je ./us /'œ;;vre et /'instrument/am/.. pour ajouter dans la foulée : Le vent contraire un jour me sera/avorab/e Qui portera /'e'cho de mon chazzt me'morab/e A;;x rochers et remparts dtz borgne trozz notai. Fredonzzes à voix basse on h;s sz;r ies tre'teanx, Mes vers se passeraient d'être mis à ia h'gne. L'oreiiie ia moins/ine a recount; ienr signe, L'e'c/to ienr a donne' des ailes de châteaux/. A rouges _/iots presses ils sont fruits de la vigne Mon ivresse chancelle et danse à chaque pas £t le soleil me tombe en riant dans les bras. Äauque, ma voix se rit d'oser le chant du cygne. Les cuistres de mon trou me co?z/bnJenf avec Mille poe'tereaux et tourneurs de/adaises. J'en prends modestement lepon et suis bien aise. Mon langage est pourtant plus hargneux et plus sec.. Il faut parcourir les 462 pages des Poèmes d'Arthur Nicolet pour avoir une idée juste de sa vocation, de ses errements et désespoirs, et pour apprécier avec équité son courage et sa persévérance. Cette édition delémontaine fut tirée à 1200 exemplaires. On se la dispute aujourd'hui entre bibliophiles. Elle est bardée de préfaces, d'avertissements, de présentation biographique et de commentaires littéraires tardivement déposés comme des palmes sur la tombe du légionnaire, déjà décoré d'une croix de guerre dont il ne parlait jamais, mais qu'il conservait tout de même dans un tiroir et qu'il n'avait pas égarée, en sortant de l'hôpital militaire, comme Biaise Cendrars la sienne, dans un buffet de gare. Parmi les préfaciers, que je n'oublie pas de citer le plus prestigieux de tous, le maréchal Juin, membre de l'Académie française, qui n'y va pas avec le plat de l'épée, mais bien d'estoc et de taille en disant de notre 158.

(28) Jurassien Sacdons que pour ///untrer sa memoire, // n 'a pas seu/emenf contridué à nous /aire comprendre /a Legion ei .va /oi myiiiçne, mais e/u 'i/ /ni au.v.vi im étonnant visionnaire. /Von pas sen/emeni des mirages rencontrés snr son cdemin, mais par ses divinations snr /'avenir de noire monde occidenia/. // avaii ie seniimeni qu'en venani à /a Legion, ii /e sauvegardait: «de suis /'domme, /e g/aive ei /e iegionnaire». Quant à savoir si les parrainages du maréchal Juin, de Charles Maurras, ou de Pierre Pascal, d'Alphonse Métérié et d'Hilaire Theurillat ont nui à la carrière littéraire d'Arthur Nicolet ou l'ont servie, c'est une question qui reste ouverte et ne peut être résolue, car elle détourne l'expression poétique de son libre parcours et en déplace l'examen sur le plan politique. Et de politique au sens étroit et pour ainsi dire électoral, comme on l'entend souvent, il n'y avait pas une ombre dans l'esprit de Nicolet. Son amour des princes et des rois était de style d'Artagnan ou Fanfan-la-Tulipe, parfaitement nostalgique et permettait de mesurer l'étendue de son absence d'opportunisme en termes politiciens, justement. Avant d'écouter La compiainte noé'iiipue et de conclure par les tout derniers vers, l'ultime plainte du poète en proie aux pressentiments de la mort prochaine, j'en reviens aux abondants inédits qui font un bon tiers du gros volume de 1962. Il y a d'abord /Va/ n'est propdèfe e« .van pays, confié sous forme de manuscrit à la garde d'Hilaire Theurillat de qui «l'amitié fraternelle est un des seuls charmes de cette bonne chienne de vie». Le transfert de ces 37 poèmes date déjà de l'année 1945. Choisissons d'écouter des fragments du plus amer de tous et sans doute le plus poignant dans sa façon, Mo/î cœur m/s à nu : :. L'ironie du sort La petit péquenot est devenu poète C'èta/t écrit dans son destin. Medfoudi // a/été /e pain des a/ouettes, La graminée et /e p/anfa/n Le cordeau de /a y'oux à ce propos ricane Sur /a drancde du vieux sapin, Lt /a mousse a pousse dans /'étroite c/u'cane Et sur /es pierres du cdemin. Le petit paysan r/ui/ut iegionnaire Et peregrin dans /e desert, S'est taiiié, piume atz vent, un da dit /itféraire, 159.

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