151
Revue suisse Agric.41(3): 151, 2009
La recherche agronomique a pour mission de partici- per à l’adaptation, au développement et à la critique de la société rurale en général, technique et scienti- fique en particulier. Elle remplit cette mission en pro- duisant, validant et transférant des savoirs et des com- pétences; en reconstituant l’unité de la connaissance pour que le monde agraire soit plus intelligible; en portant sur cette société et son fonctionnement un re- gard sans complaisance.
Agroscope articule disciplines scientifiques et savoirs pragmatiques pour les faire converger sur des thèmes fédérateurs ou des questions communes (les sciences de la terre, les sciences de la vie; l’écologie; etc.). Le fossé entre science et société se comblera peu à peu si la recherche agronomique réalisera l’autorité qu’elle revendique par le transfert de ses connaissances.
En effet, transférer le savoir pour l’exploiter dans la production doit devenir omniprésent, sinon obsession- nel, car indispensable à l’économie pour le maintien de sa capacité concurrentielle, et orientée pour l’essentiel sur l’innovation technique. Car «connaître, écrivait André Bonnard, c’est échapper à la solitude, c’est par- ticiper à la vie d’autrui et du monde, [...] c’est partici- per à la recréation de nous-mêmes et du monde».
On a longtemps cru que seul l’attachement à des ra- cines profondes était valable et l’on faisait confiance à ce que les ancêtres avaient cultivé et transmis, se mé- fiant de toute nouveauté. Les traditions étaient sacrées et les qualités de constance et de prudence étaient considérées comme au moins aussi importantes que celles de dynamisme et d’audace. Aujourd’hui, c’est manifestement l’inverse!
Il est évident que le monde a toujours changé, le chan- gement étant permanent et omniprésent. Ce qui est nouveau, c’est moins le changement en lui-même que son rythme et son étendue, et surtout cette foi presque aveugle dans ses conséquences positives.
Mais le plus souvent, on change parce que l’on est obligé de le faire de crainte de devoir, sans cela, sup- porter des graves préjudices.
Raisons pour lesquelles le KWA (groupe de communi- cation et d’échange des connaissances d’Agroscope) a mis l’ouvrage sur le métier pour proposer au comité de direction d’Agroscope un remaniement et une fusion des revues Agrar Forschunget Revue suisse d’agri- culture. Il va de la disponibilité dans les temps et de la visibilité dans toutes les parties du pays des résultats de la recherche agronomique publique suisse, ainsi que de la survie à long terme d’un vecteur de diffusion attractif, utile, ouvert et aux coûts maîtrisés.
L’AMTRA (Association pour la mise en valeur des tra- vaux de la recherche agronomique), propriétaire de la
Revue suisse d’agriculture, et le Comité de direction d’Agroscope ont donné leur aval pour que les nou- velles revues «Agrar Forschung Schweiz» en alle- mand et«Recherche agronomique suisse»en français représentent les organes officiels des publications des travaux de recherche des trois stations de recherche Agroscope (ACW, ALP et ART) accompagnées de par- tenaires tiers.
Les connaissances déferlent de plus en plus nom- breuses, de plus en plus spécialisées, de moins en moins durables. L’économie elle-même, pour rester concurrentielle, en réclame. Or, la recherche agrono- mique suisse a toujours visé le plus grand pragma- tisme, sans bluff, ni fard, car elle sait bien que tout homme bombardé de plus d’informations qu’il ne peut absorber néglige sciemment la multitude d’informa- tions susceptibles de l’aider, au risque de tomber dans l’arbitraire.
Dès janvier 2010 chacune de ces revues, ne différant que par la langue, sortira à raison de 10 numéros par année sous la direction d’une rédactrice en cheffe et de sa remplaçante appuyées par le comité de rédaction (Agroscope, ETHZ, SHL-Zollikofen, Agridea) ainsi que des secrétariats déjà existants.
La volonté et la capacité de changer représentent des marques de jeunesse et de dynamisme, des pages de progrès et les conditions sine qua non de la survie.
Dans l’environnement turbulent qui est le nôtre, seuls ceux qui savent s’adapter constamment ont une chance d’évoluer. Flexibilité, mobilité et rapidité sont les clefs d’une survie. On ne saura toutefois oublier que tout moteur du changement doit résider dans l’espoir de tendre vers un mieux. Nous saisirons cette occasion pour travailler un nouveau layout afin de mieux posi- tionner nos marques.
Ces deux nouveaux vecteurs d’échanges d’information et de transfert de technologie marqués d’une certaine suissitude devront renforcer l’ancrage international du réseau de la recherche agronomique suisse. Les projets de recherche agronomique ne devront pas seulement être en cohérence avec les modèles européens, ils de- vront affirmer aussi la présence de la recherche, de la science et de la technologie agronomiques suisses à plus large échelle. Puissent nos efforts de visibilité et de lisibilité être récompensés. Merci à toutes celles et tous ceux qui nous font confiance et qui s’investissent sans compter dans cette noble mission.
Jean-Philippe Mayor, directeur ACW Président du comité de rédaction d’Agrar Forschung Vice-président de l’Association pour la mise en valeur des travaux de recherche agronomique (AMTRA)
E
Ed diitto or riia all
«Il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va»
Bernard d’Orange