L'origine directe et indirecte de tokharien B laks «poisson»
Par A. J. Van Windekbns, Louvain
C'est ä Wolfgang Kjiause, Nachrichten der Akademie der Wissen¬
schaften in Qöttingen, I. Philologisch-historische Klasse, 1961, Nr. 4,
p. 83 SS., que nous devons l'etude la plus approfondie qui jusqu'ioi ait
et6 consacr6e au nom du «saumon» tel qu'on le trouve non seulement en
germanique et en balto-slave, mais aussi en tokharien, oü le mot en
question a pris le sens general de «poisson». On peut meme dire que 1'
enquete de Kbause porte en premier lieu sur le terme tokharien B laks,
dont la döcouverte en 1914 par S. Levi (MSL 18, p. 389) n'a cesse de
stimuler sensiblement tous les savants, linguistes et historiens, qu'in-
teresse le probleme de la patrie primitive des Indo-Europeens.
Krause a certainement eu le merite d'avoir examine minutieusement
tokh. B laks — en general ses devanciers s'6taient tous contentes d'etablir
purement et simplement l'equation tokh. B laks = germ. *laxsaz, sans
contröle aucun — et d'avoir prouve que phonetiquement et morphologi-
quement le mot tokharien präsente une structure qui oblige ä y attribuer
une origine indo-europeenne directe, non pas, comme 1' a cru ä. tort
R. VON Heine-Geldern, Saeculum 2 (1951) p. 247, une origine indo-
europ6enne indirecte par l'intermediaire du germanique*.
Seulement il reste des difficultes qui sont surtout d'ordre phonötique
et qui ont ete reconnues en partie par Krause lui-meme.
En effet, tandis que germ. *laxsaz (cf. v. h. a. lahs, etc.) remonte ä
i.-e. *loicso-s, lit. la^is ä i.-e. *loJcsi-s et russe losös ä i.-e. HoUso-Ui-s ou
*loJcso-jcio-s (cf. Krause, p. 85 et 90 ss.)*, la forme tokharienne B laks
devrait continuer i.-e. *lh{i-s) ou %h(i-s) qui d'apres Krause, p. 90,
prouverait pour le tokharien «dasz das behandelte Lachsetymon in sehr
alter Zeit, nämlich vor den Erscheinungen des Ablauts, entstanden sein
muß». C'est lä cvidemment une hypothese incontrölable. D'ailleurs
Krause lui-meme reconnait le caractere forcö de cette reconstruction en
ecrivant ä la meme page : «so möge der Leser den Ansatz Hlcsis für nicht
' M. Maybhofeb, ZDMG 105 (1955) p. 179, a egalement ou tort de ne pas
rejeter cette idöe.
2 Je pröfere ne pas faire ötat ni de ossöte loesccg (peut-etre emprunt), ni de skr. laksd- "100000" (extremement douteux).
306 A. J. Van Wlndekens
mehr als für eine bequeme Formel nehmen». Je fais remarquer en passant
qu'i.-e. *ltcs- eüt plutot abouti ä tokh. B *älks- > *alks- avec ä accentue:
cf. tokh. B walkwe «Wolf» < i.-e. *ulq9o-s (skr. vfka-, etc.).
Qui plus est, le theme en -i- que pose Krause, p. 89, en renvoyant ä
lit. IMis, est phonetiquement insoutenable : *i eüt palatalisö la sifflante
pr6c6dente, de sorte qu'il faudrait s'attendre non pas ä {lak)s, mais a
*{lak)s (voir d'ailleurs la forme du nominatif pl. läksi sur laquelle je
reviens ci-dessous). II est evident que Krause a fait appel ä, un th^me
en -i-, parce qu'une forme thematique comme germ. *laxsaz < i.-e.
*lolcso-s n'explique pas tokh. B laks: on aurait eu une finale *-{s)e (cf.
tokh. B walkwe < *iilq^o-s, B yakwe «Pferd» < i.-e. *e1cuo-s [skr. dsva-], etc.).
Or toutes les difficultes disparaissent si I'on tient tokh. B laks pour
un terme emprunte au dialecte tokharien A: tokh. A *laks
repr6senterait avec une parfaite r^gularit^ i.-e. *lolcso-s (qui donnerait
tokh. B Hekse), c.-4-d. la forme primitive qui se trouve 6galement k
I'origine de germ. *laysaz. D'autres exemples dans le dialecto A du
traitement tokh. a d'i.-e. *o et de la chute complete de la finale *-os
(nominatif sg.) : A kam (= B keme) «Zahn» correspondant k gr. -foy-cpoq
«cheviUe, clou»; A masäk (= B meske) «Band, Verbindung, Gelenk, Ver¬
knüpfung» < i.-e. *mozgo-s (cf. lit. Tnäzgas «Knoten»); A saku (= B
sektve) «Eiter» qui est l'equivalent 6tymologique de gr. onoq «suc de
plantes», etc.; A lap «Kopf» = gr. Xocpo:; «nuque d'un animal, toupet,
colline»; A tarp «Teich» < i.-e. *torpo-s (cf. lit. tarpas «Zwischenraum,
Lücke, Kluft»), etc. (pour tous ces exemples, voir ma contribution dans
Orbis 15 [1966] p. 250 ss.).
Entre les deux dialectes tokhariens il y a eu des emprunts lexicaux
dans les deux directions, A > B et B > A (la direction B > A est plus
frequemment attestöe que A > B). Quelques iUustrations du passage
A > B: A *wat (conserve sous la forme pat) > B wat «oder» (origine i.-e.
*ue[to-s]: cf. ma note dans Orbis 16 [1967] p. 184); A tänki > B tanki
«dicht, voU, sehr» (origine i.-e. *tnqu-i- : cf. ibid. 13 [1964] p. 614, 19 [1970]
p. 113 s. et 122); A yok- > B yok- «trinken» (origine i.-e. *eq*-: cf. ibid.
11 [1962] p. 191, 18 [1969] p. 495 et 507); A pralim > B pratim «Ent¬
schluß» (origine i.-e. *prot- : cf. ibid. 16 [1967] p. 548, avec renvoi k
Krause); A pratsak > B pratsäko «Brust» (origine i.-e. *protiöqf-s: cf.
ibid. 19 [1970] p. 104 s.) ; A yap > B yap «Gerste» (origine i.-e. *iouo-s : cf ibid. 16 [1967] p. 547 s.).
On constate done que pour tokh. B laks une origine dans tokh. A *laks,
lui-meme < i.-e. *lo1cso-s, est a considerer comme un phönomene tout
ä fait normal : le fait que le tokharien A n'ait pas conserve lui-m6me le
mot, doit etre attribu6 au pur hasard: de la meme fagon I'absence ou
L'origine directe et indirecte de tokharien B laks «poisson» 307
peut-6tre la perte dans le dialecte A de deux autres termes «gastronomi-
ques» indo-europfens designant respectivement la «viande» (i.-e. *memso-,
etc.) et le «miel» (i.-e. *medhu) et attestös dans le dialecte B sous les
formes misa (pl.) «Fleisch» et mit «Honig», est, elle-aussi, purement
fortuite.
Phonetiquement et morphologiquement le mot d'emprunt laks a et6
adaptö aux regies en vigueur dans le dialecte B : ainsi le nominatif pl.
läksi et l'accusatif pl. laksäm, de meme que le d&ivö adjectival läksanne
sont des formes tout ä fait regulieres (cf Krause, p. 84). Pour le nomi¬
natif pl. en -i avec palatalisation de la consonne prec6dente, je renvoie
ä mon expos6 dans Orbis 15 (1966) p. 264 s.: -i < i.-e. *-ei-es ou *-i-es.
Quant ä läks- dans läksi et dans läksanne, il s'agit manifestement de
laks- non accentue: cf. p. ex. aussi tokh. B ypiye «Gersten-» < *yäpiye,
deriv6 de B yap «Gerste» < A yap (cf. ci-dessus) et oü ä < a a disparu en
syllabe ouverte^. Pour la graphie läks au nominatif sg., cf. Krause,
p. 83 s.
Bien que tokh. B laks remonte directement ä tokh. A *laks et ne
präsente done qu'une origine indo-europeenne indirecte, son impor¬
tance pour la discussion sur la patrie primitive du peuple indo-europöen
reste 6videmment intacte : tokh. A *laks < i.-e. *loJcso-s = germ. *laxsaz
ne pourra etre neglige dans ce d6bat.
^ L'exeniple B ypiye en face de B yap reste meme valable au cas oü yap
serait emprunte au sanskrit (Thomas -Krause : cf. Orbis 16 [1967] p. 547),
ce qui est peu probable.
Bücherbesprechungen
Edward Alexander Parsons, The Alexandrian Library. Glory of the
Hellenic World. Ita Riae, Antiquitiea and Deatructiona, Third Printing,
January 1967, New York, American Elsevier Publishing Company, Inc.
XIII, 468 Seiten, 6 Abbildungen, 6 Karten.
Wer die richtige Einstellung zu dem vorliegenden Buch gewinnen will,
muß wissen, daß es nicht von oinem Fachmann geschrieben ist. Parsons ist
ein enthusiastischer Bücherfreund, der sich mit großer Begeisterung in die
Geschichte der alexandrinischen Bibliothek vertieft hat. Das Ergebnis ist
keine kritische Geschichte der Museions-Bibliothok. sondern eine nützliche
Zusammenstellung antiker und moderner Aussagen, zumeist mit einem
Kommentar des Verfassers. Auf diese Weise ergibt sich eine Doxographie
die jeder Benutzer — in Ermangelung von etwas Besserem — mit Dank
begrüßen wird. Selbständige Beiträge fehlen nicht ganz, aber sie bilden die
Ausnahme. So wird der Kenner bald merken, daß der Verfasser, was seine
Kenntnisse der hellenistischen Geschichte betrifft, mehr oder weniger von
dem von ihm benutzten modernen Historikern, vor allem W. W. Tarn und
E. Bevan abhängt.
Den Kern des Buches bildet das 3. Kapitel mit der Überschrift: ,,The
Founding of tho Museum and the Library". Hier findet sich mancherlei
Material ausgebreitet. Wer sich aber ein wirkliches Bild von Museion, seinen
Gelehrten und seiner Bibliothek machen will, der wird doch wohl eher boi
Rudolf Pfeiffer, History of Classical Scholarship (Oxford 1968), auf seine
Kosten kommen als in dem Buche Parsons'. In der immer wieder aufge¬
worfenen Frage, ob die große Museions-Bibliothek im Alexandrinischen
Krieg zerstört worden ist oder nicht, kommt Parsons, nachdem er, wie
immer, die Quellen in Übersetzungen vorgeführt hat, zu folgendem Ergebnis :
,,We venture the belief, that the library building was not destroyed and that
if anything was burned it was an unknown quantity of booka from the
library waiting to be shipped to Rome" (S. 297). Ich verweise hierzu er¬
gänzend etwa auf Heinz Heinen, Rom und Ägypten von 51 bis 47 v.Chr.
(Diss. Tübingen 1966) S. 107, und vor allem auf das Urteil von Rudolf
Pfeiffer (a.a.O. S. 274): ,, Alexandria, where the libraries were but slightly
damaged". Wenn Caesar hiervon schweigt (b.c. III 111), so kann dies für
uns nicht maßgebend sein. Hier wird man eher Cassius Dio XLII 38 Glauben
schenken müssen, der die Vernichtung von Büchern durch Feuer ausdrücklich
bezeugt. Welchen Umfang diese Schäden gehabt haben, ist schwer zu sagen.
Für den Orientalisten werden insbesondere die islamischen Quellen
(S. 371ff., ferner der Appendix S. 413ff.) von Interesse sein. Parsons ver¬
tritt hier die Ansicht, die alexandrinischen Bibliotheken seien zum mindesten
bis Justinian, sehr wahrscheinlich sogar bis zur arabischen Eroberung er¬
halten geblieben. Die Bücher seien dann aber durch Amr auf Anordnung
Omars verbrannt worden (S. 411).
Von Einzelheiten sei hier schließlich noch auf die Behandlung des Scholium
Plautinum (aus Tzetzes' Prolegomena ad Aristophanem) aufmerksam gemacht.