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Elle constitue - selon Heney Coebin - le document le plus ancien temoignant le passage de la gnose antique a la gnose isma61ienne

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REDACTION DE UUMMÜ'L-KITÄB

Von Pio Filxppani-Ronconi, Rom

1 Apercu ginircd de l'oeuvre

Qu'est ce que c'est que VUmmu'l-Küäb^

L'U.K., c'est k dire «La Möre du Livre», ou «L' Archetype du Livre», est

une oeuvre, probablement du VIII/IX siecle, r6dig6e en persan archaique

avec des nuances indiennes, conserv6e aupres d'une secte isma61ienne du

Pamir. Elle constitue - selon Heney Coebin - le document le plus ancien

temoignant le passage de la gnose antique a la gnose isma61ienne. Le texte

de rU.K. que nous avons traduit et comments (Napoli 1966) avait 6t6

edite par W. Ivanow («Der Islam», Band 23, Heft 1/2, 1936), d'apres une

copie obtenue par I. Zaeübin en Shughnan en 1914. W. Ivanow avait

prealablement donn6 un resume de l'oeuvre, avec d'autres informations sru*

son origine, dans la Revue des Etudes Islamiques (1932, pp. 419-482).

Selon W. Ivanow - avec lequel j'ai eu un entretien sur le sujet - l'U.K.

ne serait pas meme, originairement, une oeuvre isma61ienne, mais, au point

de vue th6orique, une oeuvre qui präsente les id6es d'un milieu h6r6tique

du genre des qarmätes, ideologiquement tres proche des Isma61iens. En

realit6 la question des origines de l'U.K. - que j'ai esquiss6e dans l'intro¬

duction k sa traduction - est fort compliqu6e. J'ai täch6 de demontrer qu'il

s'agit d'une oeuvre dont on decele trois ou quatre couches, la premiere

desquelles, qui decrit le «drame dans le ciel», la chute d'Adam et les sept

combats entre Ädam-Salmän et Ahriman etc., est sans doute manich6enne;

la derniöre est representee par le meme cadre islamique-ismaelien de toute

l'U.K. En tout oas, bien qu'il s'agisse d'une oeuvre composite, l'ensemble

de ses couches de differentes origines est de quelque maniere harmonise de

cette etrange fa9on typique des oeuvres du genre guluivw.

Le livre se präsente comme un entretien, au commencement fort miracu-

leux, entre le Seme Imäm 'alTde Muhammad al-Bäqir (ob. 733/115) et trois

diseiples, qu'on appelle Rou&aniyyän - «Etres de Lumiere» - auxquels il

s'ajoute le fameux h6resiarque 'alide Abü'l-Hattäb, que, apparemment, le

Maitre tue pour le ressusciter aprös coup ! Il-y-a une espfeoe d'Evangile de

l'Enf ance du memo Muh. Bäqir, considere comme une sorte d' «avatära» de son

ancetre 'All, qui d6ploie sa sagesse au sujet de la science des lettres {^afr).

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886 Pio Filippani-Ronconi

avec des fortes reminiscences de genre marcionite et qabbälistique. On y

trouve aussi une theophanie emouvante de Fätima, epouse d' 'Ali, qui ap¬

parait comme Sapience Cr6atrice {fätir, au masculin), au milieu d'une sorte

de cosmogramme formte par Elle-meme et les autres quatre personnages qui,

avec Elle, forment le bien connu ahlu'l-hait. Toute la cosmologie de l'U.K.

est domin6e par un photisme pentadique tr6s marqu6, sur la gamme de sept

ä dix hierarchies, duquel se degage un kathinotheisme qui a bien peu k faire

avec l'Isläm, meme heretique.

N6gligeant les autres themes, comme la figure de Salmän, qui cumule les

traits de l'Anthropos celeste et du Saoäyant mazdeen, et la question de ses

sept combats avec l'antagoniste Ahriman, on doit distinguer dans les 38

Questions de l'U.K. deux types de recit foncierement differents: le type

cosmologique qui releve - nous croyons - des narrations apocalyptiques

manich6ennes et mazdeennes, et le type soteriologique, oü le processus de

liberation se passe ä l'interieur de l'homme, dans une dimension psychique

qui atteint ä la limite physique. C'est sur ce deuxieme type du recit que

nous croyons de pouvoir deceler une claire empreinte indienne, caracteris6e

par des disciplines de genre tantrique, c'est ä dire ce type d'ascöse qui, sous

la forme daiva {Pratyabhijnä) ou bouddhique Vajrayäna, s'etait repandue

dans l'ambiance contigue k la zone de diffusion et de conservation de la

secte de l'U.K.

2 Quelques motifs de type «indien»

Le caractere fondamental des enseignements soteriologiques de l'U.K.

est celui de presenter ses principes sur deux plans, en meme temps : le plan

spirituel-cosmique et le plan individuel psycho-somatique. La correspon¬

dance entre ces deux spheres n'est pas deduite «a posteriori» par le lecteur,

mais est indiquee «a priori» par le texte et d'une maniere apodyctique.

Voyons-en quelques examples :

A) Le siege de l'Esprit Supreme Divin {Rühu'l-a'zam, Malik-i ta'älä),

que l'homme doit realiser en soi-meme, est g6neralement indiqu6 par les

expressions suivantes : bahru'l-baida' , «la mer de blancheur», sif r-i hazar rang,

«le vide aux mille couleurs», qubba-yi gäyatu'l-azali, «la coupole de l'eternite

pre-existencielle». Ce siege est physiologiquement localise ou dans le cer-

veau ou dans l'espace au dessus de la tete : <än magz be-dalil-i bahrü'l-baidä' ast, wa in rüh-i nätiqa be dalil-i Malik-i ta'älä, ke bar in magz-i safid maqäm

därad (f. 63)», «ce cerveau symbohse la mer de blancheur et cet esprit con¬

scient (c'est k dire le «lögos») symbolise le Roi Sublime, lequel a son siege

dans ce cerveau blanc», «qubba-yi gäyatu'l-azali 6atr-i Malik-i ta'älä ast

bälä-yi sar-i mä, wa än qubba rühu'l-a'zam ast be sif r-i hazar rang» (ib.), «la

coupole de l'eternite pre-existentielle est le plafond du Roi Sublime, au

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dessus de notre tete, et cette coupole est l'Esprit Supreme qui se d6gage du vide aux mille couleurs».

Une autre determination physio-cosmologique encore plus exacte: «in

magz hamcün zamin-i safid ast, ke az bälä-ye haft äsmän ast, hamconänke

bahru'l-baidä' bälä-yi in haft divän-i dargäh ast" (f. 64), «ce cerveau est

comme la Terre Blanche, qui est au dessus des sept oieux, de la memo

maniere que la Mer de Blancheur est au dessus de ces sept hierarchies du

Seuil». Ce n'est pas question d'une grande fantaisie pour retrouver dans ces

representations si peu islamiques une symbologie qui nous rapporte au

monde indien, en particuher tantrique. Les motifs du «Vide» et de «rOc6an»,

oü se locahse I'experience supreme, la regeneration cosmique de l'homme,

se trouvent indiques ensemble, aveo un photisme typique dans les Upanisad

dejä, mais principalement dans les textes sectaires comme le Kulärnava¬

tantra (ed. Täränätha Vidyäratna, öeme vol. des Tantrik Texts edites par

A. Avalon, London 1917), au 96me ulläsa, lä oü l'on d6crit «yad-atra nätra

nirbhäsah stimitödadhivat sthitam svarüpa-äünyam», «il n'y a plus d'ici, il

n'y a plus de lä (o'est ä dire «un lieu sans lieu», ce que la mystique persane

posterieure appellera «na-kogä äbäd»), mais une illumination calme se place

comme un Ocean, etant le Vide selon sa propre Essence».

En particulier, le motif du «Vide aux mille couleurs», auquel l'U.K. se

röfere frequemment, comme le bout d'une ascension dans le soi-meme, qui

mhne ä la regeneration de l'homme, nous rappelle phenomenologiquement

le nomme «sähasrära-cakra» , la «roue aux mille petales» du Hatha Yoga,

le centre de conscience de subtilite 6ther6e, qu'un grand nombre de Tantra

äaiva et säkta du genre operatif, comme le Sat-cakra-nirüpana, aux älokas

39-^9, et le Pädukäpaticaka, ä la p. 95 de l'edition de A. Avalon, placent

exactement au dessus de la tete, au delä de la fontanelle (brahmarandhra).

II y-a memo, au sujet du «Vide sur la tete», ou «dans la tete», un enseigne¬

ment phonematique dans la Maitryupanisad (VI, 23): «yo 'sau paräparo

devo, onkäro näma nämatah j nihiahdah äünyabhütas tu mürdhni sthäne tato

'bhyaset», «celui qui est le dieu supreme et le dieu relatif, on l'appelle «Orn».

Silencieux, vide d'etre, il faut qu'on medite sur lui dans la region qui est

la tete» (trad. Esnoul).

B) A partir de ce siege supreme se reahse, selon l'U.K., l'emanation de la

Pentade archetypale des Lumiöres, selon quelques passages pre-existentielle,

Selon d'autres «or6e» par le «Roi Sublime», dont les cinq Lumieres forment

les cinq membres : «... awwal kh na äsmän büd wa na zamin büd wa na

pang äfaridi büd, pang nür-i qadim be pang rang büdand bar mitäl-i qaws-i

quzah, wa az su'a'-i isän hawä-i padid ämad mänand-i äftäb» (f. 81), «quand

il n'y avait pas de ciel et pas de terre et les Cinq [creatures] n'avaient pas

encore ete crees, il y avait Cinq Lumieres Primordiales aux Cinq Couleurs,

semblables ä l'arc-en-ciel, et un ether comme le Soleil se manifesta de leur

60 Or.-Tg.

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888 Pio Filippani-Ronconi

6clat ...»; ma än pan^ ke Malik-i ta'älä äfaride {az haft 6ehrl peidä-and), pang

gawärih-i än rüh . . .» (f. 411), «et ces Cinq que le Roi Sublime a crees (ils

se manifestent ä partir des Sept Formes) [sont] les Cinq Membres de cet

Esprit . . .». Observez, ä ce propos, le parallele entre la doctrine de cette

manifestation de la Pentade supreme aux Cinq Couleurs dans l'U.K., qui

aprös se refrange dans les 7 ou 10 hierarchies {manzilät, divän etc.) successives

(doctrine dont le photisme accentue l'ecarte de toutes les theories du genre

muhammisa professees par les Nusairi, Druzes etc.) et la theorie centrale du

Vajrayäna, relative ä la theophanie de la Pentade supreme par le memo

Vajrasattva, sous l'espece de cinq couleurs differentes, que se degagent de

la Lumiere primordiale incolore. 11 y a, ä ce propos, une multitude de textes

qui decrivent ce processus, voire, pour le Vajrayäna «de la main gauche»

loser chapitre du Guhyasamäja-tantra (ed. Bhattacharyya, Baroda 1931),

que nous avons traduit avec le commentaire thibetain {Annali I.U.O.,

Napoli 1959), attribu6 ä Indrabhüti, maitre de Padmasambhava, le mis-

sionaire-magicien au Thibet, qui vecut autour du 7eme siecle dans le Swat,

region contigue ä la zone de diffusion de l'U.K. Nous avons cite, parmi les

notes ä notre traduction de l'U.K., un texto thibetain {rNam C'os rdzogs pa

c'en poi sku sum no sprod), qui fournit un parallele touchant ä la theophanie

soteriologique de l'U.K.: «...dans le miroir de Vajrasattva le corps du

Buddha, synthese de la Lumiere aux Cinq Couleurs, 6clate et resplend.

La perception complete de la Lumiere aux Cinq Couleurs, qui est alteration

de la Lumiere Essentielle {od gsal), est lueur de connaissance pure . . .».

De la meme maniere que, dans le Mahäyäna, ces Cinq Lumieres Archöty-

pales s'individualisent dans les Cinq Tathägatas, qui sont les essentialites fon¬

damentales du cosmos, aussi encore dans l'U.K. ces cinq Realites, chacune

desquelles symbolise une fonction divine, s'individualisent emblematique-

ment dans les cinq personnes de Vahlu'l-bait. Au centre, la figure sophianique

de Fätima caracleris6e par la fonction masculine de «createur», fätir. Enfin

l'homologation de cette pentade avec les cinq sens de perception, qui en

reprEsentent la projection dans le monde sensible, dechu dans la matiere,

constitue une analogic en plus entre les deux conceptions (v. R. Tajima,

Les Deux Grands Mandalas et la Doctrine del'Esoterisme Shingon, p. 72, Paris

1959).

C) Le siege do l'Esprit Supreme, le «Vide aux mille couleurs», constitue

une espece de categorie «pure», qui transcend les «Sept Rochers du Sinai»

{haft küh-i tür-i Sinä), qui correspondent - dans le microcosme humain -

aux «sept branches de la veine solaire» {haft säx-i rag-i bäd-i äftäb), lä oü se

actualise la mont6e (mi'räg) de l'Esprit Conscient de Vie lumineuse (rühu'l-

hayät-i nätiqa-yi nüräni) dans l'interiorite psychique humaine, c'est ä dire

l'ascension de l'homme en soi-meme. Cette veine, dans laquelle il n'y a pas

de sang, puisqu'elle est «vide», est le conduit par lequel la Lumiere et la

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Chaleur (nür-o täbes), c'est ä dire les deux polarites de l'Esprit Sublime,

realisent la liaison «entre le coeur et le cerveau». «Mi'räg rag-i bäd-i äftäb

[ast], ke az in, del be-magz peivastegi därad . . . wa hast Säx be-büde-ast, wa

dar miyän-i In rag . . . hi& xün nlst, illä bäd-i päk wa gozargäh-i nür-o täbes-i

rüh-i a'zams) (f. 281): «le mi'räg [est] la veine du vent solaire, qui garde la

liaison entre le coeur et le cerveau et s'articule en sept branches. Dans le

milieu do cette veine il n'y a guere de sang, mais seulement du «Vent Pur»

(= ether), puisqu'elle est le conduit de la Lumiere et de la Chaleur de l'Esprit Sublime».

Le theme de la «veine centrale» par laquelle se realise la montee do l'Es¬

prit conscient de Vie lumineuse raccordant «le coeiu" au cerveau» constitue

une representation centrale de toute la gnose indienne depuis les Upanisad

jusqu'aux Tantras. II s'agit do la veine susumnä situee enti'c les deux autres

nädi idä et pingald, qui traverse la moelle dorsale humaine, le long de la¬

quelle l'element creatif fulgural (bindu, ou vajra - dans I'U.K. darrayi barq,

darra-yi nutfa, «l'atome fulgural», «l'atome spermatique», v. D), E)), apres

avoir creus6 son chemin ä travers des six ou sept centres subtils (cakra),

arrive au sahasrära-cakra, la «roue aux mille rayons», au dessus du brahma¬

randhra, pour s'identifier ä la sphere de l'Absolut informel. La mention de

tous les passages des textes doctriiiaux Indiens, oü il est question du susdit

procede, deborderait des limites de cette eommunioation. On peut com¬

mencer par les Upanisad de l'antiquite moyenne, comme la Maitri, VI, 21-30

(. . . ürdhva-gä nädi susumnä äkhyä präna-sarncärini . . . etc.), Prasna, II, 7,

Mundaka, II, 1, et arriver jusqu'aux textes sectaires, ä presque tous les

tantras äivaites de l'dcole Pratyabhijfiä et d'innombrables tantras bouddhi¬

ques du Vajrayäna, puisque c'est dans la madhyanädi, ou susumnä, oü s'ac¬

complit la reintegration cosmique de l'homme, ou, comme l'on dit du cote de

l'U.K., l'unification de l'homine, dejä souille par la chute dans l'existence

mortelle, avec son arch6type immortel, l'Adam eternel, Adam-i qadim

(cfr. M. Eliade, Le Yoga, Immortalite et Liberte, p. 237 ss., Paris 1954).

D) L'element qui, ä notre avis, decele le plus clairement la «contaminatio

indica» en fait de techniques soteriologiques, est donne au d6but de la

derniere citation de l'U.K. (f. 281), oü, en illustrant le mi'räg ma'nawi qui

se realise dans cette «veine du vent solaire» on affirme textuellement, cn

se servant d'une sorte de manipulation etimologique des vocables apparte-

nants ä la tradition islamique (Buräq, la monture mystique de Muhammad,

b. r. q. = barq, la foudre): «...wa Buräq barq-i nür ast, wa mi'räg rag-i

bäd-i äftäb ast . . .» («et Buräq est la Foudre de Lumiere, et le mi'räg est

la veine du vent solaire . . .»). Or, dans la «foudre de lumiere» qui «monte

dans la veine centrale» il est aise de reconnaitre le bindu, ou tilaka, transpor-

t6 par la kundalini-iakti, dont la montee se trouve decrite dans le Vijnäna-

bhairava aux slokas 28-37 (voire, dans Ted. Silburn, Paris 1961, les pp. 80,

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890 Pio Filippani-Ronconi

92, 109, 168, 180 ss.). En plus, la meme signification spermatique etablie

par l'U.K. {barq = darra-yi nutfa) fait pendant avec la definition du bindu

donnöe par le Pratyabhijnä-hrdaya : ghanibhütä iakti, et sa connotation

gnoseologique, indiquee par la meme U.K. (nutq, «lögos» egalise par meta¬

these ä nutq[a], «point», c'est k dire «bindu»), est fixee parle Trikasära (men¬

tionne par le comm. de Ksemaräja au Pratyabhijnä-hr., Sl. 1), avec la de¬

finition de «baindavl kalä», c'est ä dire la dakti (kalä), ou pouvoir de con¬

naissance qui appartient au bindu (= la supreme conscience, v. Pratyabhijüä-

hr., 6d. Jaideva Singh, p. 113, infra, Delhi 1963). Du cöte du Vajrayäna, on

le sait bien, la foudre {vajra) est le Symbole de l'indefectibilite du Vide qui

s'actuahse dans la realisation spirituelle. Cette foudre est le bodhicitta, la

«Pensee de l'lllumination» (v. The Hevajratantra, a Critical Study, by D. L.

Snellgeove, lä oü on etablit l'equation «bindu-{vajra)-bodhicitta-dukra-

iünyatä», pp. 94-95, fn., 135 etc.), qui constitue la reversion meme du

mouvement qui a conduit ä l'emanation du monde ä partir d'une Lumiere

ineffable de Conscience {Vajrasattva, Ädibuddha etc.). Bien, ce «renverse-

sement», par lequel le bodhicitta se realise dans le siddha, appele «revulsion de l'appui» {äiraya-parävrtti, decrit, p. e., par le Khasamatantra de Ratnäka-

raäänti publie par G. Tucci, Festschrift Fr. Weller, Leipzig 1954), nous pre¬

sente une analogic frappante avec un evenement apocalyptique et psycholo¬

gique decrit par l'U.K.

En elFet l'U.K. declare que, lorsque Tesprit-foudrc {rüh-i barq) monte

dans la veine centrale «vide» et atteint finalement le siege de l'Esprit Subli¬

me «au dessus de la tete», «le Soleil se leve ä Occident» (f. 364) et «la terre du

coeur se transforme en terre du cerveau» («.. .zamin-i del bar zamin-i magz

badal kardh bäSad . . .», f. 345) et «ce qu'il y a ä la droite du coeur passe ä

gauche et ce qu'il y a ä la gauche passe ä droite» (« . . . inke az dast-i räst-i del-and be dast-i 6ap bäSad . . .», etc., f. 346). On dit lä memo que, lorsque la montee interieure {mi'räg) se realise comme resurrection spirituelle (qiyäma),

«la terre du coeur se transforme en ciel du cerveau». L'energie de cette

montee, totalement deontologique, est donnee par un principe negatif,

feminin, dit «■Äme acquiescente», nafs-i mutma'inna, qui, par moyen d'une

Sorte de recueillement fervide en soi-meme, «se leve le long de la veine du

vent solaire pour atteindre finalement la demeure, oü eile converse avec

l'Esprit Sublime, au d6Iä de la montagne de Sinai, formee par les sept monts

surimpos6s» ( . . . nafs-i mutma'inna bed-in rag-i äftäb bar äyad wa, be-

monä^ät, bed-in §äigäh äyad wa be rühu'l-a'zam soxan güyad, bar in tür-i

Sinä, kt haft küh-and az feräz ham-istäde-and ...» (f. 274). On y retrouve une

description, pas memo islamisee, egalable ä celle de la montee de Vudäna

par la voie mediane, decrite dans le commentaire d'Anantaiaktipäda au

Vätülanäthasütra (trad. L. Silbuen, Paris 1959), sütra 3, ou de l'energie

radicale (kundalini-iakti, sütra 11, comm., p. 67, ib.), nommee ürdhvagämi-

(7)

ni, qui, sa montee accomplie, repose dans I'ether do conscience et par lä

remplit l'univers entier (sarva-vyäpikä). Pom rester dans l'ambiance öaiva,

on peut se rappeler d'autres passages, trhs nombreux, oü l'on decrit le

memo procede, comme p. e. le Tanträloka, p. 352, 61. 57 (ed. Kashmir

Series Texts & Studies), le Vijnänabhairava (op. cit., sl. 67, comm., 55, pp.

47, 80 sq., 92, 98, 109, 119, 168 sq., 180, 193), le commentaire du Pratya¬

bhijnä (op. cit., p. 87), etc. La mention des sept monts du tür-i Sinä, qui

sont les sept etapes do la levee par la voie moyenne du rag-i bäd-i äjtäb,

nous rapportent directement ä la conception du sat-cakra-bheda du Laya-

yoga, dont on trouve des mentions abondantes dans les textes cites, p. e.,

au sl. 29 ss. du Vijnäna-bhairava (op. cit., pp. 80-84): «... udgacchardim

tadirüpärn praticakrarn kramät kramam j ürdhvarn mustitrayarn yävat tävad

ante mahodayah . . . jj» (29): «... de centre en centre, de proche en proche

(l'energie radicale), tel un 6clair jaillit jusqu'au sommet du triple poing

(c'est ä dire le supra-cerveau), tant qu'ä la fin le grand fiveil (se produit)».

E) L'economie soteriologique de l'U.K. attribue une importance fonda¬

mentale ä la fonction d'un organe physio-psychique que le texte situe entre

les deux sourcils, organe que I'U.K. considere comme le siege de l'Adam

primordial, l'Adam qui n'a jamais ete contamin6 par la chute et qui se

soustrait ä toute decadence et mort. Cet Adam interciliaire est considere

I'archetype celeste de I'Homme interieur et son Guide occulte sur le chemin

de sa reintegration cosmique. Bien plus, il est la reintegration actualisee do

I'Homme au delä du temps et de l'espace, en tant qu' «Esprit Conscient»,

c'est ä dire divinite perenne de I'Homme dans son essence transtemporale.

«... Adam xodävand-ast, in rüh ke bar magz-i piSäni maqäm därad . . .»

(f. 267), «... Adam est le Seigneur (W. Ivanow traduit «.Dieu»), cet Esprit

qui a son siege dans le lobe anterieur du cerveau» (qu'on appelle aussi

«rüh-i nätiqa-yi nüräni», «Esprit conscient lumineux». Voire, au f. 325,

«Malik-i ta'älä in rüh-ast, ke nätiqa x^änand», «le Roi exalte est ce meme

Esprit qu'on appelle conscient»). La fonction de ce «rüh dar miyän-i do

abrü» (f. 20), «esprit dans le milieu des deux sourcils», dans le microcosme

humain est parallele ä celle de Salmän-Ädam dans le macrocosme des

hierarchies: il est le protagoniste de toute la resurrection (qiyäma), en tant

qu' «Esprit de Vie conscicnte dans le lobe anterieur du cerveau et Seigneur

de l'Esprit Sublime» («rühu'l-hayät-i nätiqa bar magz-i piSäni wa xodävand-

i rühu'l-a'zam» - f. 270). On l'appelle aussi «le point, qui est le «lögos»

d"Ali» (f. 15), ou «le point, qui est le «lögos» des Croyants» (f. 20). On y voit

dejä une analogic frappante, avec le bindu de Vanusvära inscrit au dessus

de la M du monosillabe AUM, qui represente le «quatrieme 6tat» trans-

cendant le monde de la manifestation (Mandukya-upanisad, II, 7), ou l'ener¬

gie condensee de la parole (Svacchandatantra, IV, &l. 254-256, v. Vijnäna¬

bhairava, Introd. par L. Silbuen, p. 49).

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892 Pio Filippani-Ronconi

Nous nous bornerons ä signaler les analogies «indiennes» plus frappantes

que cet organe presente dont les caracteres physio-psyclüques et cosmologi-

ques connotent dans le Yoga indien, et pas seulement dans le Yoga, la fonc¬

tion de ce qu'on appelle Väjnä-cakra, le «disque du commandement» {äjnä =

xodävandil): v., p. e., le SatcMkranirüpana, aux il. 38-39 ct la Oheranda-

samhitä ä l'upadeäa VI, sl. 17. Le Vijnänabhairava decrit minutieusement,

aux §1. 31-37, la pereee et la contraction efFeotu6es en bhrü-madhya (pers.

miyän-i do abrül), ä la fin duquel la kundalini penetre graduellement dans

la «voie du milieu» pour s'elever jusqu'au dvädaiänta (= sahasrära-cakra

du Satcakranir.), c'est ä dire le supra-cerveau dont nous avons parle au

debut de ces notes (A). Dans le meme texte les analogies se precisent encore

davantage. Tandis que dans presque tous les textes de Hathayoga ou dans

les Tantras techniques on parle toujours de la montee de cette energie

radicale appeiee kundalini-sakti k partir d'un centre subtil place au dessous

de l'epine dorsale (le mülädhara-cakra) jusqu'au sahasrära-cakra, dans le

Vijnäna-bhairava, au äl. 37, il est question d'une montee de kundalini limi-

tee ä relier le coeur avec le supra-cerveau, exactement comme il se passe dans

l'U.K. dans le passage que nous avons mentionne (D) ä propos de la nafs-i

mutma'inna (f. 274) qui se leve du coeur pour atteindre le siege de l'Esprit

Sublime :

«Dhämäntah ksobha-sarnbhiita-siiksrnägni-tilakäkrtim

bindurn iikhänte hrdaye, layänte dhyäyato layah» (37),

«si l'on medite dans le coeur et au sommet de la meche de cheveux sur le

«bindu», point semblable ä la «marque-rouge», [ce] feu subtil que produit

une [certaine] efFervescence ; äla fin, lorsque [celle-ci] a disparu, on s'absorbc

dans la Lumiere [de la Conscience]» (trad. L. Silburn). Le commentaire

explique ce vers si difficile selon les trois voies (änava, Säkta, sämbha,vä) :

Selon la voie «de Tenergic» [Sakti), qui est celle que nous Interesse dans ce

cas, il s'agit d'evoquer le «bindu» sous l'aspect d'une fiamme entre les sour¬

cils pendant que la montee de la kundalini relie le coeur au cerveau. Ce

passage «indien» nous donne, pourtant, la clef pour comprendre les posi¬

tions reciproques et la relation entre le Demiourge «nutq-nutqa-xodävand»

et le principe negatif feminin, la nafs-i mutma'inna, dans ce procede soterio¬

logique, que l'U.K. nous presente en le caract6risant d'une fa9on purement

theo-cosmologique.

La seule question de l'importance revetue par ce centre dans les deux

traditions que nous venons de comparer ne serait pas süffisante pour edairer

la vraie signification du recit de l'U.K., dont le caractere rhapsodique et le

langage ambigu (une v6ritable «sandhi-bhäsä» persane!) deceient les soins

pris par les adeptes de la secte pour cacher le sens de son enseignement.

C'est pour cela que nous avons cru necessaire de mentionner une technique

(9)

documentee par un texte traditionel indien, laquelle se deroule parallele¬

ment au recit du texte persan. Quant au reste il serait memo trop facile do

mentionner les centaines do passages dans les textes Indiens, oü l'on parle

du centre psychique appele äjnä-cakra par le Hathayoga d'une maniere

purement passive, discontinue, k l'egard d'une operation «spagjrrique» qui a

pour but la reintegration totale de l'etre humain ä son archetype divin,

comme il se passe dans I'U.K. Rappelons-nous seulement du conseil que la

Bliagavad-gitä donne ä celui qui est en train do mourir: «kavim puränam

anuiäsitäram / anor aniyämsam anusmared yah jj sarvasya dhätäram

acintyarüpain j ädityavarnam tamasah parastät jj prayänakäle manasäcalena j

bhaktyä yukto yogabalena caiva jj bhruvor madhye pränam äveSya samyak j

sa tani param purusam upaiti divyam jj \\

F) II y a, dans I'U.K., des particularites qui permettraient memo do re-

tracer les ecoles, ou les sectes, par rentremise desquelles des particuliers

enseignements sont passe des Indes a la region du Pamir. Par exemple on

mentionne dans I'U.K. (ff. 273-274) trois centres spirituels plac6s au dessus

du susdit lobe intercihaire : il s'agit do trois centres rarement ou presque

jamais indiques dans les differents textes du Yoga, mais tres bien connus

aupres do quelques ecoles Säkta. En effet, dans le Satcakra-nirüpana (pp.

48, 57, 65, 76) et dans le Pädukäpancaka (pp. 125, 126), ces trois centres

sont decrits comme le manas-cakra, le soma-cakra et le käranävantara-Sarira (le «Corps causant intermediaire», ou « corps causant septuple », qui renferme

I'archetype des hierarchies «pures», c'est k dire depourvues do I'alterite due

ä I'extraversion creatrice). C'est pour cela que, ä notre avis, il faut suivre la

veine säkta, independemment do ses filiations sivaites ou bouddhiques

vajrayäna, pour retrouver aux Indes la matrice des techniques soteriologi¬

ques exposees par I'U.K. sous la veste bizarre et bariolee d'une etrange

cosmologie theosophique. Un indice säkta de type vämucärin serait, ä notre

avis, le passage des ff. 229-230 et l'enseignement presque incomprehensible

des Questions VII et VIII, oü l'on esquisse une doctrine suivant laquelle il

serait possible de reintegrer ä sa sphere pre-existentielle, comme ä sa vir-

tualite profonde, la foudre (barq, v. le vajra indien) inherent ä la semence

humaine {darra-yi nüräni-yi nutfa, «l'atome lumineux spermatique»),

lorsque la relation entre les deux sexes, privee de r616ment ahrimanien,

devient «licite» (haläl).

Mais la question entrainerait des considerations et des 6tudes qui sorti-

raient des bornes de la presente communication, qui se propose seulement

le but dc focaliser l'attention des hommes d'etude sur ces aspects singuliers

d'une oeuvre mystique, comme VUmmu'l-Kitäb, jaillie k la lisi^re do deux

grandes regions culturelles, I'Inde et l'Iran.

(10)

DIE ACHTZEHN WÜRDENTRÄGER

Von Fbiedrich Wilhelm, München

Mehrfach werden in der altindischen Literatur staatliche Würdenträger

genannt, die als die 18 tirthas bezeichnet und öfters auch namentlich auf¬

geführt werden - mit nicht unbeträchthchen Abweichungen in den einzelnen

Dienstbezeichnungen (s. A. Hillebrandt, ZDMG 1916, p. 46; F. Wilhelm,

Adyar Library BuUetin, Madras 1967-68, p. 152 ff.). Die politische Ge¬

schichte kommt ohne Ämter und Amtswalter nicht aus. Seit dem Rgveda

kennen wir eine ganze Reihe solcher Rangbezeichnungen, und es ist kein

kühner Analogieschluß, daß auch die Induskulturen ihre Regierungsbeamten

gehabt haben müssen, selbst wenn wir ihre Titel nicht kennen. Zu den älte¬

sten Titeln der vedischen und spätvedischen Zeit gehören der Priester

(purohita), der Heerführer (senäni), der Treckführer (grämani), der später

zum Dorf bürgermeister wird, aber erst in späterer Zeit bildet sich eine zah¬

lenmäßig auf achtzehn fixierte Gruppe heraus, die als die achtzehn tirthas

bezeichnet wird. Diese Gruppe existiert noch nicht in den Brähmanas und

Puränas, wohl werden aber schon einzelne Funktionäre genannt, die später

in die tirtha-JAste aufgenommen werden (s. die einschlägigen Werke von

W. Rau (p. 107 ff.) und H. Losch (p. 44 ff.).

Im Kautaliya Arthaäästra erscheint die Liste der achtzehn tirthas nur

ein einziges Mal (1,12), und zwar im Zusammenhang mit Spionage. Für die

späteren Niti-Werke, die auf dem Arthaäästra basieren, war diese Liste von

noch geringerem Interesse. Kämandaki erwähnt nicht einmal den Terminus

tirtha, und Somadeva führt ihn zwar an, aber ohne Aufzählung der achtzehn

Würdenträger. Das III. Buch des Tanträkhyäyika erwähnt die achtzehn

Würdenträger als Ministerrat, die der Krähenkönig nach dem Angriff der

Eulen einberufen soll. Die Liste steht der des Arthaäästra näher als irgend¬

eine andere (statt senäpati: äsanapälaka, dästr statt prasastr), doch fehlt

hier der Zusammenhang mit der Spionage, der sich erst im Pancatantra

wiederfindet. Über das besondere Verhältnis des Tanträkhyäyilia zum

Arthaäästra habe ich auf dem Internationalen Orientalistenkongreß 1964

in New Delhi gehandelt (leider sind die Referate bisher noch nicht erschie¬

nen). Im III. Buch des Paficatantra zitiert Sthirajivin einen Sloka Näradas,

der an Yudhisthira gerichtet ist, (und über den ich noch zu reden habe).

Dann werden die achtzehn tirthas des Feindes aufgezählt, die durch Spione

zu überwachen sind. Ihr Verrat führe zur Überwältigung des Feindes,

Referenzen

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