Vendredi 13 août 2010
7 jours
6 EN SUISSE Agri Agri
RUMINANTS
Les tanins de l’esparcette liés à la matière azotée
Grâce à des teneurs en tanins condensés intéressantes,
l’esparcette laisse présager une meilleure assimilation
de la matière azotée chez les ruminants.
L
es tanins condensés for- ment des liaisons comple- xes avec la matière azotée (MA). La MA tanisée dans le contexte de l’alimentation des ruminants est protégée envers les micro-organismes de la panse. Cette protection réduit la dégradation de la MA au ni- veau de la panse. Ce qui a pour effet une réduction de la pro- duction ammoniacale, un sou- lagement des fonctions hépati- ques qui doivent moins recy- cler d’azote en urée et une offre en MA non dégradée ac- crue pour l’assimilation intes- tinale.Utilisés en tannerie et en œnologie
Les tanins condensés (CT) sont des substances d’origine exclusivement végétale qui n’ont pas de fonctions essen- tielles pour la plante. Dans les plantes tropicales où les concentrations en CT sont éle- vées, ils jouent un rôle antinu- tritif les protégeant des herbi- vores. Sous nos latitudes, les concentrations en CT sont plu- tôt faibles. On en trouve dans les chênes, l’acacia, le thé, sans oublier les raisins rouges.
L’homme utilise les tanins de- puis fort longtemps, notam- ment pour traiter le cuir ou pour bonifier le vin en fûts de chêne. Parmi nos plantes four- ragères, on trouve des CT dans l’esparcette, où la teneur peut fortement varier selon le cycle et la variété. Les CT se concentrent principalement dans les feuilles. Dans des es- sais menés à la station de re- cherche Agroscope Liebefeld- Posieux ALP, les teneurs va- riaient de 45 à 120 grammes par kilo de matière sèche (g/kg MS).
Les liaisons complexes protégeant la MA sont cen- sées se rompre en milieu
acide. Lors de la traversée de la caillette, la MA devrait être libérée des CT pour être assi- milée par l’intestin. Des es- sais de dégradabilité (voir l’encadré) menés à ALP ont démontré que la MA de l’es- parcette était moins rapide- ment et moins dégradée que celle d’autres fourrages indi- gènes sans tanins. L’effet pro- tecteur des tanins envers les micro-organismes de la panse a pu être démontré.
Essai de digestibilité
Pour contrôler la libération de la MA et son assimilation, des essais de digestibilité de la MA (dMA) faisant le bilan en- tre les nutriments ingérés et ceux excrétés par les fèces ont été réalisés à ALP. Les résul- tats ont démontré que plus la teneur en CT était élevée, plus la dMA était basse. Avec des rations mélangées à base d’es- parcette et de luzerne, on a re- marqué qu’en dessous de 33%d’esparcette, la dMA n’est pas trop affectée, au-delà elle se réduit rapidement.
Existe-t-il un effet bénéfique au niveau de la panse? Oui, avec une réduction en ammo- niac qui a été démontrée lors des essais à Posieux. Cette ré- duction soulage les fonctions hépatiques, car le foie doit re- cycler moins d’azote et les va- ches rejettent moins d’ammo- niac dans l’air. Une meilleure assimilation de la MA a-t-elle été constatée? Non, vu la moins bonne digestibilité de la MA avec les fourrages riches en tanins. Moins d’azote dans l’urine est un avantage pour l’environnement, plus de MA dans les excréments solides se solde par une perte pour la production.
Valeur nutritive
En appliquant les coeffi- cients de digestibilité et de dégradabilité déterminés ex- périmentalement, l’esparcette possède les valeurs moyennes de 5,3 MJ NEL, 5,3 MJ NEV, 102 g PAIE et 102 g PAIN. Ces valeurs peuvent varier en fonction du cycle, du stade et du type de conserve.
Depuis 2003, les tanins condensés font également l’objet de travaux de recher- che (FiBL) dans la lutte contre les parasites gastro-intesti- naux chez les petits rumi- nants. L’idée étant de pouvoir substituer les produits de syn- thèse par de l’esparcette dans les exploitations bio. Des pis- tes intéressantes sont en cours de validation en Valais et dans les Grisons.
YVES ARRIGO, AGROSCOPE ALP
L’esparcette ou sainfoin contient des tanins qui influencent la matière azotée.
ALP
Les essais de dégradabilité suivent la dégradation des nutriments (principalement l’azote) au niveau du ru- men chez le ruminant. Des sachets perméables en ny- lon contenant le fourrage expérimental sont incubés dans la panse de vaches fis- tulées.
A intervalles définis (2, 4, 8, 16, 24 et 48 h), les sachets sont extraits et leurs conte- nus analysés. Les teneurs analysées mises en rela- tion avec le temps d’incu- bation donnent la cinétique de la dégradation; le coeffi- cient de dégradabilité en est extrait par calcul.
YA
Repères • • •
Besoins en protéines, teneur en protéine brute, apports en matière azotée: quels ter- mes utiliser? Les protéines sont des molécu- les organiques constituées d’acides aminés (AA), alors que la matière azotée (MA) est l’ensemble des constituants azotés compre- nant les protéines, les AA libres, les nitrates, les amides, etc. La MA est déterminée en
multipliant la teneur en azote analysée par 6,25. En alimentation animale, c’est la MA qui est utilisée dans les recommandations et les tables des valeurs nutritives. Quant aux protéines brutes, le terme est issu de la tra- duction du mot allemand Rohprotein; il équi- vaut à matière azotée en français.
YA
PROTÉINES BRUTES ET MATIÈRE AZOTÉE: AMBIGUÏTÉ LINGUISTIQUE
COMMENTAIRE DU MARCHÉ
Les frontières ne sont pas étanches
Les importations de viande de bœuf et de veau assaisonnée au tarif douanier
1602 5099 continuent de péjorer le marché indigène.
L
es importations de viande de bœuf superficiellement assaisonnée de grains de poi- vre, permettant de contourner les dispositions douanières sans enfreindre la loi, avaient marqué l’année 2009 et les pre- miers mois de 2010. A l’heure actuelle, les importations de viande poivrée au titre du tarif douanier 1602 5099 poursui- vent inlassablement leur cours.Au printemps, en réponse aux protestations des syndi- cats paysans et de la Fédéra-
tion suisse des engraisseurs de veau, les dispositions léga- les relatives aux importations avaient été modifiées. Ainsi, à partir du 3 mai 2010, seule la viande assaisonnée en profon- deur avec des épices moulues profite encore du tarif doua- nier plus favorable 1602 5099.
Cette mesure n’a toutefois pas amélioré la situation. Au 30 juin, 815 tonnes de viande assaisonnée avaient déjà été importées, soit presque au- tant qu’au cours de toute l’an- née 2009. Au mois de juin, 100 tonnes de viande de bœuf assaisonnée et 3 tonnes de viande de veau assaisonnée ont été importées.
Tombé à 11,70 fr./kg PM
En raison notamment de ces importations de viandepoivrée, les prix des veaux d’étal en Suisse ont subi de fortes pressions ce printemps.
Le prix des veaux T3 est tombé à 11,70 francs par kilo PM franco abattoir. Au printemps, l’offre de veaux indigènes a temporairement augmenté, comme c’est habituellement le cas en cette saison.
Ainsi, en avril 2010, selon des chiffres provisoires, la production de viande de veau était environ 5% supérieure au même mois de l’année précé- dente. Afin d’alléger le mar- ché, 246 tonnes de viande de veau ont été stockées en avril, ce qui est relativement peu comparé aux années 2007 à 2009 où le stockage concernait entre 860 et 690 tonnes. L’offre indigène a ensuite diminué. En effet, au cours du premier se-
mestre 2010, la production de viande de veau était 2,6% infé- rieure au premier trimestre 2009.
Au cours de la semaine 32, grâce à la baisse de l’offre et à la croissance de la demande, le prix des veaux T3 a aug- menté de 40 centimes, attei- gnant 12,40 francs par kg PM.
L’amélioration des prix que l’on observe généralement en fin d’été s’opère donc un peu plus tôt qu’en 2009, où le prix des veaux T3 était de 11,80 francs pendant la même se- maine. Les prix des veaux continueront à augmenter jusqu’en décembre, mais il faut s’attendre à ce que les im- portations bon marché de viande assaisonnée freinent l’envolée des prix.
HANS RÜSSLI, USP
PRUNEAUX
Selon les dernières estimations la récolte attendue sera bonne
La récolte de pruneaux 33 mm et Fellenberg devrait être bonne. Pour les mirabelles et les pruneaux à distiller, la charge est moyenne.
L
a récolte de pruneaux de rapproche. Dans la moyen- ne des régions, la charge est qualifiée de bonne pour les pruneaux 33 mm et pour les Fellenberg. Pour les mirabel- les et les pruneaux à distiller, la charge est moyenne. Ainsi, cette notation est similaire à celle de l’année précédente pour les pruneaux 33 mm et les Fellenberg, alors qu’elle est légèrement inférieure pour les mirabelles et les pruneaux à distiller.Pour la saison 2010, on peut s’attendre en tout à 1710 tonnes de pruneaux 33 mm, à 1352 tonnes de Fellenberg et à 43 tonnes de mirabelles tran- sitant par le commerce. Ces chiffres correspondent à une bonne récolte qui se situe dans la moyenne des années.
Avec en tout 3062 tonnes de pruneaux de table, la saison 2010 se situe à 11% en dessous de l’année précédente, qui a été très productive. Si on com- pare la nouvelle récolte avec la moyenne des quatre années précédentes (2006 à 2009), celle-ci atteint quasiment la moyenne, avec 103%. La diffé- rence avec l’année précé- dente est plus marquée pour
les pruneaux 33 mm (-16%) que pour les Fellenberg (-5%);
cela est dû en partie au rous- sissement mentionné plus bas.
Le potentiel des pruneaux à distiller est estimé à 3500 t, ce qui correspond à une récolte moyenne. Le retard de végéta- tion se situe toujours vers 8 à 10 jours par rapport à l’année précédente.
Les quantités journalières de pruneaux 33 mm sont en forte augmentation ces jours.
La récolte principale des pru- neaux 33 mm se situe au mois d’août et celle des Fellenberg au mois de septembre. La sai- son des pruneaux suisses dure en tout environ du 25 juillet jusqu’au début octobre.
Roussissement
Dans l’ensemble, les mala- dies et les ravageurs ont été fa- ciles à contrôler dans les ver- gers. A ce jour, les attaques sont en moyenne faibles.
Par contre, il convient de re- lever le roussissement, qui ap- paraît par région moyenne- ment ou même fortement. Il concerne avant tout les varié- tés Belle de Cacaks et Tegera.
Les causes sont probablement les conditions climatiques au printemps. Dans les lots cor- respondants, les écarts de triage pourraient atteindre 30%; ceci est pris en compte dans les chiffres précisés ci- avant.
FRUIT-UNION SUISSE
VIGNE-VIN
Les rendements autorisés dans le canton de Neuchâtel
La production dans le vignoble neuchâtelois pour le millésime 2010 est fixée.
L
a volonté de maintenir une qualité élevée pour les vins de Neuchâtel et d’évi- ter une production trop abon- dante qui pourrait surchar- ger le marché a décidé les professionnels à demander au Conseil d’Etat de mainte- nir pour le millésime 2010 des rendements autorisés identi- ques aux années précéden- tes. Les récoltes des raisins cultivés dans le canton de Neuchâtel, destinées à l’éla-boration des vins de pays, sont ainsi limitées à 1,8 kg/m2 pour les cépages blancs et à1,6 kg/m2 pour les cépages rouges. En outre, pour les cé- pages permettant l’élabora- tion de vins d’appellation d’origine contrôlée (AOC), les limitations sont les sui- vantes.
Chardonnay: droit AOC, 0,8 kg/m2; droit maximum de la ca- tégorie 1, 0,9 kg/m2.
Charmont: droit AOC, 0,9 kg/m2; droit maximum de la ca- tégorie 1, 1,0 kg/m2.
Chasselas: droit AOC, 0,9 kg/m2; droit maximum de la ca- tégorie 1, 1,0 kg/m2.
SP-AGRI
Des amphores géorgiennes pour des vins valaisans
Lors d’un voyage en Géorgie, le vigneron-encaveur valaisan Amédée Mathier a un véritable coup de cœur pour les amphores en terre cuite, matrices de certains vins géorgiens. Il en importe dans sa cave à Salquenen (VS) avec un objectif: retrouver l’âme du vin. Il y a douze mois environ, la cave familiale, qui doit son nom au grand-père Albert qui l’a fondée en 1928, a vécu une petite révolution: le petit- fils Amédée, patron des lieux, a installé sur une parcelle jouxtant la cave six ampho- res en terre cuite, «à ne pas confondre avec les œufs en béton!» prévient- il. Il compte y vinifier une petite partie de la récolte selon la méthode pratiquée par cer- tains vignerons géorgiens depuis plus de 7000 ans.
Une première en Valais, et en Suisse selon l’intéressé.
Les amphores, ou «kvevris», voyagent de Géorgie en Suisse par bateau, puis par camion et suscitent l’éton- nement à la douane où on les prend pour les pots de fleurs. Une fois arrivée à Salquenen, elles sont, comme le veut la tradition, enfouies dans la terre, leur bord af- fleurant. A l’automne 2009, les six amphores de 2000, 1500 ou 600 litres accueillent leur première vendange.
«Nous avons choisi quatre cépages, l’ermitage, la rèze et la petite arvine pour le blanc et le cornalin pour le rouge», explique Amédée Mathier. SP
En bref • • •