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Les exigences du produit final sont données par la filière de commercia- lisation. Le point critique à respecter est la limite maximale de poids mort, à partir de laquelle des déductions de prix sont appliquées. Généralement, un état d’engraissement optimal (classe de tissus gras 3 selon CH-TAX) doit avoir été atteint à ce poids-là. La relation entre poids mort et état d’engraissement est spécifique à chaque type d’animal. Elle peut être mo- difiée par l’intensité d’alimentation. Il est donc important de connaître les méca- nismes qui influencent cette relation afin d’optimiser le résultat économique.
Type d’animal Par type d’animal, on comprend généralement une combinai- son de sexe et de race. On peut être plus précis en limitant le type à des animaux d’un certain âge et ayant été soumis à des conditions d’élevage sem- blables. Par exemple, des remontes d’engraissement mâles Charolais de sept à neuf mois représentent un type. La précocité est le principal critère à prendre en compte pour déterminer l’in- tensité d’alimentation adaptée à un poids mort-cible pour un type d’animal donné. Elle se définit comme l’aptitude d’un animal à atteindre certains carac- tères adultes plus rapidement. Au sein d’une même race, la précocité est dé-
croissante de la génisse au taurillon, en passant par le mâle castré. Ceci veut di- re qu’avec une même alimentation, les femelles s’engraisseront plus rapidement que les mâles. Concernant les races, les races laitières sont plus précoces que les races à viandes et au sein de celles-ci, il y a une large palette de précocités. Elle va par exemple de la race Angus pour les précoces à la Piémontaise pour les tar- dives, en passant par des races intermé- diaires telles que Limousin ou Charolais.
Développement corporel En fin d’engraissement, le gain moyen quoti- dien (GMQ) des animaux a plutôt ten- dance à baisser. A ce stade, la vitesse de croissance des tissus adipeux dépasse celle des muscles. En conséquence, la
pré-engraissement, durant laquelle la croissance musculaire domine.
Les variations de l’intensité d’alimenta- tion permettent de modifier la composi- tion de la carcasse, principalement les proportions respectives de muscles et de lipides. Si on veut par exemple réduire le poids d’abattage tout en gardant pour objectif d’obtenir un état d’engraisse- ment optimal, il faut augmenter l’inten- sité d’alimentation. Ceci a pour consé-
L’ALIMENTATION DE FINITION joue un rôle central sur la qualité des carcasses et donc sur le prix obtenu par kg poids mort. En particulier
la concentration énergétique de la ration de finition doit être adaptée au but de production et au type d’animal.
La finition est décisive
André Chassot
Tableau 1: Types d’animaux utilisés dans l’essai ALP
Caractéristique Type I Type II Type III
Précocité +++ ++ +
Potentiel de production ++ +++ +
laitière des vaches mères
Race (mère x père) Angus x Angus (Red Holstein x Limousin) Limousin x
x Limousin Limousin
Angus.
Dans cette présentation, la précocité des races à viande usuelles va dans l’ordre décroissant et l’intensité d’affourage- ment recommandée dans l’ordre croissant.
Simmental.
Limousin.
quence d’accélérer la croissance des tis- sus adipeux (graph. 2). La réponse est d’autant plus forte que la précocité des animaux est élevée. Inversément, il est donc possible de réduire l’état d’engrais- sement des animaux très précoces à l’abattage et, par conséquent produire des carcasses plus lourdes sans engrais- sement excessif, en limitant la vitesse de croissance de ces animaux durant l’en- graissement. La réduction des apports alimentaires sera d’autant plus efficace que les animaux sont plus âgés, car l’ef- part des lipides dans le croît augmente,
au détriment des tissus musculaires. Pour cette raison, la phase de finition requiert une ration riche en énergie et moins en protéines, à l’inverse de la période de
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composée de foin et d’ensilage d’herbe durant les cinq premiers mois d’allaite- ment et de pâture intégrale, partiellement en estivage, jusqu’au sevrage à environ dix mois. Trois types d’animaux ont été comparés. Ils se différenciaient essentiel- lement par la précocité et le potentiel de production laitière des mères (tabl. 1).
Comment affourager? Bien que les résultats soient encore en cours d’ana- lyse, on peut déjà formuler quelques re- commandations pratiques sur la base de ces essais. Ainsi, par exemple avec le ty- pe III, qui représente des remontes d’en- graissement se prêtant bien à une finition intensive par des engraisseurs profession- nels, la concentration énergétique de la ration doit être adaptée, en fonction du poids mort visé, comme suit: pour pro- duire des carcasses légères d’environ 280 kg, la teneur moyenne de la ration devrait être d’au moins 8 MJ NEV par kg MS. Cel- le-ci peut être atteinte par exemple avec un mélange d’ensilage de maïs plante en- tière et d’ensilage d’herbe dans une pro- portion 3:1 dans la MS, complété par des concentrés principalement énergétiques en quantité équivalente aux fourrages (en
à 22 mois engraissés sur deux saisons de pâturage, dont la seconde en estivage. Il s’agissait de mâles castrés croisés Limou- sin x Tachetée rouge, provenant du trou- peau laitier. Sans finition, leur état d’en- graissement n’était généralement pas satisfaisant. Une brève finition de quatre
Auteur André Chassot, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux (ALP), 1725 Posieux,
andre.chassot@alp.admin.ch,
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Tableau 2:Concentration éner- gétique recommandée
(MJ NEV/kg MS) Type d’animal Poids mort
léger lourd précoce < 6,5
mi-tardif 8,0 > 7,0
tardif – 8,0
Graphique: Composition de l’accroissement
Source: Micol et al (1993)
Tissus adipeux
Plus l’animal est précoce, plus l’effet est important
Muscles
39 %
35 %
Accroissement journalier
31 % 27 %
29 %
43 %
50 %
Accroissement journalier des tissus Part dans l’accroiss. (% du poids vif)
Charolais.
dernières années, différents essais ont été menés par la station fédérale de re- cherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP dans le but de proposer des recom- mandations d’alimentation différenciées par type d’animal et objectif de produc- tion. Ces essais étaient basés sur l’utilisa- tion de broutards de profils génétiques différents, mais dont les conditions d’éle- vage sous la mère étaient identiques. Jus- qu’au sevrage, l’alimentation du couple mère-veau était exclusivement basée sur l’utilisation des herbages. La ration était
kg MS). En revanche, pour produire des carcasses plus lourdes, d’environ 330 kg, la concentration énergétique de la ration peut être réduite d’environ 1 MJ NEV par kg MS. Concernant le sexe de animaux, il faut utiliser de préférence des mâles cas- trés ou des femelles dans le premier cas, alors que des taurillons sont mieux ap- propriés dans le second cas. Conformé- ment au but de ces essais tel que men- tionné plus haut, on peut prescrire des concentrations énergétiques minimales à atteindre ou maximales à ne pas dépasser durant la phase de finition et ce, pour des animaux de différentes précocités et pour des poids de carcasses différents (tabl. 2).
Des essais ont également été menés par ALP sur la finition de jeunes bovins de 20
Blonde d’Aquitaine. Piémontais.
restrictive en fin de saison de pâture, sui- vie immédiatement d’une phase d’ali- mentation intensive en finition, a provo- qué une forte croissance compensatrice.
Ainsi, les performances d’engraissement obtenues en finition ont toujours été éle- vées quelle que soit la durée, l’intensité d’alimentation ou la composition de la ra- tion. D’un point de vue économique, cet- te phase s’est avérée très rentable. 䡵 fet dépressif sur l’état d’engraissement
est d’autant plus marqué qu’ils se trou- vent dans une phase où ils déposent beaucoup de tissus adipeux.
Il faut donc adapter le GMQ aux exi- gences du produit final en tenant comp- te de la précocité du type d’animal utili- sé. On peut aussi choisir un type adapté à l’intensité d’alimentation que l’on est en mesure d’assurer sur son exploitation à des coûts raisonnables, aussi bien du point de vue économique qu’écologique.
Plus la race est tardive, plus l’intensité d’alimentation doit être élevée pour ob- tenir une carcasse de poids et d’état d’en- graissement semblables (graph. 3).
Ainsi, il s’agit dans chaque cas de trouver l’optimum entre ses propres conditions de production, le type d’ani- mal et les possibilités de commerciali- sation. Un non-respect de ce principe de base péjore le résultat économique.
Des recommandations sont en cours d’élaboration Au cours des
à six semaines a permis de corriger ce dé- faut et d’améliorer notablement la char- nure, tout en gagnant rapidement des kg de carcasse. Le fait que ces animaux aient eu une phase d’alimentation relativement